L'égalité des chances est un marqueur fort de la politique du Président de la République depuis le début du quinquennat. Elle s’est concrétisée à travers diverses réformes : le dédoublement des classes primaires qui concerne environ 300 000 élèves par an, l'obligation de formation dès 3 ans, la mise en place des petits-déjeuners gratuits qui a déjà bénéficié à plus de 150 000 enfants... 

Les sept mesures clés : 

Plus que jamais, la rentrée 2020 appelle à un renforcement des mesures prises en faveur de l’égalité des chances et à mettre en place un agenda de l’égalité des chances avec des actes clairs, autour de 5 axes : l'enfance et l'éducation, la jeunesse et l’enseignement supérieur, l'emploi, la fonction publique et les territoires.

(Ré)écoutez le point presse du Président de la République depuis Clermont-Ferrand :  

Le déplacement en images : 

8 septembre 2020 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Déclaration du Président de la République sur l'égalité des chances

Merci d’abord à nos hôtes. Nous étions ce matin sur un campus et maintenant au Hall 32. Ce qui est une formidable occasion de valoriser tout ce qui est fait par, j’allais dire, l’équipe de France, véritablement, pour l’emploi des jeunes et l’égalité des chances.

 

Nous sommes, vous le savez, dans une situation inédite que traverse notre pays en pleine crise sanitaire évidemment qui conduit à une crise économique et sociale avec un chômage qui monte et va continuer de monter, qui touche tout particulièrement les jeunes de notre pays. Je dirais que c’est le défi de l’urgence, nous avons entre 700 000 et 800 000 jeunes qui devaient arriver sur le marché du travail et qui sont confrontés à cette situation inédite où des entreprises sont amenées à fermer, où l’anxiété est là, avec beaucoup d’incertitudes.

 

Et donc évidemment on doit d’abord aider cette génération. Elle ne peut pas être la génération sacrifiée, ça doit être la génération de l’ambition redoublée. C’est ce qui a conduit le gouvernement, et je remercie les trois ministres qui m’accompagnent, à justement prendre des actions extrêmement fortes avec un investissement de plus de 6 milliards et demi d’euros pour qu’il n’y ait aucun jeune sans solution.

 

Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’on a largement augmenté le service civique, presque doublé, là en quelques mois entre septembre et début d’année prochaine.

 

Qu’on augmente très fortement les formations, que ce soit les mentions complémentaires ou les formations dans le supérieur pour éviter que les jeunes qui étaient en fin d’étude se retrouvent sans employeur, sans perspective. Et donc là, nous sommes entre 250 000 et 300 000 offres sur ce volet qu’on a beaucoup développé, pour qu’on ait une solution face à chaque jeune. Et que dans ce contexte de grande difficulté, on sache répondre aux défis de notre jeunesse.

 

Mais ce défi si je puis dire vient s’ajouter à un défi plus profond, je l’évoquais il y a quelques jours qui est l’égalité des chances. Lorsqu’on vient de certains quartiers, de certaines familles, lorsqu’on n’a pas le même capital, qu’il soit familial, qu’il soit monétaire, qu’il soit culturel et éducatif de départ, on n’a pas les mêmes chances encore aujourd’hui en République.

 

Et donc pour réussir à déjouer cela et la fatalité qui l’accompagne, il faut là aussi redoubler d’efforts. Je crois très profondément que le contexte actuel doit nous permettre de mieux répondre à ce défi de l’égalité des chances. On pourra y revenir dans le cadre des questions, nous avons beaucoup fait de la petite enfance en passant par l’école, l’orientation, le sup’ et le parcours professionnel pour améliorer justement cette égalité des chances. Mais aujourd’hui on doit faire mieux. Et je veux vraiment féliciter tous les acteurs qu’on a vus ce matin, aussi bien au campus qu’au Hall 32 ici, qui font un travail formidable, nos collectivités territoriales, le président de la région, le président du département, Monsieur le maire et l’ensemble des parlementaires parce que travailler main dans la main avec justement l'éducation nationale, l’enseignement supérieur, le monde économique ; féliciter l’ensemble de nos enseignants, Monsieur le ministre, qu’on a vus ce matin qui sont absolument exemplaires et vont chercher nos jeunes pour les orienter, les former et les conduire jusqu’au travail ; et vraiment féliciter le monde de l’entreprise.

