Elle était une voix, une présence, un mystère qui avaient posé leur empreinte sur la pellicule et sur nos imaginaires. Anouk Aimée, légende du cinéma mondial, baptisée par Prévert, sublimée par Fellini, portée à la postérité par LELOUCH, nous a quittés à l’âge de 92 ans.

Née Nicole Dreyfus en 1932, à Paris, dans une famille de comédiens, elle grandit pourtant loin des projecteurs, élevée en partie à la campagne, à Barbezieux-Saint-Hilaire, où ses parents l’avaient envoyée pour fuir les rafles de Juifs sous l’Occupation.

Dans les lendemains de la guerre, la jeune Nicole se rêvait danseuse classique. Mais ce fut vers le cinéma que son destin choisit de la faire briller, quand elle fut choisie, à treize ans, par Henri Calef pour un rôle dans « La maison sous la mer ». Elle trouva dans l’expérience sa vocation, et un prénom, celui de son personnage, qui ne la quitta plus, Anouk. Restait le nom : ce fut Jacques Prévert, rencontré sur le tournage d’un film inachevé de Marcel Carné, qui s’en chargea. « Anouk Aimée, disait-il, parce que tout le monde l’aimait ».

En 1949, c’est Prévert encore qui signa les dialogues des « Amants de Vérone », où la jeune Anouk, âgée de 15 ans, campait une poignante Juliette, dont le Roméo était joué par Serge Reggiani. Le long-métrage, un succès, la révéla au public. Mais pendant dix ans, les tournages qu’elle jugeait ennuyeux s’enchaînèrent. Dans ses années 1950, seuls comptaient, alors, ses amis, ceux qui la faisaient rire et grandir : Raymond Queneau, Pablo Picasso, les Jean Genet et Cocteau.

En 1959, sa rencontre avec Federico Fellini bouleversa sa vie. Le réalisateur italien lui offrit deux rôles majeurs, entrés chacun dans l’histoire du cinéma : celui de Maddalena, grande bourgeoise épuisée par l’ennui dans « La Dolce Vita », en 1960, puis celui de Luisa, l’épouse trompée de « Huit et demi », en 1963, à chaque fois aux côtés de Marcelo Mastroianni.

A l’aube de ces années 1960, Anouk Aimée paracheva sa mue d’actrice célèbre à star, et de star à légende du cinéma en interprétant « Lola » en 1961. Sous la caméra de Jacques Demy, sa composition mêlait le jeu, la danse, pour transcender un rôle de femme mystérieuse, vedette d’un cabaret de Nantes. Avec « Un homme et une femme », Palme d’Or 1966, sorti de l’imagination d’un Claude LELOUCH encore inconnu, Anouk Aimée devint, aux côtés de Trintignant, un mythe mondial. Ensemble, ils incarnaient à l’écran ce duo d’écorchés vifs, inconsolables et follement amoureux, dont le baiser sur la plage de Deauville sur l’air de Francis Ley, émut des générations de Français comme de cinéphiles à travers le monde.

Commença alors une carrière américaine, à mesure qu’Anouk Aimée séduisait aussi les plus grands réalisateurs d’Hollywood, qui lui offrirent des rôles majeurs, de Sergio Leone, dans « Sodome et Gomorrhe » en 1962, à Sidney Lumet, dans « Le rendez-vous » en 1969. Sa carrière époustouflante sur plus de cinq décennies, qu’elle enrichit par des incursions au théâtre avec ses célèbres « Love Letters », fut couronnée en 2003 d’un Ours d’or à Berlin.

Le Président de la République et son épouse s’inclinent face à la mémoire d’une icône du cinéma, figure du mystère, de la liberté, du romantisme français et universel.  Ils adressent leurs condoléances émues à sa fille Manuela, à ses proches, et à tous ceux qui l’aimaient.

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