Fait partie du dossier : Visite d'État en Suède.

Le Président Emmanuel Macron s'est rendu en Suède du 30 au 31 janvier 2024. Il a passé sa première journée à Stockholm.

Rencontre avec la communauté française en Suède

Le Président de la République a rencontré dans la matinée la communauté française présente en Suède. Il a rappelé l'importance des liens qui unissent les deux pays - des liens de langues, de culture, de savoir et de relations humaines - et a souligné le dynamisme remarquable des entreprises et des associations françaises installées en Suède.

Revoir son discours à la communauté française :

30 janvier 2024 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président de la République à la communauté française de Suède.

Mesdames, Messieurs, les ministres, 
Mesdames, Messieurs les parlementaires, 
Monsieur l'ambassadeur, 
Messieurs les généraux, consuls, consuls honoraires, 
Mesdames et Messieurs les élus de l'étranger, 
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Chers compatriotes, 

Très heureux, ce matin, de vous retrouver ici, à Stockholm. Et je dois dire que les autorités suédoises, et en tout premier lieu Sa Majesté le Roi, ont accepté que cette rencontre avec vous, ce qui n'est pas l'usage, précède la visite et le programme officiel de cette visite d'État qui va débuter juste après. 

C'est donc en quelque sorte vous qui êtes les premiers à nous accueillir en Suède. Et je voulais vous en remercier très solennellement tout en vous disant l'attachement de notre nation à ceux qui portent, hors de nos frontières, son image et une part de son avenir. C’est ce que vous faites ici.

Alors, cette visite d'État s'inscrit dans ce qui est notre volonté depuis 2017 : bâtir une souveraineté européenne plus forte, engager, avec chaque État membre de notre Europe, une relation plus solide au service, évidemment, des intérêts réciproques, mais d'un projet européen qui nous place seul dans le concert du monde en situation de nous protéger et de bâtir notre avenir, ce qui suppose quelques efforts de notre côté et de trouver des chemins nouveaux. Je vais y revenir. 

Vous le savez, peut-être, mais cette visite d'État est la première d'un Président français en Suède depuis 24 ans. François Mitterrand et Jacques Chirac sont venus, respectivement en 1984 et en 2000. Quelques-uns d'entre vous y étaient. Pas les jeunes rugbymen qui sont là. Mais si l'on songe à celui, seul, qui les avait précédés, il faut remonter à Raymond Poincaré qui, lui, était venu fin juillet 1914. On va continuer de s'améliorer. 

Ces visites, en tout cas, se font à chaque fois dans des moments cruciaux, parfois tragiques, du destin du continent. Et, cette visite d'État se tient à un moment particulièrement sensible pour notre Europe, particulièrement tragique aussi. Depuis deux ans, le retour de la guerre sur notre continent, qui a profondément changé, on le sait, la perception du risque, et, qui a conduit la Suède sur ce chemin vers l'OTAN et à bâtir une relation encore plus forte, sans doute, avec et l'Union européenne et l'Alliance. 

Mais la cadence de ces visites ne dit rien de l'intensité de nos liens : lien d'histoire, lien de culture, lien d'imaginaire, tant il existe une fascination mutuelle, une admiration réciproque, et je ne parle pas de l'histoire des souverains de ce pays qui a pu être irriguée par des grands destins français. Mais, je parle aussi de la fascination que nous avons à juste titre pour le dynamisme économique et l'exigence sociale du modèle suédois, une capacité à la fois à s'ouvrir et à tenir des équilibres nationaux et locaux, qui ont pu d'ailleurs inspirer certaines de nos réformes plus récentes. 

Ce que je suis ici venu vous dire, c'est d'abord merci, et puis, essayer de vous dire sur quel chemin nous nous engageons. 

Merci, parce que cette relation, par-delà les visites ministérielles, présidentielles et autres, c'est vous qui la faites vivre. Nos deux nations, en effet, ont beaucoup à entreprendre dans ce tournant de l'histoire européenne. Mais vous êtes aux avant-postes. Vous êtes aujourd'hui plus de 10 000 à vivre dans ce pays, tandis qu’environ 30 000 Suédois vivent en France. Vous êtes principalement présents à Stockholm, mais c'est bien à tous les Français de Suède que je m'adresse aujourd'hui et rappeler ici nos présences multiples, que vous soyez à Göteborg où j'ai été en 2017, Malmö, Lund, où nous serons demain avec les ministres, Umeå, ou Luleå, ou Kiruna ou d'autres. Nous avons une communauté qui est présente et appréciée partout à travers le pays et une communauté qui a crû fortement ces dix dernières années, avec une augmentation de 31 % des inscrits depuis 2012. Ce qui montre combien, d’abord, ce pays continue de s'internationaliser, mais combien la France y joue pleinement son rôle. 

Et vous êtes réunis ici dans toute votre diversité. Pour certains d'entre vous, la Suède est depuis des décennies toute votre vie personnelle et professionnelle. Pour d'autres, elle est une découverte plus récente, résultat d'un projet entrepreneurial, de la volonté de participer à la révolution industrielle du pays et de notre Europe. Mais aucun d'entre vous n'est là par hasard. Je pense qu'il faut du caractère pour affronter les climats du Nord et les longues nuits d'hiver. Et je pense tout particulièrement à ceux, ici, qui ont tenté l'aventure autour du cercle polaire Arctique et qui ont trouvé une terre d'adoption. 

Alors cette force de caractère, justement, s'accompagne d'un dynamisme tout particulier des Français de Suède qui se reflète dans vos associations. Le Stockholm Accueil, France Connection, en passant par les associations FLAM – Français langue maternelle – les formations politiques, les groupes plus informels. La jeunesse française est nombreuse et visible aussi en Suède, comme l'atteste la vitalité du lycée français Saint-Louis de Stockholm et plus de 175 volontaires internationaux en entreprises gérées par Business France, je les en remercie, et les près de 2 300 étudiants en mobilité au titre d'Erasmus, Erasmus+ ou d'autres programmes d'échange, ainsi que les très nombreux stagiaires. Et je ne parle pas évidemment de nos équipes de rugby dont j'ai compris que, pour les plus jeunes, ils avaient déjà raflé des titres et empoché quelques belles victoires. 

Cette communauté française, au-delà des associations, je veux remercier tout particulièrement l'ambassade, ses services, nos consulats et nos consuls honoraires pour leur travail, ainsi que tous les élus consulaires et l'ensemble des élus, justement, qui sont les vôtres pour tout le travail d'accompagnement à vos côtés. 

Nos entreprises contribuent, quant à elles, très directement à la prospérité de la Suède. J'aurai l'occasion d’en rencontrer demain à l'Hôtel de Ville. Elles sont largement représentées au sein de la Chambre de commerce française en Suède, du groupe des conseillères et conseillers du commerce extérieur de la France. Ces CCEF dynamiques que j'ai pu remercier personnellement, en les recevant pour la première fois à l'Élysée en décembre dernier. 

Alors, je ne peux pas citer ici toutes les entreprises. Certaines d’ailleurs, pour ce qui est de leurs dirigeants internationaux, m’accompagnent dans la délégation, mais je pense en particulier à notre présence dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’industrie, des technologies, du gaming, des services numériques de l’agroalimentaires, des services financiers, bref, la plupart des atouts français sont ici présents et je ne veux pas oublier ceux qui, parmi vous, ont aussi créé leurs entreprises en Suède, des services informatiques à la restauration, en passant par la vente de produits français. À chaque fois, vous faites rayonner notre pays en œuvrant aussi à une prospérité partagée. 

Pour tout cela, je le disais en remerciant nos services, vous pouvez compter sur le soutien des services de l'ambassade, de la section consulaire, des consuls honoraires de vos élus qui sont à vos écoutes. Alors, je sais qu'il y a toujours des frustrations, parfois des délais qui sont trop longs, surtout pour les attentes de titres d'identité et de voyage, qui s'expliquent d'ailleurs souvent par une forte augmentation des demandes et ce qui s'est passé post Covid. Mais, c'est aussi l'occasion pour nous de continuer à nous transformer. Et c'est ce que fait l'administration, en particulier consulaire. D'abord, en renforçant les moyens humains de l'administration française dans ce pays, ce que nous avons fait. Ensuite, en généralisant l'accès aux services de réponse téléphonique France consulaire par la facilitation de créneaux de rendez-vous consulaires, l'envoi sécurisé de passeports à domicile et l'organisation plus fréquente de tournées consulaires dans tout le pays. 

Ces relations humaines, ce que vous portez, passent aussi, je voudrais dire principalement, par une meilleure maîtrise de la langue de l'autre. Vous l'avez expérimenté au contact du Suédois. La population suédoise, elle, est traditionnellement tournée vers l'anglais, qui s'apprend ici dès le plus jeune âge même si environ 15 % des élèves en Suède apprennent le français. Le développement de nos relations justifie qu'on fasse encore davantage pour promouvoir notre langue. Et vous savez toute l'importance que nous accordons à la Francophonie, alors même que nous allons accueillir, en octobre prochain, le Sommet de la Francophonie dans la nouvelle Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts. La francophonie rayonne également en Suède grâce aux 14 alliances françaises réparties au plus près du terrain sur l'ensemble du territoire. Elles ont récemment pris un nouvel élan, et je veux vous en féliciter, concrétisées par la création de trois nouvelles Alliances françaises, en particulier, Umeå, Luleå que j'évoquais, Gävle également, et nous avons, donc, aujourd'hui 17 Alliances françaises en Suède. Je veux vous en féliciter et vous pouvez compter sur tout le soutien de la France. 

J’ai rappelé, brièvement, nos liens qui sont des liens de langue, qui passent par les relations humaines, ces associations, par la présence entrepreneuriale que vous portez. Ce sont aussi des liens de culture, de savoir, de communauté d'âme, de correspondance d'esprit, comme celles qui existaient entre la reine Christine et Descartes, pour ne citer qu'une des occurrences de notre histoire. 

L'Institut français de Suède œuvre ainsi pour que le créateur français et suédois continue de mieux se connaître, d'échanger, de créer ensemble, mette en place des coopérations structurées qui permettent de porter davantage de projets sur la durée entre nos pays. Et à cet égard, je suis heureux d’annoncer que le prestigieux Musée national de Stockholm compte organiser une exposition sur Pierre Bonnard en 2025. En Suède, il s'agira de la première rétrospective consacrée à ce peintre qui a eu une influence majeure sur nombre d'artistes nordiques depuis les années 40 et une forte délégation culturelle, en particulier de dirigeants d'établissements culturels d’Orsay à Pompidou, m'accompagnent dans la délégation. 

Cette coopération, c'est la culture, mais c'est aussi la science. La ministre n'est pas simplement là pour en témoigner mais consacrer plusieurs de ces liens. Elle est indispensable pour répondre aux défis du XXIᵉ siècle. Nous serons demain à Lund pour souligner cette nécessité à la source de spallation européenne ESS où se construit, avec l'apport des centres de recherche français, la plus importante source neutronique au monde. C'est une coopération qui porte aussi ses fruits, puisque c'est à l'université d'Umeå qu'Emmanuelle Charpentier a fait la découverte de ces fameux ciseaux génétiques qui lui a valu le prix Nobel de chimie en 2020. C'est à l'université de Lund qu'Anne L'HUILIER a, elle, mené ses travaux sur les attosecondes qui lui ont valu le prix Nobel de physique en 2023. Et plusieurs dirigeants d'organismes de recherche, qui sont dans ma délégation, pourront, là aussi, consacrer de l'espace au nucléaire, en passant par nos recherches sur le climat ou à peu près tous les domaines, des avancées concrètes. 

Je me réjouis à cet égard que nos universités aient pris l'habitude aussi de travailler ensemble dans le cadre des universités européennes que nous avons proposées dès 2017. Aujourd'hui, 15 universités suédoises collaborent dans des alliances d'universités européennes aux côtés d'universités françaises. Et cette coopération sera encore renforcée par la signature, demain, à Lund, d'une déclaration d'intention sur la coopération en matière de recherche nucléaire par nos deux ministres, donc de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. 

Vous le voyez, la base est forte, vivante dans tous ces domaines et cette visite vient en quelque sorte la renforcer. 

En 2017, nous avions signé, avec le Premier ministre à l'époque, un premier document de convergence sur les questions numériques et de climat. Nous avions commencé à bâtir un chemin. Là, nous allons, avec le Premier ministre tout à l'heure, signer un nouveau partenariat stratégique entre nos deux pays. 

C'est un document inédit entre nous. C'est un document au service de la relation bilatérale et je le disais, plus largement, au service de notre Europe. Et il se fait sur la base, si je puis dire, d'une double convergence parce que ces dernières années, nous nous sommes profondément rapprochés l'un de l'autre. 

D'abord, nous, en nous réformant. Et depuis sept ans, la France a mené un train de réformes en matière économique, fiscale, sociale pour complètement changer notre paysage entrepreneurial qui a fait de notre pays d'abord un champion de l'entrepreneuriat et de la création de start-up, un des champions du financement de l'innovation de ces start-ups, le pays le plus attractif d'Europe depuis quatre ans, un pays qui a su commencer à baisser son chômage de masse, qui était l'une des maladies françaises depuis plus de trois décennies, nous avons créé plus de deux millions d’emplois, baisser d’un peu plus de deux points le chômage. Et nous l’avons fait en réduisant nos émissions de CO2. Et au moment où je vous parle, nous sommes passés de 9 à 7 % de chômage, qui est encore trop, on va continuer à le baisser par des réformes supplémentaires, mais nous l'avons fait en doublant notre rythme de baisse d'émission de CO2 et l'année dernière en faisant plus que le doubler encore. 2019 à 2022, on a fait moins 2 % par an. 2023, ça a été moins 4,6 %. 

Et donc il n'y a pas de fatalité, mais nous avons progressivement réformé les choses. Nous sommes, vous le savez, revenus sur beaucoup de dogmes qui étaient installés et nous avons collectivement contribué à faire de la France un pays à la fois plus attractif, plus moderne, un pays avec de plus grande solidité entrepreneuriale, agricole, industrielle. Et quels que soient les défis et les difficultés du moment, de garder le cap d'une réforme. Ceci nous a fait converger vers la Suède. Parce que nous avons gagné en souplesse. Nous nous sommes d'ailleurs beaucoup inspirés des modèles de la région sur le plan de la gestion, de la formation, parfois de l'école. Et nous continuerons cette inspiration réciproque. 

Double mouvement, disais-je, parce que dans le même temps, le réveil stratégique auquel toute la région, en particulier la Suède, a été confronté, nous a rapprochés. Lorsqu'il y a six ans, Président français, je disais « il faut une Europe plus souveraine » beaucoup de gens en Europe me regardaient avec des yeux en disant « une lubie française cette affaire. En train de nous expliquer leur histoire ». Lorsque nous nous réengagions en disant « il faut une Europe de la défense parce que nous ne nous suffirons pas. Il nous faut bâtir une architecture de sécurité pour protéger notre Europe ». Malheureusement, le retour de la guerre et l'agression russe en Ukraine a révélé, si je puis dire, encore plus fortement ce point, a conduit ce pays à sortir d'une situation géopolitique dans laquelle il y était depuis des décennies, à revisiter parfois des évidences, à décider donc de rejoindre l'OTAN et en cette OTAN, et c'est tout le cœur des débats que nous aurons cet après-midi en particulier, et bien être au cœur d'une Europe de la défense. C'est le sens de la présence du ministre des Armées aussi à mes côtés, de plusieurs industriels du secteur, avec une volonté justement de nous rapprocher, de produire ensemble, d'aider ensemble l'Ukraine, mais d'avoir une Europe de la défense plus forte au sein de l'OTAN pour avoir une Europe qui se protège mieux. 

Et vous le voyez, le partenariat stratégique que nous scellons entre nos deux pays est au fond un partenariat au service de notre continent. Fort d'une conviction, c'est que dans un monde de plus en plus instable, où des puissances géopolitiques deviennent imprévisibles, où la guerre revient sur notre sol ou dans notre voisinage, nous avons besoin, ensemble, d'avoir une stratégie de croissance et d'industrialisation, de décarbonation, de digitalisation, de garder un esprit, de renforcer un esprit d'entrepreneuriat, mais de bâtir en Europe des solutions qui sont vraiment les nôtres. Pas pour nous refermer, pas pour aller vers l'autarcie. Mais pour être plus solide, ensemble. Et le faire au service d'un projet d'échange humain, d'ouverture, de culture, de connaissance de l'autre qui est au cœur de la relation bilatérale, comme je viens de le rappeler, mais qui est aussi au cœur de l’ADN européen. 

C’est ce fil-là que nous sommes en train, si je puis dire, de re tresser entre nous. Et c’est une bonne partie de notre avenir, sans doute, que nous sommes en train d'écrire aujourd’hui avec la Suède, par ce partenariat inédit que nous sommes en train de signer. Et il couvrira l'énergie nucléaire, les forêts, l'espace, l'industrie, la santé, la défense, tout ce qui va nous permettre de bâtir un avenir plus stable, plus fort entre nous et au sein d'une Europe, là aussi, je l'espère, plus unie et plus souveraine. 

Voilà, mes chers compatriotes, tout le sens de cette visite d'État et ce voyage important à l'orée d'une année ô combien importante pour notre pays. D'abord parce qu'elle va permettre de continuer à avancer à marche forcée, à réformer, à nous moderniser, à bâtir notre avenir collectif. Et j'ai eu l'occasion d'y revenir et cet après-midi, le Premier ministre y reviendra devant la représentation nationale et demain devant le Sénat. Et puis, parce que cette année sera aussi marquée par les Jeux Olympiques et Paralympiques que nous accueillerons en France en 2024. Occasion d'accueillir les sportifs du monde entier, en particulier les équipes suédoises et leurs supporters, même si chacun ici se félicitera des résultats de handball des derniers jours et en particulier de la demi-finale, sans aucun chauvinisme. 

Mais la préparation des Jeux a aussi été l'occasion de rappeler l'importance du sport au-delà des compétitions dans la vie des entreprises, dans l’attractivité et le dynamisme du pays. C'est d'ailleurs un point qu'on a compris depuis longtemps en Suède, où près de trois millions de Suédois appartiennent à l'une des 20 000 associations bénévoles ou clubs sportifs, où rien ne compte plus que la vie en plein air, au contact de la nature. Et c'est exactement là aussi une source d'inspiration pour nous, pour bâtir au-delà des Jeux, cette nation sportive que nous voulons en héritage. Et on a beaucoup regardé les chiffres suédois pour d’ailleurs crédibiliser le fait que nous avons beaucoup augmenté depuis 2017, là aussi, nos pratiquants en sport en France et nous allons doubler le taux d'effort d'ici à 2027 pour justement aller plus fort, plus loin. 

Vous l'avez compris, les Jeux Olympiques et Paralympiques, et une nation sportive, la francophonie qui sera accueillie en France à l'automne, la réouverture de Notre Dame de Paris, les WorldSkills que nous accueillons aussi à l'automne en France. Je pourrais citer beaucoup d'autres choses pour dire que, oui, 2024 sera un millésime français. Ce sera le vôtre. 

Et je conclurai en vous remerciant à nouveau toutes et tous, vous qui accompagnez la solidité, mais aussi le développement de la relation bilatérale et votre vie en Suède. Et nous attendons beaucoup de cela. Les services de notre ambassade, nos consuls honoraires, nos opérateurs Business France, Atout France, notre Chambre de commerce et d'industrie, tout le tissu associatif et bénévole et bien sûr, vous tous, à travers vos engagements personnels, entrepreneuriaux, artistiques, scientifiques, être au cœur de ce partenariat. C'est pourquoi nous sommes là et c'est pourquoi nous serons encore plus forts demain. 

Vive la Suède ! Vive la France ! Et vive l'amitié entre la Suède et la France ! 

Merci à tous.

Déclaration conjointe avec le Roi suédois Carl XVI Gustaf 

24 ans après la dernière visite d'État française en Suède, le Président de la République a remercié le Roi pour son invitation. Cette visite a été l'occasion de renouveler les liens d'amitié et de partenariat qui unissent les deux pays. 

Ils ont mentionné les relations économiques et diplomatiques franco-suédoises et la signature d'un nouveau partenariat stratégique d'innovation entre la Suède et la France, accompagnés de plusieurs accords sectoriels, dans l'optique de renforcer leur relation bilatérale. 

Revoir la déclaration conjointe :

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Déclaration conjointe du Président de la République et du Roi de Suède Carl XVI Gustaf.

Votre Majesté, 
Madame, 
Vos Altesses Royales, 
Mesdames et Messieurs, 

C'est un immense plaisir pour mon épouse et moi-même de nous trouver aujourd'hui à vos côtés à Stockholm. Et je voudrais tout d'abord remercier Sa Majesté pour son invitation en Suède à l'occasion de cette visite d'État. 

Cette visite nous honore et à travers nous, tout le peuple français. Je voudrais saisir cette occasion pour faire part une nouvelle fois à sa Majesté, des très chaleureuses félicitations de la Nation française, alors que vous venez de célébrer tout au long de l'année dernière, les 50 ans de votre accession au trône et que le peuple suédois tout entier a marqué les 500 ans de la formation de la Suède indépendante en 1523. 

À de rares exceptions près, ces 500 ans ont été caractérisés par des relations étroites entre nos deux pays. Ces lieux portent la mémoire des entretiens philosophiques de René Descartes et de la reine Christina de Suède, et l'histoire a également fait que c’est un Français, Jean-Baptiste Bernadotte que la Suède a choisi pour veiller sur le destin du royaume sous le nom de Carl Dan Futon de Johann, il y a plus de deux siècles. Votre ancêtre, qui est le lien à coup sûr le plus intime, le plus fort entre nos deux pays, ce lien, qui s'est développé au fil des ans, est porté aujourd'hui au quotidien par une communauté française et franco-suédoise vibrante que j'ai eu le plaisir de rencontrer ce matin. 

Et en effet, un peu plus de 10 000 Français vivent dans votre pays, quand un peu plus de 30 000 Suédois vivent en France. Cela faisait bien trop longtemps qu'un président français n'était pas venu en visite d'État en Suède, 24 ans pour être exact. 

Ma visite est donc d'abord l'occasion de renouveler ces liens d'amitié, de partenariat dans l'Union européenne et, à l'heure où la Suède va entrer dans l'OTAN, ces liens d'alliance. En 2017, à Göteborg, le Premier ministre suédois et moi-même avions décidé d'initier un processus de rapprochement fondé sur les convergences de nos pays en matière d'innovation et de solutions vertes afin de contribuer à la transition numérique et environnementale européenne. Les deux jours que nous allons passer ici, à Stockholm et à Lund, seront l'occasion d'entériner une nouvelle étape de ce rapprochement à travers l'approfondissement de notre partenariat stratégique. Ils nous permettront, à mon épouse et à moi-même, d'aller à la rencontre d'une Suède moderne qui se diversifie, se transforme, innove, qui s'engage pour l'avenir de l'Union européenne et pour la sécurité du continent. 

Et je souhaite que cette visite contribue à faire naître une confiance et une vitalité nouvelle entre nous. En nous appuyant sur l'excellente coopération que nous avons eue dans le cadre de notre trio de présidence, vous l'avez évoqué, du Conseil de l'Union européenne, je souhaite que cette nouvelle phase de la relation bilatérale soit mise au service d'une Union européenne plus sûre d'elle-même, de ses valeurs, plus prospère et plus verte, plus forte et plus résiliente. En un mot, plus souveraine. C'est là le sens des échanges que j'aurai tout à l'heure avec Sa Majesté, avec le Talman et les membres du Reichstag, puis avec le Premier ministre Ulf KRISTERSSON. 

Nous signerons un partenariat stratégique d'innovation entre nos deux pays qui sera accompagné de plusieurs accords sectoriels. 

Je retrouverai ensuite Sa Majesté le Premier ministre à l'Académie militaire de Carlsberg pour évoquer l'engagement de la Suède et de la France dans la défense de l'Europe alors que la guerre est revenue sur notre continent. 

Nous aurons ensuite le plaisir de revenir ici, votre Majesté, au Palais royal, avec nos délégations, pour célébrer l'amitié franco-suédoise. 

Demain sera la déclinaison concrète de notre partenariat stratégique qui sera mis en valeur, notamment par l'action de nos entreprises réunies à l'occasion d'un forum d'affaires dans le magnifique hôtel de ville de Stockholm. 

Puis nous irons ensemble en Scanie et plus particulièrement à Lund, pour aller à la rencontre de ceux qui agissent pour une Europe plus compétitive et souveraine, que ce soit en construisant la plus importante source neutronique au monde ou en assemblant des composants critiques de transition énergétique destinés à l'industrie nucléaire comme à la filière hydrogène. 

À l'université de Lund, j'aurai l'honneur d'être l'invité du célèbre Studentafton, ce format de débat politique organisé par les étudiants suédois depuis plus d'un siècle pour des échanges consacrés à la résilience de nos démocraties européennes. 

C'est dans cette même université, vous l'avez rappelé, qu'enseigne la professeure franco-suédoise, Anne L’HUILLIER, qui a reçu en 2023 le prix Nobel de physique avec Pierre AGOSTINI et Ferenc KRAUSZ. Nous n'aurions pu imaginer meilleur exemple de la force de nos liens et du rayonnement de la coopération scientifique entre nos deux pays. 

Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je souhaitais dire alors que débute notre visite d'État en Suède. Laissez-moi, encore une fois, remercier Sa Majesté le Roi et Sa Majesté la Reine pour leur accueil, leur hospitalité. 

Merci beaucoup.

Conférence de presse conjointe avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson

Après s'être entretenu avec le président du Parlement suédois Andreas Norlén, le Président Emmanuel Macron et le Premier ministre suédois Ulf Kristersson ont signé le nouveau partenariat stratégique entre la Suède et la France, pour des sociétés durables, numériques et résilientes.

Le Président Emmanuel Macron et le Premier ministre suédois Ulf Kristersson signent le nouveau partenariat stratégique

A l'issue de cette séquence, le Chef de l'État et le Premier ministre suédois ont donné une conférence de presse conjointe. 

Revoir la conférence de presse : 

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Conférence de presse conjointe du Président de la République et du Premier ministre suédois Ulf KRISTERSSON.

Merci beaucoup, Monsieur le premier ministre, cher Ulf. 
Mesdames et Messieurs, 

Je veux d'abord remercier Monsieur le premier ministre et les autorités suédoises pour l'accueil qu'elles nous ont faite à mon épouse et moi-même, ainsi qu'aux ministres et parlementaires et membres de la délégation qui nous accompagnent. 

Monsieur le Premier ministre, nous allons signer un partenariat stratégique d'innovation pour des sociétés durables, numériques et résilientes qui ouvrent en effet un nouveau chapitre de la relation bilatérale en renouvelant et en élargissant le partenariat stratégique d'innovation que nous avions signé en 2017 à Göteborg et qui ont posé les premières bases. Cette nouvelle étape, c’est véritablement un approfondissement de notre coopération économique et industrielle, ceci au service de nos deux pays et plus largement de notre Europe. 

Alors, nous avons - vous l’avez rappelé - des échanges de biens et de services qui atteignent des niveaux historiques, autour de 22 milliards d'euros. Et c'est extrêmement considérable, bien plus, par exemple, qu'avec l'Inde où je viens de me rendre, ce qui montre aussi à quel point l'interpénétration de nos pays européens est forte, et en particulier de la Suède et de la France. Nos investissements croisés sont également en croissance et nos entreprises auront l'occasion demain, lors du forum que nous tiendrons, de montrer la force de ces liens, qui se traduit aussi par les emplois que vous avez rappelés, de part et d'autre. 

Ce renforcement va, en particulier, nous permettre d'avancer dans l'énergie nucléaire civile. Nous avons déjà décidé plusieurs axes, mais nous décidons maintenant de renforcer notre coopération pour relancer et accélérer nos programmes nucléaires pour réduire justement nos émissions et produire une électricité bas-carbone. Nous lançons une coopération en matière de recherche nucléaire, ce qui est indispensable, on le sait, pour à la fois avoir de la production d'électricité faiblement carbonée et pilotable. Nous aurons l'occasion d'y revenir demain à Lund lors du déplacement sur ce sujet, comme sur plusieurs autres. 

Nous avons également des partenariats de recherche inédits que nous allons lancer. Nos universités sont impliquées dans plusieurs universités européennes, projet que nous avions lancé en 2017 justement à la Sorbonne et qui a vraiment été marqué par un plébiscite franco-suédois, mais nous aurons l'occasion, en effet, dans plusieurs domaines, de signer demain des partenariats de recherche qui viennent précisément déployer la coopération et le partenariat stratégique que nous signons ensemble aujourd'hui. 

L'espace est évidemment aussi un sujet important pour nous deux et pour l'Europe. Et avec nos centres spatiaux, nous sommes des acteurs majeurs de la souveraineté européenne pour l'accès à l'espace. Nous faisons partie des rares pays qui ont chacun un centre spatial permettant les tirs. Nous avons décidé de renforcer notre coopération dans le secteur des satellites, de la surveillance du changement climatique et des lanceurs. Et c'est ce que, justement, le CNES et l'Agence spatiale nationale suédoise vont là aussi déployer. 

La forêt est un troisième secteur extrêmement important, vous l'avez mentionnée. La ressource forestière et la bioéconomie sont des éléments essentiels de lutte contre le changement climatique, des dérèglements climatiques et pour la préservation de la biodiversité. Nous sommes deux grands pays forestiers. Nous avons beaucoup à apprendre d'ailleurs de vous qui avez su déployer des filières extrêmement efficaces en la matière. Et nous avons décidé de nous engager pour promouvoir la gestion durable des forêts, le rôle stratégique de la sylviculture en Europe. 

Et puis vous l'avez dit, les industries de défense sont au cœur aussi de ce partenariat bilatéral. Nos deux pays possèdent une forte tradition en la matière et nous assumons d'être concurrents sur certains produits, mais nous voulons aussi déterminer plusieurs projets sur lesquels nous voulons faire ensemble et produire ensemble dans le cadre en particulier de la base industrielle et technologique de défense européenne. C'est le cas tout particulièrement de la trame antichars et des missiles anti-aériens sur lesquels nous allons signer des textes importants. 

Je ne serai pas ici exhaustif mais tout ça s'inscrit au fond dans un esprit qui est de renforcer la coopération bilatérale, mais aussi de servir l'agenda de Versailles que nous avions défini en mars 2022, qui consiste à réduire les dépendances stratégiques de notre Europe et définir un modèle européen de croissance et d'investissement pour la décennie, qui repose sur les partenariats intra-européens et sur les solutions souveraines pour notre Europe. C'est cet engagement au service d'une souveraineté européenne que nous servons à travers cet accord mais aussi nos coopérations. 

Et je veux ici dire un mot en termes justement de défense, de sécurité et de stratégie internationale. Nous avons une très bonne coopération entre nos forces armées - j'aurai l'occasion d'y revenir devant l'Académie militaire suédoise tout à l'heure - et nous avons en effet, ces dernières années, renforcée celle-ci, tout particulièrement du fait que la Suède fait partie des membres de l'Initiative européenne d'intervention, que vous vous êtes joints à nos côtés en Afrique sur plusieurs opérations, comme Takuba. Et nous avons aussi développé des liens inédits pour lutter contre la criminalité organisée et nous allons d'ailleurs demander à nos ministres en charge de l'Intérieur de conclure un accord bilatéral sur la coopération policière et sécurité en la matière pour aller encore plus loin contre la criminalité organisée et la radicalisation. C'est pourquoi le contexte géostratégique et l'agression russe en Ukraine ont conduit de manière très logique la Suède à demander à rejoindre l'OTAN et la France à soutenir totalement ce choix historique. La situation, en effet, l'impliquait et l'imposait. Et je veux ici saluer, à la fois l'esprit de consensus et la clarté stratégique dont vous avez fait preuve, vous redire tout notre soutien. 

Les choses, ces derniers jours, ont évolué dans le bon sens et je souhaite que nos derniers partenaires européens respectent les engagements qu'ils avaient pris, je n'en doute pas une seule seconde et je pense que c'est un élément important qui vient compléter aussi toutes nos coopérations et nos partenariats au sein de l'Union européenne. La multiplication des crises impose de renforcer ces liens. C'est le cas au Proche-Orient, évidemment, depuis l'attaque terroriste perpétrée par le Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, mais aussi en Ukraine, avec la guerre d'agression menée par la Russie depuis le 24 février 2022. Et là aussi, nous agissons avec méthode, concertation, mais une véritable unité et une efficacité. Sur tous ces sujets - nous y reviendrons dans notre entretien - mais notre volonté d'agir dans la durée et en particulier le soutien que nous apportons à l'Ukraine, nous aurons l'occasion de le réaffirmer ensemble, là, mais de le redire aussi jeudi au Conseil européen, se fera dans la durée.

Nous nous retrouverons, en effet, vous l'avez dit, au Conseil européen extraordinaire qui se tiendra ce jeudi. La facilité Ukraine permettra de participer à la fois à la reconstruction du pays, mais aussi aux réformes nécessaires pour préparer l'adhésion. Et plus largement, nous allons évidemment revenir sur les sujets financiers, le cadre financier pluriannuel européen qui doit être revu à mi-parcours et poursuivre en effet ce soutien à l'Ukraine en même temps que notre action résolue et concertée en matière de migration. 

En tous cas, laissez-moi vous dire, monsieur le Premier ministre, cher Ulf, combien j'apprécie aussi le partenariat qui est le nôtre. Vous avez été un pays et vous êtes un pays souvent inspirant en matière de politique, d'innovation, de capacité à moderniser l'économie et à tenir les équilibres sociaux. Et nous continuons, je crois, de cheminer sur ce chemin avec de plus en plus de champions européens qui ont des liens dans nos deux pays, avec justement une modernisation de nos sociétés et de nos économies que nous souhaitons faire et qui soient à la fois vertes, justes et digitales. 

Il n'y a qu'une chose qui peut nous opposer parfois, c'est le sport. Et la demi-finale de handball a tranché cette fois-ci. Et donc, j'arrive un peu plus soulagé, mais il y a bien des fois où c'était vous qui avez gagné, donc je sais que ce n'est que partie remise. En tout cas, nous étions heureux d'être à vos côtés, il y a quelques jours, si je puis dire, en tout cas de part et d'autre du terrain. Et je souhaite que vos athlètes, perchistes ou autres, puissent justement venir exceller en France lors des Jeux Olympiques et Paralympiques à l'été prochain. Vous y serez attendus, comme à chaque fois, comme les amis que vous êtes. 

Merci en tout cas Monsieur le Premier ministre, cher Ulf, pour l'accueil qui nous ait fait.
Journalise
Bonjour Florian TARDIF pour CNews. 
Monsieur le Président, un peu partout en Europe, les agriculteurs manifestent leur mécontentement et mettent l'Union européenne. Vous en avez parlé au défi de réagir pour les protéger notamment de ces accords de libre-échange que vous avez en partie défendu aux agriculteurs qui vous écoutent. Que leur répondez-vous aujourd'hui, et après 7 ans passés à la tête de l'État, est-ce que cette crise qui frappe l'Europe, mais qui touche également notre pays, ne vous pousse pas à mettre une forme d'échec de votre politique en France comme en Europe, en matière de politique agricole ?

Emmanuel MACRON 
Écoutez, sans politique agricole commune, nos agriculteurs n'auraient pas de revenus ; pour beaucoup d'entre eux, ils ne pourraient pas vivre. Et donc, j'entends beaucoup de choses mais il faut restaurer la vérité. 

Nous avons une politique européenne forte qui permet d'ailleurs et qui est un soutien très important au revenu de nos agriculteurs. Nous avons beaucoup œuvré ces dernières années au niveau français, européen pour améliorer ce revenu. Et si on regarde les chiffres en moyenne d'ailleurs, prenez les années 2021-2022, il s'est beaucoup amélioré. Simplement, des filières sont en difficulté et des inégalités se sont accrues au sein des filières. Et donc, c'est ça qu'il faut travailler. 

Et quand on regarde les choses, les fruits et légumes, le maraîchage, la viticulture dans certaines régions, je pense en particulier l'Hérault, le Gard, l'élevage, la volaille ont connu des difficultés ces derniers mois, mais je pense que ce serait de la facilité de tout mettre sur le dos de l'Europe. Ces difficultés, elles sont parfois conjoncturelles, d'autres fois structurelles. Pour ce qui est de la volaille, c'est en effet l'arrivée en particulier d'une volaille qui était beaucoup moins chère venant d'Ukraine. C'est des choses dont on va discuter après-demain et qu'on va chercher à réguler. Pour ce qui est de la viticulture, c’est aussi, on le sait, des volumes très importants pour certaines catégories qui créent de l’abondance et qui mettent certains de nos producteurs en difficulté malgré tous les efforts qu’ils ont faits et on sait aussi qu’il y a les aléas climatiques qui peuvent toucher tel ou tel. 

Donc quelle est la réponse ? 1. De continuer à appliquer les lois que nous avons faites en France. EGalim 1, EGalim 2 c’est-à-dire d’avoir des négociations commerciales beaucoup mieux surveillées, qui font que nos distributeurs - qui sont beaucoup moins nombreux - ne tirent pas toute la valeur ajoutée. Et que d'ailleurs, dans ce moment où je me félicite qu’on redécouvre l'importance de notre agriculture - moi qui n'ai cessé de la défendre - y compris dans les moments de crise que nous avions vécus, crise sanitaire que derrière ce que nous mangeons, il y a un travail et donc il y a un prix et une valeur. Il faut accepter de la payer. Et donc, 1. nous, nous allons continuer le travail pour vérifier et utiliser nos lois pleinement, pour protéger les agriculteurs, les transformateurs aussi, et faire que tout cela soit juste dans les négociations. 

Il faudra aussi que ce soit un débat européen, car il ne vous a pas échappé que certains de nos distributeurs ont organisé par des grandes centrales européennes le contournement de la loi française. La solution, ce n'est pas moins d'Europe, c'est parfois plus d'Europe. Une Europe en tout cas moins tatillonne pour embêter ceux qui travaillent au quotidien et plus claire pour réguler les intérêts qui se constituent. 

Ensuite, on a besoin de continuer à protéger le revenu européen par une PAC que nous avons négocié d'ailleurs lors du dernier cadre financier et qui nous permet d'accompagner aussi les transitions. Il faut donner de la visibilité à nos agriculteurs. Mais la PAC, la Politique Agricole Commune, est très importante pour leur revenu. Il faut qu'on soit aussi collectivement efficace pour que tout ce qui doit aller vers nos agriculteurs soit payé le plus rapidement possible. Et souvent, c'est ça, c'est de la simplification administrative au niveau européen comme au niveau national. Et donc il faut, comme l'a fait le Gouvernement, beaucoup de pragmatisme pour simplifier les choses. 

Et puis enfin, il y a les transitions et ça, on le fait depuis 2017, vers lesquels on amène nos agriculteurs. Et est-ce qu'il faut renoncer à cette transition ? Non, parce que vous-même, à juste titre, quand il y a des problèmes qui arrivent avec tels produits phytosanitaires ou autres, vous êtes les premiers à dire ça ne va plus. Il faut simplement ne pas tomber dans l’agribashing que j'ai plusieurs fois dénoncé. Mais il ne faut pas non plus tomber dans une forme d'irréalisme qui consisterait à dire qu'on pourrait faire comme avant parce que l'agriculture européenne a développé un modèle historique qui a été très dépendant de la chimie. On est en train de sortir de ce modèle par des nouvelles pratiques, par un énorme travail. C'est une révolution qu'ont menée nos agriculteurs et il faut les remercier pour cela. On doit continuer de les accompagner, mais simplement, il faut maintenant leur donner de la visibilité avec des aides qui durent avec pour ceux qui décident d'aller vers le bio, ceux qui décident en tout cas de moderniser leur filière, de les accompagner dans la durée. Et là, l'Europe comme la France ont un rôle clé. Mais il faut qu'on s'améliore en termes d'efficacité, de lisibilité de ces aides. 

Beaucoup de choses ont déjà été faites et on a beaucoup de filières qui ont vécu une petite révolution ces dernières années, qui fait que d'ailleurs ils gagnent mieux leur vie et qu'ils vivent mieux de leur travail. Maintenant, ce n'est pas terminé et là où il y a un vrai sujet au niveau européen - je l’évoquais encore tout à l’heure au Parlement - c’est la politique commerciale. Moi, j’ai toujours eu le même discours. J’ai eu, dès le discours de la Sorbonne - qu’évoquait Monsieur le premier ministre, c’était à l’automne 2017 - sur la politique commerciale européenne, elle doit être cohérente. Et donc nous, ce que nous défendons, c’est une Europe ouverte, qui commerce. 

Mais on ne peut pas dire qu’on fait du commerce comme si on ne faisait pas de réformes chez nous. Et donc, quand on demande des efforts à nos industriels, à nos agriculteurs, sur leur production, eh bien on doit importer des produits venant de pays qui font le même type d'effort. Sinon vous créez une distorsion et une concurrence déloyale. C'est ce qui a fait que d'ailleurs, la France a très substantiellement renforcé le contrat avec le Canada qui avait été signé quand j'ai été élu en 2017 et ce qui fait que cela a été renforcé, structuré et qu'aujourd'hui il est bon pour notre agriculture. Les chiffres sont là pour le montrer. C'est ce qui fait que nous avons, par exemple, quand on a finalisé nos négociations avec la Nouvelle-Zélande ou avec le Chili, mis ce qu'on appelle des clauses miroir, qui fait qu'on a demandé à ces pays les mêmes règles que chez nous et que ce sont des accords qui ne sont pas mauvais ni pour le climat, ni pour notre agriculture. 

Et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, tel que l'accord est en train d'être négocié avec le MERCOSUR, la France s'y oppose parce que c'est un accord qui date d'il y a plusieurs années et qui n'impose pas aux agriculteurs comme aux industriels du MERCOSUR des règles qui sont homogènes avec les nôtres. Ce qui fait d'ailleurs que la France n'a pas attendu cette crise pour le faire : on a pris, nous, un décret en 2022, interdisant les antibiotiques pour les poulets parce qu'on nous disait encore on va signer le MERCOSUR, etc. et il y a certains pays de cette région qui utilisent l’antibiotique simplement pour faire croître plus rapidement leurs poulets. C'est ce que l'on a interdit à nos agriculteurs. Donc on a mis une clause miroir, nous, dans notre droit. C'est ça ce qu'on veut au niveau européen. Donc voilà, on va continuer le travail. 

Mais je tiens ici à dire qu'on a fait beaucoup de choses depuis 7 ans, que ce qui a été fait, a permis de nous améliorer collectivement. Et la situation serait bien pire si nous n'avions pas pris tout cela, qu'on doit continuer d'être extrêmement vigilant et rigoureux sur l'application des accords, des négociations commerciales dans notre pays, qu'on doit continuer de simplifier les choses. C'est tout l'objet des discussions en ce moment, c'est-à-dire simplifier les règles, faciliter, mieux accompagner le monde agricole, filière par filière, au niveau national et européen. Et en effet, on doit au niveau européen avoir une politique qui est cohérente avec cette souveraineté alimentaire que nous défendons. 

C'est aussi pour ça que je verrais la Présidente de la Commission jeudi parce qu'on a demandé des choses très concrètes pour nos agriculteurs. 1. d'avoir des mesures claires sur les importations venant d'Ukraine, car on a aujourd'hui, en volume et en qualité des choses qui déstabilisent le marché européen, qu'il s'agisse des poulets comme des céréales. 2. d'avoir une clarté sur le MERCOSUR. Nous demandons à ce que l'accord là, tel qu'il est en place, ne soit pas signé. Et 3. d'avoir aussi des souplesses. Je ne veux pas rentrer ici dans la technique, mais sur la question des jachères, des prairies qui sont très importantes, on a besoin de produire plus dans un contexte de guerre en Europe et parce que nous voulons cette souveraineté alimentaire. Et donc on veut aussi de la souplesse sur certaines règles qu'il y a dans cette PAC qui sont un casse-tête pour beaucoup de nos agriculteurs. 

Donc, comme depuis le premier jour, moi je continuerai à être aux côtés de notre agriculture, mais pas en opposant ou en désignant l'Europe comme le coupable, mais comme une structure dont on doit continuer, une institution dont on doit continuer de réformer la politique pour qu'elle soit cohérente avec nos ambitions. C'est possible, nous l'avons déjà fait, nous continuerons de le faire, mais je veux redire ici évidemment à nos agriculteurs tout le soutien du Gouvernement et de moi-même et le fait que nous trouverons des réponses aux difficultés que dans plusieurs filières et dans plusieurs types d'exploitation, ils sont en train de rencontrer. 

Journaliste
TT News Agency, une question. Bonjour, il y a maintenant une grande incertitude quand il s'agit du soutien continu des États-Unis à l'Ukraine. Que pouvez-vous et la France faire pour que l'Europe prenne une responsabilité plus grande pour la sécurité européenne ? 

Emmanuel MACRON
Merci infiniment de votre question en français d'abord, Madame. 

Je pense depuis le début que l'OTAN joue un rôle majeur et les États-Unis évidemment en son sein, mais nous, Européens, avons fait à peu près la moitié de l'effort. L'Union européenne, c'est à peu près le même taux d'effort que les États-Unis. Nous devons nous mettre en situation de rester aux côtés des Ukrainiens dans la durée. Et donc, ça fait partie des décisions que nous aurons à prendre jeudi lors de la révision justement de nos engagements budgétaires. C'est que nous, Européens, nous devons continuer à accompagner le peuple ukrainien sur le plan économique et financier, sur le plan militaire, sur le plan de l'équipement, sur le plan de la formation parce que nous avons un objectif stratégique : la Russie ne peut pas gagner. 

Et donc, c'est une chance pour nous aujourd'hui d'avoir un allié américain qui est si engagé. Notre souhait est qu'il le reste à nos côtés. Mais en effet, nous devons nous organiser de telle manière que si les États-Unis venaient à faire le choix souverain d'arrêter cette aide ou de la réduire, ça ne devrait pas avoir d'impact sur le terrain. C'est ce qui nous impose de rentrer et d'intensifier nos efforts en termes de production. C'est cette fameuse économie de guerre en matière de défense. Nous le faisons chez nous. Nous souhaitons le faire ensemble dans plusieurs domaines qui sont importants pour nos armées mais aussi pour l'effort de guerre à l'égard de l'Ukraine. C'est ce qui fait que nous allons devoir intensifier nos efforts de formation et que nous aurons dans les prochaines semaines et les prochains mois des décisions importantes à prendre pour renforcer et donner de la visibilité à l'Ukraine. 

Je suis convaincu que les prochains mois sont décisifs et que même si nous avons eu la chance et si nous avons encore la chance d'avoir un soutien américain fort, c'est d'abord et avant tout notre problème. L'Ukraine est sur le sol européen, c'est un pays européen et si nous voulons une Europe en paix et stable nous avons besoin d'être crédible sur le plan de notre propre sécurité et défense vis-à-vis de tous nos voisins. Et donc, c'est aussi pour cela que je n'ai jamais opposé l'Europe de la défense à l'OTAN. Je vous ai toujours dit que l'Europe de la défense était une composante essentielle de l'OTAN. C'est peut-être ce que les prochains mois nous amèneront à démontrer in vivo. Mais nous serons là.

Discours du Président Emmanuel Macron à la communauté de défense en Suède.

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