Breyten Breytenbach, écrivain et peintre sud-africain naturalisé français qui lutta sans relâche contre l’Apartheid, s’est éteint à Paris le 24 novembre, après une vie placée sous le signe de la liberté.

Il était né en 1939 en Afrique du sud, au milieu des champs à perte de vue que cultivait son père. Mais c’est la culture profonde de la liberté qu’il portait en lui. Alors qu’il était encore étudiant aux beaux-arts du Cap, il s’engagea contre la politique d'Apartheid menée par le gouvernement Verwoerd, en créant Okhela, une organisation clandestine opposée au régime. Au cours d’un séjour en France, il rencontra Yolande Ngo-Sach-Vinh, Française d'origine vietnamienne. Leur histoire d’amour tombait sous le coup des lois de l’Apartheid qui interdisait de 1949 à 1985 les mariages mixtes entre sud-africains blancs et personnes d'autres couleurs. En l’épousant, il devenait un clandestin dans son propre pays. 
La France, terrain pour lui de création artistique, foyer de ses amours, devint alors son asile. En 1975, alors qu’il voyageait en Afrique du Sud sous une fausse identité, et qu’il essayait de recruter des membres pour Okhela, il fut arrêté et condamné à neuf ans de prison pour terrorisme. Deux de ses ouvrages, Mouroir et Confession véridique d'un terroriste albinos, datent de ces années de détention.  

Le soutien résolu du président François Mitterrand contribua à sa libération en 1982. Il joua dès lors le rôle d’éveilleur de conscience auprès des Français, et en particulier auprès de Danielle Mitterrand, avec qui il noua des liens d’amitié, et des liens fraternels de combat partagé. Il participa à l’engagement contre l’Apartheid de l’association France Libertés, dirigée par la première Dame, qui soutint Nelson Mandela pendant sa captivité.
Le premier voyage hors d’Afrique de Nelson Mandela à sa libération fut pour la France, et le dernier voyage de Mitterrand en octobre 1994 fut pour aller assister à l’investiture du président Mandela.

Breyten Breytenbach, qui s’était réfugié en France, obtint la nationalité française, et y demeura jusqu’à ce que l’abolition des lois de l’Apartheid l’autorisent à retourner dans son pays d’origine. Dès lors, il partagea son temps entre sa patrie d’adoption, son pays natal, les États-Unis, et le Sénégal, peignant, écrivant des romans, des poèmes et des pièces de théâtre qui parlaient de rivages intérieurs, d’exploration sans frontières, d’exil et d’universel humain.

Breyten Breytenbach fut ainsi ce passeur de liberté, par-dessus les océans et les barrières d’identités rendues meurtrières, attaché à dénoncer la dérive d’un monde toujours plus inégalitaire, et appelant à « imaginer l’Afrique. » Le Président de la République salue la figure d’un grand artisan des droits de l’homme et de la liberté, qui fera toujours figure de trait d’union entre la France et l’Afrique du Sud.

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