Le Président Emmanuel Macron a reçu Joe Biden, Président des États-Unis d’Amérique et son épouse Jill Biden, à l’occasion de la première visite d’État du Président américain en France, le samedi 8 juin 2024.

Cette visite fait suite à la visite d’État effectuée par le Président de la République et Mme Brigitte Macron aux États-Unis du 30 novembre au 1er décembre 2022 et était précédée par les commémorations du 80ème anniversaire du débarquement, auxquelles le Président Biden et son épouse ont assisté.  

Le chef de l'État a accueilli le Président Joe Biden à l'arc de Triomphe. 

Revoir l'accueil : 

Alors que la guerre est de retour sur le continent, les deux présidents ont évoqué dans une déclaration à la presse le soutien sans faille et dans la durée à apporter à l’Ukraine.

Cette coordination étroite sur les crises internationales a vocation à préparer les prochaines échéances internationales, notamment le sommet du G7 en Italie en juin et le sommet de l’OTAN de Washington en juillet.  

Revoir la déclaration : 

27 juillet 2024 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Déclaration conjointe du Président de la République et du Président des États-Unis d’Amérique.

Emmanuel MACRON

Monsieur le Président, cher Joe,
Mesdames et Messieurs,
Madame l’ambassadrice,
Monsieur l’ambassadeur,
Mesdames et Messieurs.

Monsieur le Président, vous nous faites l'honneur d'une visite d'Etat en France, après votre présence et celle de votre épouse, Docteur Jill BIDEN, lors du 80ème anniversaire du Débarquement en Normandie. Merci pour cela.

Et je crois que vos vétérans, nos vétérans et ceux de toutes les forces alliées ont été honorés durant ces jours par votre présence, celle des nombreux leaders à vos côtés le 6 juin dernier, et par la chaleur de l'accueil populaire qu'ils ont pu ressentir.

Vous avoir à nos côtés dans cette période dit beaucoup de la force de notre alliance et de ce qui lie les États-Unis d'Amérique à la France, une union de sang versé au service de la liberté et de l'indépendance de nos nations. Et c'est ce fil, malheureusement de sang, qui lie nos deux drapeaux et nos deux nations. Merci en tout cas infiniment de votre présence.

Nous avons pu, avec le Président aujourd'hui, évoquer les grands dossiers qui font aujourd'hui le cours du monde et nous engagent, au premier chef duquel l'Ukraine. Aujourd’hui en Ukraine, des femmes et des hommes se battent avec un courage remarquable, animés par la volonté de ne rien céder face à l’agression russe que rien ne venait justifier. Nous avons collectivement réagit pour apporter notre soutien à cette nation européenne qui lutte pour sa survie et pour sa liberté et nous continuerons de le faire aussi longtemps et avec autant d’intensité que nécessaire.

Je veux ici à nouveau vous remercier, Monsieur le Président, pour l'engagement des États-Unis d'Amérique et les décisions encore récentes que vous avez confirmées, qui vous ont placé à nos côtés, surtout dans un rôle essentiel sur ce conflit - je l'ai dit à plusieurs reprises - se jouent la sécurité et la stabilité de notre Europe. Merci pour cela.

Et je crois que nous avons une vue commune sur la guerre qui se joue aujourd'hui en Ukraine. Nous avons pris ensemble beaucoup de décisions communes. L'autorisation que nous avons donnée pour que l'Ukraine puisse frapper ses agresseurs en défendant son territoire, les efforts importants consentis par nos pays pour armer, former, équiper l'armée ukrainienne et nous avons, ces derniers mois, bâti plusieurs décisions fondamentales. Nous avons évoqué les détails sur, évidemment, la guerre qui se joue là-bas. Nous nous retrouverons sur ce sujet au sommet du G7, où nous l'espérons l'un et l'autre, l'ensemble des membres du G7 pourront s'engager à nouveau à un versement de solidarité à l'égard de l'Ukraine de 50 milliards de dollars, puis la Conférence de paix qui se tiendra en Suisse, où vous serez représenté, et qui sera une étape pour structurer les débats, et le sommet de l'OTAN à Washington.

