Fait partie du dossier : Déplacement en Océanie.

Dans le contexte d’un monde confronté à des phénomènes climatiques extrêmes dont la fréquence et l’intensité fortement accrues sont exacerbées par les changements climatiques, ainsi qu’à une accélération de la perte de biodiversité et de la dégradation de l’environnement, la France et le Vanuatu reconnaissent les vulnérabilités particulières des petits États insulaires en développement face à cette triple crise.

La France et le Vanuatu appellent tous leurs partenaires à réaliser les Objectifs de développement durable et ceux de l’Accord de Paris sur le climat et du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, ainsi qu’à soutenir la vision et les objectifs du Pacte de Paris pour les peuples et la planète. Aucun pays ne devrait avoir à choisir entre lutter contre la pauvreté et agir face aux changements climatiques. Nous appelons tous les pays, les banques multilatérales de développement (BMD), les institutions financières internationales, les organisations philanthropiques, le secteur privé et les autres parties prenantes à accroître considérablement les ressources mobilisées en faveur des pays et des communautés vulnérables.

Dans la perspective de la 28e session de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), et dans le contexte de l’accroissement de notre niveau d’ambition dans tous les domaines de la coopération climatique, la France et le Vanuatu saluent la proposition de l’Australie d’organiser la COP31 en partenariat avec la région des îles du Pacifique. 

Atténuation et énergies fossiles

La France et le Vanuatu exhortent toutes les parties prenantes à convenir de prendre des mesures efficaces, ambitieuses et fondées sur des données scientifiques afin de redresser le cap, à la lumière des résultats du bilan mondial, en mettant urgemment l’accent sur l’atténuation afin d’éviter d’autres pertes et préjudices causés par les changements climatiques. Il s’agit notamment d’accélérer la transition énergétique à l’échelle mondiale en abandonnant progressivement les énergies fossiles, d’atteindre le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre (GES) au plus tard en 2025 et de réduire ces dernières de 43 % par rapport aux chiffres de 2019 d’ici 2030.

La France et le Vanuatu rappellent qu’il importe prioritairement d’accélérer l’abandon progressif des combustibles fossiles pour limiter les dégâts causés par les changements climatiques. Ils demandent instamment à tous leurs partenaires de  s’engager à la sortie progressive de la production et de l’utilisation des énergies fossiles de manière juste et équitable, en ligne avec l’objectif de 1,5°C. Ils soutiennent les efforts déployés pour accompagner les pays désireux de le faire grâce à des partenariats pour une transition énergétique juste (JET-P). La France et le Vanuatu appellent tous les pays à rejoindre la coalition « Au-delà du pétrole et du gaz » (Beyond Oil and Gas Alliance) pour faciliter l’abandon progressif de la production de ces deux combustibles. 

Financements et vulnérabilités

La France et le Vanuatu sont favorables à une réforme ambitieuse de l’architecture financière internationale qui prenne en compte les vulnérabilités face aux changements climatiques. 

Ils appellent tous les acteurs à fournir à plus grande échelle de nouveaux financements supplémentaires du secteur public, ainsi que des modalités et des flux de financements innovants, tels que mentionnés dans le Pacte de Paris pour les peuples et la planète, visant à soutenir les pays vulnérables, notamment la mise en œuvre de clauses de suspension de la dette en cas de catastrophes d’origine climatique, le développement de financements prédéfinis, y compris par le Bouclier mondial contre les risques climatiques du G7 et du V20, l’intégration de la vulnérabilité climatique dans les évaluations de la viabilité de la dette réalisées par la Banque mondiale et par le Fonds monétaire international et la prise en compte de ce type d’évaluations par les banques multilatérales de développement, l’allocation de droits de tirage spéciaux pour les pays vulnérables, la reconstitution des ressources du Fonds vert pour le climat et du Fonds international de développement agricole, le développement de systèmes d’alerte rapide, notamment grâce à l’Initiative sur les systèmes d’alerte précoce aux risques climatiques (CREWS), et la capitalisation adéquate du nouveau fonds et des modalités de financement pour les pertes et préjudices s’appuyant sur des sources publiques et privées et sur des mécanismes innovants, notamment de taxation. 

La France et le Vanuatu appellent toutes les parties prenantes à créer des modalités de taxation innovantes, incluant certains des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, notamment concernant les transactions financières ou les billets d’avion, et ils ont exprimé leur volonté d’explorer de nouvelles pistes de fiscalité internationale en se concentrant sur les activités qui contribuent le plus aux changements climatiques afin de multiplier les ressources de l’action climatique. 

Les deux pays accueillent avec satisfaction l’adoption de la Stratégie révisée de l’Organisation maritime internationale concernant la réduction des émissions de GES provenant des navires et appellent à mettre en place en 2025 un prélèvement sur les émissions de GES de ce secteur dans le cadre d’un ensemble de mesures visant à mettre en œuvre cette stratégie.  

En s’appuyant sur les travaux des pays membres du V20, la France et le Vanuatu appellent à mieux prendre en compte la vulnérabilité à l’échelle mondiale, en particulier pour faciliter l’accès aux financements. La France et le Vanuatu invitent les banques multilatérales de développement à concevoir une définition commune de la vulnérabilité et tous les bailleurs de fonds à envisager la vulnérabilité de manière multidimensionnelle en prenant en compte les dimensions économique, environnementale et sociale permettant de mieux déterminer l’éligibilité des pays les plus vulnérables aux prêts concessionnels.

Concernant les mécanismes de riposte face aux catastrophes, la France et le Vanuatu appellent à soutenir les initiatives internationales de coopération existantes, telles que FRANZ, qui permet d’échanger des informations et d’instaurer une coordination trilatérale visant à mettre en œuvre des interventions humanitaires d’urgence en cas de catastrophes naturelles dans les pays insulaires du Pacifique Sud. L’opération la plus récente menée par FRANZ en mars 2023 a permis de réagir rapidement face aux deux cyclones et au séisme qui ont touché le Vanuatu.

Stratégie pour le continent du Pacifique bleu

La France et le Vanuatu rappellent leur soutien à la Stratégie pour le continent du Pacifique bleu à l’horizon 2050 et soulignent la nécessité urgente de faire face aux conséquences des changements climatiques, notamment celles découlant de phénomènes à évolution lente, tels que l’élévation du niveau des mers, et aux événements extrêmes comme les cyclones tropicaux, afin d’assurer la sécurité et la résilience futures des pays insulaires du Pacifique. 

Pertes et préjudices

La France et le Vanuatu soutiennent le travail du Comité de transition sur les pertes et préjudices de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et encouragent ses membres à redoubler d’efforts pour élaborer des recommandations visant à rendre opérationnels les nouvelles modalités de financements lors de la COP28 concernant les pertes et préjudices, dont un fonds, afin d’aider les pays en développement particulièrement vulnérables aux effets négatifs des changements climatiques  et de combler les lacunes de l’architecture existante, tant dans le cadre de la CCNUCC que de manière plus globale.

La France et le Vanuatu accueillent avec satisfaction le fait que l’Assemblée générale des Nations Unies ait adopté par consensus, le 29 mars 2023, une résolution relative à la demande d’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les obligations des États à l’égard des changements climatiques ; les deux pays encouragent l’ensemble des États et des organisations intergouvernementales à présenter leurs exposés à la Cour avant la date limite du 20 octobre 2023. 

Diversité biologique et océans

La France et le Vanuatu exhortent tous les pays et acteurs à mettre en œuvre le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, en portant une attention particulière à l’objectif de préserver et de gérer au moins 30 % des zones terrestres et des eaux intérieures, ainsi que des zones côtières et marines, d’ici 2030, à promouvoir des programmes multidonateurs tels que l’initiative KIWA et à mobiliser des solutions fondées sur la nature pour gérer avec cohérence la perte de biodiversité, l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ces derniers, ainsi que le développement et la dégradation des terres et des écosystèmes.

La France et le Vanuatu appellent tous les pays et acteurs à promouvoir la préservation et la restauration des écosystèmes marins et côtiers, compte tenu de leur rôle dans la lutte contre les changements climatiques, en mettant en place un réseau cohérent et représentatif d’aires marines protégées, en reconstituant les stocks halieutiques surexploités, en mettant fin à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, en réduisant la pollution chimique et sonore, en limitant les prises accessoires et les subventions néfastes pour la biodiversité et en encourageant une gestion des activités humaines qui tienne compte des écosystèmes.

Ils incitent fortement les autres pays à signer, ratifier et faire entrer en vigueur au plus vite le traité sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (BBNJ).

Ils collaboreront ensemble et avec d’autres pays pour identifier des aires marines protégées potentielles dans l’océan Pacifique. 

La France et le Vanuatu placent au premier plan des priorités la protection de la biodiversité marine, notamment s’agissant des grands fonds marins ; ils soutiennent l’interdiction totale de leur exploitation et soulignent qu’il importe d’agir urgemment à cet égard au sein de l’Autorité internationale des fonds marins d’ici la Conférence des Nations Unies sur les océans. 

Ils coopéreront étroitement pour préparer cette conférence, organisée conjointement par la France et par le Costa Rica en juin 2025 à Nice, afin de souligner le rôle des petits États insulaires en développement, et des écosystèmes irremplaçables qu’ils abritent, dans la fourniture de services écosystémiques et la lutte contre la triple crise mondiale.

Plastique

La France et le Vanuatu appellent à mettre en place un instrument international contraignant ambitieux et efficace, conformément à la résolution 5/14 adoptée par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement et fondé sur une approche globale prenant en compte l’intégralité du cycle de vie du plastique, le but étant d’éliminer la pollution plastique d’ici 2040 pour protéger la santé humaine et l’environnement de cette pollution tout en contribuant à restaurer la biodiversité et à freiner les changements climatiques. La France et le Vanuatu appellent tous les pays et acteurs à agir d’urgence pour réduire la pollution plastique en prenant des mesures appropriées tenant compte du cycle de vie du plastique, et notamment en évitant et en éliminant le déversement de déchets plastiques et de microplastiques dans les océans ainsi qu’en interdisant les plastiques problématiques tels que les plastiques à usage unique.
 

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