Si son nom fut associé à des tubes iconiques des années 1980, et singulièrement, « Pour le plaisir », Herbert Léonard avait aussi dessiné en un demi-siècle de carrière une trajectoire unique, du rock des yéyés à la comédie musicale, du lyrisme de Gérard Manset à la variété. Sa disparition est celle d’une grande vedette populaire, qui chantait l’amour et ses mirages, et récoltait depuis tant d’années l’affection fidèle du public.
Né à Strasbourg le 25 février 1945, Herbert Léonard confessait être vraiment né avec le rock, et baigna adolescent dans les rythmes d’Otis Redding ou de Chuck Berry. Eloigné des bancs de l’école, passionné de guitare, il intégra un premier groupe, les « Jets », avec lesquels il écuma les bals du samedi soir. Repéré et sélectionné pour se produire au Golf-Drouot en 1964, Herbert Léonard fut ainsi plongé dans le bouillonnement de la scène rock parisienne. Ce fut là qu’il croisa la route de Lee Halliday, impresario, mentor de Johnny, et producteur des « Lionceaux » avec lequel Herbert Léonard signa son premier contrat. Encore éloigné du succès, accompagnant Antoine dans ses tournées, puis jouant sur celle de Sylvie Vartan en 1968, sa vie bifurqua tragiquement deux ans plus tard quand un grave accident de voiture l’empêcha de poursuivre sa carrière.
Pourtant, Gérard Manset approcha le chanteur pour devenir son agent artistique. Cette collaboration nourrit deux albums, en 1971 et 1972, qui eux non plus ne rencontrèrent pas leur public. Las de ces échecs, Herbert Léonard prit congé du métier et se consacra à une autre de ses passions, l’aviation, ses techniques, son histoire, son usage militaire et notamment son rôle dans la Seconde Guerre mondiale. Puis, approché par une productrice, Vline-Buggy, qui souhaitait sceller une collaboration du chanteur avec un jeune compositeur, Julien Lepers, Herbert Léonard renoua avec la chanson après dix ans d’absence. Ce fut la sortie de « Pour le plaisir » - manifeste hédoniste, chanson en écho avec le destin singulier de son interprète, revenant à son métier par pure passion, morceau qui prit aussi l’allure de la bande-son d’une décennie faite de liberté, les années 1980. Après cet immense succès, Herbert Léonard enregistra d’autres tubes : « Amoureux fous », en duo avec Julie Pietri, en 1983, ou « Tendrement » avec la chanteuse Nathalie Lermitte. Reconnu comme un crooner à la française, Herbert Léonard livrait une vision lyrique de la passion amoureuse, lyrisme qui éclatait aussi dans son « Puissance et gloire », bande son de la série télévisée Châteauvallon, sur une musique composée par Vladimir Cosma. En 1987, son album « Laissez-nous rêver » comportait quatre morceaux qui se classèrent au Top 50.
Après cinq albums publiés dans les années 1990, Herbert Léonard prit le risque de remplacer Daniel Lavoie dans la comédie musicale « Notre Dame de Paris » en 1999, conquérant ainsi de nouveaux fans. A partir de 2008, il participa, aussi, à trois saisons d’« Age tendre et tête de bois ». Enfin, en 2014, il publia « Demi-tour », un album qui proposait de revenir à ses premières amours, le « rythm and blues ».
Le Président de la République et son épouse saluent la mémoire d’un grand chanteur populaire qui aimait chanter l’amour et dont bien des Français aiment chanter les mots. Ils adressent à sa famille, à ses proches, leurs condoléances émues.