De l’Education nationale, Christian Forestier avait connu toutes les fonctions, de professeur à recteur, des salles de classe au cabinet du ministre. Par ses idéaux et son parcours, la force de son destin et celle de son engagement, il incarnait une certaine idée de la République.
Né en 1944, Christian Forestier était issu d’une famille ouvrière. D’abord ingénieur électronicien, puis docteur ès sciences, il fut professeur dans un lycée technique à Saint-Etienne au début de sa carrière, puis à l’Institut universitaire de technologie. Là comme ailleurs, il se distingua par ses aptitudes et sa vision, tant et si bien qu’il prit la tête de l’IUT d’abord, de l’université de Saint-Etienne ensuite, à seulement trente-quatre ans. Trois ans plus tard, repéré comme un brillant haut-fonctionnaire du ministère de l’Education nationale, fort de ses convictions ancrées à gauche, il devint le plus jeune recteur de France, nommé à Reims. S’ensuivit un parcours d’excellence, à la tête des plus grandes académies du pays, avec Dijon, Créteil, puis, après un passage comme directeur général de l’enseignement scolaire, l’académie de Versailles en 1998.
Si cet humaniste servit les grandes figures du Parti Socialiste, et fut ainsi directeur de cabinet de Jack Lang, ministre de l’Education nationale entre 2000 et 2002, sa hauteur de vue et son immense expérience du terrain lui valurent la confiance des gouvernements de toutes sensibilités. Christian Forestier fut ainsi président du Haut Conseil de l’évaluation de l’école. Tenant pragmatique d’une amélioration des pratiques scolaires par l’évaluation, il co-signa un livre de référence avec Claude Thélot, « Que vaut l’enseignement en France », en 2007. Loin des doctrines, il ne se résolvait pas à voir s’amoindrir la capacité d’émancipation de notre école.
A travers ce parcours d’exception, exemple de mérite et d’engagement, Christian Forestier était aussi resté fidèle à ses convictions et ses origines. Pour lutter contre les inégalités de destin, il pensait indispensable la reconnaissance des filières techniques et professionnelles où il avait enseigné. C’est ainsi qu’il devint administrateur du Conservatoire national des arts et métiers en 2008, et qu’il présida le Comité d’organisation des expositions du travail – Meilleur ouvrier de France jusqu’en 2024, et qu’il accompagnait encore les jeunes talents ainsi distingués, avec sa bienveillance, son humour, et son expérience.
Le Président de la République et son épouse saluent la mémoire d’un humaniste qui contribua à faire de notre école un lieu de liberté, d’égalité, de fraternité pour tous. Ils adressent leurs condoléances émues à sa famille, ses proches, et tous ceux qui l’aimaient.