Le Président Emmanuel Macron s'est rendu à Kananaskis, à l'ouest de Calgary, au Canada, à l’occasion du Sommet du G7 qui s'est tenu du dimanche 15 juin au mardi 17 juin 2025.

Lors de ce Sommet, les dirigeants du G7 ont tenu plusieurs sessions pour échanger sur : 

  • les perspectives économiques mondiales ;
  • la croissance économique
  • les enjeux de sécurité des populations (incendies de forêt, ingérence étrangère, migration illégale et trafic de stupéfiants).

Ils ont aussi longuement discuté de la situation internationale marquée par la guerre en Ukraine et les conflits au Proche-Orient ainsi que des sujets de sécurité énergétique avec les pays invités, notamment l'Ukraine.

Le Président Emmanuel Macron a également échangé en entretien bilatéral avec plusieurs dirigeants et a répondu aux questions des journalistes présents sur place. 

Revoir le premier point presse : 

16 juin 2025 - Seul le prononcé fait foi

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Micro tendu du Président de le République depuis le Sommet du G7 à Kananaskis, au Canada.

Emmanuel MACRON

Merci beaucoup d’être là. Je vais peut-être faire un point rapide alors que nous avons passé les trois premières séances de ce G7, et avant le dîner de travail qui portera sur plutôt les questions géopolitiques, et tout particulièrement l'Iran et l'Ukraine, d'abord pour remercier le Premier ministre Mark Carney de son accueil ici au Canada pour ce G7, dans son état d'origine, et si je puis dire chez lui, dans ses rocheuses canadiennes, et dire qu'à ce stade, nous avons eu des discussions qui ont permis d'aborder plusieurs sujets.

D'abord, le contexte macroéconomique et la question des déséquilibres macroéconomiques aujourd'hui, tout à la fois les tarifs commerciaux qui viennent aujourd'hui bousculer le commerce international et les perspectives de croissance, les surcapacités chinoises et les difficultés rencontrées sur plusieurs marchés, la multiplication des crises qui vient aujourd'hui bousculer l'économie mondiale. S'il y a une convergence sur les constats qui sont faits sur cette situation, notre volonté affichée ce matin, poursuivie ensuite et qui, pour moi, est l'un des points clés des discussions des heures et des jours à venir, c'est que ça puisse nous conduire véritablement à engager un travail accru pour trouver une solution par le haut à la question commerciale au moins entre les membres du G7. Et je considère que vraiment aujourd'hui, c'est de notre responsabilité collective, et j'espère qu'on arrivera à convaincre le président Trump tout particulièrement, qu'au fond, les déséquilibres commerciaux peuvent exister entre les pays, peuvent être des questions de spécialité commerciale, de compétitivité, qu'il y a aujourd'hui un déséquilibre commercial qui est lié aux surcapacités chinoises, qu'il nous faut traiter tous ensemble, mais qu'imposer des tarifs entre les membres du G7 est contre-productif au regard de cette question. Et si des accords ont été obtenus avec en particulier les Britanniques, je souhaite que les prochains jours, en tout cas s'il y a une grande convergence de vues avec la Première ministre Meloni, le Chancelier Merz en l'espèce, nous accélérions en ce sens avec les autres Européens. Donc j'espère qu'on pourra aller au bout de ce travail.

Ensuite, nous avons engagé un travail, là aussi, commun et un texte qui a été endossé par tous et qui est très important sur nos dépendances, et en particulier les terres rares et les minerais critiques. Nous avons en effet des dépendances qui se sont constituées ces dernières années. Vous m'avez souvent entendu en parler. C'est au cœur de cette autonomie stratégique pour laquelle je plaide au niveau européen, mais qu'il s'agisse de produits pharmaceutiques, des aimants et terres rares, qui sont nécessaires, par exemple, à notre industrie automobile, qu'il s'agisse de nos semi-conducteurs, qui sont nécessaires en particulier pour nos capacités de calcul, nous avons constitué des dépendances qui sont le fruit à la fois de stratégies industrielles de certains, de nos compétiteurs économiques, là encore la Chine qui a, par des sursubventions sorti certains acteurs du marché, et aussi par la captation de certaines ressources. Et donc, il est très important que les Européens, et en coordination étroite avec les pays du G7, continuent d'avancer pour diversifier leurs sources, en particulier de matières premières. C'était au cœur, d'ailleurs, de la visite qu'on a effectuée au Groenland hier, et qui est, pour l'Europe, l'une des ressources importantes de terres rares et de minerais critiques à venir, mais c'est aussi toute la réorganisation industrielle que nous sommes en train de faire. Cet aimant que vous voyez, c'est un premier du genre. Il est produit en Estonie, et il est produit avec des composantes qui sont extraites par une entreprise canadienne, et donc il est le fruit d'une coopération entre Européens et Canadiens. Et cet aimant que vous voyez, c'est le début, justement, de ce qu'on appelle un « derisking », c'est-à-dire d'une Europe et des pays du G7 qui, en coopérant, réduisent leur dépendance à la Chine. Là-dessus, il y a une vraie convergence de vues avec un texte, justement, d'action qui a été endossé et qui a été proposé par la présidence canadienne, qui va nous permettre d'avancer plus rapidement sur ce sujet. On sait que ça nous prendra plusieurs années, mais c'est un élément clé.

