Le Président Emmanuel Macron s'est rendu en Égypte ce lundi 13 octobre 2025 en soutien à la mise en œuvre de l’accord présenté par le Président Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza et créer les conditions de la paix et de la coexistence régionale.
A cette occasion, le chef de l’ État a marqué son soutien à la mise en œuvre de l'accord marquant la première phase de ce plan, accord obtenu par le Président Trump, le Qatar, l'Egypte et la Turquie et qui vise à :
- instaurer un cessez-le-feu permanent,
- libérer l’ensemble des otages,
- garantir le rétablissement complet de l’aide humanitaire à Gaza.
Revoir la déclaration du Président à son arrivée :
13 octobre 2025 - Seul le prononcé fait foi
Micro tendu du Président de la République à son arrivée à l'aéroport de Charm-el-Cheikh en Égypte.
Emmanuel MACRON
Merci beaucoup d'être là, à nos côtés, pour cette journée qui est une journée importante. Et je veux d'abord ici avoir un mot pour partager la joie et l'émotion de tant de familles qui vont retrouver leurs enfants. Ce jour est avant tout celui de la libération des otages. On a déjà 7 otages qui sont revenus, qui ont été récupérés par les humanitaires, et on aura donc la libération des 20 otages vivants et j'espère la restitution des 28 corps d'otages décédés, qui sont tant attendus.
C'est aussi la consécration du cessez-le-feu qui permet en effet le retour de la paix, l'arrêt des combats dans Gaza, et qui va permettre le retour des opérations humanitaires. Et je veux partager cette joie, cette émotion, aujourd'hui, avec à la fois le peuple israélien et le peuple palestinien, et remercier les négociateurs qui ont permis cela, l'Égypte, qui nous accueille aujourd'hui pour ce sommet, les États-Unis d'Amérique, le Qatar et la Turquie, et qui ont permis de finaliser ces échanges entre le gouvernement israélien et le Hamas.
Aujourd'hui, nous allons également nous réunir, en tant que communauté internationale, en tout cas plusieurs représentants de cette communauté internationale, pour préparer les prochaines étapes. La priorité, c'est évidemment la reprise des opérations humanitaires à Gaza, dès les prochaines heures. Nous étions, il y a quelques mois, ici même, avec le président Sissi, quelques centaines de kilomètres d’ici, certaines d’entre vous étaient à nos côtés à El-Arich. Et donc évidemment, nous allons, nous, veiller à ce que les opérations humanitaires puissent reprendre dans les meilleurs délais pour venir en soutien des populations. La France va, comme elle le fait depuis le début, être un des acteurs avec nos ONG, avec le centre de crise du Quai d'Orsay, être aux côtés des populations civiles. Et dans les prochaines semaines, nous coorganiserons avec l'Égypte une conférence humanitaire pour Gaza, pour permettre justement la reprise durable de ces opérations humanitaires et la reconstruction.
Ensuite, la deuxième chose, c'est la sécurité dans la durée. Et vous savez que c'était un des points clés, là aussi, du plan de paix franco-saoudien que nous avons endossé il y a quelques semaines, qui a fait l'objet de la Déclaration de New York, puis de la conférence que nous avons organisée avec l'Arabie saoudite, qui a été soutenue par 142 États de communautés internationales, c'est de nous assurer qu'il y a un cadre qui permet la restauration de la sécurité. Et donc on va œuvrer avec les États-Unis d'Amérique, avec les pays de la région, pays européens donc et arabes, à ce qu’il y ait ce cadre qui permet une force internationale de stabilisation et qui permet de donner un cadre en soutien, donc, justement, du cadre administratif qui sera donné pour Gaza ; d'abord d'accélérer les opérations de formation des forces de sécurité, mais de déployer aussi des forces internationales et donner un cadre à la démobilisation et démilitarisation du Hamas.
Enfin, c'est évidemment tous les travaux sur la gouvernance qui vont être travaillés. On l'a fait il y a quelques jours au Quai d'Orsay, en réunissant les ministres de ce qu'on appelle le Quintet arabe et les principaux ministres européens et alliés. C'est de nous assurer qu'on a un cadre de gouvernance qui permet aux Palestiniens d'avoir leur part dans la gouvernance de Gaza, mais qui aussi assure la perspective politique pour le jour d'après, qui est un point clé, qui était au cœur de l'initiative et du plan de paix franco-saoudien. C'est de faire le lien entre Gaza et la Cisjordanie, qu'il ne faut pas oublier en cette journée, et nous assurer qu'il y a un chemin pour permettre, justement, les deux États, qui est la seule perspective politique qui permet véritablement une paix durable.
Donc voilà ce que nous allons travailler. J'aurai en particulier l'occasion d'échanger avec, en bilatéral, le président Sissi, l'Émir du Qatar, mais également avec le président Abbas, qui est là aujourd'hui invité et que je retrouverai dans quelques instants après vous avoir vus.
Journaliste
Qu’en est-il de l’invitation quand même un peu de dernière minute à Mahmoud Abbas par Donald Trump ? Et deuxièmement, est-ce que dans le cadre de cette force internationale de stabilisation, la France serait prête à envoyer des troupes ?
Emmanuel MACRON
D'abord, je pense que c'est un très bon signal qui est envoyé en invitant le président Abbas. C'est la reconnaissance du rôle de l'Autorité palestinienne comme instance légitime. C'est, pour moi, le signe clair, d'abord, d'une volonté d'impliquer l'Autorité palestinienne dans la gouvernance de Gaza le jour d'après. Et c'est la reconnaissance du fait que la paix durable n'est possible que si on donne aux Palestiniennes et aux Palestiniens leur place. Ensuite, nous savons tous que cela suppose une réforme en profondeur de l'Autorité palestinienne. Ça fait partie d'ailleurs des exigences du plan franco-saoudien, mais aussi des engagements pris par le président Abbas dès le mois de juin dernier et qui ont commencé avec un vice-président, la réforme des programmes scolaires et toutes les réformes qui ont déjà été engagées. Je le vois comme un signe très positif, mais maintenant, ça va être notre constance dans la durée, notre exigence et notre capacité à engager toutes les parties prenantes. Donc voilà, si je puis dire, cette phase du travail commence et elle est très importante.
Ensuite, nous allons œuvrer diplomatiquement à New York pour bâtir le cadre international de cette force. La France est prête et a commencé les travaux de planification et nous sommes prêts à le faire. Et je pense que notre rôle est beaucoup plus légitime dans la planification, la consolidation diplomatique, la formation. Sur le déploiement des forces, je crois que le consensus se joue pour qu'il y ait surtout des forces régionales et peut-être des contributions de certains pays comme l'Indonésie ou d'autres qui ont rappelé leur volonté d'abord d'avoir un cadre international.
Journaliste
Est-ce que les États-Unis sont prêts à une résolution de l'ONU sur cette force internationale ?
Emmanuel MACRON
En tout cas, nos équipes à New York travaillent ensemble. Nos ministres ont échangé et nos équipes de représentants permanents échangent à New York sur ce sujet. Donc, nous travaillons sur ce sujet en lien avec les États-Unis d'Amérique.
Journaliste
C'est l'Autorité palestinienne qui doit désarmer le Hamas ou la force internationale ?
Emmanuel MACRON
Il y a aujourd'hui une gouvernance ad hoc qui est en train d'être construite à Gaza. C'est d'ailleurs le cœur d'un travail qui a été mené par beaucoup de pays de la région auxquels nous avons été associés depuis deux ans. L'Autorité palestinienne doit y avoir une place importante. Un processus d'ailleurs d'autorisation, de transparence avec Israël a été assuré et le Hamas ne peut y avoir aucune place. C'est aux côtés de cette autorité ad hoc dans lequel, encore une fois, il y a l'Autorité palestinienne assurant la perspective des deux États, c'est aux côtés de celle-ci qu'il y a les forces de police et les forces de sécurité intérieure que, d'ores et déjà, nous formons, qui sont l'autorité légitime et en soutien une force internationale qui doit être déployée. Ce sont ces forces de sécurité qui sont le cadre sécuritaire au sein duquel sera organisée la démobilisation et la démilitarisation du Hamas avec la surveillance étroite de tous les pays de la région et de la Communauté internationale.
Journaliste
Pensez-vous que la France, dans ce plan de paix américain, égyptien et turc, a pu avoir influencé le président Trump ?
Emmanuel MACRON
Écoutez, je pense que ce que l'Arabie saoudite et la France ont bâti depuis plusieurs mois dans le cadre du mandat qui nous a été donné par l'Assemblée générale des Nations Unies et qui a abouti au mois de juillet à la déclaration de New York, puis à la conférence sur les deux États que nous avons tenue en septembre, a créé une mobilisation internationale. Et le plan franco-saoudien est un plan qui a été endossé par 142 États, une fois encore. Il a donc créé une dynamique qui a permis de voir qu'il y avait un soutien international fort et qui a remis la question humanitaire, sécuritaire, mais aussi politique au cœur de ce sujet, et qui, je pense, a permis de voir qu'il y avait une majorité des États du monde qui considéraient que la sécurité et la stabilité de tous dans la région n'étaient pas possibles sans perspective politique. Ça a été la contribution que nous avons apportée dans le rôle qui est le nôtre, en lien avec les États de la région.
Moi, ce qui m'importe, c'est surtout que nous n'ayons jamais perdu le fil avec tous les États de la région et qu'il y ait, avec tous les États arabes et les États européens, cette capacité à avancer ensemble. Je crois qu'elle a été considérée, vue et qu'elle a nourri le plan américain. Et c'est une très bonne chose, voilà. Et donc ça s'est fait, je l'espère, en influence mutuelle, ce qui m'importe, c'est le résultat. Le résultat d'aujourd'hui est bon. Le résultat d'aujourd'hui est très important et il est émouvant pour nous tous, le cessez-le-feu et la libération des otages. Mais il faut avoir l'humilité de voir que, tous ensemble, on a encore beaucoup de chemin et on va s'y atteler.
Journaliste
Monsieur le Président, parmi les inquiétudes des Israéliens, celle de voir des combattants du Hamas infiltrer les forces qui seront mobilisées et qui seront formées côté palestinien, quelle garantie pouvez-vous leur donner aujourd'hui ?
Emmanuel MACRON
Écoutez, ces inquiétudes sont toujours très légitimes après ce qu'a vécu Israël le 7 octobre 2023. Et donc c'est aussi pour ça qu'il y a un travail très étroit qui est fait avec Israël, à la fois sur les sujets de gouvernance, mais aussi sur les forces. Aujourd'hui, je rappelle qu'il y a d'ores et déjà des formations qui sont faites, des forces de sécurité, qu'à chaque fois, elles sont faites en transparence, avec une association des forces israéliennes, que ce soit d'ailleurs en Cisjordanie comme à Gaza. Et donc, c'est ce processus qui va continuer pour donner la pleine visibilité aux Israéliens sur leur sécurité et éviter de tels mécanismes. Et ça, c'est aujourd'hui ce qui est fait par tous les formateurs dans les plans qui existent déjà et que nous allons monter en puissance. Et c'est ce que les Américains, les Européens, mais aussi tous les pays de la région apportent comme garantie. Et donc c'est ce travail étroit que nous allons poursuivre.
Journaliste
Est-ce que la France a joué un rôle, aura un siège dans la négociation de la phase 2 ? Est-ce que vous avez prévu, est-ce que ce sera possible d'aller en Israël maintenant que cette étape est passée ?
Emmanuel MACRON
D'abord, il est prévu que la France ait en effet un rôle dans cette phase, que nous soyons associés à cette gouvernance qui nous importe surtout, comme je l'ai dit, c'est pour la gouvernance de Gaza que les Palestiniens soient associés. Nous aurons un regard sur les sujets que j'évoquais, à la fois l'humanitaire, à travers la conférence que nous allons tenir avec l'Égypte, et évidemment l'implication qui est la nôtre, comme depuis le premier jour, Et je veux remercier ici l'ensemble de nos équipes du Quai d'Orsay, le soutien militaire depuis le premier jour avec le déploiement des bateaux et des équipes médicales, mais aussi toutes nos ONG. Et la société civile a un rôle très important. Elle est ici représentée, elle continuera de l'avoir. Et donc, on sera évidemment impliqués sur toutes les questions humanitaires, la reconstruction de nos hôpitaux, l'accompagnement, et peut-être tout particulièrement la question des enfants. On a beaucoup d'enfants blessés, orphelins, très malades, sur lesquels on va particulièrement veiller. La deuxième chose, c'est que nous allons évidemment prendre notre rôle dans les questions sécuritaires. Nous sommes déjà des acteurs avec tous les Européens dans le cadre de la formation. On va monter en charge sur ce volet-là et nous avons déjà des équipes déployées de planification aux côtés des Américains et on va monter en charge sur ce volet. Et puis, sur les questions de gouvernance, nous allons avoir un rôle tout particulier pour être aux côtés de l'autorité palestinienne et veiller à ce qu'elle ait sa part, mais aussi qu'elle fasse ses réformes pour le jour d'après. Et à cet égard, le plan de paix que nous avons mis en place, les échanges qu'on a eus avec le président Abbas, à la fois le prince héritier et Premier ministre Ben Salmane et moi-même, sont des éléments importants que nous allons suivre.
Journaliste
Avec Israël ?
Emmanuel Macron
Oui, bien sûr. De toute façon, ça a toujours été quelque chose de possible et les échanges ont été constants et donc on verra ça pour les semaines et les mois qui viennent.
Journaliste
Juste avant d’aborder la situation nationale est-ce que vous partagez les doutes exprimés ce matin par Donald Trump à l'égard de Tony Blair sur le plan de reconstruction, etc. ?
Emmanuel MACRON
Écoutez, moi, j'ai toujours considéré qu’il fallait aujourd'hui, dans la phase qui s'ouvre, que ce soit des solutions qui mettent les Palestiniens au cœur de la gouvernance de Gaza. Je pense qu'il faut un appui de la communauté internationale arabe et européenne avec le soutien américain, mais que le cœur était que les acteurs palestiniens jouent leur rôle, et c'est comme ça que les choses pourront avancer. Voilà. Et donc je pense qu'on doit tous être en soutien, on doit tous accompagner, que s'il y a des idées qui sont apportées par les uns et les autres, elles sont positives, mais qu'elles ne peuvent pas être en substitution.
Journaliste
Sur la situation nationale beaucoup parient déjà que le Gouvernement que vous avez nommé hier soir ne tiendra pas plus que quelques jours. Plusieurs motions de censure ont déjà été déposées ce matin. Pour être très concret, est-ce que, contrairement à ce qu'affirme le premier secrétaire du Parti socialiste, vous avez un deal avec le PS pour faire tenir ce Gouvernement jusqu'au budget ?
Emmanuel MACRON
Non, ce n'est pas mon rôle de faire cela. Et je vais vous dire, on est ici aujourd'hui en Égypte, dans un moment tragique et très important où la France a joué son rôle, où elle continue de le jouer, où je la représente. C'est le mandat que les Françaises et les Français m'ont confié à deux reprises et qui est mon honneur et mon devoir. Dans ce moment-là, la France est regardée et le message qu'elle doit apporter, c'est un message de stabilité et de force. Et dans le même temps, on a tous nos compatriotes qui pensent à leur quotidien, à l'éducation de leurs enfants, à leur santé, à la sécurité, à leur pouvoir d'achat, le fait que leur travail paye et c'est ça, le devoir du Gouvernement et le devoir de l'Assemblée qui a été élue il y a à peine plus d'un an, largement par toutes les Françaises et les Français.
Donc le devoir de tous, c'est d'œuvrer à la stabilité. Ce n'est pas de faire des paris sur l'instabilité. Moi, je suis là dans mon rôle de garant de nos institutions, celui que j'ai exercé la semaine dernière. Comme toutes les Françaises et tous les Français, j'ai vu beaucoup de propos qui n'ont pas été à la hauteur des événements. Et je demande à tout le monde de se ressaisir, de travailler avec exigence, respect, et en n'oubliant jamais, qu'on soit au Gouvernement ou qu'on soit au Parlement, que le mandat qui est donné par les Français pour les uns ou le mandat qui est donné par le Président au nom des Français pour les autres, avec la confiance qui doit être obtenue auprès de la Chambre, que ce mandat, c'est de servir, de servir et de servir, et d'apporter des réponses aux questions des Français du quotidien et de tous œuvrer pour l'indépendance de la France. C'est la seule chose qui vaille. Le reste, c'est l'affaire du Gouvernement que j'ai nommé hier sur proposition du Premier ministre Sébastien Lecornu. Ils sont à la tâche aujourd'hui.
Je présiderai demain matin un Conseil des ministres et je souhaite que le pays puisse avancer dans l'apaisement, la stabilité, l'exigence et le service des Français, avec beaucoup de respect entre les forces politiques.
Journaliste
Est-ce que c’est votre dernière carte avant la dissolution ?
Emmanuel MACRON
Je ne fais encore une fois aucun pari. Et je trouve que beaucoup de tous ceux qui ont nourri la division, les spéculations, n'ont pas été au niveau du moment que vit la France et de ce qu'attendent les Français. Les Français, ils veulent du calme, ils veulent de la dignité et ils veulent qu'on travaille à leur service. C'est la seule chose qui m'attende. Merci beaucoup.
Journaliste
Est-ce que c’est une manière de répondre…
Emmanuel MACRON
Je crois que, là, aujourd'hui, les forces politiques qui ont décidé la censure de François Bayrou et les forces politiques qui ont joué la déstabilisation de Sébastien Lecornu sont les seuls responsables de ce désordre. Moi, j'assure la continuité, la stabilité. Je continuerai de le faire. Voilà. Tout le monde doit continuer de le faire. Merci beaucoup.
Le chef de l' État a également échangé avec plusieurs partenaires régionaux sur les prochaines étapes.
Il a réaffirmé la mobilisation de la France pour préparer le « jour d’après », autour des exigences de sécurité, de gouvernance et de reconstruction, afin de permettre la stabilisation durable de la région fondée sur la solution à deux États.
Revoir la déclaration du Président à l'issue de la journée :
13 octobre 2025 - Seul le prononcé fait foi
Micro tendu du Président de la République à l'issue de la signature de l'accord de Charm el-Cheikh.
Emmanuel MACRON
Nous avons tenu comme prévu la conférence. Je veux ici redire à la fin de cette journée la joie, le bonheur partagé, d'abord, de voir le cessez-le-feu respecté, ensuite, de voir les otages libérés. Quand je me suis exprimé devant vous ce matin, il n'y en avait que sept qui étaient sortis. Maintenant, tous les otages, les 20 otages vivants ont été libérés. Et d'avoir aussi des opérations humanitaires qui ont pu commencer à reprendre avec des volumes même plus importants que ceux qui ont été prévus, c'est ce que nous ont dit les représentants d’OCHA avec lesquels nous avons pu échanger qui ont été aujourd'hui transférés. C'est vraiment un acquis.
J'ai pu aujourd'hui avoir plusieurs réunions bilatérales avec les dirigeants de la région, évidemment le président Mahmoud Abbas, le président d'Irak, le roi de Jordanie, l'émir du Qatar, évidemment le président Sissi. Nous avons tenu une réunion de coordination euro-arabe assez longue avant que se tienne la conférence en fin de journée, qui a permis la signature et les discours du président Sissi et du président Trump. C'est aujourd'hui donc une vraie avancée, une étape décisive.
Maintenant, nous nous sommes aussi mis en ordre de marche pour préparer la suite. Et donc dès demain poursuivre les opérations humanitaires telles qu'elles ont commencé, mais les accélérer, avec une coordination euro-arabe qui sera faite. Nous allons engager avec les États-Unis d'Amérique et Israël pour nous assurer qu'il y ait un suivi international de ces opérations parce que le grand danger, c'est qu'elles puissent être régulièrement bloquées et que l'aide humanitaire puisse accéder dans les meilleurs délais, en tout cas continue de se faire en temps réel avec les bons volumes. Nous avons réparti les rôles et les aides aussi pour les prochaines semaines. Il y aura dans les toutes prochaines semaines, vraisemblablement ici, une conférence humanitaire qui sera organisée et qui sera coordonnée de manière euro-arabe avec chacun qui prendra la tête d'un des segments.
La deuxième étape, c'est la stabilisation et la reconstruction où, là aussi, nous allons mobiliser des financements pour, très vite, repartir dans la stabilisation et la reconstruction de Gaza. Comme je vous le disais ce matin, le deuxième élément de la coordination que nous avons acté, c'est la sécurité. Il y a unanimité pour vouloir une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies entre nous et là, j'en ai parlé aussi tout à l'heure avec le Président Trump et le secrétaire d'État Rubio pour aller en ce sens. Donc le travail va être mené entre nous tous pour avoir une résolution qui permette d'ancrer les choses et de donner un cadre qui permettra aussi à plusieurs forces internationales de se déployer en soutien.
Maintenant, il y a tout un travail technique qui va se faire pour définir les règles d'engagement, le statut de cette force, son rôle. En parallèle, évidemment, les forces de police et les forces de sécurité intérieures de l'Autorité palestinienne seront déployées. Il y a un très gros travail qui est coordonné largement par l'Égypte et la Jordanie, qui existe depuis des années en la matière, auquel nous contribuons, nous, Européens, par des programmes de financement et de formation et qu'on va monter en charge dès les prochains jours pour pouvoir, là aussi, financer et organiser ces forces de sécurité intérieures.
Dès demain commencera aussi le travail technique sur la démobilisation et le désarmement du Hamas dans ce cadre. Enfin, nous commençons le travail sur la gouvernance parce qu'il y a beaucoup d'ambiguïtés qui demeurent sur ce sujet, on le sait bien. Dans le plan américain, il y a un Conseil de la paix, puis deux comités : un comité international et un comité palestinien. Il y a, à côté de ça, tout un travail que nous avons suivi et accompagné, qui s'est fait depuis plusieurs trimestres, coordonné par l'Égypte, la Jordanie, mais avec tous les golfiques et notre suivi, qui a permis d'établir, en fait, ce qui est déjà un comité palestinien avec un processus de validation israélienne.
Nous poussons pour que ce soit ce comité qui puisse s'installer le plus vite possible, qui permet de donner sa place à l'Autorité palestinienne, d'assurer la coordination avec la Cisjordanie et qui est validé par Israël. À cet égard, nous avons beaucoup fait, et je veux remercier le Président Sissi et le Président Trump pour que le Président Mahmoud Abbas soit invité. Il a pu être présent à la cérémonie et avoir toute sa place. On a pu valider qu'il soit associé à ces prochaines étapes étroitement, ce qui est un point clé. Parce que nous savons qu'on peut avoir entre nous des désaccords, ce qui est le cas sur les deux États, entre, par exemple, les États-Unis et la France, mais la capacité que nous avons à emmener l'autorité palestinienne aujourd'hui, c'est la condition pour que les intérêts et la sécurité de la Cisjordanie soient préservés dans cette phase reviennent au cœur du plan et que la perspective politique des deux États soit préservée.
Voilà. Je ne veux pas être plus long, pardon, d'être un peu peut-être technique, mais ça a été l'acquis de cette journée et donc qui va nous conduire, comme on l'a fait il y a quelques jours auprès du ministre, à poursuivre le travail pour que maintenant ça devienne une réalité qui s'installe. On voit, il y a encore beaucoup d'étapes devant nous.
C'est une journée historique. C'est une journée historique pour les otages, leur famille, pour le peuple israélien. C'est une journée historique parce que c'est celle d'un nouveau cessez-le-feu, du retour de l'aide humanitaire et donc pour le peuple palestinien. Mais on doit encore écrire l'histoire avec beaucoup d'étapes à finir, donc il faut beaucoup d'humilité.
Journaliste
Monsieur le Président, on vous a vu prendre Mahmoud Abbas par le bras pour l'accompagner auprès du Président Trump. Est-ce qu'on doit en conclure que le Président Trump n'avait pas vraiment envie d'avoir une photo avec lui ?
Emmanuel MACRON
Écoutez, il l'a fait de très bon cœur et je pense qu'il y a comme toujours des situations de protocole, parfois de confusion, qui se créent dans ces moments-là. En tout cas, il a été extrêmement amical et attentif à son égard. Et moi, je ne veux voir qu'une chose, le Président Sisi l'a invité, le Président Trump l'a salué, il l'a associé, il l'a salué dans son propos final et il a pu le saluer, c'est le plus important. Et si la France a modestement pris son bras pour faire quelques mètres, c'est un rôle qui nous va.
Journaliste
Est-ce que vous pensez que les Américains ont évolué un petit peu sur le mandat aux Nations unies, Blair, etc. ou est-ce qu'ils restent encore très critiqués ?
Emmanuel MACRON
Écoutez, je pense que chaque jour, il faut améliorer les choses et avancer vers une internationalisation de cela. Le rôle des Américains est clé, je l'ai dit moi-même, il y a plusieurs semaines. Il n'y a qu'un pays au monde et qu'un dirigeant qui peut arrêter, qui pouvait arrêter à Gaza, le Premier ministre israélien et son armée, c'est les États-Unis d'Amérique. Il a décidé de le faire, c'est très important, et c'est cette étape. Maintenant, les prochaines étapes doivent continuer de s'écrire avec les États-Unis d'Amérique, Israël, mais avec tous les pays de la région et les Européens, et avec, évidemment, les Palestiniens.
Journaliste
Est-ce que le Premier ministre israélien ne soit pas venu ? Il a failli venir. Est-ce que là, il y a une petite occasion ?
Emmanuel MACRON
Je pense que le Président Trump aime faire des opérations. J'ai un peu le même tempérament, donc je comprends très bien. Il lui a sans doute proposé, a voulu un moment l'engager. Je pense qu'il y a aussi beaucoup de pays qui n'étaient pas prêts à ce qui est un format qui change. Je pense qu'il y avait beaucoup de dirigeants que ça mettait en porte-à-faux.
Je pense que c'était mieux de faire comme ça et que les choses ont été très bien organisées. C'était très bien que le Président Trump puisse aller à la Knesset, avoir ces mots très forts, voir le Premier ministre Netanyahou et le Président Herzog, et je veux ici leur dire mon amitié, dire au peuple israélien l'amitié de la France et notre soulagement à leurs côtés, puis qu'ils viennent ici à Charm el-Cheikh, accueillis par le Président Sisi, et qu'ils voient les leaders de la région, les Européens, d'autres leaders impliqués du Canada à l'Indonésie, et qu'ils puissent avoir ce moment avec le Président Abbas. C'était bien fait.
Journaliste
Qu'est-ce que vous voulez dire à vos ministres demain pour ce premier conseil des Ministres qui sera déjà menacé ?
Emmanuel MACRON
Comme disait ma grand-mère, à chaque jour suffit sa peine. Donc, je vais remonter dans mon avion et préparer demain. Est-ce qu'il y a d'autres questions ?
Journaliste
Sur la question humanitaire, quel est l’objectif réaliste sur Gaza aujourd’hui, environ 600 camions…
Emmanuel MACRON
Alors, on m'a dit, OCHA nous a dit qu'il y en avait sans doute un peu plus, 700 à 800. Dans le plan américain, on parle de 500 à 600. Ce qu'on sait, c'est qu'avant le début de la guerre, il en fallait à peu près 1 000 pour que tenir. Ça vous laisse clairement mesurer qu'il en faut beaucoup plus aujourd'hui.
Je pense que personne ne sait véritablement la nature et la magnitude de ce qu'on aura à gérer sur le plan humanitaire. Parce qu'il y a de l'alimentation, de l'eau, des médicaments à envoyer. Il y a aussi beaucoup de blessés à sortir, de familles à prendre en charge dans les hôpitaux avec une grande solidarité de la région et de nous tous pour accompagner. Donc il faut être très humble, mais il est vraisemblable qu'il faudra dans cette phase plus d'un millier, plusieurs milliers sans doute de camions par jour, si on veut être au rendez-vous, et des dispositifs hospitaliers mis à disposition.
Journaliste
Justement, pour finir, monsieur le Président, est-ce que vous avez pu avancer sur qui va financer tout ça ? Qui va financer l'aide humanitaire, les besoins de la force internationale ?
Emmanuel MACRON
La communauté internationale sera au rendez-vous. C'est l'objectif de la conférence qui se tiendra ici, et donc les pays de la région qui ont déjà fait beaucoup vont continuer de faire, de financer le Golfe exactement, l'Égypte aura un rôle clé avec d'autres pays de la région pour accueillir dans leurs hôpitaux et les Européens aussi y participeront. Nous avons eu des efforts, enfin, je parle sous le contrôle du ministre, d’environ 100 millions d'euros par an depuis le début du conflit. On fera un peu plus cette année. Je ne compte pas là-dedans ce qu'on a fait avec nos déploiements sanitaires et nos ONG en plus, et nos militaires, avec le Dixmude qui s'est déployé dès le début du conflit. Donc c'est une mobilisation internationale.
Journaliste
Est-ce que vous confirmez l'exfiltration du président malgache avec un avion militaire français ? Pouvez-vous nous en dire plus ce soir ?
Emmanuel MACRON
Non, je ne confirme rien aujourd'hui. Je veux ici dire la grande préoccupation qui est la nôtre, dire l'amitié de la France à l'égard du peuple malgache. Au fond, j'ai deux messages. Je pense qu'il est très important que l'ordre constitutionnel, la continuité institutionnelle soit préservée à Madagascar, parce qu'il en va de la stabilité du pays et des intérêts de la population aussi, pour que la communauté internationale puisse continuer d'aider. Parce que si l'ordre international et constitutionnel étaient rompus, on sait ce qui s'est passé. Madagascar l'a déjà vécu. Les premières victimes seraient la population.
À côté de ça, je veux dire ici, comme partout, qu'on regarde la jeunesse de ces pays avec beaucoup d'admiration, d'affection. On a une jeunesse qui s'est exprimée, qui est politisée, qui veut vivre mieux. Ça, c'est une très bonne chose. Il ne faut simplement pas qu'elle soit récupérée par des factions militaires ou des ingérences étrangères.
Je veux ici redire, au nom de la France, notre affection à l'égard de Madagascar, notre attention et notre affection à l'égard de cette jeunesse et notre grande vigilance aux côtés de l'Union africaine, de la SADC, pour que la continuité institutionnelle et l'ordre constitutionnel soient respectées.
Journaliste
La justice viendra-t-elle pour ce qui s’est passé à Gaza ?
Emmanuel MACRON
Je le souhaite. La France a toujours cru que l'impunité ne pouvait pas exister si on voulait que la justice se fasse. Donc il le faudra. C'est aussi pour ça que j'ai toujours dit qu'il fallait que la justice internationale, ses enquêteurs, que le travail des journalistes puissent reprendre comme celui des humanitaires.
Dans les enjeux des prochains jours et des prochaines semaines, il y a évidemment la priorité humanitaire que j'évoquais. Mais il y a aussi le fait que les journalistes du monde entier puissent revenir faire leur travail à Gaza dans le bon ordre, en étant protégés sans risquer leur vie et puissent simplement partager la vérité de la situation. Donc oui, étape par étape, mais c'est ce que la France souhaite. Nous avons d'ailleurs toujours lutté contre toute forme d'impunité partout.
Journaliste
Monsieur le Président, on a l'impression que le Hamas refait surface un petit peu à Gaza, occupe un peu le vide. Est-ce que vous êtes inquiet ?
Emmanuel MACRON
Je suis toujours inquiet parce qu'on sait comment ça se passe avec les groupes terroristes. Il faut avoir là-dessus beaucoup d'humilité et beaucoup d'exigence. C'est aussi pour ça que je pense qu'il est très important d'avoir un suivi international extrêmement rigoureux.
Il y aura, nous le savons, dans les semaines, les mois qui viennent, des attaques terroristes, des déstabilisations, des moments qui seront très durs, parce qu'on ne démantèle pas un groupe terroriste avec des milliers de combattants, des tunnels, des armements de cette nature du jour au lendemain.
Là-dessus, il faut qu'il y ait cette force de stabilisation internationale, qu’on se mobilise pour former et équiper l'autorité ad hoc avec les forces de sécurité palestiniennes. Mais il faut aussi qu'il y ait un grand accompagnement. Nous avons nous-mêmes déployé des planificateurs pour aider. Et on y mettra tous notre expertise. Les Britanniques, par exemple, dans notre réunion de cet après-midi, expliquaient qu'ils ont une grande expertise sur le début de la « decommanding », pardon de le faire en mauvais anglais, parce qu'ils l'ont fait après le Good Friday Agreement sur l'AI. Tout ça est extrêmement complexe. Ça va prendre du temps. Mais il faut qu'on soit tous mobilisés. On le sera.
Journaliste
La force internationale, d'après vous, devrait être déployée quand à Gaza ?
Emmanuel MACRON
Je ne peux pas vous le dire ici sans parler en l'air. Je pense qu'il faut d'abord qu'on travaille ensemble sur quelles sont ces règles d'engagement, qui est prêt à s'y engager, comment on l'articule avec les forces de sécurité et la police, et qu'on ait un accord sur un texte. C'est ce qu'on travaille avec les Britanniques depuis plusieurs jours et semaines. On l'a partagé jeudi avec les autres Européens et les Golfiques et la Turquie. Nous allons maintenant réengager avec les Américains. J'ai eu la discussion tout à l'heure avec le Président Trump et le secrétaire d'État Rubio. Voilà.
Journaliste
La France aura-t-elle un budget au 31 décembre prochain ?
Emmanuel MACRON
Oui, parce que c’est ce que nos compatriotes attendent pour eux-mêmes, c’est ce dont la France a besoin, c’est ce dont nos armées ont besoin, c’est ce dont le quotidien de nos Français et donc j’ai confiance dans l’esprit de responsabilité de chacun pour y arriver. Merci à toutes et tous. Bon courage.
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