Le Caennais Bernard Duval est décédé à l'âge de 99 ans. Il était l’unique rescapé du massacre de la prison de Caen par la Gestapo, le 6 juin 1944, qui faucha 73 vies dans les rangs de la Résistance française, et l’un des derniers témoins d’une génération qui refusa de se courber devant la barbarie nazie.

Bernard Duval avait fait une promesse à ses 73 camarades disparus. À lui, qui n’avait pas été fusillé, incombait le devoir de les raconter. Tant qu’il vivrait, ils vivraient aussi. Il racontait leur engagement partagé, leur héroïsme quotidien au sein de la Résistance, passant des messages, déjouant les fouilles, montant des actions de sabotage. Encore adolescent, engagé dans le réseau de résistance d’inspiration communiste Front national, il se voit confier la mission d’espionner les travaux de fortification entre Asnelles et Ouistreham. 

Il racontait son arrestation par la Gestapo, à 19 ans, en mars 1944, la torture, l’étroite cellule 27 du bâtiment allemand de la maison d’arrêt de Caen.  Il entendait encore les échos des couloirs, bruits de clés, bruits de serrures, aboiements d’ordre dans une langue allemande qu'il ne connaissait pas.

Le 20 mai 1944, Bernard Duval fut déporté dans un camp près de Hambourg, départ qui, paradoxalement, lui sauva la vie. Car à son retour des camps, il apprit que ses 73 camarades résistants détenus à Caen avaient été fusillés, et qu’il restait l’unique survivant. 

Face à l’horreur, Bernard Duval trouva sa vocation : transmettre. À compter des années 90, il vécut pour tenir sa promesse de porteur de mémoire. Il multiplia les interventions, auprès de tous les publics, légua aux archives de Caen ses propres objets et documents. En mai dernier, il témoignait encore sur YouTube, touchant des milliers de jeunes par la simplicité et l’authenticité de son propos.

Le Président de la République et son épouse sont émus de la mort de ce grand résistant avec qui ils avaient eu l’honneur d’échanger, à l’occasion du 80ᵉ anniversaire du débarquement. Ils adressent à ses proches et aux habitants de Caen, qui voyaient en lui une figure tutélaire, leurs condoléances émues.

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