Et puis, nous avons ensuite longuement parlé des différents risques que nous avons à coordonner, les trafiquants de tous ordres, de personnes, d'êtres humains, de drogues et d'armes, et justement des trafics internationaux qui touchent les équilibres de nos pays. Et là aussi, une position commune a été évoquée, avec en particulier une longue discussion sur la lutte contre les narcotrafics, qui aujourd'hui s'organise de plus en plus sur le plan international et déséquilibre des régions toutes entières. On voit l'impact dans nos sociétés, mais on voit aussi l'effondrement de certains pays comme Haïti, la pression exercée dans les Caraïbes, en Amérique centrale, en Amérique du Sud, et qui nécessite un réengagement des pays du G7. Je le disais, nous reviendrons tout à l'heure sur l'Iran, le Proche-Orient et l'Ukraine, qui n'ont pas donné lieu à des discussions spécifiques et j'ai pu m'entretenir déjà une première fois avec le président Trump et avec le Premier ministre Starmer, le Premier ministre Carney, la Première ministre Meloni, le Chancelier Merz et le Premier ministre Ishiba lors de cette session et j'aurai d'autres entretiens un peu plus tard ce soir et demain, avec d'autres partenaires qui vont nous rejoindre. Je vais maintenant répondre à vos questions.

Journaliste

Vous étiez justement avec le président Trump sur la guerre entre Israël et Iran. Est-ce que vous le sentez optimiste sur la possibilité d'avoir une négociation ? Est-ce qu'il vous semble prêt à faire pression aussi sur Israël pour cela ?

Emmanuel MACRON

Écoutez, il y a deux choses. La première, le président s'est exprimé il y a quelques minutes pour dire qu'il y avait des discussions qui étaient en cours, ce qui est une bonne chose. Et donc si les États-Unis d'Amérique peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. Et la France le soutiendra et nous le souhaitons.

Ensuite, je le dis, il est absolument essentiel que toutes les frappes de part et d'autre qui se font contre des infrastructures énergétiques, administratives, culturelles, et encore plus contre la population civile, cessent. Rien ne les justifie, rien, et elles sont absolument intolérables.

Ensuite, dès que le cessez-le-feu sera obtenu, et je pense que les annonces qui ont été faites par le président Trump sont tout à fait positives, et le rôle que les États-Unis d'Amérique auront à jouer est clé, les Français, à leur côté les Britanniques et les Allemands, sont disponibles pour reprendre des discussions sérieuses, discussions que nous n'avons jamais cessées. Et je le rappelle ici, la France a été négociateur et signataire du JCPOA en 2015. Nous ne l'avons pas quitté en 2017. Nous avons d'ailleurs multiplié les initiatives diplomatiques entre 2017 et 2019 pour que ce travail soit réengagé, en élargissant, je le rappelle, la question, puisque la proposition française dès 2017, était de pouvoir ré-engager une discussion avec les Iraniens et les Américains sur la question du nucléaire, des activités balistiques et des groupes régionaux qui étaient financés par l'Iran. Et donc nous sommes disponibles, et d'ailleurs les textes du JCPOA le prévoient, pour reprendre une discussion sur la question nucléaire dès qu'un cessez-le-feu sera obtenu. Et en particulier, il est prévu par les textes qu'une commission de résolution puisse se réunir. C'est la dernière étape avant que le fameux mécanisme de « snapback » ne soit activé. La France y siège et nous sommes tout à fait prêts le plus rapidement possible, dès qu'un cessez-le-feu sera obtenu, à réunir cette commission de résolution.

Journaliste

Et Trump est d'accord ? Comment vous interprétez manifestement son départ précipité, là, du G7, précisément à cause de la situation entre Israël et l'Iran ? Est-ce qu'il y a une nouvelle offre de négociation américaine ? Est-ce qu'elle comporte, par exemple, la possibilité d'une rencontre entre Trump et le président iranien ?

Emmanuel MACRON

Écoutez, il y a une offre qui a été faite, en effet, de rencontres et d'échanges. Il y a une offre qui a été faite surtout d'avoir un cessez-le-feu et d'enclencher, justement, des discussions plus larges. Et je pense que c'est une très bonne chose. Donc il faut maintenant voir ce que les parties prenantes suivront. Mais je vous le dis, mon souhait, c'est qu'aujourd'hui, le feu cesse, c'est qu'aujourd'hui, en particulier, les populations civiles soient préservées et c'est que toutes les parties reviennent autour de la table. Et d'ailleurs, si la discussion doit revenir autour d'un deal, je le disais, nous avons un cadre existant qui est celui du JCPOA, il doit être élargi, c'est ce que nous plaidons depuis maintenant plus de 7 ans. Et je pense que c'est aussi une bonne chose si on y inclut tous les pays de la région, qui sont les premiers menacés par un risque nucléaire comme un risque balistique, et comme les activités de ces groupes, qu'il s'agisse du Hezbollah, du Hamas ou des milices chiites. Donc je pense que c'est une très bonne chose et la France le soutient.

Journaliste

Et Trump est d'accord pour faire revenir les Européens à la table ou est-ce qu'il conditionne ça à l'arrivée de la Russie, par exemple ?

Emmanuel MACRON

Alors, écoutez, ça, je ne veux pas rentrer dans ces discussions. Il y a un cadre qui existe dans lequel nous sommes. Il y a une disponibilité qui est la nôtre. Là, le plus important, c'est qu'on ait un cessez-le-feu. Avec la Russie, on a passé des semaines pour savoir s'il fallait que les Européens soient dedans ou dehors. Le tout, c'est qu'on ait un cessez-le-feu. Ça a commencé en février, on est en juin, on n'a toujours pas le cessez-le-feu. Moi, je suis un pragmatique. Je cherche l'effet utile. Voilà. Et je sais ce que nous, nous savons faire. Et donc nous, nous offrons ce cadre diplomatique pour reprendre ces échanges.

Journaliste

Qu'est-ce qui vous fait espérer ce cessez-le-feu alors que le président, enfin plutôt le Premier ministre israélien, lui, répète que l'offensive continue ? Il parle même d'une éventuelle attaque contre le numéro un iranien en explorant sa mort ?

