Réalisateur franco-américain d’origine allemande, maître du documentaire historique et témoin inlassable des conflits du XXe siècle, Marcel Ophüls s’est éteint ce 24 mai 2025.
Sa vie fut celle d’un enfant du siècle, et s’est écrite au rythme des bouleversements du temps. Né à Francfort le 1er novembre 1927, sa jeunesse se déroula à l’heure de la montée du nazisme. En 1933, sa famille s’exila en France, puis, en 1941, émigra aux États-Unis d’Amérique. Marcel Ophüls retrouva l’Hexagone neuf ans plus tard, abandonna ses études en philosophie, et choisit le cinéma – empruntant la voie de son père, le réalisateur Max Ophüls, et de sa mère, l’actrice Hilde Wall.
D’assistant, il passa réalisateur et signa notamment les fictions Peau de banane en 1963, avec Jean-Paul Belmondo et Jeanne Moreau, ainsi que Faites vos jeux, mesdames (1965). Leur succès relatif le poussa à rejoindre la télévision. En 1966, il intégra l’ORTF et travailla sur le magazine d’actualité historique Zoom, où il cultiva, avec André Harris et Alain de Sédouy, une liberté de ton assumée. Il y réalisa notamment Munich 1938 ou la paix pour 100 ans, prélude à son succès dans le genre du documentaire historique.
C’est en 1971 que sortit son documentaire Le Chagrin et la Pitié, chronique-fleuve de la vie à Clermont-Ferrand sous l’Occupation. Dans les salles obscures, entretiens et images d’actualité illustraient l’âpre réalité de la Collaboration, l’indifférence face aux crimes de Vichy, les compromissions du quotidien. Il fallut attendre plus d’une décennie pour que ce film soit autorisé à passer du grand au petit écran ; mais l’art et la manière de Marcel Ophüls, eux, étaient nés : une science du montage et une conscience de l’histoire.
Ainsi, il documenta les procès de Nuremberg avec L’Empreinte de la justice (1976) et la vie de Klaus Barbie avec Hôtel Terminus. Klaus Barbie, sa vie et son temps (1988), qui lui valut en 1989 l’Oscar du meilleur film documentaire. Implacable et audacieux, assumant de mêler rigueur et subjectivité acerbe, il bouscula l’historiographie, questionnant d’innombrables témoins et acteurs du passé et du présent, fixant sur sa pellicule les responsabilités individuelles et les ambivalences de l’Histoire.
Il fut un réalisateur engagé, soucieux de défendre les valeurs démocratiques, de comprendre les engrenages qui mènent aux horreurs collectives. Il signa encore, parmi d’autres œuvres, November Days (1990), sur le destin de la ville de Berlin, précipitée dans le fracas de la Guerre froide, tandis que Veillées d’armes, sorti trois ans plus tard, évoquait le journalisme de guerre en Bosnie-Herzégovine.
Le Président de la République et son épouse saluent la mémoire d’un documentariste qui a marqué le XXe siècle, en œuvrant à faire toute la lumière sur la nécessaire vérité de l’Histoire. Ils adressent à sa famille, à ses proches, à ceux qui l’aimaient, leurs condoléances émues.
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