En tout cas, sur la question de l'Ukraine, notre vue est commune, c'est celle du respect du droit international, de la liberté des peuples de disposer d'eux-mêmes, de ce droit fondamental pour nos nations. Et merci une fois encore d'être aux côtés de l'Europe.

Cette coordination étroite entre les États-Unis et la France se prolonge sur d'autres terrains de crise, car il ne saurait y avoir deux poids, deux mesures. Bien que nous soyons confrontés à une multiplication de foyers de crise, nous agissons sur la base des mêmes principes avec la même détermination.

À Gaza, nous voulons obtenir la libération immédiate des otages, et à ce titre, nous nous félicitons des 4 otages israéliens libérés ce jour par l'armée israélienne. Nous voulons parvenir à un cessez-le-feu immédiat et ouvrir la perspective d'une solution politique, la seule à même de créer les conditions pour une paix juste et durable et répondre aux demandes de sécurité des deux peuples. C'est la raison pour laquelle nous soutenons la proposition d'accord global des États-Unis. Après 9 mois de conflits, la situation en Rafah, comme le bilan humain, sont inacceptables ; il est aussi intolérable qu'Israël n'ouvre pas tous les points de passage à l'aide humanitaire, comme la communauté internationale le demande depuis plusieurs mois, et nous réitérons notre demande de cessez-le-feu pour que l'aide puisse arriver massivement. Le Conseil de sécurité doit, à ce titre, pouvoir jouer tout son rôle.

En parallèle, nous allons redoubler d'efforts en commun pour éviter une explosion régionale, notamment au Liban, où nous partageons l'urgence à avancer sur des paramètres de désescalade sur la Ligne bleue comme sur le volet institutionnel. Et nous avons acté une coordination étroite entre nos deux pays dans les discussions avec Israël d'une part et avec le Liban et l'ensemble des parties prenantes d'autre part.

S'agissant de l'Iran, nous faisons le même constat d'une stratégie d'escalade tous azimuts, qu'il s'agisse des attaques sans précédent contre Israël, des manœuvres de déstabilisation régionale ou, bien sûr, du programme nucléaire iranien. Nos deux pays sont déterminés à exercer les pressions nécessaires pour enrayer cette tendance, ce que nous avons encore démontré il y a quelques jours à peine en adoptant ensemble une résolution à l’Agence internationale de l’énergie atomique.

C’est la même coordination et la même volonté qu’il n’y ait pas de double standard qui est au cœur aussi de notre coordination en Afrique, dans les crises au Soudan, dans l’Est de la République Démocratique du Congo et dans l’ensemble des points de tension régionale.

Au-delà des crises, nos deux pays, animés par le même sens de leadership, vont continuer d’agir pour répondre au défi de notre temps en particulier ce qui touche les pays les plus vulnérables, cette unité que nous voulons pour rendre justement l’ordre international plus juste. C’est tout le sens du Pacte de Paris pour les peuples et la planète sur lequel nous allons travailler ensemble, mais aussi des initiatives portant sur une fiscalité plus efficace, notre action pour accélérer la sortie du charbon ou les préparatifs en vue de la Conférence des Nations-Unies sur l'océan, comme notre mobilisation sur la santé mondiale avec un Sommet qui se tiendra pour l'alliance du vaccin auquel nous travaillons ensemble et qui se tiendra à Paris dans quelques semaines.

C'est la même volonté aussi qui est au cœur de la trêve olympique qui a été agréée par une résolution des Nations-Unies il y a maintenant quelques jours.