Emmanuel MACRON

Je dis clairement, j'ai été très clair vendredi dernier, l'accès à une arme nucléaire avec les capacités balistiques qui sont les siennes par l'Iran est une menace existentielle pour l'Israël, et c'est d'ailleurs une menace pour nous tous. Et donc personne ne souhaite que l'Iran accède à ces capacités. Dans le même temps, je l'ai dit, je considère que cette question maintenant doit se régler par la discussion. Et je considère que tout ce qui frappe les populations civiles, qui va au-delà de l'objectif qui était initialement recherché, qui était de marquer un retour en arrière du programme nucléaire, n'est pas justifié. Et donc c'est très important aujourd'hui que les populations civiles, d'ailleurs les populations civiles en Israël comme en Iran, soient préservées, et donc qu'on puisse revenir à la table des discussions. C'est ce que la France soutient. Et après, à ce stade, de manière objective, rien ne me laisse espérer dans les prochaines heures que les choses bougent, mais je pense que s'il y a un engagement américain, compte tenu de ce que les États-Unis d'Amérique représentent dans la capacité d'Israël à mener ses opérations, d'un point de vue logistique et militaire, c'est un des seuls éléments qui peut changer les choses.

Journaliste

Monsieur le Président, sur le dossier ukrainien, vous disiez espérer, avant le début de ce G7, des avancées, notamment obtenir des sanctions, un soutien du président américain pour des sanctions nouvelles contre la Russie. Son départ précipité ce soir change la donne, évidemment. Le président Zelensky est censé arriver demain. Est-ce que ça signe d'ores et déjà l'échec de ce G7 sur le dossier ukrainien ?

Emmanuel MACRON

Non, je ne crois pas. Je pense que sur les sujets à la fois commerciaux comme ukrainiens, et d'ailleurs plus largement, c'est une reconvergence qu'il faut faire. Sur l'Ukraine, d'où partons-nous, où sommes-nous et où voulons-nous aller ? En février dernier, le monde était sidéré, pensait qu'il y avait un divorce, une remise en cause du soutien américain à l'Ukraine, et, en quelque sorte, la crainte que nous avions tous, c'était qu'on allait vers une capitulation forcée. Parce que nous avons collectivement mobilisé nos efforts, que nous avons bâti cette coalition des volontaires. Les Européens ont montré qu'ils étaient prêts à prendre un effort de guerre supplémentaire, à participer aux garanties de sécurité du jour d'après et à tenir. Et donc nous avons, en quelque sorte, construit un arc électrique.

Dans le même temps, le président Zelensky s'est réengagé lui-même et, dès le mois de mars, a accepté le principe d'un cessez-le-feu à Doha, puis, quelques semaines plus tard, le principe d'une rencontre physique en Turquie. Au moment où je vous parle, c'est la Russie qui a menti de manière constante au président Trump. Elle lui a menti en disant, on veut la paix, et en ne répondant jamais à son appel au cessez-le-feu. Elle lui a menti en disant, nous sommes prêts à rencontrer le président Zelensky, mais en évitant toute rencontre. Et donc aujourd'hui, nous, notre conviction, c'est que si nous voulons aller vers la paix, il faut en effet montrer notre résolution ensemble et notre capacité à aller beaucoup plus loin dans les sanctions. L'Union européenne a préparé un nouveau train de sanctions, mais qui est, par sa nature, une rupture profonde avec les précédents. Ce n'est pas simplement le 18e train de mesures, c'est par la radicalité des mesures économiques qui sont prises, sur le plan financier ou des matières premières, quelque chose qui, de nature, a véritablement changé l'impact sur l'économie russe. Et à côté de ça, les sénateurs américains, menés par le sénateur Lindsey Graham, proposent des sanctions assez similaires à celles que nous avons sur la table. Et d'ailleurs, c'est ce dialogue qui a nourri les nôtres. La question que j'ai posée ce matin au président Trump, c'était de savoir s’il laisserait ses sénateurs avancer, il m'a répondu plutôt positivement, ce qui est pour moi une très bonne nouvelle, parce que je pense que le sénateur Lindsey Graham et tous les sénateurs qui l'accompagnent ont fait un très bon travail. Et donc, si dans les semaines qui viennent, les Européens et les Américains de concert portent justement ces sanctions de la sorte, c'est véritablement une transformation de la situation, parce que la capacité de l'économie russe à résister sera vraiment remise en question et parce que, surtout, beaucoup aujourd'hui, des partenaires qui, parfois, bénéficient de cette situation ou qui, de fait, par les transferts financiers qui sont faits, aident la Russie dans son effort de guerre, seront beaucoup plus entravés. Donc c'est ça, aujourd'hui, ce sur quoi nous nous concentrons. C'est, en fait, casser la linéarité du conflit par ces sanctions nouvelles qui, je l'espère, permettront, en tout cas, de conduire la Russie à revenir à la table des discussions.

Moi, ce que je souhaite, c'est un cessez-le-feu, un retour à la discussion de tous et une capacité à mettre autour d'une même table le président Poutine, le président Zelensky, les Américains, les Européens, et trouver un chemin avec des concessions sur les différents sujets territoriaux, sécuritaires, qui permettent d'avoir une paix robuste et durable.

Journaliste

Selon la Maison-Blanche, le chef de l'État américain va en fait rester au dîner ce soir, puis partir juste après. Est-ce que vous comptez vous servir de ce dîner pour tenter de convaincre, de signer un communiqué commun à quelque chose ? Est-ce que c'est important aujourd'hui que le G7 sorte avec un communiqué commun ?

Emmanuel MACRON

Écoutez, je pense que ce qui est important surtout, c'est qu'il y ait une ligne d'action commune. Je ne suis pas président de ce G7. J'aurai cette charge l'année prochaine. On a vécu tous les cas de figure. Je pense qu'il faut qu'il y ait des lignes d'action en effet communes qui soient validées, et je ferai tout pour appuyer le Premier ministre Mark Carney dans ce sens. Et je pense que ce serait une bonne chose. Mais surtout, ce qui est important, c'est qu'il y ait une reconvergence, et le fait que le président Trump s'engage personnellement dans les prochaines heures à obtenir justement un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran est une très bonne chose. Le fait qu'il s'engage, ce qui a toujours été notre ligne, à ce qu'on reprenne la discussion sur la limitation du nucléaire et du balistique, le fait qu'ils puissent s'engager, comme je l'ai dit après les discussions de ce matin sur la Russie, est une très bonne chose.

