Le Président Emmanuel Macron a reçu XI Jinping, Président de la République populaire de Chine et son épouse, Peng Liyuan, en visite d’État du dimanche 5 au mardi 7 mai 2024. Pour sa première journée, il a été accueilli à Paris.
Au moment de célébrer le 60ème anniversaire de nos relations diplomatiques avec la République populaire de Chine et pour votre troisième visite d’État en France,
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 6, 2024
Président XI Jinping,
Bienvenue ! pic.twitter.com/DJu5RhKWq6
Les deux Présidents et leurs épouses se sont d'abord rendus à l'Hôtel national des Invalides pour la cérémonie d'accueil officiel.
Revoir la cérémonie :
Après un entretien bilatéral, les deux chefs d'État ont donné une conférence de presse où ils ont notamment abordé les relations franco-chinoises dans de nombreux domaines et les situations en Ukraine et au Proche-Orient.
Ils ont notamment appelé à une trêve olympique pour les théâtres de guerre.
Une trêve olympique pour tous les théâtres de guerre : c’est l’appel de la France à toutes les parties prenantes pour les Jeux de Paris.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 6, 2024
Merci à la Chine d’avoir manifesté sa volonté de s’engager dans la même direction.
Revoir les déclarations :
6 mai 2024 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration du président de la République à l’occasion du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine.
Monsieur le Président, la simple lecture qui vient d'être faite des accords montre l'importance de votre troisième visite d'Etat. La France est heureuse et fière de vous accueillir pour ces deux jours, en effet, pour cette troisième visite d'Etat et ce 60ème anniversaire de l'établissement de nos relations diplomatiques dans un moment où le contexte international requiert plus que jamais une coordination étroite entre nos deux pays.
Après Paris aujourd'hui, nous serons demain dans les Hautes-Pyrénées. Dans la continuité de votre étape à Lyon en 2014, de nos échanges dans la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer près de Nice, en 2019, nous allons continuer d'ancrer chaque moment fort de la relation franco-chinoise dans un territoire. C'est la même chose que nous avons fait en Chine. Après Xi'an et Shanghai, j'avais eu l'occasion de visiter Canton en avril 2023. Je souhaite à nouveau vous remercier chaleureusement pour votre accueil et les longs échanges que nous avons eus ensemble à cet égard.
Comme j'ai pu le dire à plusieurs reprises, nous vivons en effet un tournant historique où les menaces sont à un niveau inédit et le risque de fragmentation du monde considérable. Dans ce contexte d'instabilité, les relations entre la Chine et la France, par leur profondeur historique, le respect mutuel, la confiance établie, je crois, peuvent jouer un rôle utile au-delà de la relation bilatérale, plus largement pour la relation entre l'Europe et la Chine, et la stabilité du monde.
Je vous remercie, à cet égard, d'avoir accepté ce matin une réunion trilatérale avec la Présidente de la Commission européenne, Ursula VON DER LEYEN, qui a permis d'évoquer la relation sino-européenne et les grands conflits d'Ukraine et du Proche-Orient, de clarifier notre agenda commun et d'éviter justement toute logique de bloc, mais plutôt de bâtir des convergences.
Nos échanges de ce matin, l'échange en format restreint que nous avons eu, puis en format élargi, nous ont permis d'avancer sur plusieurs dossiers. D'abord, nous avons évidemment abordé la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine. Loin de se limiter au continent européen, ce conflit a des conséquences structurelles sur l'ordre international, tel que nous le connaissons depuis la Seconde Guerre mondiale. Nous partageons avec la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, la même volonté de préserver le cadre de la Charte des Nations Unies qui fixe le principe de respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté des Etats. Les autorités chinoises l'ont rappelé à plusieurs reprises et je veux ici vous en remercier.
Ensuite, nous avons voulu, ce matin, expliquer l'impact de ce conflit sur la sécurité européenne et notre détermination à soutenir l'Ukraine aussi longtemps et autant que nécessaire. Sans sécurité pour l'Ukraine, il ne peut y avoir de sécurité de l'Europe. Pour autant, nous ne sommes en guerre ni contre la Russie, ni contre le peuple russe, et nous n'avons pas non plus une approche consistant à rechercher un changement de régime à Moscou. Il ne faut pas là inverser les rôles. C'est le pouvoir russe qui souhaite s'en prendre au régime démocratique ukrainien et qui n'a cessé d'étendre ce conflit. Nous respectons les liens anciens qui unissent la Chine à la Russie ainsi que les efforts qui ont été déployés pendant des décennies pour stabiliser cette relation. Au vu de cette histoire complexe, nous accueillons favorablement les engagements des autorités chinoises à s'abstenir de vendre toute arme, toute aide à Moscou et à contrôler strictement l'exportation des biens à double usage. C'était ce que vous m'aviez dit très clairement, Monsieur le président, il y a un peu plus d'un an, ce que vous avez réitéré. Je crois que la longueur et la qualité de nos échanges sur ce sujet sont une source de réconfort. Nous devons maintenir un étroit dialogue sur cette question et sur la guerre en Ukraine, en particulier au vu des informations que nous pouvons avoir sur tel ou tel contournement par telle ou telle entreprise.
Nous sommes aussi convenus de mettre en place une coordination pour tenter d'obtenir des progrès sur les questions humanitaires et contribuer aux efforts en vue de parvenir à une paix juste et durable, c'est-à-dire respectueuse du droit international et de toutes ses règles. À ce titre, je vous remercie du moment de coordination que vous avez souhaité avant la visite du président POUTINE en Chine, ce qui permettra aussi d'avoir un agenda commun et de pouvoir identifier les volontés ou non d'aller vers cette paix durable, c'est-à-dire celle qui permet seule la paix, la sécurité et la stabilité de toute la région, et c'est-à-dire une paix qui seule respecte le droit international.
Une conférence sera organisée par la Suisse le mois prochain, nous en avons parlé, et suite à vos concertations, nous pourrons revenir sur ce sujet, mais nous partageons le même objectif, à court terme, la sûreté nucléaire, la sécurité alimentaire, les questions humanitaires, mais plus largement obtenir une solution juste et durable, pleinement respectueuse du droit international et de notre Charte.
Nous avons également échangé sur le conflit au Proche-Orient et la montée des tensions dans l'ensemble de la région. Nous partageons à ce titre les mêmes préoccupations et les mêmes objectifs, à savoir parvenir à un cessez-le-feu immédiat pour libérer les otages, protéger les populations, faciliter la délivrance de l'aide humanitaire, encourager une désescalade régionale et rouvrir une perspective politique. Il n'y a pas de double standard, ni pour la Chine, ni pour la France.
Cela vaut aussi pour l'Iran, dont la fuite en avant nucléaire porte de nombreux risques. A ce titre, nous avons eu un long échange et notre souhait de pouvoir pleinement nous coordonner sur ce sujet. Nous avons pu évoquer les inquiétudes aussi sur les crises et tensions en Asie de l'Est, y compris sur la situation entre les deux rives du détroit et en Corée-du-Nord, qui accélère ses programmes balistiques et nucléaires. Je veux ici vous remercier de la très grande clarté que la Chine a eue sur cette question et votre engagement pour la dénucléarisation pleine et entière de la péninsule. Nous avons une doctrine claire, établie, son irréversibilité, son caractère pleinement transparent et les mécanismes de suivi qui vont avec.
Forts de ces convergences de vue, nous pensons ensemble qu'une trêve olympique pour tous les théâtres de guerre peut être une occasion de travailler à un règlement durable dans le plein respect du droit international. Et je vous remercie, Président, durant notre entretien, d'avoir justement manifesté votre volonté de vous engager dans la même direction qui consistera à demander à toutes les parties prenantes une trêve olympique durant nos Jeux à venir.
Nous avons ensuite abordé la question centrale de notre relation bilatérale. Nous savons les différents dossiers qui sont ouverts aujourd'hui au niveau européen. Nous y sommes longuement revenus ce matin avec la présidente de la Commission, elle a pu exprimer la nature des initiatives qui avaient été lancées et leur cadre. Vous avez pu aussi pouvoir clarifier plusieurs éléments.
Je veux ici dire de manière très simple que, d'abord, l'Union européenne est aujourd'hui le continent et le marché le plus ouvert au monde. La deuxième chose, c'est que notre politique commerciale, économique, technologique n'est dictée par personne. Nous la souhaitons souveraine, c'est-à-dire indépendante. Et nous la souhaitons ouverte, confiante, mais nous voulons être en capacité de protéger nos intérêts à l'égard de tous. Elle n'est pour autant dictée par aucune montée des tensions à l'international. C'est pourquoi ce que nous souhaitons, ce que nous voulons, c'est un cadre de concurrence loyal, c'est-à-dire des règles réciproques, légitimes, et nous avons ainsi pu, sur l'ensemble des dossiers, clarifier les différents éléments pour assainir la relation économique et lui donner un nouvel élan lorsque, sur différents secteurs, des éléments de non-réciprocité apparaissaient, qu'il s'agisse de tarifs, d'éléments réglementaires ou de mécanismes d'aide. Je pense que c'est par le dialogue et le travail de nos équipes que nous pouvons avancer.
A cet égard, je remercie le Président aussi de son ouverture quant aux mesures provisoires sur le cognac français, et le souhait de ne pas les voir appliquées pour ce qui est des mesures provisoires. Plus largement, nous souhaitons continuer l'accès au marché chinois dans les secteurs de l'agroalimentaire, de l'aéronautique, des cosmétiques, de la finance. L'agroalimentaire, en particulier, fait l'objet de plusieurs contrats importants signés aujourd'hui.
Ensuite, nous encourageons aussi les investissements conjoints en France dans les hautes technologies, comme ceux d' Envision, de XTC, dans la vallée des batteries, près de Douai — j'étais présent moi-même à ces occasions. Nous soutenons ces partenariats équilibrés qui permettent plus d'investissements dans notre pays, et nous souhaitons pouvoir avoir de nouveaux projets de développement, qu'il s'agisse de batteries, de véhicules électriques, de solutions technologiques ou de plateformes d'innovation. Enfin, notre agenda se prolonge naturellement sur les grands défis mondiaux.
Je veux ici dire combien le rapprochement, la vision commune entre la Chine et la France a, à chaque fois, permis de nourrir un agenda, d'avancer. C'est celui qui a permis les accords de Paris sur le climat, celui qui a permis de bâtir sur la biodiversité des avancées inédites, de Kunming à Montréal jusqu'à Nice, et celui que nous allons poursuivre pour la Conférence des Océans qui s'organisera à Nice au printemps prochain. C'est aussi ce qui nous conduira à agir ensemble sur les questions climatiques et de biodiversité, tant pour le G20 que pour les COP à venir, dont celle de Belém et pour donc la Conférence des Océans à Nice.
En parallèle, nous allons maintenir un dialogue étroit sur les prochaines étapes du Pacte de Paris pour les peuples de la planète dit 4P. Je vous remercie encore de la présence de votre Premier ministre à cette occasion, en juin dernier. Une action ensemble sur les dettes des pays les plus vulnérables, sur la Zambie, le Tchad, le Ghana ou le Sri Lanka et la poursuite de nos initiatives finance en commun pour coordonner le travail de nos banques de développement et banques multilatérales.
Nous allons également, ensemble, continuer d'agir en matière d'intelligence artificielle. Nous partageons la même volonté d'éviter une fragmentation du monde sur cette question si structurante. La France aura organisé, en février 2025, le prochain sommet sur la gouvernance de l'intelligence artificielle. Notre souhait est que cela se fasse en étroite coordination avec la Chine, et je vous remercie là aussi de la clarté de vos propos à cet égard. Cette convergence se prolonge dans le domaine culturel que nous allons célébrer tout au long de cette année qui n'est pas simplement celle du 60ᵉ anniversaire de nos relations diplomatiques, mais l'année du tourisme culturel franco-chinois. Nous avons acté un nouvel accord-cadre qui permettra de faciliter le déplacement des œuvres entre la France et la Chine. Plus de 300 événements dans plus de 30 villes en Chine, y compris des expositions, du mobilier national, du musée Cernuschi, d'artistes contemporains comme Claude VIALLAT ou Annette MESSAGER, de tournées nationales de la Comédie-Française, de l'Orchestre de l'Opéra royal de Versailles, du Ballet de l'Opéra national de Bordeaux, mais également des comédies musicales ou des expériences immersives verront le jour. Et nous aurons l'occasion d'accueillir en France des collections inestimables, en particulier au musée Guimet et dans la plupart de nos grandes institutions culturelles.