Sur le plan économique, nous avons exprimé également les mêmes inquiétudes à l'égard des pratiques potentiellement déloyales de la Chine, ayant pour conséquence la création de surcapacités - sujet d'une telle importance pour l'économie mondiale que nous devons agir de manière coordonnée. Lors de ma visite en décembre 2022, j'avais eu l'occasion d'expliquer les conséquences de l'Inflation Reduction Act sur l'économie européenne ; nous en avons parlé à nouveau. Cette législation est utile, elle permet de contribuer, même d'accélérer la décarbonation de l'économie américaine et donc la mise en œuvre de l'accord de Paris. Notre volonté est véritablement que nous puissions aller vers une resynchronisation de nos économies entre les Etats-Unis d'Amérique et les économies européennes en termes de régulation, en termes de niveau d'investissement, et sur les grands domaines comme aussi ceux des cleantech, de l'intelligence artificielle, mais également des sujets agroalimentaires.

Enfin, nous voulons construire aussi sur le plan bilatéral une coopération renforcée. Les étudiants américains, les chercheurs américains, les entrepreneurs américains sont les bienvenus dans notre pays et nous souhaitons qu'ils soient encore plus nombreux. Nous avons aussi des coopérations bâties lors de la visite d'Etat de décembre 2022, en tout cas renforcées à cet égard. Je pense au nucléaire civil et au spatial, où nous souhaitons aller plus loin, et d'ailleurs, depuis, plusieurs accords ont été signés entre le CNES et la NASA sur l'observation de la Terre - entre autres - ou sur le sujet du programme Artemis.

Je suis aussi fier de pouvoir dire aujourd'hui que le premier TGV américain construit par Alstom sera mis en service aux États-Unis d'ici la fin de l'année ce qui est la marque aussi d'une coopération accrue entre nos industries ferroviaires. Réussite qui marque notre ambition économique et de transition énergétique en ayant recours à l'excellence technologique française.

Je veux aussi saluer ici l'importance des investissements américains en France, encore très présents lors du sommet de Choose France il y a quelques semaines.

Et la France va également lancer une fondation inédite à hauteur de 100 millions d'euros, qui va nous permettre d'augmenter massivement les échanges universitaires et de recherche entre nos deux pays, et je veux remercier les entreprises qui se sont jointes à cet effort, en particulier l'engagement de CMA-CGM. Cette nouvelle initiative fera suite au succès de la Villa Albertine qui, dans plusieurs villes de votre pays, a d'ores et déjà accueilli 180 créateurs et intellectuels en l'espace de deux ans, au total dans une cinquantaine de villes.

Je ne serai pas plus long, mais je veux dire là que sur les guerres aujourd'hui qui endolorissent le cours du monde, sur les grands sujets internationaux comme sur la relation bilatérale, nous avons à cœur, avec le Président BIDEN, d'avancer sur une feuille de route commune qui est la confiance dans le progrès, la confiance dans l'investissement, la relance, l'innovation, une volonté de créer des emplois aux États-Unis comme en Europe pour nos travailleurs, une volonté d'être au rendez-vous de la décarbonation de nos économies et de bâtir la paix, de le faire sans naïveté, c'est-à-dire d'être aux côtés de ceux qui résistent, de le faire sans naïveté, c'est-à-dire de chercher les accords, y compris les plus exigeants.

Et pour cela, Monsieur le Président, je vous remercie d'être le Président de la première puissance mondiale mais de le faire avec la clarté et la loyauté d'un partenaire qui aime et qui respecte les Européens et celui qui veut, justement, bâtir ses accords, de l'Ukraine au Proche-Orient, en passant par ce que nous voulons maintenant reprendre sur le plan économique. Merci d'être présent sur tous ces dossiers.

Merci, une fois encore, d'honorer Paris, la Normandie et la France de ces célébrations et de cette visite d'Etat avec votre épouse. Merci Président.

Les échanges ont porté aussi sur le renforcement de la coopération bilatérale, en particulier en matière économique, spatiale et nucléaire.  

Ils ont enfin échangé sur les actions communes face aux enjeux globaux, notamment l’urgence climatique et la protection de notre biodiversité.

En fin de journée, les deux présidents et leurs épouses se sont retrouvés autour d'un dîner d'Etat avec de nombreux invités.

Revoir les propos des deux dirigeants : 

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers