L’amiral Philippe de Gaulle, ancien résistant et sénateur de Paris, nous a quittés à 102 ans. 

Sa haute silhouette, son profil aquilin, paraissaient immédiatement familiers. Philippe de Gaulle ne pouvait nier sa ressemblance physique avec son père Charles de Gaulle, de même qu’il avait reçu en héritage son courage, son goût pour les affaires militaires et politiques, et sa passion pour la France.

Sa vocation de marin plongeait ses racines dans sa plus tendre enfance, qu’il passa entre la France, l’Allemagne et le Liban, au gré des garnisons paternelles. L’invasion allemande interrompit ses concours d’admission pour l’École Navale, dont un surgeon de l’ombre émergea aussitôt sur les côtes anglaises, au sein des Forces navales françaises libres. Pour la rejoindre, le jeune homme de 19 ans bascula dans la clandestinité. Il n’entendit pas l’appel radiophonique de son père, et pour cause : il l’avait devancé. Le 18 juin 1940, Philippe de Gaulle était avec sa mère et ses sœurs à bord du cargo qui l’emmenait vers l’Angleterre, vers la Résistance.

Au terme de sa formation, il fut engagé dans de nombreuses missions de guerre en Manche avant de participer à la bataille de l’Atlantique, et de débarquer sur les plages de Normandie en août 1944, aux côtés du général Leclerc. À la tête d’un peloton blindé de fusiliers-marins, Philippe de Gaulle participa à tous les combats de la Libération, menant ses hommes d’un bout à l’autre de notre territoire, d’Alençon à Royan, de Paris aux Vosges jusqu’à Berchtesgaden, les galvanisant par une audace qui lui valut six blessures et la Croix de Guerre, enrichie de trois citations. 

La Libération n’atténua pas son engagement : il fut en temps de paix le même serviteur de son pays qu’il était au cœur de la guerre. Surfacier, puis fusilier marin, il passa son brevet de pilote, participa à la guerre d’Indochine et poursuivit sa carrière dans l’Aéronavale, naviguant sur quelques-uns des fleurons de la Marine française. Commandant de la flottille 6F embarquée sur le porte-avion La Fayette, prêté par les États-Unis, commandant de l’escorteur rapide Le Picard et de la frégate Suffren, premier navire lance-missile français, commandant du Groupe Naval d’essais et de mesures embarqué sur le bâtiment d’essai et de mesures balistiques Poincarré, il acheva en 1980 un parcours militaire qui le mena de Brest à Oran, du Maroc à l’Indochine, par le poste d’inspecteur général de la Marine, aux rang et appellation d’amiral.

Commença alors une nouvelle ère de sa vie. Au terme de sa carrière militaire, il décida de s’engager en politique : durant dix-sept ans, il fut sénateur de Paris. Son engagement prit en parallèle une expression différente, celle du service de l’Histoire. Conscient d’avoir été témoin et acteur de la marche du siècle au cœur de son existence familiale et personnelle, il écrivit ses Mémoires accessoires, et éclaira la figure publique et privée de Charles de Gaulle en publiant plusieurs biographies à son sujet, ainsi que ses lettres, notes et carnets. 

Le Président de la République et son épouse saluent la figure d’un résistant qui fit barrage à l’oppression, d’un combattant qui sut prendre les armes pour faire triompher la paix et la liberté, d’un officier et d’un élu dévoué au bien de la France, d’un témoin et d’un passeur de l’Histoire. Ils adressent à sa famille, à ses proches, aux sénateurs et aux marins qui l’ont côtoyé, leurs condoléances les plus sincères

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