Pour des générations de téléspectateurs son nom était synonyme d’une voix couvrant avec peine le bruit d’un rotor, d’une rose des vents bleue et blanche sur la carlingue, de vues d’hélicoptères de notre patrimoine français. Animateur pendant une décennie de « La Carte aux trésors », Sylvain Augier fut une figure de l’audiovisuel populaire de qualité, fait de science, d’émerveillement, de partage d’émotions et de culture commune.

Né à Forgues en Haute-Garonne en 1955, Sylvain Augier fut pétri très jeune d’une éducation chrétienne dont il retint, sa vie durant, une qualité d’attention aux autres et le goût du partage. Doué et ambitieux, curieux de la chose publique et des affaires du monde, il débuta après un passage à l’IEP de Toulouse comme journaliste à France Inter en 1979. Voix chaleureuse, fort d’un talent remarqué pour mettre en lumière d’autres vies que la sienne, Sylvain Augier gagna peu à peu ses galons sur l’antenne d’Inter en présentant « Chic planète » à la fin des années 1980 puis « On ne vit que deux fois » en 1996.

Ce fut toutefois à la télévision que l’animateur accéda à la notoriété et à l’affection du grand public. « Faut pas rêver », sur une idée originale de Georges Pernoud, diffusée sur la troisième chaîne le vendredi après « Thalassa », émerveilla chaque semaine des millions de téléspectateurs, transportés des canyons américains aux lagons de l’Ile Maurice. Présentateur du programme de 1990 à 1999, l’émission combinait pour Sylvain Augier sa passion des voyages et sa capacité communicative à l’enthousiasme pour les guides qui l’accompagnaient. Le programme s’attachait à révéler une vision humaniste des beautés de la nature et de la richesse des peuples du monde. En parallèle, à partir de 1996, Sylvain Augier devint l’homme d’un jeu télévisé passé dans la mémoire collective. Pour bien des Français, le mardi soir, c’était « La Carte aux trésors ». Générique vibrant d’une guitare électrique, candidats se pressant dans les ruelles de Rocamadour ou sur les chemins d’Auvergne, l’émission était indissociable de la présence bienveillante de son présentateur. Rompant avec la figure de l’animateur aventurier forgée par Philippe de Dieuleveult, Sylvain Augier fut ce guide de l’art français du paysage et des villages, une présence rassurante qui créait du lien, un ami à l’écran. 

A l’arrêt de son émission en 2005, Sylvain Augier emprunta les chemins plus sombres de tourments personnels. Lui qui avait su créer du commun autour de la beauté, sut aussi faire partager sa douleur à ses lecteurs avec son livre « Je reviens de loin » paru en 2023. Il y racontait son expérience de la maladie surmontée par l’affection des siens, comme il avait dû se relever d’un accident de parapente en 1988. Ainsi, si « On ne vit que deux fois », Sylvain Augier avait su « tomber sept fois, se relever huit » selon le titre du roman de Philippe Labro, son ami. Devenu auteur, retiré dans ses chères Corbières, il était demeuré fidèle aux valeurs humanistes de sa famille, à l’enracinement et l’émerveillement de son enfance, aux grandes figures humanistes qui l’avaient marqué, d’Hubert Reeves à Sœur Emmanuelle.

Le Président de la République et son épouse saluent un homme qui partageait l’extraordinaire et créait du commun, une figure de l’audiovisuel public qui fit aimer la culture française et la beauté universelle du monde. Ils adressent à sa famille, à ses proches, aux millions de Français dont la vie fut embellie par ses émissions, leurs condoléances émues.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers