Francis Mer, ancien ministre de l’Économie et des Finances dans les deux premiers gouvernements de Jean-Pierre Raffarin, dirigea nombre d’entreprises françaises de premier ordre et fut, en politique, un homme d’action et de liberté. Avec sa disparition, la France voit s'éteindre une figure emblématique de son paysage industriel, qui avait, tout au long d’une riche carrière, allié son esprit entrepreneurial à la quête du bien commun.

Né en 1939 au sein d'une famille engagée – son oncle, le docteur Paul Mer, fut président du comité départemental de libération de la Mayenne pendant la Libération – Francis Mer fut un élève brillant et entreprit des études qui le menèrent du lycée Montesquieu de Bordeaux à l’Ecole Polytechnique, où il intégra le corps des Mines en 1962.

En 1970, Francis Mer rejoignit les rangs de Saint-Gobain, dont il gravit les échelons, jusqu’au poste de directeur chargé de la politique industrielle. Il prit ensuite la tête de la branche « Canalisations et Mécanique » du groupe, qu’il cumula avec la présidence de Pont-à-Mousson SA, au début des années 1980. En 1986, la notoriété qu’avait acquise Francis Mer comme capitaine d’industrie hors pair décida l’Etat-actionnaire à le nommer à la tête du nouveau géant sidérurgique né de la fusion d’Usinor et de Sacilor. Deux ans plus tard, le groupe retrouva la rentabilité, une première depuis 1974.

Quelques mois seulement après avoir marié le sidérurgiste français Usinor avec ses homologues espagnol et luxembourgeois pour constituer le groupe Arcelor, numéro un mondial de l’acier, Francis Mer fut nommé, en 2002, au ministère de l’Économie et des Finances par Jacques Chirac. Incarnant les talents de la société civile au sein du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, il y importa son approche d’industriel, toute à la fois pragmatique et soucieuse d’une vision de long terme. 

Francis Mer, ingénieur au franc-parler tranché et au pragmatisme trempé, devint un ministre soucieux d’ordre budgétaire, d’attractivité, de libertés pour les chefs d’entreprises au service de l’emploi et de l’innovation. Il engagea des réformes qui transformèrent durablement l’économie française : la loi sur la transparence financière, la modification du Code des marchés publics ou la réforme du mode de fixation de la rémunération du Livret A. Chantre d’une prise de décision efficace, son souci de pragmatisme pouvait tout autant se traduire par des cessions d’actifs ou des baisses d’impôts que par de nécessaires recours à l’intervention de l’État. Libéral, son passage à Bercy coïncida, aussi, avec l’ouverture à la concurrence de grands groupes publics et leur intégration au marché européen.

Francis Mer était un homme d’industrie, de valeurs et d’engagement. Sa personnalité et son parcours, qui lui valurent également d’occuper la présidence de la Fondation pour l’Innovation politique, marquèrent notre économie, la vie des entreprises et celle des idées.

Le Président de la République s’incline devant la mémoire d’un homme qui, par son goût d’entreprendre dans l’industrie et en politique, défendit une certaine idée de la souveraineté économique au service de la force et du rayonnement de notre pays. Il adresse à sa famille et à ses proches ses condoléances sincères.

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