 

Ce que vous avez réussi à faire dans ce Hall 32 est remarquable d'intégration. On a ici Michelin avec d'autres partenaires, Limagrain, Banque de France qu'on a pu voir, le Pôle de compétitivité, avec la région, avec l'Etat, qui se sont organisés pour former les jeunes qui sont derrière moi et leur permettre d'avoir des opportunités. Et vous me l'avez très bien montré, certains jeunes venaient du lycée, d'autres dans des situations beaucoup plus difficiles, d'autres s'étaient un moment écarté des études. J'ai pu le voir et ils me l'ont raconté. C'est un formidable modèle de réintégration, si je puis dire, dans des études avec justement les caractéristiques de cette plateforme qui permet d'être en lien avec l'entreprise, avec l'alternance et donc très vite aussi d'être plongé dans la réalité de ce monde économique.

 

Ce qu'on voit ici est un formidable exemple de ce qu'il faut faire. C'est-à-dire quand on est face à des défis historiques, celui que j'évoquais en matière économique, celui de la lutte pour l'égalité des chances, on doit réussir à tous travailler ensemble. Evidemment, le Gouvernement, avec les collectivités territoriales, toutes, et évidemment le public avec le privé, c'est ce que vous avez réussi à faire ici et qu'il faut qu'on passe à l'échelle. Alors face à ça, on a un premier défi de continuer à réussir ce qu'on a entrepris en matière d'apprentissage et d'alternance. Il y avait une forme de fatalité française. On parlait beaucoup de l'apprentissage, on n'arrivait pas à le faire décoller comme, par exemple, nos voisins allemands. Pourquoi ?

Parce qu'on avait au fond expliqué à notre jeunesse et souvent à leurs parents que l'apprentissage était synonyme d'échec scolaire. C'est faux ! Et je pense que l'on est en train collectivement, et vous en êtes un formidable exemple, de montrer que l'apprentissage et l'alternance c'est un moyen de réussir parce qu'on va mieux connaître l'entreprise, parce que du coup on va croiser des employeurs qui connaissent mieux les jeunes et qu'on accède beaucoup plus vite à l'emploi.

 

Nous avions fin 2019 d'ores et déjà des résultats acquis :  plus 25%. Fin 2019 on a, c'est un chiffre historique, plus de 490 000 jeunes en apprentissage en France. C’est un chiffre qu'on n'a jamais atteint, que bien évidemment nous voulons consolider, développer pour réussir à aller plus loin. Et il ne faut pas que la crise que nous sommes en train de traverser réduise ni cette ambition, ni ne vienne fragiliser en quelque sorte ce résultat.

 

Face à ça, qu'est-ce qu'on a décidé ? De redoubler d'efforts, c'est-à-dire d'expliquer, d'accompagner véritablement cet effort auprès des entreprises, des formateurs. Nous avons mis 8 000 euros pour chaque jeune en apprentissage qui a plus de 18 ans, 5 000 pour les moins de 18 ans. L’objectif c’est véritablement qu’on maintienne ce chiffre et qu’on continue d’avoir de plus en plus de jeunes qui accèdent justement à ces contrats d’apprentissage et d’alternance. Ce qui veut dire, pour être très concret, que pour un employeur qui prend un jeune aujourd'hui de 18 ans en apprentissage cette année, c'est l'État qui paye le coût pour l'employeur. C'est ça ce que ça veut dire de manière très concrète cette aide exceptionnelle, parce qu'elle s'ajoute à tout ce qu'on fait par ailleurs. Et donc aujourd'hui un employeur qui prend un jeune de 18 ans en apprentissage, il n'a plus de coût pour cette année. Je le dis parce que nous comptons énormément sur les employeurs dans cette période. On a besoin de consolider cet effort, de le renforcer et cette aide est là parce qu'on ne peut pas avoir une jeunesse et une génération sacrifiée. C'était très important pour les TPE-PME. Et évidemment, ça veut dire qu'on compte, et je remercie vraiment Michelin, Limagrain, partenaires ici et les grandes entreprises qui jouent le jeu. On a dit le chiffre de 5 % d'apprentis. S'il y a une année où faut le tenir, c'est cette année. Parce qu'on apporte cette aide et donc les grands groupes doivent être au rendez-vous. C'est très important dans ce moment.

