Il était, en politique, l’une des voix du Nord et fut une figure déterminante du mouvement socialiste. Avec la disparition de Jean Le Garrec, la France perd un combattant pour le progrès, l’émancipation et l’humanisme républicain.

Celui qui avait passé « sa vie à gauche », selon le titre de son autobiographie, s’est écarté par son engagement de ses origines, mais jamais de ses idéaux. Breton, ingénieur chez I.B.M, né en 1929, ce républicain laïc s’engagea à Cambrai et pour le mouvement social. Membre du Parti socialiste unifié de Michel Rocard, défenseur de l’auto-gestion, il travailla à la préparation des assises du socialisme de 1974 qui vit l’intégration des mouvements ouvriers et syndicaux au Parti Socialiste. Après son entrée au PS, Jean Le Garrec rejoignit le courant unitaire de Pierre Mauroy. En 1977, ce dernier, inquiet de la situation politique du Parti Socialiste à Cambrai, dont la circonscription semblait promise au R.P.R, décida d’y lancer Jean Le Garrec. Il fut élu dans le sillage de la victoire de François Mitterrand, en 1981. Jean Le Garrec resta vingt-six ans député dans le Nord avec la seule éclipse de la Xe législature, de 1993 à 1997. Là, il pesa de tout son poids pour réinventer un destin industriel à cette région dont la crise de la sidérurgie fut concomitante avec son élection. Il fut aussi, dans cette région, conseiller municipal de Cambrai et conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais.

Dès mai 1981, ce proche de Pierre Mauroy fut appelé au gouvernement lorsque le nouveau Premier ministre promut sa jeune garde. Jean Le Garrec, secrétaire d’Etat chargé des nationalisations, mit en œuvre « l’extension du secteur public » afin, selon ses mots à la tribune de l’Assemblée nationale, d’« assurer la maîtrise d’une stratégie industrielle et l’orientation de l’économie ». A travers les obstacles politiques – la majorité d’alors se divisait sur la question de la nationalisation majoritaire ou intégrale- et constitutionnels, Jean Le Garrec mena à bien l’exécution du projet, fidèle à ses principes volontaristes pour réconcilier économie et social. Son parcours ministériel en porta la trace, puisqu’il devint ministre délégué chargé de l’Emploi (1982-1983) puis secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique (1984-1986) dans le gouvernement Laurent Fabius.

Toutefois, c’est à l’Assemblée nationale que cet homme qui s’interdisait le moindre manquement à ses valeurs humanistes mena aussi ses combats. De la défense des travailleurs victimes de l’amiante aux débats soulevés par l’arrêt Perruche sur la compensation du handicap à la naissance, il mena un travail législatif intense et sans cesse guidé par l’idée de protéger les plus fragiles, améliorer les conditions de travail, engranger des progrès sociaux. Président de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales sous la législature socialiste de 1997 à 2002, il accompagna, aussi, la mise en œuvre des 35 heures aux côtés de Martine Aubry, dont il était proche par l’ancrage nordiste et les convictions.

Le Président de la République salue la mémoire d’un homme qui avait consacré ses forces au travail, celui des autres et celui utile à l’intérêt général. Il adresse à ses proches ses condoléances émues.

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