Nous mettrons en œuvre aussi tout ce qui est nécessaire pour accueillir dans les meilleures conditions la délégation sportive chinoise lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris et tous les spectateurs qui se déplaceront à l'occasion.
Dans la continuité de ma visite à l'université de Canton l'année dernière, l'université Sun Yat-sen, les anciens étudiants chinois ayant effectué une partie de leur scolarité en France pourront bénéficier également d'un visa d'une plus longue durée pour là aussi bâtir, ce qui est une vieille tradition entre nos deux pays, cette culture estudiantine qui a formé tant de générations, y compris dans votre pays, les plus éminentes. Ce sont ces jeunes générations chinoises et françaises qui auront à faire vivre le dialogue entre nos deux pays et continueront de porter les valeurs universelles auxquelles nous croyons.
Voilà, Monsieur le président, ce que je souhaitais dire, en vous remerciant à nouveau pour votre présence à Paris aujourd'hui, sur le Col du Tourmalet demain, en France pour cette troisième visite d'Etat qui, dans un moment si délicat de notre planète, est ô combien important.
Merci à vous et votre épouse d'être parmi nous avec cette délégation de haut niveau. Et je vous cède maintenant la parole.
Les deux chefs d'État ont ensuite prononcé le discours de clôture des rencontres économiques franco-chinoises. Des échanges essentiels tant les relations économiques entre les deux pays sont importantes. En effet, plus de 2 000 entreprises françaises étaient présentes en Chine en 2023, employant plus de 300 000 personnes.
Les investissements chinois en France ont également connu une forte croissance ces dernières années (9 milliards d’IDE en 2022).
Revoir les discours :
11 décembre 2024 - Seul le prononcé fait foi
Discours de clôture du Président de la République des 6ème rencontres économiques franco-chinoises.
Je suis très heureux de clôturer à vos côtés, Monsieur le président, cette 6ᵉ édition du Conseil d'Entreprises franco-chinois rassemblant les communautés d'affaires chinoises et françaises. C'est toujours un moment fort pour la relation économique bilatérale dont vous êtes les acteurs les plus importants au quotidien et aux côtés de nos ambassadeurs officiels, les ambassadeurs de chaque jour, pour réussir justement à accroître les liens entre nos pays et nous évoquions avec Monsieur le président, à l'instant, l'importance de ces derniers et du concret des réalisations. Et je salue particulièrement, à côté de nos grands groupes, nos grands investisseurs bien connus, la présence aussi d'une délégation de PME, d’ETI conduite par Business France.
Notre rencontre s'inscrit dans la célébration du 60ᵉ anniversaire de nos relations bilatérales. Ma visite en Chine, en avril 2023, à l'invitation du président XI, avait déjà permis une relance d'une dynamique franco-chinoise après plusieurs années marquées par la pandémie et un espacement des rencontres. Et votre visite, Monsieur le Président, la qualité et la richesse de nos échanges, - ce qui me permet, ce faisant, de s'excuser du retard avec lequel nous nous présentons devant vous - et cette nouvelle édition beaucoup plus rapprochée de la précédente, témoignent, si besoin en était, de l'importance, en effet, de nos relations mutuelles que nous voulons empreintes de confiance, de sens du long terme et justement d'équilibre.
La relation économique franco-chinoise est ancienne et diversifiée. Plus de 2 000 entreprises françaises sont présentes en Chine et contribuent pleinement à l'économie chinoise dans des secteurs tels que l'agroalimentaire, l'industrie, les biens de consommation, la décarbonation, les services financiers. Le stock d'investissements directs français en Chine s'est maintenu à un niveau élevé ces dernières années, se situant encore à 30 milliards d'euros en 2022. Nos exportations vers la Chine se maintiennent et ont augmenté sensiblement en 2023. Et je salue ici les entreprises françaises largement représentées ce jour, notamment dans les secteurs de l'aéronautique, de l'agroalimentaire, des cosmétiques, des produits pharmaceutiques, du luxe, du nucléaire civil, de l'innovation technologique, de la finance.
Beaucoup d'entreprises voient la Chine comme un client très important, davantage encore, un partenaire. Je serai ici très bref. Ce sont trois messages principalement que je voulais partager.
Le premier, nous souhaitons accueillir davantage d'investisseurs chinois sur le sol français, dans le plein respect de notre souveraineté et dans l'esprit, au Fonds, d'équilibre, de confiance qui est celui avec lequel nous investissons chez vous. La Chine possède un savoir-faire reconnu dans des secteurs tels que les batteries, les véhicules électriques, les panneaux photovoltaïques. Elle est la bienvenue pour déployer cette expertise sur notre territoire. Des investissements chinois d'ampleur ont déjà eu lieu ces dernières années, en particulier dans les batteries électriques, et je pense aux partenariats entre Envision et Suez aussi pour le recyclage de batteries, confirmés aujourd'hui, partenariat entre XTC Orano pour la production de précurseurs de batteries annoncé lors du sommet Choose France. Je souhaite que ces deux investissements ne soient que le début, la confirmation de ce que nous avons déjà poursuivi ces dernières années d'une longue série parce que le stock d'investissements directs étrangers chinois en France est trois fois inférieur aux investissements français en Chine. Et donc nous devons, là-dessus, pleinement rééquilibrer ; nous sommes pour cette réciprocité. Et dans le domaine, en effet, des véhicules électriques, des batteries, également des technologies les plus contemporaines, des plateformes numériques, etc, etc, je souhaite que nous puissions aller beaucoup plus loin.
Nous avons réformé en profondeur l'économie française. Nous sommes aujourd'hui, pour la cinquième année consécutive, le pays le plus attractif d'Europe pour les investissements étrangers et le deuxième marché le plus puissant au monde, si on regarde les capitalisations boursières et leur profondeur. Ce qui, pour vos entreprises, je crois, ce sont deux éléments en termes d'économie réelle et d'économie financière qui doivent vous pousser à encore faire davantage pour investir sur le sol français. Les résultats sont là, la réindustrialisation est en marche. Je souhaite que nous puissions faire davantage.
Deuxième remarque, c'est qu'il n'y a pas d'échange de long terme s'il n'y a pas de réciprocité. C'est cet esprit-là que nous privilégions l'un l'autre. Et donc, nous avons la volonté de poursuivre ce partenariat sino-français dans un esprit d'ouverture, de réciprocité, de confiance, de loyauté. Notre enjeu est de rééquilibrer la relation au niveau commercial. Nous avons fait le constat avec le Président de manière lucide depuis plusieurs années, et ce dès votre visite ici en 2019, celle que j'avais effectuée juste avant en 2018 dans votre pays. Il ne s'agit pas là d'un objectif français, mais bien d'un objectif partagé car cela conditionne, je dirais encore une fois, notre capacité à agir sur le temps long. Et nous venons de loin, les uns et les autres, ensemble. 60 ans, ça n'est pas rien. Et la France, qui fut le précurseur de cette ouverture des relations diplomatiques, entend bien poursuivre dans ce dialogue de respect et de loyauté.
L'objectif commun qui est le nôtre, c'est véritablement de poursuivre nos relations — il n'y a aucune logique de découplage vis-à-vis de la Chine. C'est une volonté de préserver notre sécurité nationale, comme vous le faites pour vous, une volonté de respect et de compréhension mutuelle, réciproque, et une volonté de continuer à ouvrir le commerce, mais à s'assurer à chaque fois que celui-ci est pleinement loyal, qu'il s'agisse des tarifs, des aides, des accès au marché. Pour l'année 2023, notre déficit s'est quelque peu résorbé, mais il atteint encore 46 milliards d'euros et il reste plus de 50% supérieur à son niveau moyen des années 2010. A cet égard, les leviers bilatéraux sont identifiés. Nous avons des progrès réalisés, d'autres sont encore à faire en matière d'accès au marché.