 

Deuxième élément de cette rentrée, c'est booster nos fameux campus d'excellence. Ces Harvard des métiers qu'on a lancés au début du quinquennat avec le ministre et qui sont très importants, qui permettent d'avoir sur des métiers techniques, sur des filières des campus où on intègre, parfois du collège, mais plus souvent du lycée, CFA, école d'ingénieurs où les entreprises sont présentes, on a des plateformes d'excellence, où on arrive à avoir une logique de campus et on internationalise.

 

Notre volonté, c'est de passer d'ici le début d'année prochaine à 80 campus d'excellence, parce que ça veut dire autour autant de métiers industriels, de filières sur lesquels la France a besoin de ces compétences, comme de filières d'avenir et ça va des travaux publics à la mécanique, l'aéronautique, comme on l'a vu tout à l'heure.

 

Cette logique de campus d'excellence, on met des moyens et on a du coup des jeunes qui peuvent avoir eu des difficultés au début de leur vie académique, mais parce qu'ils sont dans cette logique de campus d'excellence sont avec d'autres jeunes qui sont en école d'ingénieurs, avec d'autres jeunes qui sont eux-mêmes en apprentissage et donc c'est une logique d'excellence qui les tire vers le haut. Et c'est vraiment ce qui a su être fait et on va le labelliser et le reconnaître pour Clermont et ce qui doit être fait justement sur d'autres métiers si importants.

 

Troisième élément sur lequel je voulais insister dans ce contexte. Après, justement, l'effort exceptionnel pour l'apprentissage et l'alternance, après ce qui est fait pour ces campus d'excellence, ce sont ces cordées de la réussite.

 

Les cordées de la réussite, c'est un dispositif qui existe depuis plusieurs années et qui consiste à aller repérer des jeunes en fin de collège et de leur permettre d'être particulièrement accompagnés durant leur lycée et jusqu'au début de l'enseignement supérieur. Ces cordées de la réussite, comptent à peu près 80 000 étudiants en France aujourd'hui. Cela n'est pas suffisant et donc ce que nous voulons faire, c’est non seulement le développer mais le renforcer et donc, ce que nous allons mettre en place dans les prochaines semaines, c’est un mécanisme complètement réinventé, repensé de cordées de la réussite.

 

D’abord ça doit commencer dès la quatrième et on doit aider et permettre à l’ensemble des enseignants parce que c’est la vocation même des professeurs d’aller repérer les talents. Quelle que soit leur filière, quelles que soient les difficultés familiales et en particulier dans les quartiers les plus difficiles, les familles les plus en difficulté, d'avoir un accompagnement personnalisé de ces jeunes, de leur permettre à l'école d'avoir un tutorat renforcé, de leur permettre hors de l'école d'avoir accès à la culture, au sport, à tout ce qui, justement, permet ensuite d'être reconnu quand on arrivera dans l'enseignement supérieur ou la vie professionnelle, d’accompagner mieux leur famille pour convaincre les familles que accéder à des études plus longues est important pour l'enfant et pour les familles elles-mêmes, et de mettre en place un dispositif de bourses pour accompagner les familles, justement, à payer ses études.

 

Pour ces nouvelles cordées de la réussite, nous allons passer de 80 000 aujourd'hui à 200 000 avec ce système de bourse, avec le renforcement des moyens, nous allons mettre en place pour permettre d'identifier dès la quatrième des jeunes et de les emmener jusqu'à l'après baccalauréat. Je crois beaucoup dans ce système qui existe, qui est aujourd'hui trop faible, pas assez développé. Les ministres sont aussi convaincus. C'est un formidable levier par l'éducation et l'accès jusqu'au supérieur, d'Égalité des chances avec aussi un lien permanent avec l'entreprise, comme nous l'avons vu dans le formidable exemple que vous représentez.

 

 

 

 

Ensuite, nous devons aussi développer ce qui existe aujourd'hui, ce qui a montré sa réussite que sont les internats d'excellence. On l'a vu tout à l'heure sur le campus qu’il y avait un internat de 200 jeunes.

 

L'internat est ce qui permet à des familles parfois de milieux modestes qui vivent dans les quartiers, qui sont parfois loin ou du lycée et encore plus ensuite de l'enseignement supérieur où des familles très rurales qui peuvent être aussi loin justement de l'offre scolaire, d'avoir accès à la réussite républicaine. Et donc, nous avons aujourd'hui un peu moins d'une quarantaine d'Internats d'excellence. D'ici à la rentrée 2022, nous allons porter ce chiffre à un internat d'excellence par département. Ces internats d'excellence, ça n'est pas ni l'internat de ma génération, ni celui de la génération d'avant. C'est ce qui a été créé et innové il y a maintenant 10 ans, ce qui a été évalué, qui a montré sa réussite. Ce sont des internats où non seulement on accueille des jeunes mais où on va leur permettre aussi d'avoir tout le parascolaire c'est-à-dire un système d'études, accompagné beaucoup plus fort, un accès à la culture, au sport, à l'émulation, à l'excellence. Au fond, à ce que la République offre de mieux et le faire, là aussi en identifiant les jeunes très tôt qui en ont le plus besoin.

 

Voilà les quelques axes forts en cette rentrée sur lesquels je voulais insister. Certains sont pour tout de suite, ce que j'évoquais pour l'alternance, l'apprentissage et pour les jeunes qui ont à rentrer dans le monde du travail. D'autres sont aussi immédiats quand je parle des cordées d'excellence ou justement, de tous nos mécanismes d'accompagnement. Certains mettront du temps, mais c'est un investissement qu'on a à faire dès maintenant parce que nous devons investir sur notre jeunesse.

 

France Relance a beaucoup de chapitres et les ministres sont en train de les détailler. Mais le chapitre le plus important, le fil rouge le plus important de cette relance de notre pays, c'est d'investir sur notre jeunesse. Parce que chaque investissement qu'on rate, chaque jeune à qui on ne donne pas sa juste chance, c'est non seulement une injustice vécue à titre individuel et familial, c'est ce faisant une injustice sociale, mais c'est aussi, sur le plan économique, une aberration, parce que c'est un potentiel pour le pays à qui on n'a pas donné sa chance de se développer et donc c'est un potentiel pour notre économie, notre industrie de demain.

 

Voilà les quelques points que je voulais évoquer en cette rentrée. La rentrée est difficile, mais nous nous battrons pour l'emploi des jeunes et nous nous battrons au carré pour l'égalité des chances dans ce moment que vit notre République. Parce que notre jeunesse le mérite et je veux remercier les jeunes qui m'ont accueilli ce matin en expliquant chacune et chacun leur parcours. Ils ont montré que tout était possible parce qu'ils ont des parcours très différents. Certains viennent d'Afghanistan. Des jeunes filles sont dans des filières qu'on disait impossibles justement pour les filles, elles ont bravé tous les interdits et les représentations. Et d’ailleurs, tous et toutes montrent très bien que les métiers de l’industrie sont des métiers d’avenir, sont des beaux métiers où il y a de la compétence de l’innovation et vers lesquels on doit aussi ramener notre jeunesse.

 

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers