Figure tutélaire du socialisme pas-de-calaisien, Léon Fatous s’est éteint hier à l’âge de 97 ans. Maire d’Arras pendant vingt ans, de 1975 à 1995, il avait emprunté avec succès, au long d’une riche carrière toute consacrée à l’intérêt général, les chemins de l’engagement local, national et européen.

C’est à Dainville qu’il naquit à l’état civil, le 11 février 1926, à un jet de pierres d’Arras, au cœur du bassin minier. Mais c’est à Lens que naquit sa vocation politique, fécondée par un discours prononcé par un autre Léon, Léon Blum, qui enflamma son cœur adolescent. Il prit alors sa carte à la SFIO, pour mieux servir son territoire et ses convictions de gauche, double ancrage qu’il n’abandonna jamais.

Son essor politique se joua à une deuxième rencontre décisive : celle du maire d’Arras d’après-guerre, Guy Mollet, futur président du Conseil, qui fit du jeune militant son assistant en 1952, son conseiller municipal en 1959, puis son adjoint en 1965. Lorsque son mentor disparut en 1975, Léon Fatous fut son successeur naturel à la tête d’une municipalité dont il connaissait les réalités quotidiennes comme nul autre. Il y fut réélu par trois fois, jusqu’en 1995, tout en occupant les fonctions, à partir de 1983, de président du District urbain, ancêtre de l’actuelle Communauté urbaine, ce qui offrit à ce réformateur-né les moyens de ses ambitions pour l’Arrageois.

Artisan du désenclavement et du rayonnement d’Arras, il fut l’un des initiateurs, dès 1986, avec la complicité du président du conseil général Roland Huguet, de la création de l’université d’Artois, qui vit le jour en 1991. La desserte de la ville par le TGV en 1993, avec le soutien d’élus emblématiques comme Pierre Mauroy, qu’il rencontra aux Jeunesses socialistes, montra qu’il savait fédérer les énergies pour frayer des chemins d’action et de consensus.

L’essor de la zone d’activité d’Artoipole, et l’installation de fleurons industriels tels que l’usine Häagen-Dasz, doivent encore leur réussite à son énergie, tout comme le développement de logements sociaux, ou la réhabilitation des quartiers de Méaulens, de l’Ancien-Rivage et de Saint-Géry, dont il avait fait une priorité de ses mandats. 

Plusieurs fois conseiller général, vice-président du Pas-de-Calais de 1982 à 1987, conseiller régional de 1974 à 1984, Léon Fatous déploya par la suite son engagement à l’échelle du continent, lorsqu’il fut élu député aux parlements de Bruxelles et Strasbourg en 1984, aux côtés de Simone Veil. Ardent européen, il s’était attaché à incarner cet idéal en jumelant sa ville d’Arras avec Herten, en Allemagne, Ipswich, en Angleterre, et Deva en Roumanie. Après neuf ans à siéger au Sénat, il mit fin à sa carrière politique au tournant des années 2000.

Le Président de la République s’incline devant la mémoire d’une personnalité d’engagement, qui porta haut la voix d’un socialisme humaniste. Il adresse ses condoléances émues à ses proches, à sa famille et aux habitants du Pas-de-Calais qui se reconnaissaient dans ces combats.

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