À l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron, Président de la République française, à Port-Moresby le 28 juillet 2023, la France et la Papouasie-Nouvelle-Guinée se sont engagées à travailler en étroite coopération à l’élaboration pour ce pays d’une plateforme-pays sur les forêts, la nature et le climat.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée abrite en effet des réserves vitales de carbone et de biodiversité parmi les plus importantes au monde. Elle comprend près de 7 % de la biodiversité mondiale et abrite une grande partie de la troisième plus grande forêt tropicale humide au monde, ce qui en fait un pays à l’empreinte carbone négative. Dans ce contexte, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est déterminée à mettre en place un programme pluriannuel visant à protéger ces réserves vitales, dans l’intérêt du pays, de ses habitants et du monde entier.
Un partenariat économique et financier avec la communauté internationale, à la hauteur de ces efforts, est nécessaire. Dans cet esprit, la France et la Papouasie-Nouvelle-Guinée œuvreront d’ici la COP28 à mettre en place une plateforme-pays sur les forêts, la nature et le climat, en lien étroit avec l’Union européenne dans le cadre d’une approche « équipe Europe », les organismes des Nations Unies, Wild Life Conservation Society, Conservation International et Bezos Earth Fund, et en associant tout autre partenaire qui souhaitera s’engager.
Ce partenariat poursuivra les principaux objectifs suivants :
- Soutenir et étendre le réseau de zones protégées ainsi que d’autres mesures de conservation efficace par zone en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour aider ce pays à mettre en œuvre son engagement de protéger 30 % de ses zones terrestres, marines et de ses eaux intérieures d’ici 2030, conformément au Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. Cette action sera menée grâce à l’évaluation et à la gestion efficace des zones protégées ou des zones de conservation existantes, notamment les zones gérées localement, en conduisant à l’échelle nationale un recensement basé sur la science des territoires prioritaires pour établir de nouvelles zones protégées et prendre d’autres mesures de conservation efficace par zone, en accordant la priorité aux zones abritant une biodiversité très importante et dotées d’une grande intégrité écologique et en s’appuyant sur une planification fondée sur des données scientifiques pour une utilisation durable des terres. À cet effet, il sera tenu compte de la version actualisée de la Stratégie et du plan d’action nationaux de la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour la biodiversité et de toute mise à jour postérieure à l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, ainsi que des efforts déployés par l’UE dans le cadre du programme FCCB (Forêts, changement climatique, biodiversité).
- Soutenir la Papouasie-Nouvelle-Guinée dans l’élaboration de lignes directrices appropriées pour créer des aires marines protégées sur son territoire. Soutenir la mise en œuvre des mesures nationales relatives aux océans en mettant l’accent sur la gestion et la gouvernance intégrées des océans grâce au renforcement des capacités en matière de sciences et de recherche océaniques, de cartographie des fonds marins, de systèmes d’observation, de planification de l’espace marin, et de réduction des risques marins, afin d’améliorer la gestion des ressources océaniques et côtières.
- Investir dans la gestion durable des forêts et la mise en place de chaînes de valeur durables dans ce secteur ainsi que dans le secteur des produits de base agricoles, grâce notamment à des procédures adéquates de certification, afin que la Papouasie-Nouvelle-Guinée accroisse les revenus qu’elle tire de son capital naturel exceptionnel, conformément à l’initiative « 10by30 » lancée lors du sommet « One Forest ». Cela viendra en appui à l’objectif ambitieux de la Papouasie-Nouvelle-Guinée de mettre un terme à ses exportations de bois brut d’ici 2025 pour promouvoir la transformation locale de cette matière première, réduire la déforestation et la dégradation des forêts d’ici 2030 et éviter autant que faire se peut la perte de forêts dotées d'une grande intégrité écologique, conformément au Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.
- Renforcer les capacités de la Papouasie-Nouvelle-Guinée en matière d’éducation et de recherche scientifiques sur l’environnement et les océans, notamment en soutenant le recensement national des forêts et d’autres programmes d’enseignement et de formation techniques et professionnels pour créer des emplois verts.
- Créer en Papouasie-Nouvelle-Guinée un solide mécanisme de suivi, reposant sur les plateformes existantes et utilisant les technologies les plus récentes afin de mesurer les résultats obtenus en matière de protection des zones dotées d’une grande intégrité écologique et de réserves vitales de carbone et de biodiversité. Ce projet sera soutenu par des programmes de coopération scientifique et de renforcement des capacités en lien avec des organismes de recherche nationaux et internationaux, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de la France et les programmes existants, dans le cadre de l’initiative « One Forest Vision » lancée à Libreville.
- Étudier et mettre au point des instruments appropriés pour financer à long terme la conservation de la biodiversité, grâce notamment aux projets REDD+ de réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement, aux projets de marché volontaire du carbone, à l’accès aux ressources génétiques et au partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (APA), aux fonds d'affectation spéciale dédiés à la conservation de la nature et aux crédits et certificats en faveur de la biodiversité, pour que le secteur privé se mobilise et contribue à la conservation de la nature autant que faire se peut. La Papouasie-Nouvelle-Guinée s’emploiera également, avec le soutien de ses partenaires, à établir un cadre d’action national et des mécanismes adéquats de mise en œuvre des mesures graduées d’atténuation en faveur de la biodiversité, consistant à éviter, réduire, restaurer et compenser (ERRC) les effets des projets de développement sur la biodiversité.
Afin d’accélérer, de suivre et d’évaluer les progrès, une taskforce est mise en place pour assurer la participation pleine et entière et la coordination des efforts du gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de ses organismes compétents, de ses provinces, de ses collectivités locales ainsi que de ses partenaires internationaux, notamment ses bailleurs, les ONG, le secteur privé et les organisations philanthropiques. En particulier, la France aidera à la mise en place d’un secrétariat de haut niveau chargé d’élaborer des actions de suivi du paquet de mesures nationales, en fournissant des ressources humaines et un soutien financier.
Une feuille de route portant sur le paquet de mesures nationales est en cours d’élaboration et sera examinée avec les partenaires désireux de le soutenir, dans la perspective de sa présentation à Dubaï lors de la COP28, afin de mobiliser de nouveaux financements à la hauteur des engagements forts pris par la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
La France et la Papouasie-Nouvelle-Guinée appellent l’ensemble des partenaires internationaux, publics comme privés, ainsi que les fonds multilatéraux tels que le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour l’environnement mondial, à contribuer à ces efforts afin de protéger une des principales réserves vitales de carbone et de biodiversité de la planète.