Le Président Emmanuel Macron a participé à la 8e édition du Forum de Paris sur la Paix qui s'est tenu les 29 et 30 octobre 2025 au Palais Chaillot, à Paris.
Placé sous la thématique « Nouvelles coalitions pour la paix, les peuples et la planète », ce sommet a abordé les différentes crises internationales ainsi que les enjeux inhérents à la sauvegarde de l’information libre.
Initié par le Président de la République en 2018, le Forum de Paris sur la Paix se réunit chaque année et rassemble la communauté internationale, des représentants d'États et de gouvernements, des entreprises, des acteurs engagés, des organisations non gouvernementales, des experts de tous horizons, pour traiter des grands sujets planétaires et former des coalitions d'action.
Revoir la clôture de l’évènement sur l’intégrité de l’information :
29 octobre 2025 - Seul le prononcé fait foi
Discours du Président de la République lors de l’évènement sur l’intégrité de l’information dans le cadre du Forum de Paris sur la paix.
Merci beaucoup et je veux remercier Madame la Présidente, Monsieur le Président, Monsieur les Premiers ministres, pour leurs mots, pas simplement leur présence, mais leur engagement, remercier les ministres, ambassadrices, ambassadeurs, Madame la Commissaire, les coprésidents de l'IFPIM, le président du Forum pour l'information et la démocratie, Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités.
D'abord, je veux vraiment remercier le Fonds international pour les médias d'intérêt public et le Forum pour l'information et la démocratie, grâce à leurs travaux aux coalitions innovantes qui nous permettent de refonder cette approche commune qui a été évoquée. Et en vérité, je voudrais juste en deux mots revenir à la source, parce que tout ça naît en 2018 d'une initiative et d'un processus politique qui a été initié au Forum de Paris sur la paix. Et c'est l'initiative de Reporters sans frontières qui avait lancé un appel à la communauté internationale pour réaffirmer les principes fondamentaux d'un espace global de l'information et de la communication. Et 12 États avaient signé alors une déclaration d'engagement. C'était en 2018. Et en le disant, je pense beaucoup à Christophe Deloire, à qui tout ça doit beaucoup et qui a été un artisan très courageux pendant toutes ces années de ces initiatives. Trois ans plus tard, en 2021, c'est à nouveau au Forum de Paris sur la paix que nous avons vu naître le Fonds international pour les médias d'intérêt public, qui est le bras armé de cette coalition. Et je salue les coprésidents, Maria pour son investissement, Marc et toute l'équipe, qui ont fait un travail remarquable pour que tout cela avance, et au fond, qu'on bâtisse des choses extrêmement solides. C'est des coalitions d'acteurs étatiques, mais aussi d'ONG, de journalistes, d'institutionnels, d'académiques, qui permettent de donner une substance à ce pacte international sur l'information et la démocratie, qui ont mis en place la défense de médias indépendants, un processus de labellisation totalement unique. Et en 2018, c'était un grand mot, parce que quand des dirigeants vous parlent de vérité, ayez peur parce qu'à la première seconde, on va vous dire : Quelle vérité ? La tienne ? Et donc c'est par une maïeutique qui est justement celle qui consiste à avoir des professionnels indépendants qui vont chercher la vérité, se confronter à d'autres dans un cadre qui garantit leur indépendance et la transparence de ces débats que la vérité émerge. Mais elle ne peut pas venir de gouvernants.
Et c'était toute la difficulté de cette initiative de se dire : nous, on veut soutenir quelque chose, mais qui ne soit pas fait par nous, qui ne peut pas être fait par nous. Et c'est la force de cette coalition, et c'est exactement l'ADN du Forum de Paris sur la Paix, qui est une approche d'acteurs multiples. Et donc ces mécanismes de coordination qui sont mis en place sont très précieux, permettent de promouvoir des médias d'intérêt public, des plateformes d'intérêt public, de la mobilisation que j'évoquais, et je veux ici vous dire que la France renouvelle son soutien à l'IFPIM avec une nouvelle contribution de 10 millions d'euros.
Mais au-delà de ça, tout ce qui a été dit par mes collègues et ce que je dis là, au fond, c'est qu'on vit une crise multiple. D'abord, il y a encore un énorme travail pour avoir des médias d'intérêt public et des médias indépendants dans beaucoup de pays. C'est un combat pour que la démocratie puisse exister. Ensuite, on a un deuxième problème, c'est que dans les médias où ça a existé, on est confrontés, et Edi Rama le disait très bien, à un processus que je qualifierais un processus de dégénérescence. Je vais y revenir. Et en plus de ça, on est confrontés maintenant à un processus d'ingérence qui vient de pays tiers. Et c'est cette bataille, cette triple bataille qu'il faut mener et que, précisément, cette coalition d'acteurs permet d'avoir. D'abord, on a besoin de continuer dans tous les pays où il n'y a pas une infrastructure informationnelle libre et indépendante à la bâtir. Ça, c'est notre première mission et c'est un des rôles de l'IFPIM, notre coalition, donc d'aider et d'accompagner.
C'est très complémentaire du travail que fait Achille, qui est aussi indépendant, avec une fondation qui pense, qui aide les oppositions, etc., et qu'on détache des États, et donc de toute ingérence qu'on pourrait avoir. Parce qu'on le sait bien, on ne peut pas forger une opinion libre et donc voter librement, si on ne sait pas forger une relation aux faits, à l'offre politique qui est là et qui soit non manipulée.
Donc, les médias jouent ce rôle, les médias libres et indépendants jouent ce rôle essentiel. La difficulté, c'est que dans des pays comme les nôtres, on avait l'impression que c'était maintenant une conquête de nos républiques successives, que c'était formidable, qu'on l'avait acquis, nos concitoyens étaient très bien informés, c'était libre, les médias étaient indépendants, on l'avait garanti par des lois, l'apprentissage, la sédimentation de tant de décennies. Patatra, ce n'est plus le cas ! Et ce n'est plus le cas, pas de la faute des médias, ni d'abord celle des gouvernements, on a tous été collectivement trop naïfs. C'est qu'on a laissé nos infrastructures informationnelles et donc politiques se déplacer. Quand on a des enfants qui sont exposés 4h40 par jour aux réseaux sociaux, quand on a les moins de 40 ans qui s'informent très majoritairement sur les réseaux sociaux et de plus en plus, quand on a ce temps d'exposition qui s'est accru pendant la période covid et après, quand on a depuis deux ans maintenant l'IA générative qui arrive dans nos démocraties. On ne peut pas faire comme si tout ça n'avait pas totalement changé, parce que les gens qui nous informent, par lesquels on s'informe, ne sont pas des médias libres et indépendants. Et la confusion est là. Et ce n'est pas parce qu'on va chercher l'information par ces réseaux, qu'ils soient TikTok, X, Instagram ou autres, qu'il n'y a pas un énorme problème à la clé, c'est que ces gens n'ont pas sélectionné l'information comme des médias. Ils ne l'ont pas vérifiée comme des journalistes. Mais surtout, ils n'ont aucune responsabilité quant à cette information qu'ils me donnent et ils ne sont pas faits pour partager de l'information. Et notre bêtise est là. C'est-à-dire que ce sont des plateformes qui sont faites pour vendre de la publicité individualisée.
C'est comme ça qu'ils gagnent de l'argent. Ils ne gagnent pas en vendant un numéro de journal ou un abonnement. Ils vendent de la publicité individualisée. Ce n'est pas un crime. Juste, c'est l'inverse de l'information. Et pour bien vendre la publicité individualisée, ils doivent accumuler des données sur les gens, et les vendre avec un consentement approximatif à des tiers qui vont payer très cher, cette publicité, des annonceurs, mais surtout, ils sont mus par un processus qui est de créer l'excitation maximale, qui créera le maximum de trafic pour maximiser leur page de pub. Et donc, tout l'ordre de mérite qui fondait nos démocraties, un rapport à l'argumentation, la vérité, est complètement mis en l'air, puisque l'argumentation est moins forte que l'émotion, et l'émotion négative est plus forte que l'émotion positive, puisque c'est elle qui crée le plus d'excitation.
Donc ils maximisent l'efficacité économique du modèle tel qu'il est conçu. C'est exactement ça. Et ça, c'est un processus de dégénérescence démocratique. On a fait n'importe quoi, parce qu'on a totalement tort d'aller s'informer là-dessus. Et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, on a des scientifiques indépendants qui montrent qu'un jeune Français qui crée un compte TikTok sans aucune caractérisation, qui tape le mot « Islam », au bout du troisième contenu qui lui sera soumis, sera exposé à un contenu salafiste. C'est ce qui fait que je vous défie, ouvrez aujourd'hui X en France avec un contenu libre, si vous ne tombez pas immédiatement sur des contenus d'extrême droite, c'est que vous êtes mal organisés, et des contenus d'extrême droite français ou du monde entier.
Et de toute façon, ces plateformes ont décidé de rompre la neutralité informationnelle puisque le possesseur de celle-ci s'est engagé dans le combat démocratique et l'international réactionnaire. Donc ce ne sont plus des lieux où on peut s'informer. Et donc on a besoin de rebâtir des anticorps démocratiques exactement comme on l'a fait pour ce qui est de la France au XIXe siècle face à la presse. Parce qu'à l'époque, on avait une presse qui s'achetait très bien, mais il n'y avait pas de déontologie, il n'y avait pas de responsabilité des éditeurs de presse, il n'y avait pas de profession qui s'était organisée. Et donc, on doit reprendre le contrôle de notre vie démocratique et informationnelle en régulant, et ça a été très bien dit, il ne peut pas y avoir de l'anonymat pour tout le monde et pas de responsabilité. Il doit y avoir une responsabilité. On l'a mis dans la directive des services, la DSA. Il y a des contentieux qui existent face à Google, ça fait deux ans. On est terriblement lent, donc on est inefficace et pas crédible. Derrière, on veut la liberté, mais on ne veut pas la liberté pour des gens qui n'existent pas. C'était très bien dit.
Les bots, les faux comptes devraient être interdits. Et si une plateforme ne nous garantit pas qu'elle supprime ces faux comptes, elle doit être interdite elle-même. Et on doit absolument avoir la transparence sur les algorithmes pour voir s'il y a des biais, ils doivent être partagés. Et ce qu'on a fait d'ailleurs avec la fondation Current AI, qui est une fondation d'intérêt public qui complète totalement vos travaux, c'est de pouvoir avoir des tiers de confiance qui challenge tout ça.
Aujourd'hui, dans nos démocraties, on n'a pas besoin d'aller chercher d'ingérence, par ce processus de dégénérescence, notre système d'information ne fonctionne plus. Et il crée mécaniquement un rapport à la vérité qui s'est complètement diverti parce qu'on a du complotisme qui s'installe, parce qu'il crée de l'émotion négative et il prend le dessus. Et donc, c'est un rapport à la science, à la vérité scientifique. Et qu'il s'agisse de la santé ou du climat, comme tu as très bien dit, on a des taux de confiance qui sont en train de s'effondrer. Et donc, on a une inefficacité de l'action publique qui est en train de s'effondrer.
Aujourd'hui, en France, les politiques vaccinales que nous avons à l'égard des jeunes collégiens, nous inspirant d'ailleurs du modèle australien pour le papillomavirus, le taux d'adhésion en deux ans a reculé parce que les contenus complotistes sont diffusés partout sur ces plateformes. Grande chance que nous n'ayons pas eu ce niveau de désinformation au moment du covid, mais ça reviendra. Et donc le rapport à la science, le rapport au climat, pareil, est en train de s'effondrer sur la base de fake news et donc la possibilité même d'agir politiquement est dramatique.
C'est pourquoi, dans nos démocraties, on a un besoin vital de remettre de la régulation et donc de réguler, d'avoir de la transparence, d'interdire ces faux comptes, etc., d'avoir la transparence de l'algorithme, ou d'interdire les plateformes qui ne nous la fournissent pas, et d'être beaucoup plus efficaces et beaucoup plus vigoureux. Mais à côté de cette régulation, d'avoir de l'innovation, et donc de permettre à des acteurs d'intérêt public, comme l'IFPIM, comme notre coalition a des fondations libres, d'offrir des infrastructures libres, garanties comme étant libres, et de garantir aussi qu'on a un modèle économique qui est viable, qu'on a des infrastructures qui garantissent cela, et un processus de labellisation indépendant qui n'est pas dans la main des gouvernements, mais qui est un processus entre pairs avec des gens indépendants qui garantit l'intégrité des informations, mais je dirais aussi l'intégrité de l'infrastructure qui fournit cette information.
Enfin, le dernier point, c'est sur l'ingérence. Je le disais, ça a été très bien rappelé par Madame la Présidente Maia Sandu, ça aurait pu être rappelé par le Président de Roumanie, deux pays qui ont eu des processus électoraux récents. Quand on a un système qui a tellement dégénéré et qui n'a pas construit ses propres anticorps ou sa propre régulation, il peut être perforé très facilement par tous les régimes autoritaires de la Terre. Et c'est aujourd'hui ce qui est en train de se passer. Parce qu'en fait, aujourd'hui, c'est très simple, et on a une complicité de deux choses qu'on pensait impossibles. Le meilleur du capitalisme débridé avec l'héritier illégitime du communisme. Aujourd'hui, les plus gros acheteurs de faux comptes de X et compagnie, ce sont les Russes, pour venir déstabiliser les démocraties européennes. Formidable cocktail ! Et nous, on est au milieu de tout ça. Alors, on a créé des instruments, on fait retirer les contenus à la main, à la pince à épiler, et on court après. Mais la mécanique est passée en surmultiplié. On est dans l'ingérence sous stéroïde.
Ce qui a été fait en Roumanie à cet égard est terrifiant, avec une stratégie d'aller chercher des verticaux, de créer des faux comptes, de créer des faux contenus, de créer des faux médias sur la médecine parallèle, ou la religion. De créer, du coup, après, des candidats qu'ils ont pluggés là-dessus et qui ont créé ce cercle vicieux entre de l'IA, des réseaux sociaux et des systèmes d'information complètement fabriqués. Et ça crée de la viralité et donc de l'adhésion. Et donc, pour résister à cette ingérence, on a mis en place des systèmes, VIGINUM. On essaie d'aider, mais on doit absolument mettre en place des systèmes qui, dans la vie de nos démocraties, mais surtout au moment des élections, garantissent l'intégrité de nos processus électoraux. Et ça, c'est pourquoi l'IFPIM et la Fondation jouent un rôle très important, parce que c'est exactement le rôle des journalistes. Et c'est à eux qu'on doit redonner le cœur de cette vie démocratique. Mais ça veut dire qu'il faut le sortir de plateformes qui acceptent de se faire payer par des tiers quand elles sont, y compris des puissances étrangères qui veulent mettre en l'air l'intégrité de nos processus démocratiques et qui viennent s'ingérer.
Voilà, je ne veux pas être plus long, mais je veux ici vous dire que nous, on va porter un agenda beaucoup plus puissant de protection et de régulation en Europe. Ce n'est pas un agenda qui est hostile à l'innovation. Je crois très profondément dans l'innovation, mais je ne crois pas une seule seconde dans l'innovation qui est au service des lumières noires. Et c'est exactement le projet qui est à l'œuvre aujourd'hui. Et ce rapprochement idéologico-technologique, on aurait tort de ne pas le voir. On est à un moment où il y a des acteurs technologiques qui ne sont plus dans une situation de neutralité politique. C'est leur droit, ce sont des chefs d'entreprise. Mais nous, on n'a pas le droit d'utiliser leurs entreprises et leurs réseaux pour céder à rien le cerveau de nos enfants, les émotions de nos adolescents et l'avenir de nos démocraties. Et donc, c'est le cœur de cette bataille. C'est un agenda, vous l'avez compris, de régulation qu'on va porter, de plus grande efficacité de cette régulation, mais c'est aussi un agenda d'innovation de la société civile et de son accompagnement. Et c'est en ça que, justement, votre conférence sur l'intégrité informationnelle et les médias indépendants est essentielle, parce que ce sont les tiers de confiance de nos démocraties qui garantissent ces processus.
Merci beaucoup.
Déclaration de Paris sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information et les médias indépendants.
Revoir la clôture des tables rondes sur les dix ans de l’Accord de Paris :
29 octobre 2025 - Seul le prononcé fait foi
Discours du Président de la République à l’occasion de clôture des tables rondes sur les dix ans de l'accord de Paris - Forum de Paris sur la Paix.
Merci beaucoup. Merci, Madame la Première ministre.
Merci, chère Mia, d'être là une fois encore et d'avoir un discours si clair.
Merci, madame la ministre, de nous permettre de conclure ces travaux.
En effet, je veux saluer tout le travail qui a été fait il y a 10 ans lors des accords de Paris. Et d'une COP à l’autre, c'est une chance d'avoir Laurent Fabius ici avec nous et André avec la préparation de la COP de Belém dans quelques jours où nous serons d'ailleurs ensemble pour porter cet agenda.
La COP de Paris et les accords de Paris ont permis de stopper un train qui était parti à pleine vitesse. La trajectoire de l'époque était au-dessus des 4 degrés. On a mis en place collectivement un processus, des mécanismes de contrôle, une discipline qui a très fortement freiné ce train avec des objectifs, on le sait, on devrait être sur la pente des 1,5 avec cet objectif de neutralité carbone 2050. On n'y est pas aujourd'hui totalement au niveau international, mais on a déjà beaucoup freiné. Je le dis parce que c'est important aujourd'hui de rester mobilisé sur cette trajectoire. Il y a un avant, un après. On a quand même montré à l'international qu'on avait su résister, y compris à tous les choix, dans tous les sens, les retraits, les retours, etc. Il y a quelque chose d'irréversible qui s'est quand même créé grâce aux accords de Paris et à la mécanique collective.
Maintenant, je ne veux pas être trop long, et je veux me concentrer sur 3 choses, dans la continuité exacte et en sympathie avec ce que vient de dire Mia Mottley. La première, sur quoi concentrer nos efforts ? On sait les étapes. À Belém, on va porter nos trajectoires 2035, et les Européens seront au rendez-vous. On a d'ailleurs décidé, il y a quelques jours, au dernier Conseil européen, d'avoir ce point de rendez-vous de 2040, d'être au rendez-vous de 2040 en réduction pour être sur une trajectoire de neutralité carbone 2050, et de se mettre les bons leviers techniques pour pouvoir y arriver.
Qu'est-ce qu'on doit faire, nous ? Aller plus vite sur l'innovation, réussir à mieux accompagner dans nos pays pour que les transitions soient justes, et sans doute mettre plus de neutralité technologique parce qu'en fait, la science, chaque secteur évolue encore beaucoup plus vite. Il y a des choses qu'on pensait régler, qu'on a parfois surnormées, on peut arriver au même résultat avec plus de neutralité technologique. Mettre les bons niveaux d'investissement public et privé. Bataille qui est clé, je vais y revenir.
Après, au niveau international, je crois pouvoir dire, si on voulait dézoomer, on a deux combats essentiels. Le combat sur le méthane, Mia Mottley vient de l'évoquer, il est clé. Il est clé pour accélérer sur, au fond, un gaz qui est extrêmement émetteur. On sait que ça touche quelques secteurs, on sait que ça touche quelques pays, mais on a maintenant les technologies qui permettent d'y arriver, et donc le but, c'est de mobiliser sur cette coalition. En effet, c'est une coalition où on peut récupérer les États-Unis avec nous et qui est compatible avec un agenda de plusieurs pays qui ont pu émettre des doutes sur le reste de l'agenda climatique. Le méthane, c'est très efficace, il y a plus de consensus, il faut aller très vite et très fort.
Le deuxième, c'est le charbon dans la transition. On a encore plusieurs pays riches qui sont des gros émetteurs, des gros producteurs, parfois encore des exportateurs. On a des pays émergents qui n'ont pas encore atteint leur pic, alors certains sont en train de l'accélérer. Mais tout ce qu'on peut faire pour aider à accélérer le pic chez les uns, mais surtout à sortir plus vite du charbon, parfois même, c'est pour ça qu'il ne faut pas être doctrinaux, mais aller du charbon vers le gaz, c'est une énorme avancée dans beaucoup de ces pays, évidemment, aller vers le nucléaire et le renouvelable, c'est encore mieux. Mais le retrait du charbon est une bataille clé en termes d'efficacité, à l'échelle internationale. À cet égard, ce qu'on a bâti ces dernières années avec les JETP, nos fameux pactes qu'on a bâtis à Glasgow lors de la COP, qui permettent d'accompagner des pays dans leur stratégie de décarbonation et surtout de sortie charbon, c'est vital, vital. Il y a tout un processus aussi qu'on a lancé à Glasgow puis Charm-el-Cheikh qui est très important, qui est d'accompagner la transition. Je dis ça parce qu'on a beaucoup de pays qui sont encore en train d'investir sur des centrales à charbon. Si on veut décarboner et être à ce rendez-vous, il faut donner une perspective à ces investissements, et donc, il faut changer, réinvestir, si je puis dire, pour justement les sortir du charbon eux-mêmes. Là, on a créé la technique à l'international, avec l'aide de quelques-uns, et c'est un combat-clé. Voilà, méthane, charbon.
Le troisième combat-clé pour y arriver à court terme, c'est évidemment les financements. Là-dessus, je voudrais insister sur l'importance, évidemment, des financements publics. L'Union européenne est leader à cet égard, mais elle ne pourra pas se substituer à tous ceux qui retirent un peu de leur financement public. Mais nous, on continue, on donne de la visibilité aux collègues. Mais derrière, il faut mobiliser beaucoup plus de financements privés. Ce qu'on a fait ces dernières années avec les One Planet Summit, en particulier pour les fonds souverains, je les ai réunis encore il y a quelques jours, et les Asset Managers etc. est clé, c'est-à-dire créer des catégories d'actifs qui sont identifiables par les acteurs privés et qui permettent, justement, de rediriger beaucoup des liquidités internationales privées vers les classes d'actifs qui permettent cette transition beaucoup plus facilement. Ça, c'est l'agenda, si je puis dire, des accords de Paris, et ce sur quoi, me semble-t-il, il faut qu'on accélère : résister, méthane, charbon et financement.
À côté de ça, c'est ma deuxième catégorie de remarque : on a, ces dernières années, consolidé, les scientifiques l'ont consolidé, l'IPES est venu compléter les travaux du GIEC, on a un énorme sujet biodiversité. Ce sujet n'est pas anecdotique du tout, c'est un sujet qui est complètement jumeau, parce que notre biodiversité est une des solutions aux émissions, parce que des mangroves aux forêts primaires et à nos océans, ce sont des puits de carbone, parce que ce sont aussi des sources d'innovation naturelle qui nous permettent justement de réduire les émissions et parce que ce sont des leviers aussi d'adaptation au changement climatique. Quand on a une nature qui est stable, on résiste beaucoup mieux au dérèglement du climat. Je veux aussi avoir à mon tour un mot, une pensée très forte pour nos collègues des Caraïbes. Mia est là avec nous aujourd'hui, ce qui est un privilège immense, alors que tous les voisins en ce moment ont été touchés par des ouragans absolument terribles. En effet, pour nos amis d'Haïti, de la Jamaïque, de Cuba, je veux avoir une pensée toute particulière.
Mais la biodiversité, c'est un combat qu'on doit maintenant mener. On l'a établi scientifiquement et on consolide cela. On est en train de bâtir, là aussi, une méthodologie avec des crédits biodiversité. C'est le travail qu'on a demandé à Madame Goulard et Dame Amelia Fawcett. On commence à avoir quelque chose qui se stabilise en méthode. Ce nexus, si je puis dire, climat-biodiversité, est absolument fondamental si on veut réussir. Là, le cœur de la bataille, c'est évidemment toutes les politiques de reforestation, mais c'est aussi les politiques de conservation des forêts primaires et des mangroves.
On a dans ces forêts primaires des réserves de biodiversité. On a plus des ¾ de la biodiversité mondiale et on a, je parle sous le contrôle de Monique, 14 % du carbone irrécupérable. C'est-à-dire que si on les détruit, on recule de plusieurs cases. Ce que certains ont su faire avec des politiques totalement particulières comme au Gabon pendant des décennies, ce qu'on n'a pas su faire dans d'autres pays avec les déforestations, si on continue comme ça, on va détruire en quelque sorte beaucoup plus rapidement, et je salue à cet égard tout l'engagement du président Lula, qui a stoppé ce qui était en train d'être fait dans son pays par l'administration précédente, qui s'est beaucoup engagé sur ce sujet. On a besoin, et il y a plusieurs fondations qui sont ici présentes, qui nous ont beaucoup aidés sur ce point, de valoriser en quelque sorte, ces crédits de conservation et d'accompagner les pays, mais aussi avec les peuples autochtones, les collectivités locales qui sont essentielles dans cette dynamique, pour qu'elles aient la rémunération d'une politique de préservation. C'est exactement ce qu'on a essayé de bâtir avec nos One Forest Summit et ce qu'on doit continuer à bâtir à l'échelle internationale. La politique de reforestation et de préservation des mangroves et des forêts primaires est essentielle si on veut délivrer la trajectoire des accords de Paris et si on veut préserver la biodiversité.
Le dernier combat, c'est exactement ce qu'a dit Mia Mottley en prenant l'exemple du méthane et en parlant des peuples et de la planète qui ne sont pas opposés. On a bâti en 2023, avec une soixantaine de pays du monde entier, d'ailleurs bousculant ceux qui voudraient opposer un sud global à un nord égoïste, l'est ou l'ouest, tout le monde s'est réuni, on a construit une plateforme commune qui est ce pacte pour les peuples, la prospérité et la planète. Au fond, la méthode qui a découlé de cela et qui a été initiée par l'agenda de Bridgetown et ce que Mia Mottley avait lancé, c'est un discours vibrant de pays, en l'espèce pays à revenus intermédiaires, touchés par le dérèglement climatique, qui croient au climat, mais en quelque sorte, à qui on demandait chaque jour, depuis les pays riches : vous devez faire le climat, mais renoncer à des politiques de développement. C'était inaudible, c'est un facteur de division. C'était parfois une incompréhension entre certains dans nos opinions publiques qui disaient à des pays qui, parfois, n'étaient pas électrifiés comme il fallait, qui étaient encore à lutter contre la pauvreté : “vous ne devriez pas faire ça, vous. Vous ne devriez pas aller faire des explorations de gaz ou des exploitations de gaz, parce que ce n'est pas bon pour la planète”. Et eux nous regardaient en disant : “vous êtes sympas. Vous êtes parfois en train de le faire, vous rouvrez chez vous des centrales à charbon parce que vous n'avez plus le gaz russe et vous venez nous donner des leçons”.
La réconciliation qui marche, c'est une stratégie globale, mais qui se décline après par des stratégies nationales, des financements publics et privés mobilisés ensemble, une stratégie pays compatible et la réconciliation d'un agenda climat, biodiversité, développement et donc lutte contre les inégalités et financement des grandes politiques communes et en particulier de la santé. Beaucoup sont en train de revenir à cet agenda aujourd'hui, qui est un agenda qui seul permet d'être inclusif, c'est-à-dire d'associer tout le monde, d'être respectueux des stratégies nationales. Je salue Chrysoula, qui a présidé après sa fonction ministérielle, aux destinées justement du 4P.
Le 4P, qui est abrité par l'OCDE, joue ce rôle essentiel de réconcilier tout le monde autour de cet agenda : prospérité, climat, biodiversité et financement de nos grands communs, en particulier la santé. C'est fondamental de garder cet agenda parce que c'est celui qui va permettre de continuer d'avoir l'adhésion à l'agenda de Paris, d'avoir les bons résultats et de réconcilier, comme l'exemple du méthane donné par Mia Mottley le montre, l'ensemble de ces lignes.
Je ne veux pas être plus long, mais merci infiniment. Merci à tous ceux qui sont là et continuent de le faire vivre et à tous ceux qui sont actifs sur cet agenda.
En marge de la 8ème édition du Forum de Paris sur la Paix, le Président de la République s'est entretenu au Palais de l’Elysée avec Željko Komšić, Denis Bećirović, et Željka Cvijanović membres de la Présidence de Bosnie–Herzégovine et Mme Marta Kos, Commissaire européenne à l’élargissement.
Communiqué conjoint du Président de la République et de la présidence tripartite de Bosnie-Herzégovine.
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