Après le Cameroun, c'est au Bénin que s'est rendu le Président de la République Emmanuel Macron. 

Le Président a profité de ce déplacement pour visiter l'exposition « Art du Bénin d’hier et d'aujourd'hui : de la restitution à la révélation » qui s’est tenue du 20 février au 22 mai 2022 au Palais de la Marina, à Cotonou, et qui a été prolongée du 16 juillet au 28 août 2022.

Le Président Emmanuel Macron et le Président de la République du Bénin ont ensuite tenu une conférence de presse conjointe. Les deux Présidents ont notamment abordé la situation régionale, en particulier du point de vue sécuritaire.

Revoir la conférence de presse conjointe :

27 juillet 2022 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président de la République

Monsieur le président, chère Patrice, 
Mesdames et Messieurs les ministres, 
Mesdames et Messieurs les parlementaires, 
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, 
Mesdames, Messieurs, 

Je voudrais vous dire combien je suis heureux d'être avec la délégation qui m'accompagne ici, à vos côtés, à Cotonou, dans le cadre de ce premier déplacement en Afrique depuis ma réélection. Je voulais vous remercier, Monsieur le Président, pour l'accueil chaleureux que vous nous avez réservé. Cette délégation qui m'accompagne est à l'image de ce qui nous unit et compte le plus. Elle regroupe beaucoup de talents, souvent binationaux, qui sont la fierté de nos deux pays et, je dois le dire, nos meilleurs ambassadeurs ; ambassadeurs du lien, à la fois intime et renouvelé, que nous voulons construire entre nos deux pays. 

Je veux commencer mon propos presqu'en poursuivant ce sur quoi vous avez terminé et vous dire combien j'étais à nouveau ému, à vos côtés, de pouvoir admirer, dans leur pays, les vingt-six œuvres des trésors royaux d'Abomey que la France vous a restituées il y a quelques mois. Depuis, ce sont plus de 200 000 personnes qui sont venues les admirer, les retrouver dans des scènes — vous me les rappeliez à l'instant — émouvantes de fierté, de gravité, d'effervescence et de dignité. Face à un tel engouement, vous avez fait le choix de prolonger cette exposition, ce qui en dit beaucoup sur la longue attente qui avait précédé leur retour. C'est le fruit aussi d'un engagement de la France que j'avais pris dès 2017, à Ouagadougou, puis de discussions que nous avions eu ensemble ;  ce qui prouve que, je le dis ici, pour ce sur quoi nous nous engageons aujourd’hui : lorsque nous actons des choses, nous le faisons. 

En effet, grâce à la coopération exemplaire entre nos deux pays autour de cette démarche, je crois que nous avons démontré, ce qui était jugé impossible ou prématuré, qui était en fait une forme d’évidence. Je veux remercier toutes celles et ceux qui y ont œuvré, contribué, en écrivant des rapports et en nous donnant une doctrine, en préparant les lois ou en les défendant à notre Parlement, pour permettre de restituer ces œuvres. Nous avons démontré, ce faisant, et nous venons de le vivre ensemble, qu'un acte de restitution n'est ni une perte ni une contrition. C'est une continuation de l'histoire, c'est la possibilité d'une nouvelle page, c'est une réinvention de ces trésors et de ces œuvres. Je crois profondément que c'est un geste qui a une part de mystère, de spiritualité, mais qui regarde résolument vers l'avenir. Nous venons de le voir, également, ensuite, grâce à l'exposition d'artistes contemporains béninois que vous avez organisée. Je suis extrêmement heureux d'avoir pu vivre à vos côtés cette forme de généalogie de la création béninoise. Nous sommes fiers de nous engager aujourd'hui avec le Bénin, dans un partenariat culturel d'exception au cœur de cette région qui, de Lagos à Abidjan, a tout pour devenir en effet, un des cœurs vibrants de la culture du continent africain et du monde. 

A cet égard, je serai extrêmement fier, Monsieur le Président, si cela est possible, qu’on arrive à l'aménager et qu’il n'y a pas de réserve de votre côté, de pouvoir accueillir à Paris l'exposition que nous venons de voir aujourd'hui à Cotonou, des artistes contemporains. Ce serait une bonne manière de poursuivre le chemin et de montrer ce dialogue, cet échange, qui se poursuit comme j'avais eu l'immense privilège à Montpellier de voir plusieurs de ces artistes contemporains, pas simplement béninois, mais africains, il y a quelques mois. C'est d'ailleurs dans cet esprit que nous allons continuer d'œuvrer ensemble et nous allons accompagner l'École du patrimoine africain, la construction du futur Musée de l’épopée  des Amazones et la restauration des Palais royaux d'Abomey. 

C'est aussi dans cet esprit que nous porterons ensemble ce nouveau projet. Nous avons acté ce matin avec le Président, un nouveau projet culturel. Nous sommes très fiers de notre réseau, du travail que fait l'Institut, mais nous voulons bâtir, et c'est ce que les équipes ont préparé, qui est le fruit de ce travail, que depuis Ouagadougou, nous avons fait cheminer et qui à Montpellier, grâce aux échanges entre nos jeunesses, nos sociétés civiles, nos diasporas, nous avons pu faire avancer ; celui d'une transformation progressive de notre Institut français en le rendant encore plus partenarial.  

Nous avons la volonté ici d'être à l’avant poste avec vous, tout ce que nous voulons faire et dès les prochains mois de pouvoir bâtir à la fois ce nouvel institut franco-béninois, qui permettra d’être encore plus en intimité avec la scène culturelle, la création, les innovations et les projets qui justement sont au cœur des créateurs de votre pays, mais aussi de la formation ; et de pouvoir y adjoindre un projet de Villa que nous voulons penser en lien très étroit avec ce qu’est la Villa Médicis, d'une part, —je dis cela en clin d'œil puisque j'en ai confié la présidence il y a quelques mois à un jeune talent franco-béninois —, mais également de pouvoir avancer en liant cette Villa que nous allons inventer collectivement avec ce que nous voulons faire à Villers-Cotterêts pour les Francophonies et ce projet que nous avons développé de résidences d'artistes et de faire voir la francophonie sous tous ses aspects, en particulier l'importance que revêt le continent africain ; de pouvoir faire de cette Villa un lieu en lien très étroit avec ce que nous allons mettre en œuvre et que nous avons annoncé hier de cette innovation culturelle, Création Africa, que nous allons lancer et développer chaque année ; et que nous puissions aussi tresser les liens entre cette Villa et la Maison des mondes africains et des diasporas que nous allons développer à Paris. Ce que nous voulons faire, c'est une espèce de confédération des bonnes volontés et des créativités de part et d'autre. Je crois que c'est un projet très important et donc, je vous remercie d'avoir en quelque sorte scellé ce matin ce pacte. On le voit bien, dans les dix-huit mois qui viennent, nous avons à faire cette petite révolution au travers de ces sites, mais en synergie, en symbiose, en syntonie, avec de nombreuses autres initiatives que nous sommes en train de poursuivre. 

S'agissant des nouveaux actes de restitution, comme je m'y étais engagé à l'occasion de votre visite à Paris, le 9 novembre dernier, je souhaite que nous puissions poursuivre le travail et aller au bout et porter cette loi-cadre qui sera présentée dans les meilleurs délais. Un pré-rapport qui a été rédigé par Jean-Luc MARTINEZ, a été remis il y a quelques semaines et je souhaite que nous puissions avancer pour maintenant poursuivre ce qui a été commencé ici, poursuivi au Sénégal et que nous devons faire cheminer plus avant et avec encore plus d'ambition. 

De manière générale, je me réjouis que le partenariat entre le Bénin et la France soit à l'avant garde du renouvellement de la relation entre le continent africain et la France telle que je l'avais appelée de mes vœux, je l'ai évoqué à l’instant, à Ouagadougou, en novembre 2017. À cet égard, au-delà de la culture, de la création, des restitutions, les thématiques au cœur de notre coopération et de cette visite au Bénin, culture, patrimoine, formation professionnelle, enseignement, sport ; sont les nouveaux axes prioritaires de notre politique africaine et sont des priorités partagées par vous-même, Monsieur le Président. 

C'est pourquoi, la France continuera à s'engager aux côtés du Bénin dans ses efforts de réforme et de promotion de son attractivité. Vous m’avez lancé une invitation ; j’ai une délégation ici nourrie de plusieurs entrepreneurs, investisseurs. Ils étaient ce matin aux côtés de notre ministre du Commerce extérieur pour visiter l'impressionnant projet de Glo Djibé, qui met le Bénin sur la voie d'une économie de l'industrie et de la transformation. Vous pouvez donc compter sur nous pour investir, être à vos côtés et avancer sur ce sujet. C'est ce modèle économique, celui d'une valeur ajoutée produite en Afrique, profitant aux Africains, permettant aussi de sortir une partie de l'économie de l'informel pour aller vers le formel, que nous soutenons très fortement. Et donc, nous sommes prêts à aller de l'avant. Nous avons déjà travaillé ensemble il y a un peu plus d'un an à Paris. Quand il s'agit du financement des économies africaines et de ce que nous avons porté, justement, avec beaucoup d'ambition, nous serons là aussi pour les projets concrets et permettre de développer ici ces nouvelles initiatives. C'était, vous l'avez rappelé, au cœur aussi de ce que la Présidence française de l'Union européenne avait mis dans le cadre du Sommet entre l'Union européenne et l'Union africaine. 

Je voulais ici dire aussi combien je partage la stratégie qui est la vôtre de pouvoir former ici davantage la jeunesse béninoise en allant vers les métiers, les secteurs, qui ont le besoin de talents. Je pense que c'est la bonne stratégie. C'est celle d'ailleurs qui a présidé aussi à ce que nous avons voulu faire avec beaucoup de pays de la région : développer des filières universitaires et de formation bien davantage et sortir d'une logique qui était historiquement la nôtre, qui consistait à expliquer aux jeunesses africaines, « si vous voulez réussir et faire des formations, nous avons une bonne nouvelle pour vous, vous pouvez aller le faire en Europe ». Il est important qu'on vous aide à développer ces formations sur le sol africain, dans vos pays, parce que je pense que c'est d'abord au cœur d'une relation respectueuse, réciproque, d'un vrai partenariat équilibré gagnant-gagnant. C'est exactement ce que vous portez. 

C'est pourquoi je me rendrai cet après-midi à l'université de Sèmè City avec des représentants d'établissements supérieurs français. Nous allons poursuivre les signatures de partenariats avec plusieurs écoles et instituts de formation français sur plusieurs métiers qui sont clés, de la création à la gastronomie, en passant par l'artisanat et les travaux publics. Nous allons continuer d'investir et je vous ai entendu : nous allons aussi ensemble démontrer que c'est un projet à vocation régionale qui justifie l'investissement de nos partenaires européens. La formation agricole est aussi au cœur de notre partenariat avec la création de dix lycées agricoles qui bénéficieront de l'appui direct de l'Agence française de développement ; et le soutien à l'entrepreneuriat et à l'investissement privé. Ainsi, vous le voyez, c'est un ensemble de projets que nous allons poursuivre, en plus des deux campus que nous avons d'ores et déjà lancés et sur lequel nous avons là aussi des financements français qui sont engagés, sur lesquels nous souhaitons avancer. La formation de la jeunesse, la formation professionnelle, la préparation à ces nouveaux métiers, sont des sujets très concrets sur lesquels nous allons continuer d'agir ensemble et d'avancer. 

Mais la culture, la formation, le développement de l'activité entrepreneuriale, l’accompagnement de vos réformes, ne sont possibles que si la sécurité est maintenue sur le sol national et dans la région. Vous savez l’engagement historique de la France pour lutter contre le terrorisme aux côtés des Africains. C’est pourquoi nous avons échangé avec le Président sur la situation sécuritaire. Je veux ici rendre hommage aux membres des forces armées et des forces de sécurité intérieure, ainsi qu’aux civils tués dans les attaques qui ont frappé le Nord du pays à la frontière avec le Burkina Faso depuis la fin de l’année 2021. De la même manière, je n’oublie pas l’engagement des forces françaises qui ont eu à intervenir au Burkina Faso et ,il y a quelques années, dans le Nord de votre pays pour libérer des otages. Je n’oublie pas nos soldats qui ont ici perdu la vie dans le cadre de ces opérations. Je pense, en étant à vos côtés aujourd’hui, à leurs familles et à leurs frères d’armes. 

La France sera toujours aux côtés des autorités béninoises pour faire face à cette menace. Elle le sera en répondant à vos demandes ; nous l’avons toujours fait. Notre appui sera d’abord civil, s’inscrira en appui aux stratégies de développement des zones les plus vulnérables et les plus exposées aux tentatives d’implantation des groupes terroristes. Sur le plan sécuritaire, conformément à la réorganisation que nous avons adoptée à l’échelle de l’ensemble de la région, nous serons au rendez-vous pour répondre à vos demandes en termes de formation et d’équipement. Là-dessus, nous avons commencé, ces derniers mois,  à répondre à ces demandes par de la coopération en matière de renseignement, par des interventions très concrètes que nous avons pu déployer, je veux ici le redire. Nous avons accéléré cette coopération encore ces dernières semaines pour détacher, former, planifier des opérations. 

Nous serons aussi au rendez-vous de ces demandes en répondant à vos besoins en termes d’équipement, c’est pourquoi les pickups, les équipements de déminage, les gilets par balle, les équipements de vision nocturne, demandés seront livrés incessamment. Mais au-delà de ça, le Président m’a demandé des équipements plus sophistiqués de drones, de surveillance et autres, sur lesquels nous allons là aussi dans les prochaines semaines, avancer pour répondre à la demande qui est légitime, mais aussi aider le Bénin à structurer cette partie de votre défense qui est nécessaire si nous voulons collectivement répondre plus efficacement à vos besoins, nous l’avons évoqué et c’est bien légitime. 

Plus largement, ce que nous voulons faire c’est bâtir ensemble, de manière très concrète, la rénovation de la présence française et de ce partenariat en appui, en soutien — formation, équipement, accompagnement, formation des forces spéciales, opérations planifiées — et c’est pourquoi nous avons acté ensemble que je me rendrai pour ma part disponible pour assister à l’invitation des pays qui la composent à une réunion de l’Initiative d’Accra et permettre de structurer, pour tous les pays qui ont lancé cette initiative clé en matière sécuritaire dans toute la région, cet accompagnement. C’est la philosophie que nous voulons déployer, qui repose au fond sur deux principes clés : nous intervenons en soutien, à la demande précise, sur toutes les fonctions militaires des pays pour lutter contre le terrorisme. Mais nous le faisons en n'oubliant jamais que la réponse sécuritaire doit s'accompagner d'une réponse politique et de développement si nous voulons qu'elle soit pérenne. Je crois que ce que nous avons vécu ces dernières années au Mali montre combien, quand il n'y a qu'une opération militaire, et je le dis parce que ce que je disais là, je l'ai dit à Bamako en juillet 2017, sans que ce soit jamais suivi d'effet. Quand il n'y a pas de réponse sur le terrain par les autorités locales, sur le plan politique et sur le plan du développement, le sécuritaire n’y suffit pas. 

Nous avons également, avec le Président, évoqué le cœur de la stratégie qui est la vôtre : celle de faire de votre pays un pays exemplaire en matière de développement économique, de clarté du cadre justement de concurrence loyale, d'un pays exemplaire en termes de formation, en matière de développement culturel, touristique, sportif. Sur tous ces volets, la France sera là et c'est pourquoi aussi nous avons une discussion en tête-à-tête sur les sujets plus politiques. Je veux saluer ce que le Président m'a dit d'une volonté aussi d'ouverture qui, je crois, est la clé sur le plan politique pour accompagner une telle stratégie. Je sais que vous en êtes conscient et que c'est votre volonté, Président. 

Vous le voyez, notre présence aujourd'hui à vos côtés n'est pas le fruit du hasard. C'est déjà une étape dans le travail accompli en commun. Nous avons bâti un partenariat inédit et nous voulons aller plus loin, parce que nous avons là un Président, un Gouvernement, un pays qui veulent avancer, qui sont prêts à relever les défis d'aujourd'hui et de demain avec beaucoup d'ambition et de courage. Et donc, parce que nous avons su relever quelques-uns des défis du passé, parce que nous sommes habités de ces forces de l'esprit qui sont à quelques mètres de nous, nous saurons relever ensemble les défis de l'avenir. Je dis tout ça avec beaucoup de confiance. 

Merci beaucoup.

À l'issue de sa journée et de son déplacement, le Président Emmanuel Macron s'est rendu au lycée français de Cotonou pour assister à une séquence de promotion du sport féminin.

Le Président de la République a terminé sa visite à Sèmè CIty, cité de l’innovation et du savoir, où ont été signés des engagements entre des entreprises et des établissements français et le campus béninois. 

27 juillet 2022 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président de la République

Je vous rassure, je ne vais pas être long, tout a été dit. Non, plus sérieusement, vous avez parfaitement décrit la situation, les défis du Bénin, de son économie, de sa société, du continent africain et je dirais les nôtres, parce que ce défi est commun. Nous vivons sur une planète où il y a de plus en plus d'habitants, avec une démographie de plus en plus complexe, parce qu'il se trouve qu’un continent comme le continent africain a une force extraordinaire, sa jeunesse, mais elle n'a pas suffisamment d'opportunités aujourd'hui de formations et de débouchés économiques ; et d'autres continents comme le nôtre, qui ont une force historique, sont développés, mais ont une population vieillissante et sans doute de moins en moins de capacité à créer les richesses qui vont permettre de financer leur modèle social.

Il ne faut pas croire que nous, tout va bien et que les choses sont tout à fait tranquilles. Nous avons des ressources qui sont limitées, nous avons le défi, nos générations, de créer de la richesse en prenant mieux soin de la planète que les générations précédentes, et nous avons huit milliards d'habitants sur cette planète et on va continuer de monter. Il se trouve que la dynamique démographique est plutôt du côté des régions où il y a des perspectives de développement, mais enfin, des vrais défis. C'est ça, la grande description, la grande histoire que nous avons en commun. Si on fait comme on fait depuis des décennies, il n'y a aucune chance qu'on réussisse, aucune. Parce qu'on va continuer d'essayer d'exploiter et de permettre à des régions moyennement développées ou en voie de développement, de progresser un peu, mais pas trop vite. On aura de plus en plus un modèle qui est en train de se terminer dans ses perspectives de croissance, et surtout, la démographie que je décrivais, qui est déjà un défi à l'échelle de la planète, sera dans des dynamiques qui ne sont pas soutenables, qui sont celles, vous l'avez très bien dit, d'un investissement insuffisant sur le capital humain là où il y a une jeunesse présente, ce qui est une chance, et du coup d'une mobilité subie et des tensions politiques qui vont avec, dans toutes les géographies où cette mobilité subie arrive. C'est ça, notre histoire du moment.

Il faut qu'on arrive à convertir notre modèle. Je dis notre modèle parce que ce qu'on est en train de faire, ce n'est pas uniquement pour le Bénin, c'est aussi pour la France. Je vous le dis en toute franchise. Je crois beaucoup à ce qu'on est en train de faire parce que je pense que c'est un chemin commun. C'est de réussir à convertir les choses pour investir dans le capital humain, permettre à ce capital humain de fructifier, et donc, de transformer le pays et le continent, de lui donner toutes ses chances et de convertir, en quelque sorte, les dynamiques pour qu'il y ait beaucoup plus de mobilité, mais qu'elle soit choisie, harmonieuse, réciproque, et pas subie sur les routes de la misère. Ce qu'on est en train de faire, c'est ça. Ici, vous avez des autorités politiques, - on en a longuement parlé avec le président TALON, et ça fait, je dois dire, depuis cinq ans maintenant qu'on en parle tous les deux -, qui ont clairement fait le choix d'un projet économique de développement sur tous les segments, mais avec un projet très clair sur le plan culturel, touristique ; mais également avec la volonté de consolider le modèle agricole, de développer une industrie créant l'autonomie stratégique renforcée de la région et de développer le numérique.

On l'accompagne et je remercie toutes nos entreprises qui font partie de la délégation, qui investissent, parfois depuis plusieurs années, parce qu'elles contribuent à ce projet aussi, on veut aller plus loin. Surtout, il a compris. Il veut créer ici les formations pour pouvoir donner ces opportunités à la jeunesse béninoise et au fond, mettre en œuvre ce que je viens de décrire et qui est absolument clé, qui est le seul moyen de réussir. Ce que vous avez fait ici ces quatre dernières années est une petite révolution, je le dis pour tous nos partenaires, et je remercie vraiment les écoles, instituts et universités françaises qui viennent de signer. Simplement, comme ça a été dit, attendez-vous à la vitesse parce que, je voyais le premier local d'Epitech avec vingt-et-un élèves, je crois que l'un d'entre vous l'a dit, ils sont maintenant 600 en quatre ans, donc ça va vite, mais c'est une très bonne chose.