Il faut maintenant qu'on arrive à accélérer nos travaux communs sur le commerce et obtenir enfin un accord le plus vite possible entre l'Union européenne et les États-Unis d'Amérique. Donc je pense que oui, je ne suis pas obsédé par les communiqués. J'ai connu aussi des G7, vous savez, c'est le fait d'être un vétéran. Il faut avoir toujours beaucoup d'humilité. Il y a 7 ans, on avait signé un communiqué du G7, et puis le président Trump a dit qu'il ne le signait plus dans l'avion. Donc parfois, il ne faut pas s'empresser de signer des communiqués sur place. C'est l'action qui compte.

Journaliste

C'est quoi, c’est un départ précipité positif ?

Emmanuel MACRON

Écoutez, vu l'objectif poursuivi, oui.

Journaliste

Pourquoi les États-Unis n'ont pas voulu dans la journée, justement, adopter cette déclaration commune sur Israël et l'Iran ? Quel est le dessous, justement, de leur refus ?

Emmanuel MACRON

Il ne m'appartient pas de commenter la position américaine. Je pense que d'abord, ils voulaient sans doute se concentrer sur la discussion qui était en cours, mais aussi et surtout, je pense qu'en fait, la discussion, elle est extrêmement consensuelle. Et donc honnêtement, quand vous regardez le communiqué qui sortira, je pense qu'il ne vous apprendra pas grand-chose par rapport à ce que je suis en train de vous dire. Donc c'est très consensuel et je pense que ça ne donne pas lieu à quelques écarts de position que ce soit. Maintenant, ce qui est important pour moi, pour revenir plus largement sur la situation dans la région, c'est que — et je remercie le président Trump de son engagement — il puisse obtenir ce cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. On en a besoin. Ensuite, qu'il y ait une discussion qui soit reprise. Soit c'est une discussion dans le cadre des mécanismes prévus par le JCPOA et qu'on essaie d'élargir et de reprendre, soit c'est une discussion ad hoc, nouvelle. Peu importe, le tout, c'est qu'on arrive à encadrer les activités balistiques, nucléaires et les financements de mouvements régionaux de l'Iran. Je pense qu'il est important qu'il y ait évidemment les États-Unis d'Amérique, je pense qu'il faut qu'il y ait au maximum les États de la région, qui avaient été oubliés dans le JCPOA il y a 10 ans. Je pense que les Européens y ont évidemment leur place, et en particulier le groupe E3.

Ensuite, cette situation, il faut l'utiliser pour immédiatement obtenir un cessez-le-feu à Gaza. Et il ne faut absolument pas que ce qui se passe aujourd'hui nous fasse oublier une seule seconde la situation intolérable à Gaza, ou encore hier, les frappes qui ont fait plusieurs dizaines de morts, ou la situation humanitaire qui perdure. Et donc je veux ici le redire, notre position est claire, un cessez-le-feu le plus vite possible, et ça, j'en ai reparlé avec le président Trump, et c'est aussi l'une des choses qu'on peut obtenir à court terme et qu'il faut obtenir d'Israël. Rien ne justifie les combats et le blocus humanitaire à Gaza. Il n'y a aucun intérêt sécuritaire qui le justifie. C'est faux de le dire. Et donc il faut maintenant obtenir un cessez-le-feu, une reprise de l'aide humanitaire, la libération des otages, ce qui permettra de réenclencher le processus politique, d'abord sur Gaza, puis avec la perspective des deux-États, et reconvoquer le plus vite possible la conférence qui permettra d'aller en ce sens.

Journaliste

Monsieur le Président, les Israéliens semblent vouloir aller jusqu'au bout parce qu'ils espèrent une chute du régime de Téhéran. Est-ce que, déjà, c'est un objectif que vous partagez ça ? Est-ce que vous pensez qu'on peut, aujourd'hui, arriver à ça, que c'est souhaitable pour la région ? Et est-ce que, dans ce contexte, il n'est pas vain de penser que les Israéliens peuvent revenir autour de la table ?

Emmanuel MACRON

Je vais vous dire, je pense que tous ceux qui croient qu'en frappant avec des bombes depuis l'extérieur, on sauve un pays malgré lui-même ou contre lui-même, se sont toujours trompés. Je pense que les peuples sont souverains, ils changent leurs dirigeants par eux-mêmes, et que tous ceux qui ont voulu par le passé changer des régimes par des frappes ou des opérations militaires ont commis des erreurs stratégiques. Voilà. C'est l'expérience qui nous l'apprend. Et je ne pense pas que ce soit à des puissances étrangères de changer les régimes politiques en cours. Je pense que c'est au peuple souverain de le faire. Voilà. Et j'ai toujours eu cette conception et je continuerai à l'avoir, ça aide. Donc en l'espèce, il ne m'appartient pas de commenter les choses. Quand j'ai eu le Premier ministre Netanyahou vendredi, il m'a dit que ce n'était pas son objectif stratégique. Son objectif stratégique était que le programme nucléaire et le programme balistique ne puissent pas passer des seuils qui étaient selon lui inadmissibles et qui avaient été dûment documentés.

Journaliste

Merci beaucoup. Merci.

Emmanuel MACRON

Merci à vous. Vous vouliez poser une dernière question ?

Journaliste

Je voulais juste vous demander votre position sur la fermeture du stand d'Israël au salon du Bourget.

