Le Président Emmanuel Macron s'est rendu les 1er et 2 décembre 2023 à Dubaï aux Emirats arabes unis dans le cadre de la COP28. Lors de ces deux journées, le chef de l’Etat a réaffirmé l’engagement de la France, aux côtés de ses partenaires, pour tenir les objectifs de l’Accord de Paris déclinés dans la planification écologique pour notre pays. 

La décarbonation de nos économies et la sortie progressive des énergies fossiles ont été au cœur des échanges. Le Président a appelé à une sortie rapide du charbon, condition nécessaire pour tenir les cibles de l’Accord de Paris, et a engagé les États et les acteurs privés à prendre plus d’engagements à ce sujet. 

La solidarité face au changement climatique a été la deuxième priorité majeure pour le chef de l’Etat. Le Président de la République a eu l’occasion, aux côtés de ses partenaires, de présenter un bilan du Pacte de Paris pour les Peuples et la planète, forgé lors du Sommet de Paris pour un nouveau Pacte financier mondial en juin dernier.  

Enfin, le chef de l’État a continué d’œuvrer au rapprochement des deux COP du climat et de la biodiversité, la protection de nos grands puits de carbone naturels, les forêts et les océans, étant là encore une condition nécessaire pour tenir les cibles de l’Accord de Paris.

En marge de la COP28, le Président de la République a reçu les leaders de la région pour échanger sur la situation au Proche-Orient, rappelant l’importance qu’il accorde à l’action collective pour œuvrer à un retour à la paix et à la stabilité dans la région. À ces occasions, il a redit l’absolue nécessité que constitue pour la France la libération de tous les otages, en particulier de nos compatriotes. 

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1 décembre 2023 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président de la République à l'occasion de la session plénière de la COP 28 de Dubaï.

Merci beaucoup Monsieur le président. 
Merci Mesdames et Messieurs chefs d’État et de gouvernement, 
Mesdames et Messieurs les ministres, 
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs. 
Je vous remercie Monsieur le président, cher Mohammed BEN ZAYED pour l’accueil de cette conférence et son organisation. 

Tout protocole observé, je voulais essayer de ne pas répéter beaucoup de choses qui ont été déjà dites, même si c’est toujours difficile, et en particulier dans les discours d’ouverture, et de faire quelques points d’action sur le moment où nous parlons et ce qu’il convient de faire dans les prochains mois et les prochaines années. Il semble que la priorité des priorités est que les pays les plus avancés sortent des énergies fossiles. Et donc nous avons les Accords de Paris qui donnent une trajectoire, la France est engagée sur cette trajectoire, nous la respectons sur les dernières années. Mais nous savons que pour la respecter, en particulier jusqu’en 2030, et c’est vrai pour beaucoup d’autres pays, pour ce qui nous concerne, il faudra multiplier par 2,5 notre niveau d'effort, sachant que ces 5 dernières années, on l'a déjà multiplié par 2. Mais rien ne doit nous divertir de cette ambition. Et je veux ici vous dire, et ce ne sont pas des bonnes paroles, mais la France a un plan. Nous l'avons présenté, nous allons le décliner, il est financé pour justement sortir des énergies fossiles et réduire ses émissions. L'Europe est tout entière engagée dans cette stratégie. En 2035, 100 % des véhicules produits, commercialisés en France comme dans le reste de l'Europe, fonctionneront sans pétrole. On construit une stratégie dans le logement. On réduit massivement les émissions dans le secteur aérien et maritime. Et je veux saluer en particulier le formidable accord qui a été trouvé par l'industrie maritime de nos pays il y a quelques instants et qui va permettre de réduire les émissions très fortement d'ici 2030 et d'arriver à la neutralité carbone 2050 dans ce secteur. Et nous avons une stratégie complète de renouvelable, de nucléaire, d'hydrogène, qui permet d'arriver à cet objectif. 

Dès 2030, les énergies fossiles seront largement minoritaires dans le mix énergétique français pour la première fois depuis la révolution industrielle. Et nous devrons définitivement tourner la page d'ici à 2040-45 du pétrole et 2050 du gaz. Les pays les plus émetteurs doivent désormais entrer dans cette logique de planification écologique et de transparence. Et à cet égard, le G7 a une responsabilité majeure tout comme la Chine qui est désormais le deuxième pays émetteur historique et qui a donc changé en quelque sorte de statut. Les acteurs privés de nos pays doivent aussi s'engager et je salue le lancement du One Planet Data Hub qui permet déjà de comparer la trajectoire de décarbonation de 400 des plus grandes entreprises mondiales. Deuxièmement, les pays émergents doivent sortir du charbon et c'est le deuxième combat après celui que les pays les plus riches doivent mener. En effet, s'il y avait une priorité absolue, c'est que les émergents sortent du charbon. En effet, on doit permettre aux émergents le rattrapage économique, c'est un élément de justice, mais ce rattrapage ne doit pas se faire sur la base d'énergies qui sont carbonées et en particulier du charbon. Et pour une raison simple, c'est qu'aujourd'hui les centrales existantes qui se concentrent largement en Asie émettront à elles seules suffisamment de CO2 pour que nous excédions la cible de 1,5 degrés Celsius. Et donc, alors même que nous devrions chaque année retirer des capacités de production d'énergie basées sur le charbon, au moment où je vous parle, nous avons 500 gigawatts de nouvelles capacités de charbon qui sont en cours de planification. Et donc, s'il y a une absurdité au moment où nous nous parlons, s'il y a une vraie absurdité, elle est sur le charbon. Et donc, nous devons engager un virage absolu, majeur, complet sur ce sujet. 

D'abord, les pays du G7 doivent montrer l'exemple. Je salue mon collègue Fumio KISHIDA qui est là et qui a eu à présider ce club, qui a été très courageux sur ce sujet. Mais les pays du G7 doivent montrer l'exemple et s'engager à mettre fin au charbon chez eux avant les autres, c'est-à-dire avant 2030. La France tiendra son engagement de sortir complètement et de fermer toutes ses centrales d'ici à 2027, c'est-à-dire sous le mandat qui est le mien. Je ne promets pas pour la suite, je promets, si je puis dire, maintenant. Ensuite, les pays les plus riches doivent aussi aider les émergents à sortir du charbon. Depuis la COP 26 de Glasgow, le G7 a engagé près de 50 milliards de dollars dans des partenariats de transition énergétique juste, nos fameux JETP. On l'a fait avec l'Indonésie, le Vietnam, l'Afrique du Sud, ce sont de bonnes méthodes. Il faut les poursuivre et les généraliser pour partout, aider à sortir du charbon. Mais ce virage implique aussi d'être cohérent et on doit donc arrêter de subventionner les nouvelles centrales à charbon. Le G20 s’y est engagé à Rome en 2021, mais on doit changer nos règles en matière de financement privé. Au moment où je vous parle, le secteur privé n’a aucune désincitation pour financer une centrale à charbon par rapport à du renouvelable ou autre. C'est totalement absurde et donc notre marché privé, notre système d’investissement dysfonctionne massivement et c’est choquant pour tout le monde. On doit donc inverser le système. Il doit y avoir dans les prochaines années un taux d'intérêt en quelque sorte pour le vert, et un taux d'intérêt pour le brun. Et s'il y avait une priorité des financeurs, des agences de notation aujourd'hui pour être cohérents, ce serait de différencier ces taux d'intérêt, et qu'il y ait un vrai spread, parce qu'on n'intègre pas du tout le risque climatique. Et aujourd'hui, dans notre manière de noter, dans notre manière de regarder les investissements, on n'est pas du tout en train de prendre en considération qu'on continue à financer des actifs qui seront complètement dépréciés dans quelques années et qui sont incohérents avec notre stratégie mondiale. Tout ça, on va essayer de le lancer avec la Banque mondiale et nos partenaires dans le cadre de l'initiative Call Transition Accelerator demain. Troisième remarque, on doit absolument assumer de mettre la politique commerciale au service de la transition écologique. Et ça, c'est une autre aberration, très sincèrement, que je voulais mettre sur la table, parce qu'on investit aujourd'hui dans le verdissement de nos industries sur le plan national ou régional, mais on continue à libéraliser les importations de produits polluants sur le plan international comme si de rien n'était. C'est un pari perdant et c'est un pari décourageant. Et je le dis aussi très clairement, on demande beaucoup d'efforts, en Europe, par exemple, pour décarboner l'industrie, l'agriculture. Si on continue à avoir les mêmes accords commerciaux que dans les années 80-90, parfois des accords commerciaux qui ont été négociés dans cette période, qui vont permettre de faire rentrer des pays dont les composants de carbone, les pratiques productives ne font aucun effort, nos producteurs ne nous suivront plus. Et ils auront raison, parce qu'on est absurdes. 

Donc, on doit avoir un système qui permet d'engager tout le monde dans une stratégie. Je crois vraiment qu'on doit intégrer, dans les règles de l'OMC, nos règles climatiques. Il faut les faire rentrer dans le système. Il faut complètement changer à cet égard et intégrer la clause climatique à l'Organisation mondiale du commerce pour aligner notre régime commercial aux accords de Paris. Il y a quelques points très techniques mais essentiels à faire à cet égard. On doit pouvoir subventionner l'industrie verte, ça peut être légitime, mais si ça correspond à un strict bénéfice climatique, il faut que ce soit regardé par l'OMC. Il faut tarifer le carbone comme le fait l'Union européenne, ce n'est pas une discrimination commerciale, mais il faut le faire de manière cohérente avec l'objectif neutralité carbone 2050. Ça ne doit pas être un instrument pour bloquer le commerce, mais il faut donc que quelqu'un le vérifie. Et il faut aussi libéraliser le commerce des biens environnementaux plutôt que le commerce des biens polluants pour permettre, là aussi, que la transition, énergétique et écologique, se diffuse beaucoup plus vite. Quatrièmement, personne ne doit avoir à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la lutte pour le climat. Cette petite révolution, c'est celle qu'on a lancée il y a quelques mois à Paris. C'est ce Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète. On ne doit pas avoir à choisir entre le climat et la lutte contre la pauvreté. Chacun doit choisir son chemin. Il faut plus d'argent public et il faut plus mobiliser l'argent privé. 

On fera le point à six mois de ce pacte et il sera publié à l'occasion de cette COP. Macky SALL va devenir l'envoyé spécial officiel de ce pacte avec un secrétariat assuré par l'OCDE. Mais d'ores et déjà, on a pu mobiliser beaucoup plus d'argent commun en mobilisant plus la Banque mondiale et le FMI, je les en remercie. J'invite tous ceux qui ne l'ont pas fait, à redistribuer leurs droits de tirage spéciaux du FMI. D'ores et déjà, on a pu mobiliser 110 milliards de dollars qui permettent de lancer, dans onze pays aujourd'hui, des programmes spéciaux. Et ces programmes permettent de prévenir les incidents climatiques et de lutter contre la pauvreté. Il faut généraliser cela et c'est cet engagement de meilleure mobilisation que nous avons aussi lancé avec le Premier ministre MODI. Tout ça, plus largement, doit nous conduire à une transformation de l'architecture financière internationale qui a été pensée à une époque où beaucoup de pays, qui sont présents dans cette salle, n'existaient pas. Il faut donc leur redonner une voix pour que ce soit juste, pleinement inclusif. Et cette transformation profonde de notre gouvernance est une priorité. 

Ensuite, je voulais insister sur un point : nous ne devons pas perdre de vue la nécessité de monter en puissance sur l'adaptation. L'adaptation des modèles agricoles, notamment en Afrique, est un sujet clé. La grande muraille verte progresse et je m'en félicite. Et nous ne devons pas, nous ne perdons pas de vue, cet engagement dans lequel nous avons mobilisé, il y a un peu plus de deux ans, plus de 13 milliards de dollars avec le roi Charles à l'époque et la communauté internationale. Nous avons également annoncé que nous investirions 150 millions d'euros dans le prochain cycle du fonds international de développement agricole. Et je veux ici inviter tous les pays présents à participer en décembre à la reconstitution du FIDA qui va jouer un rôle clé dans la réconciliation justement de l’objectif agricole et de l’objectif climatique. Et c’est un combat indispensable parce qu’on ne peut pas demander aux pays africains de choisir entre le climat et la production agricole. Il faut faire les deux en même temps avec des modèles soutenables. Et la guerre en Ukraine nous a fait toucher du doigt que le modèle n'était pas soutenable parce qu'on a plein de pays qui, pour que leur modèle produise, avaient besoin d’engrais azotés, d'engrais phosphatés. Donc, on doit les aider à produire chez eux davantage, avoir un modèle productif mais beaucoup plus décarboné. Et tout ça est un élément clé. C'est dans cet agenda que nous allons aussi lancer demain avec le Kazakhstan, un One Planet sur la question de l'eau qui s'organisera en septembre prochain. Je me félicite des avancées qui ont été obtenues lors de cette COP, sur les pertes et préjudices. La France financera jusqu'à 100 millions d'euros en fonction des éléments de gouvernance sur ce sujet. Mais je voulais insister sur quelques points à cet égard, parce que le débat avait beaucoup monté à Charm el-Cheikh sur les pertes et préjudices. Il a été beaucoup porté par mon ami Mia MOTTLEY qui a fait un travail formidable. Mais il faut qu'on fasse attention sur ce sujet à plusieurs points. 

D'abord, ne confondons pas la situation des pays à revenu intermédiaire et des pays pauvres. On a besoin de ce fonds, mais il devra d'abord aller vers les pays les plus pauvres. On a surtout besoin d'une réforme en profondeur dans notre système assurantiel et ré-assurantiel face aux risques climatiques, et ça pour les pays à revenu intermédiaire qui en ont besoin. Ce fonds doit nous permettre de faire cette réforme, d'avoir un buffer, une garantie. Mais on devra avoir des mécanismes qu'il faut distinguer selon les catégories de pays. Il faut tout de suite se le dire. Il faudra une gouvernance simple et claire, lisible. Mais il faudra aussi qu'on ait une approche pays par pays. Par exemple, nous allons mettre en place un premier partenariat pays sur l'adaptation et les pertes et préjudices avec le Bangladesh. La France y investira un milliard d'euros. Donc, vous voyez, beaucoup plus que ce qu'on met déjà sur le fonds, parce que c'est une approche spécifique pays. On investira un milliard d'euros. Le Fonds monétaire international y ajoutera près d'un milliard et demi de dollars grâce aux droits de tirage spéciaux. Et c'est un élément clé de ce laboratoire qu'on veut faire sur les pertes et préjudices. Mais il faudra une approche, là aussi, pays par pays. Au-delà de cela, il nous faut pour cela une vraie taxation internationale. Et avec la Barbade, le Kenya et plusieurs autres, nous avons lancé, et nous lançons officiellement lors de cette COP, une taskforce internationale qui devra justement proposer, rendre ses conclusions au G20 de Rio pour mettre en place une taxation internationale lors de la COP 30. C'est une nécessité si on veut un vrai résultat parce qu'on a besoin de lever plus d'argent pour financer notre lutte contre les inégalités et pour le climat. Enfin, le climat et la biodiversité sont indétachables. Et donc, pour cela, il nous faut insister sur le fait que nous devons continuer le combat pour la nature. Les forêts et les océans font partie de nos COP parce que ce sont des réserves, des puits de carbone, des puits de carbone irrécupérables, et un levier de solution extraordinaire pour la transition. C'est pourquoi, à l'occasion de cette COP, on va continuer la mise en place, d'abord d'une technique commune, mais je veux qu'on avance et qu'on accélère sur une vraie bourse des mécanismes communs de carbone et de biodiversité. On doit aller, emmener beaucoup plus d'argent privé vers les pays qui préservent leurs forêts et leurs écosystèmes. On a lancé ça à Libreville en début d'année. On va conclure, avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Guinée et le Congo, les premiers packages nationaux forestiers. Et l'idée, c'est de dire, on met des crédits publics et privés sur les pays qui préservent leurs forêts. Parce que, aujourd'hui, on n'avait pas cette technique et donc on met beaucoup d'argent pour faire de la reforestation, mais tout pousse des pays pauvres, ou émergents, à détruire leurs forêts aujourd'hui pour financer des activités économiques beaucoup plus rentables. C'est une urgence de mettre de l'argent dans ces approches pays par pays et d'avoir une méthodologie commune. Et nous investirons 500 millions d'euros dans les quatre prochaines années dans la protection des forêts suivant cette méthode. 

Et puis évidemment, c'est l'océan qui est aussi une priorité. Nous aurons l'honneur d'accueillir la Conférence des Nations Unies sur l'océan en 2025. Notre ambition est d'élaborer un véritable Compact pour l'océan avec du droit prescriptif, des changements internationaux très profonds pour préserver, dans nos zones économiques exclusives, mais aussi au grand large, la biodiversité, pour mieux réguler justement la pêche et lutter contre la pêche illicite, et réduire les pollutions en mer. Voilà les quelques éléments clés que je voulais ici apporter au débat, qui sont à la fois des solutions, des engagements de la France, et des préoccupations sur lesquelles on doit accélérer l'agenda commun. 

Merci beaucoup, Monsieur le président, pour votre attention, Mesdames et Messieurs.

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3 décembre 2023 - Seul le prononcé fait foi

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Déplacement à la COP28 de Dubaï.

Emmanuel MACRON

Mesdames, Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,

J’essaie en quelques mots de vous rendre compte des échanges qui se sont tenus dans le cadre de cette COP 28. Je veux avant tout saisir cette occasion pour remercier nos hôtes, les Émirats Arabes Unis, pour l'organisation de cette COP et redire ici tous nos voeux en ce jour de fête nationale célébrant donc la création de l'État.
Nous nous réunissons à Dubaï dans un contexte international et régional particulièrement difficile et la reprise des combats dans la bande de Gaza est très clairement un sujet d'inquiétude, qui a été dans beaucoup de discussions que nous avons pu avoir en marge de cette COP. Cette situation exige de redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable, obtenir la libération de tous les otages encore détenus par le Hamas, d'apporter à la population de Gaza l'aide dont elle a urgemment besoin et de donner à Israël toute certitude que sa sécurité est rétablie tout en répondant aux aspirations légitimes des Palestiniens, en réalisant la finalité politique qui est la promesse des deux États.

La France, quelques jours après l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, a proposé une initiative de paix et de sécurité pour tous qui, au travers de trois piliers sécuritaire, humanitaire et politique, a très concrètement bâti des propositions permettant de regrouper l'ensemble de ces objectifs. C'est le message que j'ai continué de porter auprès de tous ici, en ayant des échanges nourris avec tous les dirigeants de la région qui étaient présents et que j'ai pu voir sur le plan bilatéral. On pourra y revenir si vous le souhaitez, dans les questions de manière plus détaillée, mais nous aurons dans les semaines qui viennent à poursuivre cet agenda. C'est le même engagement que nous tenons pour répondre à toutes les crises internationales qui ébranlent l'ordre international, pour répondre aux immenses défis qui sont les nôtres.

Néanmoins, cette situation - et je pense, le message important qui ressort aussi de cette COP 28 - ne doit pas nous faire quitter la route et l'engagement collectif pour tenir nos objectifs communs et une bataille qui est absolument essentielle pour nous tous et nous toutes, qui est celle pour la lutte contre le réchauffement climatique et pour la biodiversité.

Cette COP 28 avait pour objectif de tirer un premier bilan mondial de l'accord de Paris, fixer la méthodologie pour les années à venir et ainsi bâtir des éléments clés de notre stratégie collective.
Dans ce contexte, la France, pour dire deux mots, aborde ce rendez-vous avec les résultats des dernières années consolidés et aussi une vision claire sur la nature des enjeux qui sont devant nous. Je le dis ici parce que les faits permettent toujours d'avoir une approche qui est souvent plus rationnelle. Depuis 2017, la France respecte les objectifs qui sont les siens, année après année. Entre 2017 et 2022, nous avons réduit nos émissions de plus de 2 % par an, ce qui correspond à la trajectoire qui est attendue de nous. Le défi qui est le nôtre maintenant pour tenir cette trajectoire à horizon 2030, c'est un effort de 5 % par an qui est maintenant demandé. Et donc, là où nous avons réussi durant les 5 dernières années à doubler notre taux d'effort - ce qui nous permet d'atteindre notre trajectoire, ce qui n'est pas le cas de beaucoup de pays, même parmi les pays riches - on doit multiplier encore par 2,5 la trajectoire actuelle pour les tenir dans les années qui viennent. C'est ce qui est au coeur de la planification écologique qui a été préparée par le Gouvernement, soumise, et qui va se décliner dans les mois qui viennent à travers la programmation pluriannuelle de l'énergie, à travers nos déclinaisons régionales et tout le travail qui maintenant va se déployer avec nos collectivités territoriales, nos industriels et l'ensemble de nos compatriotes. Nous avons, à cet égard, enclenché des profondes transformations, la stratégie de Belfort sur l'énergie - qui repose sur la sobriété énergétique, le nucléaire et les énergies renouvelables - et l'ensemble des trajectoires que j'évoquais.

Fort de ce bilan et conscient sur ce qui est devant nous, les messages principaux que nous avons portés lors de cette COP sont pour moi de trois ordres. Le premier, c'est sur la priorité donnée à la sortie du charbon et ce faisant, l'accélération qu'on doit collectivement endosser sur le nucléaire et le renouvelable parce que c'est le seul moyen de sortir du charbon. Mais si on regarde la situation de la planète et nos émissions, ce que d'ailleurs nous disent les scientifiques, - si je reprends les chiffres et la scansion des scientifiques- ils nous disent : si vous voulez tenir les accords de Paris, vous devez sortir du charbon en 2030, vous devez sortir du pétrole autour des années 2040-45, du gaz autour des années 2050.

