Le Président Emmanuel Macron s'est rendu à Berlin le mardi 18 mars 2025 afin de préparer le prochain Conseil européen des 20 et 21 mars 2025.
Il s'est notamment entretenu avec Olaf Scholz, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne.
Les deux dirigeants ont échangé tout particulièrement sur l’agenda de compétitivité européenne, dans la continuité de la contribution commune franco-allemande adoptée à Meseberg en mai dernier.
Ils ont également abordé les enjeux liés à l’Ukraine, à la défense européenne à la suite des propositions de la Commission européenne, ainsi qu’à l’accélération sur la réponse européenne aux défis de compétitivité :
- simplification réglementaire ;
- décarbonation et production industrielle en Europe ;
- réduction des dépendances stratégiques ;
- unité dans la réponse aux tensions commerciales.
Revoir la déclaration conjointe :
18 mars 2025 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration du Président de la République à Berlin.
Merci beaucoup, Monsieur le Chancelier, cher Olaf.
Merci pour l'accueil aujourd'hui et la discussion que nous avons eue ensemble à l'instant sur l'actualité la plus brûlante, le Chancelier vient d'y revenir, sur la préparation du Conseil européen, suite d'ailleurs aux échanges que nous avions pu avoir avec la présidente de la Commission et le président du Conseil.
Le Chancelier a détaillé, je souscris à tout ce qui a été dit à l'instant. Je voudrais revenir sur quelques points. D'abord, pour vous féliciter du vote historique du Bundestag, qui est une bonne nouvelle pour l'Allemagne et une bonne nouvelle pour l'Europe. C'est une bonne nouvelle parce qu'il va permettre de faire davantage pour la défense, les investissements, et nous en avons besoin. Ensuite, pour revenir sur la question de l'Ukraine, nous continuons le soutien à l'armée ukrainienne dans sa guerre de résistance face à l'agression russe, et nous avons raison de le faire. Nous sommes aussi en train de mobiliser les financements sur lesquels nous sommes pleinement engagés. Je pense à la part européenne du prêt du G7, les 18 milliards d'euros financés par les revenus des avoirs russes gelés pour financer en particulier du soutien militaire. Et il est important de continuer à accompagner dans ce moment où la Russie, ces derniers jours, encore ces dernières heures, a intensifié les conflits, de rester aux côtés du peuple ukrainien et de sa défense.
Vous savez la position qui est la nôtre. Nous défendons, je dirais, avant le premier jour, la paix, puisque nous avons tout fait l'un et l'autre de concert en février 2022 pour éviter une nouvelle opération après l’annexion, déjà, de la Crimée et une première annexion partielle du Donbass qui fait suite aux opérations de 2014. Et donc, nous avons toujours été du côté de la paix. Il ne faut céder à cet égard à aucune forme d'inversion des valeurs ou des discours. C'est le rôle historique de l'Allemagne et de la France ensemble et de toute l'Europe aux côtés des Ukrainiens. Les dernières discussions vont dans le bon sens et nous voulons en effet un règlement solide et durable pour l'Ukraine et pour la sécurité en Europe.
Et à ce titre, grâce au travail avec le Royaume-Uni, l'Allemagne, nous avons, je crois, œuvré utilement pour convaincre le Président ZELENSKY et il a fait, je crois, un très bon choix d'avoir le courage de prendre une initiative de paix avec le président TRUMP en acceptant un cessez-le-feu pour 30 jours. Monsieur le Chancelier a rendu compte des échanges que nous avions eus avant cette conférence. Les premières étapes se mettent en place, mais l'objectif doit rester le même : avoir un cessez-le-feu mesurable et vérifiable, pleinement respecté, lancer des discussions de paix détaillées et complètes qui permettront d'avoir une paix solide et durable et les garanties qui vont avec. Cela reste notre objectif. Et évidemment, cela n'est pas concevable sans que les Ukrainiens ne soient autour de la table. C'est là aussi avec constance que nous avons défendu.
Au-delà de l'Ukraine, sur la défense, la Commission présentera demain son livre blanc et notre volonté, là aussi, en commun, est de pouvoir accélérer la mise en place du plan que nous avons validé en Conseil il y a quelques jours, de pouvoir décliner les processus les plus rapides et les plus efficaces pour avoir des programmes communs, et au fond, continuer de nous défendre, de mieux nous défendre, d'accroître nos capacités de dissuasion collective, et de le faire en développant davantage d'équipements et de capacités en Europe. Ce qui suppose de la recherche en commun, des programmes en commun, plus de simplicité, plus de rapidité. Mais cette valeur ajoutée européenne qui va dans le sens de l'autonomie stratégique que nous défendons l'un et l'autre est pour nous absolument critique. C'est celle que nous avions lancée ensemble en mars 2022 lors de l'agenda dit de Versailles, après l'agression russe.
Nous sommes maintenant à la phase de réalisation et d'action pour les questions de défense, production, acquisition conjointe, simplification, standardisation, mobilisation des financements disponibles, de la Banque européenne d'investissement et de nos capacités budgétaires nationales. Sur la question de l'économie, et l'un ne va pas sans l'autre, car il n'est pas d'autonomie stratégique en matière de défense et de sécurité, s'il n'y a pas aussi une compétitivité forte de l'Europe. Nous avons, à Meseberg, bâti ensemble une feuille de route pour nous stratégique et qui demeure totalement valide, comme l'a rappelé Monsieur le Chancelier, qui a d'ailleurs largement inspiré les lignes directrices de la Commission et qui est en train, elle aussi, de se dérouler, réformes nécessaires justement pour simplifier. Et à cet égard, les décisions de fin février vont dans le bon sens : simplification réglementaire, allègement des charges, soutien à l'industrie, cleantech, intelligence artificielle, défense des plans qui ont été présentés pour l'automobile ou pour l'acier ces derniers jours à nos industriels européens et la chimie évidemment, qui tous vont dans le même sens, qui sont des mesures d'accompagnement face au dérèglement du monde, des mesures de simplification, des mesures de plus grande compétitivité.
Au-delà de la simplification, le renforcement du marché unique, les politiques de défense et les clauses de sauvegarde, c'est évidemment l'union des marchés de capitaux sur lesquels nous avons bâti un accord historique à Meseberg, avec cette volonté qu'en effet, l'épargne européenne puisse pleinement financer les grands projets d'innovation et d'investissement européens. Sur chacun de ces points, nous œuvrons ensemble.
Et Monsieur le Chancelier a été très complet, je ne veux pas ici le paraphraser, mais je voulais revenir avant ce sommet qui traitera essentiellement de l'Ukraine, de la mise en œuvre de notre stratégie de défense et de la compétitivité sur ces quelques points. Nous nous retrouverons donc après-demain pour poursuivre ce travail, et à coup sûr dans les jours et les semaines qui viennent pour poursuivre ce travail à la fois pour l'Europe, mais aussi cette action commune aux côtés de l'Ukraine pour la souveraineté de nos amis ukrainiens, mais aussi pour la défense et la sécurité de nous tous Européens.
Je vous remercie et merci, Monsieur le chancelier, cher Olaf. Merci messieurs, dames.
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