Emmanuel MACRON

Écoutez, les positions étaient claires. Elles avaient été discutées d'ailleurs avec l'ambassade d'Israël. Les discussions ont été conduites par le secrétariat général à la Défense et Sécurité nationale et par notre ministère des Affaires étrangères. C'est notre devoir dans la période de permettre d'exposer les coopérations techniques, militaires, défensives auxquelles, d'ailleurs, parfois, nous participons et qui sont légitimes, mais que ne soient pas exposés des équipements offensifs qui, pour certains, sont utilisés à Gaza. Et je pense que c'est légitime et que ça a été fait sur le mode de la coopération avec les organisateurs et qu'à partir du moment où les règles qui avaient été partagées, agréés par les deux parties n'étaient pas respectées, mais c'était normal qu'avant l'ouverture, les organisateurs, avec les services de l'État, appliquent ce qu'ils avaient dit qu'ils feraient. Voilà. Mais je pense que vu le contexte qu'on évoque, ça me semble marginal et je pense qu'il ne faut pas en faire trop. Mais ça se fait en bonne foi, en respect, mais avec de la cohérence aussi.

Journaliste

Merci Monsieur le Président.

La situation entre Israël et l'Iran a fait l'objet de discussions entre les chefs d'État et de gouvernement afin de parvenir à une désescalade la plus rapide et complète possible

Déclaration des chefs d’État et de gouvernement du G7 sur les derniers développements entre Israël et l’Iran.

Enfin, lors de la session de clôture, le Président de la République a évoqué l'agenda et les grandes priorités du sommet de la présidence française du G7 qui aura lieu en 2026 à Évian.

Revoir le point presse de clôture : 

17 juin 2025 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration du Président de la République à l'issue du Sommet du G7 au Canada.

Emmanuel MACRON

Merci beaucoup d'être là. Je voulais, avant que nous retrouvions les collègues non-membres du G7 pour la dernière session qui, traditionnellement, se tient pour évoquer plusieurs sujets, d'ailleurs, qui sont liés à nos travaux de ces derniers jours, avec de nombreux pays, d'autres régions, pour élargir l'échange, d'abord remercier le Premier ministre canadien pour son accueil, l'organisation de ce G7, et le grand sérieux et l'ambition qu'il a mis au cœur de ce sommet. Ce G7 nous a, en effet — j'en ai rappelé, hier, les principaux acquis, et je vous les redis, sur à la fois les questions de déséquilibres mondiaux, sur les questions de sécurité de nos chaînes de valeurs, sur les questions aussi de migration, comme de narcotrafic — nous a permis d'avancer. Et hier soir, nous avons eu des discussions géopolitiques donc à 7. Et celles-ci ont permis, là également, d'abord de consolider une position commune sur l'Iran, puisqu'un communiqué endossé par l'ensemble des membres du G7 a été publié, qui acte ce que, d'ailleurs, nous avions pu dire les uns et les autres ces derniers jours, c'est-à-dire notre volonté de ne pas voir l'Iran se doter de l'arme nucléaire, qui, en même temps, a appelé à une désescalade dans la région et à ce qu'il y ait une stabilité au plus vite, à la protection des personnes civiles et a également rappelé la nécessité d'avoir un cessez-le-feu à Gaza. Je pense que c'est un acquis de ce G7 sur une position commune.

Nous avons eu ensuite une discussion sur l'Ukraine avec le président Trump, et elle s'est poursuivie ce matin avec le Secrétaire Bessent, pour ce qui est des États-Unis, mais le Secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, et le président Zelensky nous ont rejoints. Et donc, sur le sujet de l'Ukraine, je crois que la position commune qui se dégage, c'est, d'une part, de dire qu'il nous faut renforcer les sanctions, c'est ce que les Européens ont préparé, avec des nouvelles sanctions inédites et beaucoup plus fortes, et c'est ce que les sénateurs américains préparent. Et la convergence entre nos actions, avec une très grande coordination avec le Japon, le Canada et le Royaume-Uni, est de nature, à nos yeux, à changer la donne, parce que c'est ça qui va permettre de ramener la Russie autour de la table des négociations, comme le demande le président Trump depuis le mois de février dernier. En parallèle, nous avons tous acté la nécessité de continuer de soutenir l'Ukraine et de poursuivre l'effort pour, justement, permettre à celle-ci de résister. Nous l'avons fait dans un contexte qui n'a échappé à personne, parce que la nuit dernière a été absolument terrible pour l'Ukraine, le peuple ukrainien. Kiev a été attaqué directement, plusieurs dizaines de civils sont morts, ce qui montre le cynisme complet du Président Poutine, qui utilise le contexte international pour renforcer des attaques et, à nouveau, des attaques contre des civils et qui, très clairement, agit à contrario des propos qu'il a pu avoir avec les uns et les autres ces derniers mois.

Voilà la position sur l'Ukraine que nous avons dégagée. Enfin, je veux ici dire que, après avoir remercié le Premier ministre Mark Carney et avoir fait la synthèse de nos sessions, j'ai pu annoncer que la France accueillerait l'année prochaine à Évian le G7, et c'est, là aussi, une manière pour nous de poursuivre ces travaux. Et dans une ville, un département, une région qui ont montré une vraie volonté, un vrai attachement à accueillir ce grand rendez-vous international. Et je veux ici remercier tous les élus locaux qui ont été très mobilisés dans la préparation de ce travail. Ce sera pour nous une manière, comme nous l'avions fait à Biarritz en 2019, de poursuivre ce travail avec aussi des formats qui changeront, mais j'aurai l'occasion d'y revenir. Je vais maintenant répondre à vos questions.

Journaliste

Monsieur le Président, au moment où on se parle, le président Trump semble plus que jamais sur le pied de guerre en Iran, si l'on en croit plusieurs médias américains. On semble bien loin du cessez-le-feu que vous évoquiez hier, non ?

