Avec Jacques Martial, s’en est allé un destin profondément libre, de la Guadeloupe à la ville de Paris, du théâtre à l’engagement dans la cité, de la mémoire à la création. La disparition de ce comédien, figure de notre petit écran, militant de la cause ultramarine, adjoint de la maire de Paris, laisse la Nation en deuil.

Fils d’une famille originaire de la Guadeloupe, né à Saint-Mandé en 1955, Jacques Martial grandit au gré des affectations de son père, de Madagascar à la Guyane. Cette ouverture, ce dialogue avec toutes les cultures forgea en Jacques Martial, comme en son grand frère Jean-Michel, le goût de la liberté et celui du théâtre. Ce fut en effet sur les planches, comme comédien, metteur en scène et professeur que Jacques Martial se révéla, d’abord au sein de l’atelier de Sarah Sanders, avec laquelle il enseigna les classiques comme les contemporains. Jacques Martial créa ensuite l’association « Rond-Point des Cultures », puis, en 2000, sa propre compagnie de théâtre, la « Compagnie de la Comédie noire ». Ce fut avec elle qu’il mit en scène et interpréta les auteurs des outremers et au-delà, d’Aimé Césaire à Jacques Roumain. Son adaptation du « Cahier d’un retour au pays natal » fut ainsi un succès international. Comédien, Jacques Martial s’employa aussi au cinéma, auprès de Claire Devers pour « Noir et Blanc » en 1986, de Samuel Fuller, dans « Sans espoir de retour » en 1989, ou encore de Sam Karmann, dans « Omnibus », Palme d’Or du festival de Cannes en 1992. Au cours des années 1990, son rôle dans la série « Navarro », où il interprétait Bain-Marie, adjoint du commissaire joué par Roger Hanin, lui valut d’entrer dans la culture populaire. Jacques Martial traversa encore les générations pour ses doublages dans les films américains à succès, devenu la voix française de Samuel L. Jackson ou de Denzel Washington.

Intellectuel engagé, homme de théâtre populaire et respecté, Jacques Martial fut nommé en 2006 par le Président Jacques Chirac à la tête de l’Etablissement public du parc et de la grande halle de la Villette, où il demeura en fonction huit ans, contribuant à inscrire l’institution dans la modernité de son temps. Ses deux mandats achevés, Jacques Martial devint en 2015 le premier président du Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre, où il mit son exigence intellectuelle, ses idéaux humanistes, son engagement pour toutes les cultures, au service de ce projet de mémoire de l’esclavage, de transmission et d’expression des cultures ultramarines.

Enfin, c’est à Paris qu’il employa son énergie et sa force de création. Elu dans le deuxième arrondissement de la capitale en 2020, Jacques Martial devint, deux ans plus tard, adjoint aux outremers de la maire de Paris. Ce fut notamment lui qui œuvra pour mettre en œuvre une « Nuit Blanche Outre-mer » et qui lança aussi un feu d’artifice du 14 juillet aux couleurs et musiques des outremers.

Le Président de la République et son épouse saluent une figure de la vie intellectuelle, culturelle et artistique de la Nation, qui fit briller nos outremers dans le monde. Ils adressent à sa famille, à ses proches, à tous ceux qui l’aimaient leurs condoléances émues.

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