Et alors que le débat, la conversation internationale s'était parfois concentrée sur tel ou tel projet de gaz dans tel ou tel pays pauvre, on voit bien que le coeur de la priorité, c'est que les pays les plus consommateurs de charbon en sortent le plus vite possible. Et donc nous avons à cet égard lancé cet appel. On a besoin d'un virage absolu sur le charbon. Je l'ai rappelé ce matin puisque nous avons tenu un événement spécifique auquel plusieurs pays étaient présents, dont l'Union européenne, les États Unis, le Viêtnam, la Malaisie, les Britanniques, les Canadiens, etc., évidemment avec la Banque mondiale entre autres, pour l'accélération de notre transition charbon. Au moment où je vous parle, si on suivait les chiffres, il faudrait réduire de 92 gigawatts par an nos capacités charbon ; or, aujourd'hui, on a déjà programmé plus de 500 gigawatts supplémentaires. C'est-à-dire que si simplement on laisse faire les projets qui sont en cours, il n'y a aucune chance de tenir les 1,5 degrés. C'est ça le défi charbon. Et donc notre priorité, c'est que tous les pays du G7 tiennent leur engagement qui est de sortir le plus vite possible et donc qu’on tienne l'engagement de 2030 - c'est ce qu'on a signé en G7 ; que tous les pays du G20 fassent de même le plus vite possible et que tous, nous coupions progressivement les financements au charbon et qu'on ait un marché financier qui corresponde à cet objectif.

Dans ce contexte-là, j'ai rappelé l'engagement de la France. Nous sortirons totalement du charbon d'ici à 2027. Surtout, on aura fini la conversion de nos centrales à charbon vers d'autres énergies qui sont non fossiles pour pouvoir produire de l'énergie et les convertir - et d'ailleurs on aurait pu le faire plus tôt ; si nous ne l'avons pas fait, c'est du fait de difficultés qu'on a eu ces dernières années sur des retards de production, mais on a la capacité technique de le faire - et ce sera tenu d'ici à 2027.

On va donc maintenant pousser tous les pays du G7 à montrer l'exemple, à sortir le plus vite possible du charbon et on accompagne les pays émergents, qui ont une responsabilité en la matière parce qu'ils sont des grands consommateurs, à le faire à travers plusieurs instruments :

  • D'abord, on va concentrer nos aides publiques. La France l'a déjà fait sur les projets non charbon. On va privilégier les projets nucléaires et renouvelables. Mais il faut différencier le charbon des autres fossiles, en particulier le gaz, et on doit surtout les accompagner par des programmes de juste transition énergétique, ce qu'on avait inventé à Glasgow, les JETP et qu'on a commencé à déployer avec des pays très importants comme le Vietnam ou l'Indonésie. Et au Vietnam par exemple, le JETP qu'on a négocié est quelque chose qui a permis d'avancer le pic charbon drastiquement parce que là, où le Vietnam était un pays qui allait continuer inexorablement à monter ses capacités charbon - il y a deux ans, on nous disait entre 2035-2040- d'ores et déjà avec le JETP qu’on a concentré - la France y met 500 millions d'euros - il atteindra son pic en 2030. Si on met plus de pays partenaires, on aura un pic charbon avant. Et donc, c'est ça le coeur de la bataille.
  • Pour y parvenir, on a aussi décidé à plusieurs de s'engager sur une méthodologie nouvelle pour avoir un marché qui fonctionne mieux. Pour le dire en des termes très simples parce que tout ça est infiniment technique : on a besoin d'avoir au fond, une forme de gold standard, de bonne classification financière de ces types d'investissement. Au moment où je vous parle, si vous êtes investisseur, vous payez le même taux d'intérêt pour un projet charbon, un projet gaz et un projet renouvelable. Vous conviendrez avec moi que c'est totalement absurde par rapport à nos objectifs. Et donc on doit réinternaliser dans le marché financier et les informations que le marché donne aux grands acteurs, des taux d'intérêt différenciés si je le disais dans des termes simples. C’est ce que l'on a décidé ce matin - un mandat a été donné ce faisant à la Banque mondiale qui va piloter ce projet.
  • On va aussi accélérer les instruments et les financements d'instruments pour internaliser la transition du charbon. Parce que quel est le défi qui est le nôtre ? C'est qu'on va avoir énormément de capacités charbon qui, dans les pays riches mais encore plus dans les émergents, existent et que pour sortir du charbon, on va devoir reconvertir. Et aujourd'hui, nos règles financières n'incitent absolument pas les acteurs à le faire ; elles les pénalisent même. Et donc, là aussi, on va changer ces règles pour accompagner la transition.

À côté de ça, si on veut réussir cet objectif, il faut produire plus de nucléaire et plus de renouvelables. Et je le dis ici très clairement, là, on a eu ce matin un événement important sur le nucléaire. Il faut faire les deux. Aucune stratégie crédible, ni nationalement, ni mondialement, ne permet de sortir du charbon et des fossiles en reposant uniquement sur le renouvelable. Parce que le renouvelable est intermittent, qu’il fait peser des risques importants sur les réseaux et qu'il ne permet pas, sur certaines activités, d'être une réponse satisfaisante. C'est pourquoi le bon mix, la trilogie sur laquelle d'ailleurs nous avons bâti notre stratégie, c'est l'efficacité énergétique, qui permet de réduire votre consommation, c'est plus de renouvelables et c'est plus de nucléaire.
Et c'est pourquoi nous avons, lors de cette COP, pris des engagements clairs de doubler justement nos investissements en efficacité énergétique, tripler la capacité renouvelable à 2030 et de les tripler en nucléaire à 2050. Avec un véritable aggiornamento de la discussion sur le sujet nucléaire où l'événement de ce matin à lui seul a montré que beaucoup de pays avaient changé leur approche ces dernières années. Des pays qui étaient en train de totalement sortir du nucléaire sont en train de prendre le lead. Je pense à la Belgique ; et un événement important se tiendra, on l'a annoncé ce matin, en mars 2024 en Belgique avec l'AIEA qui, pour la première fois, va mettre autour de la table les gouvernements, les entreprises et investisseurs et les régulateurs du secteur pour justement organiser une stratégie cohérente pour permettre justement ce triplement du nucléaire à 2050. Là aussi, on pourra y revenir mais c'est un sujet absolument clé.

Je veux ici aussi souligner l'engagement des Émirats arabes unis sur cette matière, avec le lancement lors de cette COP du Fonds Aterra qui permettra d'engager jusqu'à 30 milliards d'investissements privés dans la transition énergétique à l'échelle globale et qui vient accompagner tout cela.

Ça, c'est pour moi le premier grand message de cette COP, avec les initiatives que nous avons prises, qui est clé parce qu'on remet en quelque sorte dans le bon ordre nos priorités. Et on se met en situation, d'ici au prochain mois, de finaliser les instruments et les stratégies pour pouvoir avoir les résultats qui correspondent.
La deuxième chose, c'est en quelque sorte de réconcilier climat, biodiversité et lutte contre la pauvreté et d'avoir le bon niveau d'investissement international. Et au fond, ce deuxième élément clé, c'est celui que nous avons porté il y a quelques mois à Paris avec le sommet financier et qui a permis de conclure le Pacte de Paris pour les peuples de la planète.

Quel est l'objectif de celui-ci ? Il y a 4 principes très simples : personne ne doit avoir à choisir entre la lutte contre la pauvreté et le climat. Or, c'était aujourd'hui quelque chose qui était en train de monter. Beaucoup de pays pauvres et émergeant disaient : Vous nous faites la leçon tous les jours sur le climat, mais vous ne vous nous expliquer pas comment sortir de la pauvreté. Or, on paye les conséquences de ce que vous avez fait.

Et vous, vous ne vous êtes pas posés ce dilemme au moment où vous aviez à construire votre développement. C'est vrai et donc, on doit respecter ce point. Deuxième élément, la stratégie doit être nationale et donc, on doit adapter, comme on l'a fait avec les JETP, comme je l'ai évoqué sur l'énergie. Troisième point, on a besoin pour ce faire de beaucoup plus d'argent public, ce qui fait qu'on a déployé un choc financier international et 300 à 400 milliards de dollars de financements en plus sur 10 ans seront déployés en mettant plus à risque le bilan de la Banque mondiale et du FMI. Ce sont des décisions prises en juin dernier en améliorant leur travail collectif et en déployant des nouveaux instruments qui ont été décidés en particulier à Marrakech lors des journées Banque mondiale et FMI - et je veux saluer l'importance de ces travaux. En plus de ça, ce que nous avions lancé il y a deux ans, l’émission de droits de tirage spéciaux du FMI où les pays les plus riches s'engageaient à les réallouer vers les pays les plus pauvres, produit ses premiers effets. Nous-mêmes, on a été en tête de cet engagement. On a aujourd'hui plus de 110 milliards de dollars équivalent qui ont été redéployés, ceci a d'ores et déjà permis de financer plus d'une dizaine de programmes vers les pays qui sont les plus clés et d'accompagner leur transition, d'aller vers plus de baisse d'émissions, mais aussi de prévention, d'adaptation - ce qui est absolument fondamental dans le contexte qui est le nôtre.

Et donc, pour moi cette COP, permettait à 6 mois de faire un premier bilan du 4P. On a mandaté le Pacte de Paris pour les peuples de la planète ; Macky SALL a accepté d'être l'envoyé spécial qui, dans la durée, va suivre cet effort ; l'OCDE en assurera le secrétariat et donc on va continuer de suivre les résultats pour être sûrs qu'on a plus d'investissement public et qu'on suit ce double agenda pauvreté/climat. En parallèle, on mobilise beaucoup plus d'argent privé et les fonds que j'évoquais le permettront aussi, et ce, en déployant les effets de levier que nous avons avec la Banque mondiale tout particulièrement et le FMI, et en limitant les effets d'éviction qu'il y avait et qui étaient trop nombreux jusqu'alors.

Lors de cette COP, nous avons aussi acté, dans le cadre justement de ce changement financier, un fonds sur les pertes et dommages qui permet de tenir la promesse faite à Charm el-Cheikh et qui est un point très important pour une transition internationale juste. La France a pris l'engagement d'investir jusqu'à 100 millions d'euros en fonction des évolutions de gouvernance. Le fonds pertes et dommage est très important. Il sera géré par la banque mondiale et permet d'aider des pays à revenus intermédiaires en développement ou pauvres quand ils ont une grande vulnérabilité climatique. Néanmoins, c'est un sujet très compliqué sur lequel tous les raccourcis vont entraîner tous les malentendus. Parce que quand on parle de vulnérabilité climatique, on parle de pays qui ont une vulnérabilité climatique, mais qui sont, par exemple, des grands pays touristiques très attractifs, qui, si tous leurs formidables hôtels sont abattus par un ouragan n'arrivent pas à les réparer mais vous avez la vulnérabilité climatique d'îles très pauvres qui sont en train de disparaître et vous avez la vulnérabilité climatique de pays désertiques qui sont en train de perdre toutes leurs ressources. Ces sujets n'ont rien à voir entre eux et ça ne doit pas être un fonds unique qui gère tous ces risques parce que sinon, là aussi, c'est l'argent du contribuable qui va payer pour des risques qui devraient être assurés par le privé.
Ce que nous devons faire aussi, c'est structurer les règles internationales du monde de l'assurance et de la réassurance pour prendre ces nouveaux risques et peut être avoir des mécanismes de garanties publiques. Et le fonds, une partie du fonds, doit servir à ça, assurer les pays pauvres sur ces conséquences qu'ils ne peuvent parfois pas payer alors qui sont les plus exposés aux conséquences du changement, alors qu'ils n'en ont pas créé les causes eux-mêmes. Donc voilà, ça c'est pour simplement lever le couvercle sur l'immense complexité de ce sujet. D'ailleurs nous sommes engagés sur ce sujet - au-delà des montants que j'ai évoqués - puisque par exemple, dans quelques semaines, on va officialiser un contrat qu'on a conçu il y a quelques mois avec le Bangladesh. Sur le Bangladesh, à lui seul, on va mettre 1,2 milliards d'euros. Et c'est un accord de Loss and Damage si je puis dire, puisqu'on va aider le Bangladesh à réparer les conséquences d'ores et déjà du dérèglement climatique avec la montée des eaux, la disparition de certains paysages, la transformation des fleuves. E sur un pays comme celui-ci, il faut là aussi une approche pays. Il faudra beaucoup plus d'argent et de prévention, qui est souvent mieux que la réparation. Mais on a pu finaliser le travail sur le fonds pertes et dommages et c'était un point extrêmement important.

Plus largement, sur ces sujets financiers, nous plaidons, nous, pour une réforme complète de l'architecture internationale et du système de Bretton Woods. Nous devons avoir un système beaucoup plus inclusif, comme on dit maintenant, en tout cas où sont autour de la table pour décider des pays qui sont éminemment concernés et qui parfois n'existaient pas au moment où nos accords ont été signés. Et donc, il est totalement illégitime aujourd'hui que nos grands systèmes de régulation financiers excluent totalement plusieurs grands émergents, plusieurs pays en développement totalement stratégiques et des pays pauvres qui sont touchés au premier point.

Dernier élément sur la finance et sa réforme, nous avons aussi lancé, à l'occasion de cette COP, un point important qui avait été annoncé à Paris qui est que pour réussir tous ces défis, il y a l'argent public qu’on met, il y a l'argent privé qu'on mobilise mais on a besoin de lever plus d'argent à l'international. Et donc on a lancé, en lien avec le Président RUTO et la Première ministre Mia MOTTLEY, cette taskforce internationale pour une taxation internationale, qui va nous permettre justement de financer cette priorité climat pauvreté. Il y a plusieurs pistes qui sont sur la table ; on a donc mandaté les experts techniques. L'objectif, c'est de pouvoir faire un point sous la présidence du G20 du Brésil et de l'annoncer au moment de la COP 30 pour qu'on ait vraiment une ressource supplémentaire, sécurisée, internationale qui permette justement de financer tout cela.

Dernier point, après donc le charbon et nucléaire, renouvelables et après la finance, c'est le fait que nous ne devons jamais perdre de vue que le combat doit être un combat climat, biodiversité. Je l'ai dit, il faut toujours penser maintenant à resynchroniser ces COP parce que quand on sauve les océans et les forêts, on sauve notre biodiversité mais on sauve des puits de carbone absolument essentiels qui, dans nos stratégies, qu’elles soient nationales ou internationales, jouent absolument un rôle clé. Et on avait parfois dissocié les deux sujets, ce qui est une erreur méthodologique.
Je le dis ici aussi parce qu'on entend beaucoup monter dans la conversation internationale la question de la capture et du stockage de carbone. C'est évidemment une problématique tout à fait importante. On la finance, il y a des innovations technologiques. Mais je voudrais ici lever peut-être quelque chose qui pourrait être un malentendu. D'abord, il serait faux de dire qu'on pourrait continuer de faire des énergies fossiles parce qu'on va avoir une super idée qui est qu’on va stocker le carbone qu’on émet. Ça, je crois pouvoir dire que personne de sérieux dit qu'on fait 100 %. C'est une solution qui va permettre de réduire, mais très vraisemblablement à un niveau marginal. Et donc le mécanisme de capture carbone et le stockage ne doivent pas entraver notre effort de sortie des énergies fossiles.

Deuxièmement, c'est formidable de payer ces innovations, on va payer des choses très compliquées ; alors que l’on a des formidables mécanismes de capture et de stockage de carbone qui s'appellent les forêts, les mangroves et les océans. Et donc ce serait super, avant de payer beaucoup d'argent, chez toujours les mêmes, c’est-à-dire déjà les pays riches, auprès de toujours les mêmes, c'est-à-dire ceux qui font déjà beaucoup d'argent avec nos dépendances pour les énergies fossiles, d'aider les pays qui ont ces mécanismes naturels à les préserver. Or, aujourd'hui, il n'y a rien pour le faire et l'aberration de notre politique internationale, c'est qu'on met beaucoup d'argent pour avoir des solutions chez les pays riches pour faire de la capture de carbone et du stockage, on met beaucoup d'argent pour reforester — nous-mêmes, on a une politique ambitieuse — mais on ne met pas d'argent pour préserver. Or, je redonne le chiffre, il est toujours éloquent : 14 % de la surface sont ces forêts primaires ; elles ont plus de 75 % du carbone irrécupérable - ce qui fait qu'à chaque fois qu'on les détruit, c'est un drame, parce qu'on libère des tonnes de CO2 - et elles ont 90 % des écosystèmes des espèces vertébrées connues. Aujourd'hui, on ne fait rien pour les préserver. C'est l'Amazonie, le bassin du fleuve Congo, les forêts d'Asie du Sud-Est. C'est exactement l'initiative qu'on a lancée en mars dernier à Libreville avec le premier One Forest Summit.

Quelques pays, pas beaucoup, avaient lancé beaucoup d'argent dans cette politique - j'ai salué la politique de la Norvège, j'aurais pu parler de l'Allemagne, qui sont deux pays qui ont vraiment mis beaucoup d'argent il y a plusieurs années - mais dans une stratégie internationale, là, qu'est-ce qu'on a fait ? On a dit, au fond, pour la forêt, il faut faire comme on a fait pour l'énergie. Il faut des stratégies pays et il faut mettre beaucoup d'argent dessus. Et donc là, on vient de finaliser les 3 premières stratégies pays sur les forêts : Papouasie-Nouvelle-Guinée, République démocratique du Congo et Congo-Brazzaville. On met 100 millions sur la Papouasie-Nouvelle-Guinée, 60 millions de dollars sur la République démocratique du Congo, 50 millions sur le Congo-Brazzaville ; et à côté de ça, on mobilise d'autres financements bilatéraux de partenaires, des financements multilatéraux et de l'argent privé pour les aider à préserver leur forêt et à l'exploiter de manière durable, c'est-à-dire tirer des revenus tout à fait profitables, le faire en lien avec la science pour avoir un suivi scientifique tout à fait cohérent, et le faire en lien avec les peuples autochtones pour pouvoir, justement, associer ces derniers à cet effort. Et c'est un point extrêmement important.

Evidemment, l'autre stratégie-clé, c'est l'eau et les océans. Pour ce faire, nous aurons le sommet que nous menons à Nice en 2025, et j'en ai rappelé tout à l'heure, et hier, les principaux objectifs. Et puis, c'est l'eau avec tous ces conflits d'usage et là, on tiendra un Sommet One Planet sur l'eau, en coprésidence avec le Kazakhstan, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies en 2024, pour organiser, là aussi, le dialogue sur les questions de l'eau, à la fois de son exploitation durable, des conflits d'usages et des conflits géopolitiques qui naissent sur ce sujet.
Voilà ce que je voulais dire. C'était un peu touffu parce que tout ça est très compliqué, mais je voulais sortir un peu des éléments convenus ou des choses trop rapides pour essayer d'expliquer en profondeur la stratégie qui est la nôtre et qui est d'essayer de bâtir des éléments stables et profonds de cette transition. Je vais maintenant répondre à vos questions.

Journaliste

Bonjour Monsieur le Président. J'ai une question en deux parties simplement sur l'ambiance générale. Au dernier G20, vous aviez été un peu pessimiste sur la possibilité de parvenir, à cette COP, à quelque chose d'un peu ambitieux sur la sortie des fossiles. Est-ce que vous êtes un peu plus confiant après vos rencontres de ces jours-ci ? Par ailleurs, sur le nucléaire spécifiquement, est-ce que l’appel que vous avez signé aujourd'hui conjointement avec 22 pays, vous souhaitez le voir traduit noir sur blanc dans le texte final qui sortira de cette COP ? Et est-ce que l'Union européenne vous soutiendra ?

Emmanuel MACRON

Alors, je reste toujours, quand on regarde les chiffres, préoccupé par la situation. Néanmoins, je pense que cette COP a marqué plusieurs avancées sur plusieurs sujets et les objectifs qu'on s'est donnés sur le nucléaire, le renouvelable sont des éléments de crédibilité. Mais je vais le redire de manière très simple : si nous n’accélérons pas le tournant sur le charbon, nous n'y arriverons pas. Et donc, je pense que cette COP a été une COP de prise de conscience sur la question du charbon et on a lancé des initiatives très structurantes pour les prochains mois qui vont permettre d'accélérer cette transition. Donc, c'est là où il y a eu, je pense, un vrai apport dans les priorités.

Ensuite, je pense qu'on a rassemblé beaucoup plus de pays qu'il y a même un an sur le nucléaire. Et je pense que sur le nucléaire, les choses sont en train de changer très profondément. Et des pays qui n'avaient parfois pas d'historique ou qui étaient en train d'en sortir complètement ont changé leur position pour pouvoir justement prioriser leurs objectifs. Quant à la déclaration qui a été signée, je pense que c'est une avancée majeure. Je pense qu'elle va nous aider nous aussi à accélérer nos investissements.

On fait beaucoup d'investissements à travers notre grande entreprise leader qui est EDF, mais nos start-ups aussi, dans ce qu'on appelle le New NUC, qui est au coeur de France 2030 et avec nos grands organismes de recherche, en particulier le CEA et le CNRS. Et donc nous, plus on a de la visibilité, plus on a de marchés potentiels, plus on a des investissements internationaux qui se structurent, plus on peut mobiliser du financement privé, plus on peut mobiliser les marchés, plus on peut avoir de la visibilité et donc baisser nos coûts et innover plus vite. Et c'est un des défis qui est le nôtre si on veut déployer cela à bon rythme, y compris pour nous-mêmes, c'est aller plus vite et moins cher sur les EPR et les SMR.

Quant à ce texte : on n'a jamais négocié de texte nommant quelque énergie dans nos COP - et d'ailleurs dans l'accord de Paris lui-même, c'est en annexe que vous avez des références - donc on aura annexé la déclaration des 22 + et nous avancerons sur ce sujet.

L'Europe a une position simple. On a réussi à obtenir ces dernières années la non distinction entre le renouvelable et le nucléaire. C'était ce qu'on voulait, c'est de dire on a des low carbon energy et je crois que c'est plus que pertinent de faire comme ça.

Journaliste

Monsieur le Président, bonjour, vous avez dit un instant votre inquiétude quant à la fin de la trêve au Proche-Orient. Est-ce que vous craignez que cela complique le dossier de la libération des otages ? On sait qu'il reste 4 Franco-Israéliens avec des profils différents de ceux qui ont été libérés jusqu'à maintenant, des hommes, majeurs. Ce dossier, vous allez l'évoquer dans quelques heures au Qatar. Qu'est-ce que vous attendez de cette visite à Doha au moment où Israël rappelle ses émissaires dans le pays et dénonce même une impasse dans les négociations ? Merci beaucoup.

Emmanuel MACRON

Écoutez d'abord, je salue le travail collectif qui a été fait ces dernières semaines, qui a permis les premières trêves, plusieurs fois réitérées et donc l'acheminement de matériel humanitaire, la prise en charge de plusieurs enfants et personnes qui étaient très malades et ou très blessées, qui nous a d'ailleurs permis de commencer à soigner sur le Dixmude, qui est appareillé sur les côtes égyptiennes et qui a commencé à permettre de structurer le travail. Et puis qui nous a permis de libérer 4 de nos otages et de libérer comme vous le savez, plusieurs autres otages. Et le travail était d'abord sur les femmes et les enfants. Nous, nous avons plus que regretté, évidemment et ma préoccupation avec la reprise des attaques. Je le redis, nous reconnaissons le droit d'Israël à se défendre. Mais dans le cadre du droit international, du respect du droit humanitaire, et ce droit à se défendre ne peut en aucun cas être un droit à attaquer les populations civiles. Et donc je souhaite qu'on puisse à nouveau faire cesser les armes pour reprendre le travail humanitaire, la discussion politique et le travail sur la libération des otages. Aujourd'hui, il est suspendu, vous l'avez très bien dit. J'ai eu la discussion avec le président Issac HERZOG hier. On va avoir besoin de plusieurs jours de travail. L'objectif est à la fois de donner de la visibilité sur les conditions à nouveau de libérations d'otages, aussi sur d'autres garanties de sécurité qu'Israël pourrait demander. Et donc c'est une négociation permanente qui se poursuit. Évidemment, nous restons très préoccupés et la position de la France ne change pas sur ce point. Je me rendrai, vous l'avez dit, juste après, pour voir l'Emir du Qatar, à la fois le remercier du travail qui a été fait et poursuivre ensemble le travail pour essayer d'engager une nouvelle trêve le plus rapidement possible, conduisant à un cessez-le-feu.

Journaliste

Monsieur le Président, vous militez pour un cessez-le-feu à Gaza. Si ce cessez-le-feu a lieu demain, ça veut dire que le Hamas demeure à Gaza et que donc il sera difficile d'y faire revenir l'Autorité palestinienne et difficile aussi de proposer à Israël des garanties de sécurité pour éviter qu'un nouveau 7 octobre ait lieu. Alors, quel type de cessez-le-feu exactement voulez-vous ?

Est-ce un cessez-le-feu immédiat, c’est-à-dire dans ces cas-là, peut-être que vous considérez que les capacités militaires du Hamas ont été suffisamment affaiblies ? Ou alors peut-être considérez-vous que les questions humanitaires et les questions de libération des otages et le fait que les armes se taisent sont des objectifs plus importants que les opérations militaires d’Israël ? Ou est-ce un cessez-le-feu à moyen terme ? Et si, c’est-à-dire une fois que le Hamas aura été suffisamment dégradé pour pouvoir lancer cette solution politique ? Et si c'est le cas, à quelle échéance voyez-vous ce moyen terme ?

Emmanuel MACRON

Je pense qu'on est à un moment où les autorités israéliennes vont devoir définir plus précisément leurs objectifs et l'état final recherché. La destruction totale du Hamas, qu'est-ce que c'est ? Et est-ce que quelqu'un pense que c'est possible ? Si c'est ça, la guerre durera 10 ans et je crois que personne ne sait définir sérieusement cet objectif. Donc, il faut que cet objectif soit précisé. Mais moi, je suis très cohérent. L'approche que nous avons en 3 points est parfaitement complémentaire. Nous, on a dit aux Israéliens, on est à côté sur votre sécurité parce qu'on considère que votre sécurité n'est pas que votre affaire. Le Hamas a mené des actions terroristes et est un groupe terroriste, infiltré dans Gaza. C'est pourquoi nous avons dit, ils justifient une action internationale pour couper son financement, pour cibler les profils les plus dangereux, mais aussi pour éviter la coagulation avec d'autres groupes terroristes qui sont présents dans la région, avec lesquels les liens sont établis et contre lesquels nous luttons. Plusieurs pays ont commencé le travail avec nous à la discussion sur ce sujet. Si on le fait dans la durée, on voit bien que la bonne réponse contre un groupe terroriste n'est pas de supprimer l'intégralité d'un territoire ou de bombarder l'intégralité des capacités civiles.

Avec le bilan humanitaire qu'on est en train de se donner, il est beaucoup plus spécifique, beaucoup plus structuré et dans la durée. Ça, c'est le premier point.

Le deuxième point, c'est l'humanitaire et les deux sont liés. Il n'y a pas de sécurité durable pour Israël dans la région si sa sécurité se fait au prix des vies palestiniennes et donc du ressentiment de toutes les opinions publiques dans la région, soyons collectivement que lucides. Vous voyez bien les opinions publiques. Je parle à tous les dirigeants. J'y ai parlé ces derniers jours. S'ils ont le sentiment que pour les Israéliens, et ce faisant, pour tous ceux qui les soutiennent, qu'il n'y aurait deux standards et que la vie des Palestiniens ne vaut pas la vie des Israéliens, vous créez en puissance des régimes, des groupes et demain, d'autres groupes naîtront, qui porteront ce ressentiment et cette haine. Parce que, à l'aune de la réponse au 7 octobre, on aura tué des vies et des vies civiles. Donc, je le redis, l'humanitaire est complémentaire du sécuritaire.

C'est aussi notre devoir. Je pense que c'est l'intérêt d'Israël. Et donc, la réponse humanitaire, c'est aujourd'hui d'avoir des trêves très rapides permettant un cessez-le-feu humanitaire. La prise en charge des populations civiles, des enfants et une action sécuritaire, ce qui est ciblé contre des terroristes. Sinon, de fait, on reconnaîtrait un discours que j’invalide totalement, qui consisterait à dire que quiconque vit à Gaza fait partie du terrorisme. C'est inacceptable et c'est impossible. On parle d'un territoire où il y a plus de 2 millions d'habitants. Donc, si on veut être cohérent, on doit avoir aussi une approche humanitaire. Il n’y a pour la France, pas de double standard et toutes les vies se valent.

Et puis troisième point, il est urgent d'avoir une approche politique. Et là aussi, il n'y a pas de solution sécuritaire. Qu'a montré le 7 octobre ? Quand on a une approche sécuritaire où le désespoir politique nourrit tous les ressentiments, on ne construit pas sa propre sécurité dans la durée. Et donc il y a un droit légitime du peuple palestinien à avoir un État et donc à avoir une reconnaissance politique structurée et d'aller vers les deux États. C'est notre responsabilité de reprendre la discussion sur ce sujet sans naïveté. Elle ne va pas se terminer maintenant, je suis lucide. Mais on doit la réorganiser au niveau régional pour éviter que les forces ne s'écartent. Et pour bien montrer aux opinions publiques, aux Palestiniens, à tous ceux qui adhèrent à ce sujet, que leur légitime revendication politique est prise en compte et que le bon moyen de le porter n'est pas un moyen, justement par la violence, mais par l'adhésion à un processus politique. Et là aussi, la bonne réponse, c'est : les deux États, la reconnaissance du peuple palestinien à disposer d'un État et l'exigence à l'égard de celui-ci de reconnaître l'État d'Israël et sa sécurité et son droit à vivre en paix.

C'est comme ça que vous aurez une sécurité régionale sinon, la guerre sera sans fin. Et donc, pour moi, le cessez-le-feu doit arriver le plus vite possible parce que la bonne lutte contre le terrorisme n'est pas le bombardement systématique et permanent. Ce n'est pas la bonne réponse quand on est face à un groupe terroriste. Il faut avoir une réponse structurée, beaucoup plus ciblée et donc à ce moment-là, de penser la manière de sécuriser Gaza pour protéger les populations en permettant des interventions ciblées contre ces groupes terroristes. Et là-dessus, Israël doit engager avec les États voisins une discussion structurée, politique et sécuritaire. C'est à ça que nous poussons, c'est à ça que nous oeuvrons. C'est ça l'Initiative Paix et sécurité pour tous que la France porte avec laquelle nous travaillons pied à pied avec chacun des partenaires, elle est cohérente.

Moi, j'ai tout lu sur notre initiative. Vous voyez, regardez. Il propose de lutter contre le terrorisme. Evidemment qu'il faut lutter contre le terrorisme. On ne va pas le laisser tout seul. Non, mais maintenant il fait de l'humanitaire. Tout ça est cohérent. C'est un ensemble si on prend la peine de le regarder dans sa complétude et d'éviter les caricatures. Je crois que la France a une réponse pleinement cohérente. On en parlait avec le président Issac HERZOG qui reconnaissait lui-même que c'est la seule manière cohérente d'apporter cette réponse. Après, il faut réussir à l'articuler dans le temps. Le plus vite on synchronise ces trois piliers, le plus nous sauverons de vies et croyez-moi, le plus nous assurerons de manière durable la sécurité d'Israël. Mais il faut éviter les caricatures et la simplification.

Journaliste

Question inaudible.

Emmanuel MACRON

Alors d'abord, on a eu comme toujours une discussion formidable avec le Président LULA, parce qu'il est visionnaire, courageux et qu’il y a beaucoup de synergies entre nos stratégies. J'irai moi-même au mois de mars et je crois que sur la lutte contre la déforestation, une vraie politique amazonienne, sur les questions de défense, les intérêts économiques, les questions culturelles, on a un agenda bilatéral extrêmement dense et un très grand alignement de vues.

Et c'est précisément pour cette raison même que je suis contre l'accord Mercosur-Union européenne parce que je pense que c'est un accord qui est complètement contradictoire avec ce qu'il est en train de faire au Brésil et ce que nous, on est en train de faire. Parce que c'est un accord qui a été négocié il y a 20 ans et qu'on a essayé de rapiécer, qui est mal rapiécé. Parce que cet accord, au fond, qu'est-ce qu’il fait ? Il ne prend pas en compte la biodiversité et le climat en son sein. C'est un accord commercial de démantèlement de tarifs à l'ancienne, si vous me permettez de le dire. Or, ces dernières années, on a beaucoup amélioré ces accords. On a fait avec les améliorations qu'on a faites sur l'accord canadien, ce qu'on a fait avec la Nouvelle-Zélande, le Chili par exemple, des accords très modernes où le climat est au coeur.
Là, c'est un peu, pour le moment, on a rajouté des phrases au début pour faire plaisir à la France, mais ce n'est bon pour personne parce que moi, je ne peux pas demander à nos agriculteurs, à nos industriels en France mais partout en Europe de faire des efforts, de s'appliquer de nouvelles normes pour se décarboner, pour sortir de certains produits et de dire d'un seul coup : j'enlève tous les tarifs pour faire entrer des produits qui n'appliquent pas du tout ces règles et ça va être formidable. Moi, je perds l'adhésion de tout le monde et c'est complètement incohérent parce que ça veut dire que je suis en train de créer un marché qui décarbone chez moi pour permettre aux gens de consommer des produits qui sont plus carbonés ailleurs. On est fous, avec un bilan carbone dégoûtant. Parce que si c'est pour dire, je ne produirai plus de boeuf ou des céréales chez moi avec telle règle, mais je vais leur faire faire des milliers de kilomètres pour que les règles soient pires à l'autre bout du monde et qu'elles viennent chez moi, jamais de la vie.
Vous avez un Président qui en plus, lui, est pour les Accords de Paris, qui veut lutter contre la déforestation. S'il veut rendre cette politique irréversible pour le Brésil, il doit la mettre dans les accords parce qu'à ce moment-là, tous ses successeurs devront avoir une politique qui, justement, va vers la décarbonation. J'ajoute que le bon accord, il doit rémunérer le Brésil sur sa politique forestière. Si vous ne faites plus de déforestation au Brésil, vous le savez très bien, vous allez contrarier plein d'intérêts financiers. La communauté internationale et l'Union européenne doivent vous aider et donc vous donnez des crédits carbone pour ne pas déforester, parce que vous avez un trésor forestier au Brésil. Donc, on doit penser un accord qui est beaucoup plus géostratégique, beaucoup plus cohérent avec nos stratégies et pas rapiécer un accord à l'ancienne.

C'est pour ça que moi, je ne suis pas pour cet accord parce qu'aujourd'hui, moi, je ne sais pas expliquer cet accord à un agriculteur, à un producteur d'acier, à un cimentier français ou européen. Quand je ne sais pas l'expliquer chez moi, je ne le défends pas dans des conférences de presse internationales et je pense que c'est bon pour votre président compte tenu de sa politique.
Quant au Président Javier MILEI, j'ai eu l'occasion de discuter avec lui. Il a plusieurs propositions très audacieuses pour son pays. Il m'a été donné ces dernières années d'avoir à travailler avec des présidents qui parfois avaient des propositions très audacieuses. On arrive toujours à nouer le dialogue et à faire quelque chose de raisonnable. Donc, on fera tout ce qu'onpeut pour maintenir la coopération et même l'enrichir avec l'Argentine et essayer de faire aussi que l'Argentine soit un bon partenaire du Mercosur. Et j'espère que sur les questions climatiques, il va adhérer parce qu'il verra que c'est aussi une bonne chose pour son pays.

Merci beaucoup.