À la suite de son déplacement en Slovaquie, le Président Emmanuel Macron s'est rendu en Moldavie, à Chişinău, le jeudi 1er juin pour participer au deuxième Sommet de la Communauté politique européenne (CPE).
La Communauté politique européenne. pic.twitter.com/uE4ROBuKcg
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 1, 2023
Le Président de la République avait proposé le 9 mai 2022 à Strasbourg, la création d’une Communauté politique européenne afin de permettre davantage de coopération et de dialogue entre l’ensemble des pays du continent européen pour avancer sur des projets concrets.
Après le premier sommet de la CPE qui avait eu lieu à Prague en octobre dernier, le Sommet de Chisinau accueilli par Maïa Sandu, Présidente de la République de Moldavie, était consacré à la connectivité, l’énergie et la sécurité, sujets majeurs dans un État particulièrement soumis aux déstabilisations de Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine.
Ce sommet a également été l’occasion pour les chefs d’État et de gouvernement de démontrer l’unité de l’Europe continentale face à la Russie et de réaffirmer leur plein soutien à l’Ukraine.
Voir la conférence de presse :
1 juin 2023 - Seul le prononcé fait foi
Conférence de presse du Président de la République au Sommet de la Communauté politique européenne.
Heureux de vous retrouver. Merci de votre patience. Je voulais vous dire quelques mots à l’issue de ce deuxième sommet de la Communauté politique européenne. D’abord pour vous dire que je suis très heureux que ce projet que nous avons lancé il y a maintenant un peu plus d'un an, le 9 mai de l'année dernière, au Parlement européen, puisse ainsi continuer de prospérer et de devenir une réalité après le Sommet de Prague que nous avons tenu en octobre dernier. Ce deuxième sommet de la Communauté politique européenne, je crois, démontre la pertinence de cette idée et la force de ce format, collectivement. Et je vois beaucoup de collègues qui parfois en doutaient, qui sont maintenant convaincus de cela.
Alors je veux avant toute chose commencer en félicitant très chaleureusement la présidente Maia SANDU et la Moldavie pour l'organisation de ce sommet. C'était d'abord un défi organisationnel. Il a été formidablement réussi. 47 chefs d'Etat et de gouvernements ici présents, qui représentent cette Europe politique, cette communauté. Surtout, le fait même d'organiser ce deuxième sommet en Moldavie, de le faire, je dirais aux avant-postes de notre Europe, au plus près justement du front ukrainien, est aussi une réussite éclatante et le témoignage de notre engagement déterminé à tous et l'engagement aussi de la Moldavie sur son chemin européen. C'est un symbole très fort en lui-même qui montre que nous n'abandonnerons aucun membre de la famille européenne et qui démontre toute la force et la vitalité de cet ancrage de la Moldavie.
Alors, ce sommet nous évidemment d’abord a permis de réaffirmer notre soutien à l'Ukraine qui subit depuis plus d'un an l'agression russe. J'ai pu m'entretenir ce matin avec le président ZELENSKY. Nous avons eu ensemble une déclaration commune réaffirmant le soutien, évidemment en termes d'armement, pour préparer la contre-offensive. Nous avons réitéré notre accord conclu le 14 mai 2023, visant là aussi aux éléments de protection face aux frappes russes avec des équipements de défense aérienne. Et puis nous avons confirmé que nous étions prêts aussi à mettre en place le cadre nécessaire pour commencer la formation des pilotes de chasse ukrainiens selon les besoins de l'armée de l'air ukrainienne. Comme vous le savez, la France avait inauguré ce mouvement. Et compte tenu de consultations parallèles avec les États-Unis et les autres pays volontaires, nous avons chargé nos ministres de la Défense de préparer le cadre formel et le mécanisme de formation à la fois des pilotes, des mécaniciens, qui sera fait sur la base des besoins formulés par la partie ukrainienne. Nous avons également — et je pourrais y revenir, si vous le souhaitez — longuement discuté des questions de garanties de sécurité de l'OTAN. Et donc, nos travaux ont permis une coordination forte entre Européens pour préparer en particulier le Sommet de Vilnius.
Deuxième chose, c'est le soutien à la Moldavie. Je le disais, l'organisation même de ce sommet en témoigne, mais l'ensemble des pays ont pu ici y revenir. La France a d'ailleurs pris sa part sur les aspects logistiques et de gestion aéroportuaire, sur la communication et la sécurisation de ce sommet. Les éléments vous seront donnés si vous le souhaitez, plus avant. Mais notre soutien se manifeste aussi de manière très concrète au bénéfice de la population moldave, en complément de tout ce que nous avons fait avec l'Union européenne ces derniers mois, comme le déploiement de la mission PSDC civile pour lutter contre les menaces hybrides, l'adoption d'un régime européen de sanctions contre des personnalités qui cherchent à déstabiliser la Moldavie ou encore l'association au mécanisme pour l'interconnexion en Europe.
Je me réjouis que précisément, les travaux préparatoires de ce deuxième sommet de la CPE aient permis l'accord qui a été signé hier avec la présidente Maia SANDOU pour réduire les frais d'itinérance entre l'Union européenne et la Moldavie. C'est un accord très concret qui permet d'élargir le roaming que nous avons entre Européens au sein de l'Union européenne ; à la Moldavie. Donc c'est une initiative très claire qui a été faite grâce à l'engagement de la Commission européenne et aussi à l'engagement de nos opérateurs, dont Orange, comme chef de file, que je tiens tout particulièrement à remercier.
Nos travaux de la journée ont parmi eux une discussion stratégique et je voulais ici, au-delà des questions de sécurité, de migration et d'énergie qui ont été discutées, souligner quelques initiatives concrètes qui ont été actées et que nous allons suivre dans les prochains mois. Face aux attaques cyber auxquelles plusieurs États sont soumis, nous avons décidé d'étendre la cyber réserve à l'ensemble des pays qui le souhaitaient au sein de la Communauté politique européenne. Cette cyber réserve que nous avons lancée au sein de l'Union européenne, c'est la capacité de développer des centres communs d'expertise pour nous protéger face aux cyberattaques. Nous avons acté l'étendue de celle-ci en développant justement des centres d'excellence dans plusieurs pays qui se sont portés volontaires à l'échelle de la CPE.
C'est la même chose que nous avons décidé pour la protection des infrastructures critiques, sujet qui était déjà sorti de Prague. Nous avons en effet une méthodologie, des systèmes de protection que nous avons mis en place au sein de l'Union européenne. Nous avons acté leur extension à tous les pays membres de la Communauté politique européenne qui le souhaitaient.
Une troisième chose, nous avons défini la nécessité de mieux protéger nos opinions publiques contre la manipulation de l'information et justement, les intrusions et l'utilisation des réseaux sociaux par de la propagande extérieure. Sur ce point, un travail de coordination a été lancé pour pouvoir avoir des décisions concrètes et des mécanismes aussi de discussion avec les plateformes dans les mois qui viennent.
Ce sommet a également permis des coordinations dans des formats différents. J'y reviendrai si vous le souhaitez, dans le cadre des questions, mais nous avons pu ainsi avec le chancelier SCHOLZ, poursuivre le travail que nous avions lancé les dernières fois et suite aux événements qui sont arrivés au Kosovo du Nord ces derniers jours. Nous avons vu d'une part la présidente OSMANI, puis le président VUCIC et nous venons à l'instant de tenir une réunion à quatre en rassemblant les deux présidents autour de la table et en demandant justement des décisions claires pour la semaine prochaine, j'y reviendrai si vous le souhaitez, dans le cadre des questions.
Avec le président MICHEL, le chancelier SCHOLZ, nous avons également réuni le Premier ministre PASHINIAN et le président ALIEV pour poursuivre le processus justement entre ces deux pays et permettre, là aussi, une pacification entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, mais qui soit respectueuse de la souveraineté de chacun et de la sécurité des personnes comme du respect des minorités, sujet qui nous est ô combien cher.
Ces deux sujets illustrent que notre Europe, pour continuer d'avancer dans le contexte justement de cette guerre en Ukraine, a besoin de régler les conflits qui restent et les situations de déstabilisation qui demeurent. C'est notre devoir et c'est une nécessité pour notre sécurité collective. Nous l'avons fait avec le respect que chacun doit à l'ensemble de ses membres, mais avec un vrai engagement, en particulier franco-allemand, très fort sur cet agenda. Un dernier mot enfin, pour redire avec force à quel point ce format, cette Communauté que nous bâtissons ensemble depuis quelques mois, est essentielle à un moment où notre continent est face à de très grands défis.
Et cette Communauté, sur un pied d'égalité parce que nous sommes 47 semblables, permet justement de relever les défis ensemble et pas simplement avec un centre qui regarde une périphérie, si je puis dire. Parce que c'est comme ça qu'on regarde les choses quand on les voit depuis Bruxelles parfois ou lorsqu'on discute les choses dans une perspective d'accession. Là, nous sommes entre égaux et c'est une approche vraiment intergouvernementale pleine et entière. C'est, je crois, une Europe très politique qui peut ainsi relever ces défis. Nous poursuivrons avec le même esprit de solidarité, de respect et d'unité à Grenade en octobre, puisque c'est la présidence espagnole de l'Union européenne qui organisera le troisième sommet de la CPE, puis au printemps prochain au Royaume-Uni, puisque c'est le Royaume-Uni qui organisera la quatrième session. Je vais maintenant répondre à toutes les questions que vous souhaitez poser.
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