Emmanuel MACRON

Alors, écoutez, le cessez-le-feu, comme vous le dites, c'était surtout le président Trump qu'il évoquait hier. Et vos collègues, d'ailleurs, qui l'ont interviewé, comme CNN, l'ont écrit. Et quand le président Trump dit : « je dois rentrer parce qu'il y a des discussions en cours, on va parler et il faut parler » ça s'appelle des discussions, généralement, pour cesser le feu. Quand nous endossons un texte commun sur l'Iran, que j'ai là, qui a été discuté avec le Président Trump, et qui dit très clairement que l'Iran est la principale source d'instabilité, mais que nous appelons tous à la résolution de la crise en Iran, qui doit mener à une désescalade plus large des hostilités en Proche-Orient, l'intention qui est partagée, c'est quand même qu'il y ait un cessez-le-feu.

Journaliste

On a des escalades là, ce soir.

Emmanuel MACRON

Mais vous constatez, comme moi, qu'il y a sans doute eu un changement d'avis. Mais je ne suis pas responsable des changements d'avis de l'administration américaine. Et ça tombe bien parce que le Président français, il parle pour la France. Et donc hier, je vous ai dit ce que j'avais à vous dire, c'est-à-dire le président Trump nous ayant annoncé et ayant dit à la Terre entière qu'il y allait pour discuter, je trouve que c'est une bonne chose. Et je ne change pas d'avis. Et la France a une position constante, d'ailleurs à travers les années, et cette position, c'est celle que j'exprime depuis octobre 2023.

Nous sommes attentifs à la sécurité d'Israël. Nous reconnaissons le droit d'Israël de se défendre, mais comme une démocratie. Nous sommes à ses côtés quand elle lutte contre les groupes terroristes. Mais jamais nous ne partageons les actions de déstabilisation régionale. C'est pourquoi, depuis octobre 2023, la France appelle à un cessez-le-feu à Gaza. Et c'est pourquoi j'ai dit : nous ne voulons pas d’un Iran qui se dote de l'arme nucléaire ou qui ait ces capacités balistiques. Mais je pense que la plus grande des erreurs aujourd'hui, c'est de chercher, par la voie militaire, à faire un changement de régime en Iran, parce que ce sera là le chaos. Et donc la responsabilité qui est la nôtre, c'est de reprendre au plus vite des discussions pour permettre, justement, de redonner un cadre à la question nucléaire et à la question balistique.

C'est constamment ce que la France fait depuis 10 ans. Et depuis 8 ans, c'est constamment ce à quoi je me suis attaché. Je ne change pas d'avis et je ne change absolument rien de ce que je vous ai dit hier. S'il y a des dirigeants qui changent d'avis, c'est à eux de répondre de ces changements d'avis, pas à moi de les commenter.

Journaliste

Mais vous pensez que c'est ce que cherche aujourd'hui le Président Trump, un changement de régime ? Quel est le message que vous lui adressez aujourd'hui ?

Emmanuel MACRON

Mais je ne sais pas. Je ne suis pas un commentateur de l'actualité.

Journaliste

Vous êtes un interlocuteur ?

Emmanuel MACRON

Oui. Et donc j'ai dit ce que j'avais à dire. J'ai dit la même chose que ce que je vous dis au président Trump hier. Et donc je considère qu'on a besoin des États-Unis d'Amérique pour faire revenir tout le monde autour de la table. Voilà. Et je vous ai dit exactement les objectifs que nous partageons, c'est-à-dire oui à ce que l'Iran n'ait jamais l'arme nucléaire. Oui, pour contenir le nucléaire civil et l'encadrer de manière internationale. Oui, pour réduire son programme balistique. C'est ce sur quoi nous œuvrons depuis, là aussi, 8 ans. Oui, pour réduire toutes les aides aux groupes régionaux qui créent la déstabilisation depuis tant d'années. Non aux frappes sur les infrastructures énergétiques. Non aux frappes contre les populations civiles et non aux actions militaires qui conduiraient à un changement de régime, parce que personne ne sait dire ce qui vient après. Et diable, nous n'avons pas... Collectivement, nous n'avons pas vu les conséquences que ça avait dans la région et ailleurs. Est-ce que quelqu'un pense que ce qui a été fait en 2003 en Irak était une bonne idée ? Est-ce que quelqu'un pense que ce qui a été fait en Libye la décennie précédente était une bonne idée ? Non. Moi, je pense aussi à nos amis de la région en Irak, au Liban et ailleurs. Il faut les aider à réduire tous ceux qui, en effet, menacent leur sécurité, mais ils ont besoin de tout sauf du chaos. Et donc, là-dessus, la position de la France est claire, elle est inchangée, et je la réaffirme avec beaucoup de force.

Journaliste

Et pour vous, le président Trump n’agite pas cette menace d’intervention militaire directe aux côtés d’Israël, tout simplement pour inciter Téhéran à négocier ? 

Emmanuel MACRON

Peut-être. Je ne sais pas, je ne le commente pas. Je dis ce que pense la France, mais je dis juste que de manière constante, le président Trump, avec qui j'ai les meilleures relations du monde — et dans son premier mandat, et aujourd'hui — il a fait une chose, c'est qu'il essaie d'obtenir la paix à chaque fois à ce qu'il dit. Et je ne l'ai jamais vu se joindre à des opérations militaires. Donc, je pense en effet qu'il essaie de mettre la pression dans cette situation. C'est sans doute ça. Mais enfin, mon rôle n'est pas de faire des spéculations ou de commenter. C'est au Président, à son administration, d'expliciter leur position, pas à moi de le faire.

Journaliste

Comment vous avez pris les critiques qu’il vous a adressé personnellement cette nuit ?

