L’ancien ministre de l’Education nationale, Claude Allègre, nous a quittés, à 87 ans, laissant le souvenir d’un homme passionné par les enjeux éducatifs, dont la voix sonore défraya, des années durant, les débats scientifiques et politiques.

Né le 31 mars 1937 d’un père professeur de sciences naturelles et d’une mère institutrice, dans un village du Languedoc veillé par la ligne bleue des Pyrénées, Claude Allègre avait dans le sang la passion du savoir. Brillant étudiant en géochimie, il partageait sa chambre, à la cité universitaire Jean Zay d’Antony, avec un étudiant en sciences politiques dénommé Lionel JOSPIN.

Après sa thèse soutenue en 1967 sous la direction de Louis Barrabé puis de Pierre ROUTHIER, Claude Allègre s’affirma années après années comme un ténor de sa discipline. Les travaux de ses équipes de recherche, par l’étude des traces et des isotopes, ont contribué à la compréhension de la constitution du manteau et de la croute terrestre et du volcanisme. Récompensé par la médaille d'or du CNRS en 1994, et le prix Crafoord de géologie en 1986, il fut directeur du BRGM, le service géologique national français, de 1992 à 1997.

Mais un homme politique s’éveillait peu à peu dans le scientifique : adhérant au Parti socialiste depuis 1973, animateur du « groupe des experts » du PS dans les années 1980, il devint conseiller de son ami de jeunesse Lionel JOSPIN lorsqu’il fut nommé ministre de l’Education nationale en 1988, et jusqu’en 1992. Claude Allègre y contribua au lancement du plan « Université 2000 » et proposa une réforme profonde du système des classes préparatoires.

Sa nomination, le 2 juin 1997, comme ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie dans le gouvernement JOSPIN lui permit de déployer plus largement sa vision d’un système éducatif efficace et ouvert. Il accorda une place importante à la coopération universitaire européenne, déploya la réforme du Licence-Master-Doctorat et s’attacha à décloisonner le monde éducatif et le monde professionnel : la loi sur l'innovation et la recherche, dite « loi Allègre », ouvrait aux universitaires et aux chercheurs la possibilité de créer une entreprise et de déposer des brevets.

« Je ne crois pas aux réformes qui se font dans le consensus » disait-il : avec une âme de bretteur, il ne craignait jamais de défendre seul des positions impopulaires, le verbe haut, parfois abrupt. Contraint à démissionner au printemps 2000 pour apaiser les tensions avec les enseignants, il continua à animer le débat public comme chroniqueur au Point et à L'Express, y compris par ses positions climatosceptiques, qui provoquèrent une levée de bouclier générale de ses pairs. Ses nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique témoignèrent, jusqu’à la fin de sa vie, de la passion de transmettre qui l’habitait.

Le Président de la République salue un scientifique et un ministre qui se donna corps et âme pour l’éducation de nos jeunes et la vitalité de la recherche tricolore, attaché à faire jouer à la France sur la scène mondiale le rôle pionnier qui lui revient. Il adresse à ses proches ses condoléances émues. 

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