Né le 11 mars 1926, de l’union de Marc Bloch et de Simone Vidal, quatrième d’une fratrie de six enfants, Daniel Bloch exprima très vite le sentiment d’être le « mouton noir » de sa famille. En effet, dans un foyer où l’étude primait tout, le jeune Daniel Bloch préférait les chemins de traverse et ceux de l’école buissonnière. Cette enfance et cette adolescence à Clamart se fracassèrent avec l’entrée en guerre.
Ce fut alors l’exode dans la Creuse, à Chamalières puis à Fougères, bastion familial des Bloch. Alors que son père et deux de ses frères entraient dans la Résistance, Daniel Bloch, tout en poursuivant ses études à l’école d’agriculture de Neuvic en Corrèze, aidait sa mère à porter secours aux réfugiés. Puis, dénoncé comme Juif, Daniel Bloch réchappa d’une arrestation et entra dans la clandestinité. Grâce à l’intervention de son père, il devint agent de liaison d’un maquis de Corrèze, sous le pseudonyme de « Narbonne », avant d’intégrer les FFI du Groupe Revanche stationnés dans le Cantal. Daniel Bloch prit part aux affrontements survenus au Mont-Mouchet puis au réduit de la Truyère en juin 1944, qui permirent de ralentir la sanglante remontée de la Division « Das Reich ». Il fut aussi combattant, à la fin de l’été 1944, lors des batailles du Viaduc de Garabit et de Saint-Flour. Le message de la mort de son père lui parvint en juillet 1944, au moment où sa mère Simone fut elle aussi emportée par la maladie.
Orphelin, Daniel Bloch rejoignit le 152e régiment d’infanterie du général de Lattre, les « Dragons Rouges » de Colmar. Ce fut dans leurs rangs qu’il prit part à la remontée vers la Nièvre puis à la campagne d’Alsace, où il manqua de perdre ses jambes après une blessure dans le Doubs le 23 novembre 1944. Sa convalescence faite, il se porta à nouveau volontaire et fut affecté en janvier 1945 comme chauffeur du général Koening dans l’Allemagne occupée, toujours partant pour les missions de transmission les plus dangereuses.
Après la guerre, rescapé des tragédies, Daniel Bloch poursuivit sa quête de liberté. Grâce à son frère, Louis, il devint assistant laborantin de photographie pour « Combat » et, peu à peu, assistant de son rédacteur en chef, Albert Camus, avec qui il partageait la passion du « Red Star ». Fréquentant la rédaction de « France Soir », il y fut aussitôt adopté par son directeur Pierre Lazareff. Boursier aux Etats-Unis, Daniel Bloch s’installa ensuite au Canada, dans le sillage du commissaire de l’exposition universelle de Montréal en 1967. Devenu professionnel des relations publiques, Daniel Bloch s’impliqua enfin dans la commémoration des 40 ans du Débarquement de Normandie. Il était présent pour les 80 ans de la Libération de Strasbourg à laquelle il avait en son temps œuvré.
Ce fils qui avait pris dans les rangs de l’armée des ombres le même alias que celui de son père, « Narbonne », défendit aux côtés de siens la mémoire de Marc Bloch qui entrera au Panthéon le 16 juin 2026, jour anniversaire de son exécution.
Le Président de la République et son épouse saluent avec émotion la mémoire d’un Résistant, un défenseur de nos valeurs et de notre culture, un destin de fidélité et de liberté dans le siècle. Ils adressent à sa famille, à ses proches, à tous ceux qui l’aimaient, leurs condoléances sincères.