Je prendrai deux exemples sectoriels. Aujourd'hui, et conformément aux précédents dialogues économiques et financiers de haut niveau, nos deux pays se sont accordés pour rendre effectives des ouvertures de marché dans des domaines très importants, pour notre filière porcine par exemple, qu'il s'agisse des abats ou des protéines, et je souhaite qu'on puisse poursuivre sur le bœuf. De même, nous nous sommes accordés pour mettre en œuvre un zonage en cas d'influenza aviaire, à l'image de celui déjà en vigueur sur la peste porcine africaine. Ce sont des choses très concrètes, mais qui déterminent l'équilibre des relations. Autre exemple important de coopération, l'expertise trouve une place croissante en Chine, le secteur financier. Au niveau bancaire, après avoir avancé sur le leasing et le courtage, nous travaillons activement à appuyer aussi certains volets de l'activité des assureurs. Ce ne sont là que deux exemples, j'aurais pu citer l'indication géographique du Bourgogne et tant d'autres.
Nous avons des systèmes, des législations différentes qui peuvent parfois conduire le dynamisme de nos entreprises à être contraints, alors que la clarté et la sécurité juridiques sont essentielles. Et c'est aussi un axe qui permet de développer, justement, nos relations, qui est très important, je le sais, pour les décideurs présents dans cette salle et sur lequel nous voulons aussi avancer. À nouveau, je prendrai deux exemples où nous testons concrètement notre capacité à dénouer les sujets. Les cosmétiques, où un équilibre entre sécurité des consommateurs chinois et protection de la propriété intellectuelle des entreprises françaises doit être trouvé, et les données pour lesquelles il nous faut, là aussi, un cadre d'échange structuré.
Et puis, ma troisième remarque, pour finir, consiste à évoquer les grands enjeux globaux pour lesquels notre coopération est incontournable. Sur tous les sujets, le climat, le traitement de la dette des pays vulnérables, la sécurité alimentaire et énergétique, le monde a besoin d'une action conjointe et résolue entre nos deux pays. Nous en sommes pleinement conscients avec le Président et ça détermine parfois vos environnements de travail. C'est pourquoi nous allons continuer d'avancer ensemble sur les questions financières, avec notre capacité à regrouper tous les acteurs de la finance mondiale, banques de développement, acteurs multilatéraux, et de continuer à construire un cadre de confiance pour nos interventions et le traitement de la dette, en particulier des pays africains. C'est ce qui avait été avancé pendant le G20, il y a 3 ans, que nous souhaitons consolider. Et la présence de votre Premier ministre au Pacte de Paris pour les peuples et la planète a permis d'aller dans ce sens, d'une complicité, mais aussi d'une avancée ensemble pour rebâtir l'architecture financière et économique internationale dont nous avons besoin.
Deuxième élément que je souhaitais mentionner, c'est l'intelligence artificielle. Là aussi, nous sommes convaincus l'un et l'autre qu'au moment où s'organise la conversation internationale, celle qui permettra de bâtir les règles de gouvernance, peut-être, et à coup sûr, puisque nous le souhaitons, de régulation, il ne faut pas laisser des dialogues se faire de manière séparée. La France, qui aura la responsabilité de cette deuxième conférence après la Grande-Bretagne, en février 2025, souhaite le faire très étroitement avec la Chine et avoir une présence donc de la Chine au Comité directeur de ce sommet de l'intelligence artificielle et de sa gouvernance. Sur les sujets économiques, financiers, commerciaux, et sur beaucoup d'autres, les travaux doivent se poursuivre activement, en particulier à l'occasion d'un prochain dialogue économique et financier de haut niveau que le ministre de l'Économie et des Finances coprésidera à Paris cette année avec son homologue.
Voilà les 3 remarques que je souhaitais faire, en vous remerciant à nouveau de votre présence à Paris aujourd'hui et dans nos Pyrénées demain, Monsieur le Président, en remerciant l'ensemble de nos communautés d'affaires, ici présentes, pour leur travail et en vous redisant la confiance, l'amitié et cette volonté de temps long qui est la nôtre avec vous.
Je vous remercie.
Enfin, les deux Présidents et leurs épouses se sont retrouvés autour d'un dîner d'État au Palais de l'Élysée.
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