Emmanuel MACRON

Comme une péripétie. Ce ne sont pas les premières, ce ne sont pas les dernières. Il a eu des mots extrêmement amicaux, mais il a voulu remettre de l'ambiguïté dans sa position. Très bien, il a donc dit qu'il n'allait pas discuter un cessez-le-feu. Bon, ça ne m'émeut pas, parce que je le connais et parce que nous avons une relation de long terme, il a eu des mots très sympathiques lors des sessions qu'on a pu avoir, ça ne m'émeut pas. Et je pense que, d'ailleurs, dans le moment grave que nous vivons, je pense que mon rôle n'est pas de commenter des propos de ci ou de là, c'est d'expliquer ce que nous voulons, c'est d'expliquer ce que nous pouvons faire d'utile, et c'est de rappeler les priorités. Et nos priorités aujourd'hui dans la région, elles sont claires : un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la libération de tous les otages, la reprise de l'aide humanitaire et la reprise d'un processus politique qui est le seul avenir pour Gaza, et un cessez-le-feu au plus vite en Iran, une reprise des discussions. Et les Européens sont d'ailleurs disponibles et les Européens ont cette légitimité dans le cadre de la commission de résolution prévue par le JCPOA. Voilà ce que nous souhaitons faire et ce sur quoi...

Journaliste

Il y a des Européens comme Friedrich Merz qui considèrent et qui saluent le fait qu’Israël fasse le sale boulot, entre guillemets à Téhéran, enfin en Iran. Il y a au minimum une nuance entre vous deux ?

Emmanuel MACRON

C'est normal qu'il y ait des nuances. Moi, je considère que nous ne voulons pas que l'Iran se dote de l'arme nucléaire, ça a toujours été clair, mais nous considérons que maintenant, il faut revenir à la table des discussions.

Journaliste

Monsieur Macron, on est ici en Alberta, au Canada. Encore hier, Donald Trump a fait allusion à faire du Canada le 51ᵉ État. J'aimerais savoir, selon vous, ces menaces d'annexion-là, est-ce qu'elles mettent en péril l'unité du G7 ?

Emmanuel MACRON

Écoutez, ce n'est pas ce qui est ressorti de nos discussions d'hier et d'aujourd'hui, et je veux saluer le vraiment l'esprit d'engagement et de négociateur de votre Premier ministre, qui a à la fois pacifié ces débats, mais leur a donné de l'ambition et a eu une très bonne relation avec le Président Trump. Et c'est ce qu'il nous faut. Et après... Oui.

Je ne vais pas vous dire que je pense que ça va dans la bonne direction, qu'il s'agisse du Canada ou qu'il s'agisse du Groenland et donc de nos amis du Danemark. C'est pour ça que j'y étais il y a deux jours. Je pense que dans le monde où nous vivons, on a des défis immenses. Vous voyez bien : on a la guerre sur le sol européen en Ukraine. Et moi, je vais vous dire, le G7 a un rôle essentiel, et on l'a vu même ce matin, parce que, honnêtement, voir la cohésion que nous avons avec le Canada, avec le Japon, qui sont pourtant si loin géographiquement, je peux vous dire que c'est réconfortant pour les Européens, parce qu'on voit bien qu'on partage les mêmes principes, les mêmes principes d'action. Quand je vois la situation extrêmement critique au prochain Moyen-Orient, quand je vois les déstabilisations économiques que nous vivons, les tarifs, mais aussi les dépendances, on a besoin de respect, de respect. Et donc, le Canada est une grande nation, souveraine et indépendante. Elle le restera. Et elle est amie de la France et nous nous en félicitons.

Journaliste

Le départ de Monsieur Trump, quel effet que ça a eu sur les discussions, sur l'Ukraine ce matin, vu ses déclarations sur les sanctions dont ils ne veulent pas ?

Emmanuel MACRON

Alors non, je ne dirais pas ça parce qu'il a été hier très clair là-dessus. On a eu deux parties de discussion hier : une partie sur l'Iran, qui a donné à se communiquer, puis une partie sur l'Ukraine. Donc on a vraiment été dans le détail. Et d'ailleurs, on s'est coordonnés là-dessus en disant, nous, on va prendre des nouvelles sanctions très fortes, et je vous invite vraiment à regarder sur le prix du pétrole, sur, là aussi, des établissements bancaires, des sanctions secondaires, comme on les appelle techniquement.

Journaliste

Il n’a pas rencontré Monsieur Zelensky, quand même.

Emmanuel MACRON

Non, mais là, il n’a pas pu, malheureusement, parce qu'il n'était pas physiquement là, donc il ne faut pas surinterpréter la chose. Il organisera, je pense, une rencontre de manière spécifique. Mais il y a, à côté de ça, des sénateurs qui ont proposé des sanctions de même nature, qu’il y a une très grande coordination. Et hier, j'ai entendu, comme mes collègues, le fait qu'il a dit que c'est très bien si tout le monde monte les sanctions. Il ne voulait pas avancer seul, mais il considère qu'on peut avancer. Et moi, je veux surtout…je vais vous dire ce que je pense profondément, c'est que stratégiquement, ni les Américains, ni les Canadiens, ni les Japonais, ni les Européens n'ont le choix. Pourquoi ? Parce qu'on ne peut pas avoir une administration américaine qui dit chaque matin : « Ce qui se passe en Indopacifique est stratégique pour nous ». Et nous, collectivement, être faibles avec ce qui se passe en Ukraine. On n'a pas le droit à la faiblesse. Parce que quiconque sera faible en Ukraine, quiconque laissera la Russie gagner ou l'Ukraine capituler, perdra toute crédibilité pour assurer la sécurité dans une autre région, en particulier l'Indopacifique. Et donc, c'est l'intérêt stratégique américain de continuer cet effort avec nous et de le faire, comme on l'a discuté ce matin : sanctions, soutien militaire à l'Ukraine pour conduire la Russie à revenir autour de la table, ce que demande d'ailleurs le président Trump depuis février, cesser le feu et négociation d'une paix durable.

Journaliste

Vous ne craignez pas que le G7 à Évian l'an prochain se transforme en G6 ? Parce que la chaise vide de Donald Trump, c'est ce qu'on retient quand même beaucoup cette année.

