À la suite des intempéries exceptionnelles qui ont touché la région, le Président Emmanuel Macron s'est rendu dans le Pas-de-Calais ce mardi. 

Depuis Saint-Omer, le chef de l’État a exprimé son soutien et celui de la Nation toute entière aux habitants touchés par les épisodes de crues successifs ainsi qu’à l’ensemble des forces de secours mobilisées.

Le Président de la République a également annoncé la mise en place d'un fonds de soutien exceptionnel pour les collectivités et pour les agriculteurs. L'état de catastrophe naturelle a également été reconnu aux communes qui en ont fait la demande.

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14 novembre 2023 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration du Président de la République - Saint-Omer - Gymnase du Brockus.

Je veux vraiment, aux côtés de mon épouse et des ministres, vous remercier. 
Merci Monsieur le Préfet pour le point très précis qui a été fait. 
Merci au président du Conseil régional et au président du conseil départemental pour leurs propos extrêmement clairs. 

Je vais d'ailleurs tout de suite essayer d'y répondre. Moi, je veux vraiment avant toute chose, vous remercier, remercier l'ensemble des services de l'État. Monsieur le préfet, Monsieur le préfet de région et avec vos sous-préfets évidemment nos sapeurs-pompiers, nos pompiers et les renforts nationaux, remercier nos gendarmes et nos policiers qui ont été mis à contribution et puis la solidarité extraordinaire avec les collectivités territoriales, la protection civile et qui est venue en appoint ainsi que l'ensemble des bénévoles, la Croix-Rouge, toutes les associations qui sont venues là et l'ensemble de celles et ceux qui ont permis depuis le début de ces inondations et de cette tempête, d'être aux côtés de la population et d'avancer. 

Je veux également remercier les élus parce que je sais combien vous êtes, aux côtés des vôtres. Prenant aussi la pression, la fatigue maintenant qui s'installe et vous remercier de la formidable solidarité dont vous avez fait preuve, remercier vos équipes. On ne lâchera pas et si je suis parmi vous aujourd'hui, c'est aussi pour vous remercier et vous dire notre reconnaissance et le soutien de la nation tout entière. 

Je remercie également voies navigables de France qui a joué un rôle important avec l'ensemble des acteurs et qui continuera à en jouer pour permettre d'évacuer. 

Alors maintenant, si je suis là, je le disais, c'est pour vous dire notre solidarité, notre soutien. Elle va se traduire dès cet après-midi par le classement de toutes les communes qui l'ont demandé en catastrophe naturelle. Donc, il y en a 214 sur le département et une trentaine dans le Nord, toutes celles qui l'ont demandé à date, je le dis et ce sera publié donc au J.O de demain. Évidemment, il peut y en avoir d'autres après qui viennent et donc c'est un dispositif très souple et qui gardera toute sa souplesse dans les jours et les semaines qui viennent. Donc ça, cela ce sera fait et c'est dès aujourd'hui. 

Ensuite, évidemment, les assureurs sont mobilisés. On aura des dispositifs de soutien et merci du fonds qui est mis en place, je pense que c'est très pratico-pratique. Et on va mettre en place des dispositifs pour accompagner les collectivités locales qui vont en soutien de la population, et on a la garantie en effet de nos assureurs. Madame LUSTMAN sera avec vous dans un instant, sur la réactivité, les dispositifs de soutien, les mécanismes exceptionnels qu'on met en place. 

Deuxièmement, on a pris la décision immédiate de mettre en place un fonds de soutien. C'est le début, mais pour amorcer pour les collectivités, de 50 millions d'euros qui, de manière exceptionnelle, permet de faire face aux premières dépenses. Évidemment, on aura à chiffrer ensuite tout ça et à améliorer les choses. Ensuite, donc ce fonds, c’est un fonds d'urgence qui vient en plus de ces dispositifs et lui aussi il sera évolutif. 

La troisième chose, c'est pour nos agriculteurs. Ça a été dit, le Ministre rentrera dans les détails tout à l'heure. Évidemment, on va activer le dispositif qu'on a créé il y a maintenant quelques mois, calamités agricoles, qui va permettre d'accompagner et de compenser. Mais pour le faire non seulement avec souplesse, mais pour faire face aux circonstances un peu exceptionnelles, on va mettre en place, sur la base des propositions du ministre, un fonds exceptionnel de soutien qui va d'ailleurs valoir pour les inondations, mais aussi les différentes tempêtes qu'on a eues, qui vaudra pour votre département, enfin pour la région Normandie et la région Bretagne, parce qu'on voit bien qu'on a un sujet particulier. Et donc là, on va les calibrer et on va accompagner nos agriculteurs de manière exceptionnelle, soit pour les besoins en investissements, soit pour les pertes d'exploitation et de production. On est à la charnière, on le sait, pour certaines récoltes. Et donc là, on aura accompagné. On va aussi le faire de manière très souple. 

Troisième élément, vous l'avez demandé, les mécanismes qu'on a mis en place en effet dans la Roya, on va les adapter. C’est un des mêmes problèmes qu'on a ici. Mais oui, on a besoin de souplesse et de rapidité. Et donc, ce qu'on a appris là-bas et dans notre territoire, on va l’appliquer à votre territoire et à ceux qui ont été frappés par ces événements : des dérogations, la simplicité, comme je le disais tout à l'heure, pour le curage en particulier et tous les travaux qui sont à faire parce qu'on a aujourd'hui des règles qui ne sont pas adaptées de toute façon, je dirai, elles ne sont même pas adaptées en temps de paix, a fortiori elles ne sont pas adaptées en temps de crise. Donc ça, on va les inscrire et prendre des mécanismes à part. Et je pense, c'était suggéré par Monsieur le maire de Saint-Omer de pouvoir réfléchir aussi aux meilleures pratiques européennes. Nos amis belges ont exactement les mêmes difficultés. J'avais ce matin le premier ministre qui sera sur le terrain cet après-midi chez lui. Mais c’est vrai que les Néerlandais et d'autres ont mis en place des techniques de dragage, de conduite à la mer qui sont innovantes, dont on peut peut-être s'inspirer. 

Mais moi, je veux déjà ici saluer, vous le rappeliez président, le travail qui a été fait ces 20 dernières années. Parce que si après 2002, vous n'aviez pas fait au niveau local, tout ce qui a été fait, ça aurait été absolument terrible et bien pire. Donc là, on va encore apprendre de cette crise. L'idée, c'est de pouvoir faire vite, au mieux et en effet d'en tirer les leçons et de tirer les leçons de ce que font les voisins. Il y a deux choses : on a appris les leçons de post 2002. Ça a été votre travail collectif et on a appris les leçons post-Lubrizol, ça a été France Alerte et le dispositif qui a aussi permis, là encore, de sauver beaucoup de vies. Et en ce moment même, le directeur général m'en faisait état. On est en train de mettre en place des techniques de pompage qu'on n'avait jamais utilisées dans notre histoire de la sécurité civile. Et donc, cette crise est en train de nous apprendre aussi collectivement de nouvelles choses. Voilà les quelques réponses de court terme que je voulais apporter sur le monde économique. La ministre va tenir tout de suite une table ronde avec l'ensemble des acteurs. Là aussi, on va mettre en place des mécanismes avec l'Urssaf, avec des reports de charges, avec des mécanismes de reports d'échéances fiscalo-sociales. Et je tiens à le dire ici aussi parce qu'on avait quelques entreprises importantes qui avaient déjà des difficultés avant les inondations, qu’on sera là en soutien pour ne pas que ces événements viennent fragiliser et l'entreprise et les salariés, qu'il y a une angoisse qui s'ajoute. 

Voilà les quelques éléments que je voulais apporter en réponse à ce qui avait été dit. Mais dans ces moments-là, je sais combien la fatigue s'installe parce-que c'est long, ça dure. On va encore avoir beaucoup de pluie aujourd'hui et cette nuit. Et donc, ça va créer un peu un découragement, je le sais, chez certains, dans certaines familles, donc il faut tenir dans ces heures. Ce qui nous est quand même indiqué, c'est que la deuxième partie de semaine nous laisse amorcer quand même un calme qui va revenir. Mais on le sait, dans certains endroits, la décrue va mettre du temps. Il y a plusieurs jours, le moral est déjà éprouvé, qu’il y a une fatigue qui s'est installée dans les équipes, chez les élus, dans les familles. Et donc, c'est aussi pour ça que je suis à vos côtés. Il faut tenir. On va mettre en place tout ce qu'on peut pour pomper, pour aller au plus vite vers le retour à la normale. On va mettre en place des mécanismes exceptionnels pour accompagner les familles, le monde économique. Mais dans ces heures-là, il faut vraiment tenir et garder le moral. Et je vous transmets toute l'énergie, la force, le soutien et l'affection de la nation. Merci à vous. 

À la fin de son déplacement, le Président de la République a fait une déclaration depuis Blendecques dans le Pas-de-Calais.

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Prise de parole du Président de la République lors de son déplacement dans le Pas-de-Calais suite aux inondations.

Merci beaucoup d'être présents. 
Écoutez, je voulais avant toute chose, en étant présent ici avec les ministres, dire la solidarité et le soutien de la Nation tout entière aux habitants du Pas-de-Calais, aussi aux communes du Nord, mais aux habitants de toutes ces vallées qui sont touchées dans les moments si difficiles qu'ils vivent, avec des inondations maintenant depuis plusieurs jours et une situation qui continue d'être difficile et qui le sera dans les heures à venir. Je sais combien la fatigue s'installe, parfois le désespoir. On a visité des familles de sinistrés et donc c'est vraiment un message de soutien, d'accompagnement, de solidarité de la Nation tout entière que nous adressons. 

Je veux ici vraiment remercier l'ensemble des forces qui se sont mobilisées avec une solidarité exemplaire depuis le début du mois de novembre et depuis que tempêtes et pluies ont commencé et que ces inondations se sont installées, autour du préfet de région et du préfet du Pas-de-Calais et de l'ensemble des services de l'Etat. Le préfet du Pas-de-Calais a été à pied d'œuvre, je l'ai mesuré moi-même, jour et nuit. La cellule de crise a été constamment activée, donc je remercie l'ensemble des services de l'Etat, évidemment, nos pompiers et sapeurs-pompiers, avec là aussi une solidarité nationale. On a vu des sapeurs-pompiers de la France entière, vous en avez vu ici à quelques mètres, venir prêter main-forte en solidarité. Remercier nos pompiers, nos gendarmes et nos policiers qui ont été également mobilisés, la protection civile et les collectivités territoriales qui, là aussi, dans une solidarité exemplaire, ont apporté du soutien. Et évidemment, remercier les maires et l'ensemble des services des communes. On a près de 250 communes qui sont touchées dans le département. Les maires ont été à pied d'œuvre, jour et nuit, avec un dévouement et une exemplarité sans faille et je veux ici leur dire vraiment mon admiration et mon soutien plein et entier. L'ensemble des personnels municipaux sont inclus dans ces félicitations. 

Je l'ai dit là aussi, nous avons également pu avoir le concours de Voies navigables de France et nous continuerons de l'avoir, qui joue un rôle essentiel. Alors, nous avons fait le maximum, ce collectif, pour éviter d'abord, durant les derniers jours, des victimes. Et je veux ici le redire. Malgré l'importance de ces intempéries, de la tempête, malgré les terribles événements que nous avons subis, grâce aux travaux qui avaient été faits après 2002, grâce au dispositif France Alerte qui a été mis en place, on a pu protéger les vies. Mais les dégâts sont considérables et on a encore une situation qui est extrêmement fragile. 

Dès cet après-midi, l'ensemble des communes du département qui en ont fait la demande, un peu plus de 200, seront classés en catastrophe naturelle, ainsi qu'une trentaine de communes du département du Nord. En plus de cela, nous avons mis en place un fonds d'indemnisation d'urgence, 50 millions d'euros, mais il sera évidemment évolutif en fonction de la situation, qui accompagne et continuera d'accompagner les collectivités les plus touchées pour que ça aille très vite. Je le dis ici aussi à nos amis normands et bretons. Ils ont été touchés par la tempête il y a quelques jours, j'étais auprès d'eux mais toutes les communes ne sont pas dans les règles des catastrophes naturelles. Nous allons donc mettre en place aussi un fonds d'indemnisation pour les communes pour les accompagner, mais elles ne sont pas dans le même dispositif. Je le dis de manière très simple. Pourquoi ? Parce que les tempêtes, le grand vent sont couverts par le système des assurances et ça ne fonctionne pas de la même manière et elles ne sont pas couvertes par le système catastrophe naturelle, ce qui est le cas pour les inondations. Je le dis parce que si on a des compatriotes en Normandie ou en Bretagne qui nous écoutent, ils pourraient se poser la question, les choses sont différentes. Donc on va mettre aussi en place un fonds d'urgence et d'indemnisation. 

À côté de ça, je remercie la Fédération des assurances. Nos assureurs vont se mobiliser à pied d'œuvre avec des dispositifs nationaux et locaux pour une très grande réactivité des dossiers. Nous serons aussi aux côtés pour accompagner, et je remercie le département et la région qui ont décidé aussi d'accompagner et de prendre en charge les systèmes de franchise pour qu'il y ait véritablement des financements rapides et pour accompagner les ménages qui sont les plus modestes pour mettre en place à leur côté des dispositifs d'État. Au-delà de ces mécanismes et de cette réponse rapide en termes d'assurance, on va évidemment se concentrer sur l'urgence opérationnelle. L'urgence opérationnelle, c'est justement de continuer à pomper cette eau qui monte et de la faire descendre. Les heures à venir seront difficiles. C'est aujourd'hui la plus grande opération de pompage que la Sécurité civile n'a jamais faite en France avec des dispositifs de la France entière qui sont mobilisés. On a deux pompes qui sont en particulier financées et mises à disposition là, tout de suite, des wateringues qui étaient attendues et qui vont permettre de tenir. On a des systèmes de pompe à la fois de forte capacité et permettant aussi de libérer les habitations qui seront déployées et qui continueront d'être déployées dans les prochaines heures et les prochains jours. 

Ensuite, c'est l'accompagnement des personnes. Donc, on va accompagner sur le plan des assurances, je l'ai évoqué. Nous allons évidemment accompagner nos agriculteurs. Le ministre a présenté le dispositif ce matin et il sera parachevé dans les prochaines heures. Il va toucher évidemment le Pas-de-Calais, le Nord, mais également la Normandie et la Bretagne pour les événements qu'ils ont subis. Et donc, on va mettre en place un fonds spécifique qui va venir compléter ce que le dispositif « Calamités agricoles » a mis en place. Et donc vous le savez, il y a quelques mois, on a créé un dispositif qui n'existait pas jusqu'alors pour permettre d'accompagner face à ces sinistres naturels nos exploitants agricoles. On va mettre en place un fonds qui permettra d'accompagner les pertes de productions exceptionnelles. On avait tout à l'heure des producteurs d'endives qui manifestement auront tout perdu. Ce fonds permettra d'accompagner les pertes de matériel et les besoins de production, et donc de limiter au maximum le reste à charge pour nos agriculteurs en même temps qu'ils bénéficieront des systèmes qui vont à tout le reste du monde économique sur lequel je vais revenir. Pour le reste du monde économique, le ministre est là, qui a présenté là aussi le dispositif ce matin. On va mettre en place des mécanismes avec l’URSSAF pour échelonner les échéances, sur le fiscal et le social aussi pour reculer les échéances pour les entreprises, qu'il s'agisse des indépendants, des petites entreprises ou des entreprises les plus grandes. 

Je le dis ici pour que les indépendants qui nous écoutent sachent qu'ils sont aussi éligibles à ces dispositifs. Il y en a beaucoup dans le monde agricole comme dans l'artisanat ou le commerce qui sont touchés aujourd'hui dans les communes. Je pense à Saint-Omer où vous avez plusieurs commerces qui ont été aussi touchés et plusieurs maraîchers sont des indépendants sur le plan du statut. Ils seront accompagnés avec ces échéanciers fiscaux et sociaux et avec également des mécanismes de chômage partiel qu'on va mettre en place. Je le dis pour nos compatriotes qui nous écoutent. Les dossiers sont en cours d'instruction. Plusieurs dizaines ont déjà été acceptés. Il y aura des annonces d'ici la fin de semaine qui seront faites de manière ciblée à toutes celles et ceux qui ont fait les demandes et qui sont touchés. Voilà ce que je voulais ici dire. Donc, on va continuer de suivre toutes ces situations particulières pour accompagner les ménages et autres. 

Dans l'accompagnement, évidemment, on va aussi être auprès des familles et des enfants. Plusieurs milliers d'enfants n'ont pas d'école depuis la semaine dernière, on le sait, qu'il s'agisse de l’Audomarois, du Montreuillois, Boulonnais ou autres et j'espère qu'ils pourront revenir le plus vite possible. On va également accompagner les familles d'abord pour le soutien scolaire et pour le soutien aux fournitures, parce que ce sont des choses très concrètes, mais beaucoup ont tout perdu et parfois les fournitures des enfants. Et donc là aussi, on va mettre en place des mécanismes pour être à leur côté. 

Enfin, il faut préparer la suite, et je conclurai sur ce point, dès maintenant, et tirer toutes les leçons. Si nous en sommes là, c'est parce qu'on a tiré les leçons de 2002, mais aussi des mécanismes d'alerte indispensables. Qu'est-ce qu'on doit retenir de cette crise ? Et moi, j'écoute ce que nous disent les élus, les agriculteurs, les gens du terrain. 
Premièrement, que le système de curage et d'entretien des cours d'eau, des ruisseaux, des différents dispositifs, n’est plus adapté. Il est devenu trop compliqué avec le temps, les réglementations sont trop lourdes et il n’est pas parfois fait de manière assez régulière. Et donc, on va lancer d'abord un mécanisme de simplification profonde et un grand plan dans la région et partout où il faut le faire, pour pouvoir reprendre dans les meilleurs délais ce curage et permettre d'éviter les phénomènes comme ceux qu'on vient de vivre. 
Ensuite, j'ai décidé de confier à Monsieur le maire de Saint-Omer une réflexion et des propositions concrètes pour améliorer justement le système d'évacuation de tous ces cours d'eau vers la mer et de lien justement des cours d'eau à la mer et de tous les dispositifs que nous devons et pouvons mettre en place qui permettent d'éviter ces « effets de cuvette », cette accumulation d'eau dès qu'on a des précipitations importantes, et en particulier en s'inspirant des exemples européens les plus probants. Je pense en particulier à nos amis néerlandais, au moment même où nos voisins belges vivent exactement ce que nous sommes en train de vivre, et j'ai une pensée aussi pour eux. 

J'ai aussi pris l'engagement et je continuerai sur ce point, d'accompagner la reconstruction. On aura à la chiffrer mais nous allons mettre en place des dispositifs simplifiés et donc lever des règles et des contraintes et permettre aussi au côté de l’équipe préfectorale qui a fait un travail remarquable et que je salue une fois encore d’avoir une petite cellule dédiée, qui dans la durée, accompagnera cette reconstruction avec l’ensemble des élus du monde économique. On va faire simple, rapide en tirant les leçons du passé, donc en faisant résilient. Mais tout ça suppose d’y mettre du financement, de la simplification réglementaire inutile et de savoir tirer les leçons de ce que nous venons de vivre. Je vais maintenant répondre à vos questions.

Journaliste
Monsieur le Président, avez-vous une première évaluation de l’étendue des dégâts ? Et on a entendu aujourd'hui beaucoup d’inquiétudes sur les indemnisations, vous parliez de dispositifs, de procédures, quelles garanties concrètes pouvez-vous prendre aujourd'hui pour les indemnisations rapides ? Qu'avez-vous obtenu des assureurs notamment ?

Emmanuel MACRON 
Il est d'abord trop tôt pour donner un chiffrage aujourd'hui, parce que vous avez encore des gens qui sont complètement dans l'eau. Les chiffrages individuels n'ont pas été faits par les assureurs. Je ne sais pas vous dire, aujourd'hui, la totalité des choses parce qu'on a encore, vous le voyez bien, des précipitations et les prochaines heures et la nuit à venir seront encore des moments où il nous faudra tenir. Et c'est aussi pour ça que je suis là. Parce que même si ça a commencé il y a maintenant plusieurs jours, au début de ce mois, ce n'est pas fini. La décrue va ensuite s'entamer. Et donc, nous devons d'abord tenir face à des situations qui vont rester tendues, où l'eau va parfois, dans certains endroits, continuer de monter ou reprendre sa montée. Et ensuite, on entamera normalement une phase de décrue qui va prendre plusieurs jours. Ça n'est qu'à l'issue de celle-ci qu'on pourra commencer à avoir des chiffrages solides. Et parfois sur certaines habitations, on sait que ce seront plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour avoir des vrais chiffrages définitifs. Donc, je serai très prudent sur ce point. 

Malheureusement, nous connaissons ces dispositifs. Nous avons mis en place, nous, tout ce qui était à faire auprès des collectivités locales, des acteurs de soutien pour, justement, très concrètement, d'abord là, permettre de servir les repas. Ici même, on a 200 repas matin, midi et soir qui sont servis. Ça, ce sont des mécanismes immédiats d'indemnisation aux collectivités locales, qu'on met en place, et de soutien. On a mis en place le fonds d'urgence, que j'évoquais, à la fois pour les collectivités locales et on en met en place pour l'agriculture. Et on a le mécanisme d'accompagnement pour les professionnels. Pour les particuliers, c’est les assurances qui vont se mobiliser, mais avec une réactivité, et je les en remercie, qui est maintenant bien rodée. C'est pour ça qu'on a été très vite pour prendre les arrêtés de catastrophe naturelle. Les assureurs vont se déployer. Ils commencent déjà partout où c'est possible. Ce qu'il faut comprendre, c'est que dans certaines maisons comme ici, quand l'eau n'est pas descendue, vous ne pouvez pas faire le constat et vous ne pouvez pas commencer les mécanismes d’assurance. Donc, ça sera fait très vite. On va y veiller, je sais pouvoir compter sur la mobilisation de nos assureurs et on va mettre en place des mécanismes très rapides pour qu'il puisse y avoir justement un accompagnement financier immédiat pour aider à racheter des effets personnels et se réorganiser. Et c'est sur ces mécanismes que viendront se greffer la région et le département que je remercie.

Journaliste
Monsieur le Président, justement à propos des assurances, la Fédération française des assureurs représentée ici a indiqué, ce matin, souhaiter que la surprime, liée justement aux catastrophes naturelles, passe de 12 à 18 %. On le comprend, vu le contexte, que c’est évidemment une mauvaise nouvelle pour les assurés. Est-ce que vous soutenez cette décision ? 

Emmanuel MACRON
Je ne vais pas ici mener un débat qui doit d’abord être instruit par le Ministre des Finances et faire l’objet d’une discussion. De toute façon, ce que nous voyons, c’est ce qui nous a conduit à créer ce mécanisme pour nos agriculteurs : c’est que l’adaptation de notre pays au dérèglement climatique suppose de changer toutes nos habitudes et toutes nos structures. Et il faudra qu’on repense en profondeur notre système, pas simplement avec des chiffres sur les surprimes.

Regardez ici, dans ce département, il y a six mois, on disait : « il y a une sécheresse historique, on sort de l'hiver, on n'a jamais été aussi sec, ça va être dramatique, etc. » Et on a des crues centennales sur certains cours d'eau. C'est exactement ça, le dérèglement climatique. Ce sont des événements qui peuvent être complètement contraires, mais qui sont beaucoup plus brutaux et beaucoup plus réguliers. Ce qui veut dire que ce sur quoi nous avons basé l'organisation de nos paysages, nos organisations productives ; ce pour quoi on vous parle tant d'artificialisation des sols en disant qu'il faut aussi des mécanismes pour ne pas tellement artificialiser, ce n'est jamais populaire quand on le dit par temps de paix. On voit ce que ça donne. Quand vous avez beaucoup d'artificialisation, l'eau ruisselle sur les mêmes endroits, elle vient s’accumuler. Ça vous montre la nécessité de ces politiques. 

Et évidemment, les mécanismes d'accompagnement financier doivent évoluer. On l'a fait pour le monde agricole, en mobilisant à la fois du public et du privé. On devra le faire sur les grands risques et ça, c'est une discussion à voir avec les assureurs et les réassureurs. 

Journaliste
En matière de construction justement, vous disiez qu’il faut tirer les leçons. Est-ce qu'il faut continuer de construire dans certaines zones qui, aujourd'hui, sont complètement inondées ou inondables ? 

Emmanuel MACRON
D'abord, on a tiré les leçons après 2002 et on a un document qui en découle et qui font que vous avez eu beaucoup moins de dégâts qu'il n'y en avait eu sur des événements moins importants. Et je pense qu'il faut, là-dessus, avoir une cartographie claire, mais il ne faut pas non plus faire de la surrèglementation. Donc, je le dis ici, et on l'évoquait ce matin : oui, les gens retrouveront leur maison et oui, on continuera à habiter, à vivre, à pouvoir travailler dans le marais, en particulier, parce que les gens y tiennent et parce que c'est magnifique.

La question, c'est simplement de construire des mécanismes à la fois pour curer comme il le faut, pour permettre d'aller à la mer plus facilement, d’améliorer l'organisation, parfois les sols, de désartificialiser à certains endroits pour que le sol absorbe mieux. Donc on doit regarder au plus près du terrain. Il ne faut pas faire de déclaration. Ce qui est vrai, c'est que ces dernières années, on a beaucoup progressé sur ces sujets, mais on voit bien qu'on doit continuer d'avancer. Donc oui, on pourra réhabiter. Mais oui, il faut à chaque fois s'adapter. 

Journaliste
Est-ce que vous reviendrez dans l'Audomarois ?

Emmanuel MACRON
C’est surtout pour le revoir sous le soleil magnifique, et sous le soleil. Je reviendrai, bien sûr. Et surtout, on va, dans la durée, être aux côtés des habitants. Je voulais être là parce que je sais qu'il y a une fatigue qui s'installe, parfois de la colère, parfois de la résignation. On est à vos côtés, et la Nation tout entière est à vos côtés. Mais je reviendrai et je vais surtout suivre dans la durée, avec l'ensemble des services de l'État, des élus que je salue, une fois encore, pour que tout ça suive, incontestablement. 

Journaliste
Monsieur le Président, à ceux qui ne pourront pas passer l'hiver dans leur maison. J'ai rencontré un homme ce matin à Saint-Omer qui me disait qu’il faudra attendre six mois avant de pouvoir retourner à ma maison. Comment vont-ils faire ? 

Emmanuel MACRON
Alors, ce sera du cas par cas. Là encore, je vous le dis, ça dépend de la décrue, une fois qu’elle sera faite. Mais il est tout à fait clair que, et on le sait, on aura des mécanismes de relogement qui peuvent être plus durables. Et on sait qu'on aura des maisons, compte tenu parfois de leur vétusté et du nombre de jours qu'elles auront passé quasiment sous l'eau, en tout cas, avec le rez-de-chaussée parfois plus inondé, qu’il faudra complètement reconstruire. Donc ça, ce seront des dispositifs au cas par cas et qui sont pilotés par la cellule de crise. Mais c'est tout à fait vrai, ces situations existeront. 

Merci. Bon courage à tous et toutes.

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