Né en 1945 à Belvès, François Roussely a gravi chaque échelon de la réussite, au terme d’une ascension républicaine exemplaire. Car rien ne prédestinait cet enfant de la Dordogne à accomplir les plus hautes missions de l’État. D’abord agent du ministère du Budget, il réussit en 1976 le concours interne de l’ENA. Il sortit parmi les premiers de la promotion « Pierre Mendès France », un nom qui sonnait comme un présage quant à la suite de sa carrière et comme un serment à ses convictions : le sens de l’État, la rigueur intellectuelle, l’enracinement d’idées placées à gauche. 

Dans ce sillage, François Roussely combina l’austérité des chiffres, avec le choix de la Cour des comptes, et un engagement auprès du nouveau gouvernement socialiste. Il intégra en effet le cabinet de Gaston Defferre, ministre de l’Intérieur, dès 1982. Là, il veilla en particulier aux lois de décentralisation fondatrices d’un nouvel équilibre entre État central et démocratie locale. Sous la houlette de Pierre Joxe, en 1984, François Roussely put parfaire sa connaissance des rouages de l’administration et devint, par son dévouement et son efficacité, l’un des fidèles du ministre, qu’il suivit, après la cohabitation, au groupe socialiste à l’Assemblée. Lorsque Pierre Joxe prit à nouveau les rênes de l’Intérieur, il désigna une nouvelle fois François Roussely directeur de cabinet. Mais bientôt, ce dernier assura des fonctions toujours plus sensibles : directeur général de la police nationale, puis secrétaire général pour l’administration du ministère de la Défense. 

C’est ainsi, par les voies de notre politique de dissuasion que François Roussely en vint à se consacrer à la grande affaire de sa carrière : l’énergie. Il devint membre du comité de l’énergie nucléaire du CEA en 1991. Par la restructuration de l’aéronautique ou de l’armement, il goûta également aux enjeux de l’industrie. Louis Gallois le nomma ainsi secrétaire général de la SNCF en 1997. Cette confluence de passions le poussa vers d’autres horizons, ceux des entreprises et en particulier celles de l’énergie, toujours à sa manière, faite de probité et d’excellence. 

En 1998, il fut nommé PDG d’EDF. Pour le fils d’agent électricien, c’était une consécration en même temps qu’un redoutable défi, dans la perspective des changements structurels à engager. Pendant six ans, avec une force de travail peu commune, François Roussely transforma profondément l’opérateur national. Il en devint même, aux yeux des agents et de tous les Français, la figure face aux périls, faite de détermination et de sang-froid, lors de la tempête de décembre 1999.

Depuis son départ d’EDF en 2004, François Roussely avait poursuivi sa passion pour l’énergie, d’abord dans ses fonctions au Crédit Suisse, et surtout comme auteur d’un rapport, remarqué, sur l’avenir de la filière nucléaire remis au Président Nicolas Sarkozy en 2010. 

Cet homme passionné par son sud-ouest natal, amoureux de rugby, a dédié ses forces à l’État tout en œuvrant à sa modernisation au tournant du siècle, vers les territoires et face aux enjeux européens. François Roussely a servi indifféremment des gouvernements aux convictions parfois éloignées des siennes, avec une loyauté républicaine et un engagement entier, sans jamais rien renier de ses idéaux. 

Le Président de la République salue cette haute figure de notre vie administrative, politique et industrielle, vouée à l’intérêt général, et adresse à ses proches ses condoléances émues. 

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