Emmanuel MACRON

Je ne parlerai pas de politique de chaise vide, d'une part parce qu'il a été là, y compris sur les débats les plus importants.

Journaliste

À moitié.

Emmanuel MACRON

Et non, non, non, parce qu'il n'a manqué qu'une session du G7, à proprement parler, et surtout parce que nous avons parlé de tous les sujets, y compris lors du dîner. Donc, je pense que ce ne serait vraiment pas respectueux et juste à l'égard de la présidence canadienne de dire ça. Donc, je récuse ce terme. Ensuite, il nous appartient, nous, de continuer à régler les sujets de déséquilibre qui sont les nôtres. Et je pense, au contraire, qu'il nous faut continuer de garder l'unité et de la consolider dans le G7, mais d'engager avec des partenaires de confiance qui nous permettront de peser encore davantage. C'est ce que je vais tâcher de faire. D'ailleurs, dans la continuité de l'esprit de Biarritz en 2019, où nous avions construit ce G7 avec beaucoup de pays et où on avait eu des sessions très intenses et longues avec aussi d'autres pays qui étaient clés.

Journaliste

Monsieur le Président, Monsieur Carney est en négociation avec Monsieur Trump sur une entente commerciale. Est-ce qu'il y a un pont entre l'Europe et les États-Unis ? Est-ce qu'il y a la pensée commune qui pourrait se faire ?

Emmanuel Macron

Je peux vous dire la pensée des Européens, mais je ne m'engagerai pas au-delà. Et je pense que c'est la même volonté qu'il y a chez les Japonais, les Canadiens et les Britanniques. Je pense que nous, nous sommes convaincus. Quand on regarde aujourd'hui les déséquilibres commerciaux, je le rappelle, qui est la source de cette discussion, les déséquilibres commerciaux sont liés parfois à vos manques de compétitivité ou à des choix sectoriels qui sont faits. Cela se justifie.

Vous pouvez prendre des politiques nationales pour les réduire. Ensuite, il y a un déséquilibre commercial aujourd'hui macroéconomique qui, en fait, devrait se régler de manière intelligente. Je peux vous en donner à peu près le tableau final. Il faut que la Chine arrête de surfinancer ses secteurs économiques et son offre, et crée des surcapacités, qu'elle mette davantage d'argent sur son marché domestique. Il faut que les États-Unis aient un modèle qui soit moins en faveur de l'endettement et de la consommation. Et il faut que les Européens investissent davantage. Si on arrive à coordonner ces actions macroéconomiques, on règle une bonne partie des déséquilibres macroéconomiques non justifiés. Et vous voyez bien que ce n'est en aucun cas les tarifs. Les tarifs ne nous permettent pas de régler ces sujets.

C'est plutôt l'unité du G7 et la question des surcapacités chinoises et la coordination de nos politiques macroéconomiques. C'est ça que nous devons faire. Et donc, nous, notre souhait, c'est qu'on règle au plus vite possible les tarifs. Et si je devais vous dire ce qu'on croit, nous, c'est qu'on arrive même à un scénario où, entre les membres du G7 et les alliances dans lesquelles ils sont, c'est-à-dire, en fait : Européens, Américains, CPTPP, on arrive quasiment à zéro tarif. On peut avoir des différences, après, qui sont réglementaires, mais sur le plan tarifaire, il n'y a rien qui justifie qu'on ait des tarifs. Il faut permettre à ces économies d'être beaucoup plus intégrées. C'est ça, la philosophie, en tout cas qu’on pousse.

Intervenant non identifié

Merci beaucoup. Merci à tous.

Journaliste

Est-ce que Monsieur Carney a réussi, selon vous, à faire la démonstration d'unité qu'il voulait faire, étant donné les commentaires de Monsieur Trump ?

Emmanuel MACRON

Moi, je dirais oui. D'abord parce que ça fait peu de semaines qu'il est en charge, qu'il a récupéré ce G7. Et encore une fois, on a 7 textes qui sont validés par ce G7, en plus du communiqué final. Un texte sur l'Iran qu'on a fait hier qui est très important, il ne faut pas le sous-estimer. Et ces 6 textes, en particulier sur les minerais critiques, il y a un texte très important qui permet de bâtir une alliance entre nous et qui sera élargie, d'ailleurs, à quelques-uns. Et donc, c'est vraiment un point important, et il a réussi à garder cette unité. On ne pouvait pas régler tous les sujets. Je veux dire, il ne faut pas non plus demander à la présidence canadienne de régler tous les sujets de la terre.

Aujourd'hui, ce serait injuste. Mais il a tenu le groupe ensemble, il l'a fait avec son élégance et sa détermination qui le caractérisent. Je le connais depuis plusieurs années, il ne s'en départit jamais et il a réussi ce G7, je peux vous le dire. J'ai un dernier point pour vous dire simplement que, évidemment, au-delà de ce qu'on a dit de la crise, j'ai demandé aux ministres de continuer à veiller à la sécurité de nos ressortissants, de nos équipes diplomatiques et de nos bases militaires dans la région, dans le contexte qui est le nôtre, de poursuivre l'action. Et donc plusieurs annonces ont été faites par le ministre, le centre de crise du Quai d'Orsay, je le remercie, avec nos ambassades à Téhéran et Tel-Aviv, et je le remercie beaucoup, continue l'action.

Et puis, plusieurs dispositions militaires ont été prises aussi pour la sécurité de nos bases, de manière tout à fait classique et non escalatoire. Et dès que je serai revenu en France demain, je tiendrai un conseil de sécurité et de défense à 16 heures pour pouvoir faire le point sur tous ces sujets : la sécurité de nos ressortissants, l'adaptation à l'évolution de la menace et d'éventuelles initiatives complémentaires à prendre.

Journaliste

Merci.

Emmanuel MACRON

Merci beaucoup.

 

Annonce du prochain Sommet du G7 à Évian du 14 au 16 juin 2026.

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