Notre volonté, nous, c'est d'accompagner ce mouvement qui est de former ici la jeunesse, de la former aux besoins de l'économie du Bénin, de la sous-région, mais aussi, dans le même temps, de la former à la recherche fondamentale, à l'excellence scientifique, comme vous l'avez dit, d'abord parce que c'est bon pour l'écosystème d'innovation et de création et c'est ce qui permet, dans la durée de pouvoir justement réussir à avoir les objectifs que j'évoquais. Nous avons déjà participé à deux campus. Nous avons, avec l'Agence française de développement, participé à l'ambition sur les lycées agricoles avec dix lycées agricoles qui font partie de notre programme. Ce qui est fait ici, avec le nouveau partenariat, c'est de pouvoir aller encore beaucoup plus loin et beaucoup plus fort sur l'ensemble des métiers de l'artisanat, des métiers de la gastronomie et de l'accueil, jusqu'aux formations fondamentales, le luxe, le numérique. Il y a une variété de métiers auxquels nous voulons contribuer et qui sont au cœur de cette ambition et de cet investissement. Je suis très fier d'être parmi vous aujourd'hui, d'avoir assisté à cet échange et à cette signature. Maintenant, il n'y a que le résultat qui compte.

Je peux dire une chose, c'est que vous avez la culture du résultat puisqu'en quatre ans, vous avez réussi à, en effet, d'ores et déjà former des jeunes, -quelques-uns sont ici présents parmi nous-, et donner des chances. C’est maintenant ça qu’on doit réussir à développer beaucoup plus fortement. Je le dis parce que je considère que le rôle de la France n’est pas d'expliquer à la jeunesse africaine que si elle veut se bâtir un avenir, elle doit accéder à un cycle universitaire sur le sol français. Je veux que, quand c’est choisi par une famille ou un jeune pour poursuivre ses études, des recherches, un doctorat ou un master 2, on puisse continuer à faire cela. Mais on a trop longtemps vécu sur un modèle où au fond, dès qu’il fallait aller à l’excellence des métiers, il fallait choisir l'exil pendant une ou plusieurs années. Ce qu’on est en train de faire, c’est un vrai modèle de partenariat réciproque, équilibré, où on donne la possibilité à la jeunesse béninoise, mais avec une volonté d'avoir un ancrage régional. Cette vocation régionale ici de votre projet pour nous est clé parce qu'on veut pouvoir vous aider à former ici tous les jeunes de la région et on veut pouvoir attirer aussi tous nos partenaires européens. C'est de dire que c'est ici que ça se passe si vous choisissez de le faire ici et que, pour vous aussi quand vous voulez vous former, vous avez le même luxe qu'un jeune Européen, de choisir l'endroit. Si vous voulez le faire en traversant la rue du lycée, comme dirait l'autre, ça doit pouvoir se faire.

Voilà, je ne serai pas plus long. En tout cas merci pour ce qui a été fait. Bravo, chère Claude, madame la Directrice générale pour le travail, l'engagement. Monsieur le Ministre, et je salue les ministres et ministres d'Etat du Gouvernement qui sont ici présents, je veux que vous ayez une chose très claire dans la tête. La France participe de ce changement de mentalité et on est à vos côtés parce qu'on pense exactement la même chose pour aujourd'hui et pour demain. La France sera à vos côtés pour former, et donc merci à nos universités, nos écoles, nos instituts, pour former à des métiers, pour vous aider à avoir des formations courtes, des formations longues, pour vous former à la recherche et l’innovation. La France sera là avec, sa force diplomatique, son Agence française de développement, avec BPIFrance, Business France, l’ensemble de son écosystème et ses investisseurs et acteurs privés, pour investir et accompagner ce mouvement, parce que c'est ce continuum qui va permettre au pays de réussir et de prendre la part du défi que j'évoquais au début de mon propos. Donc merci à vous !

Vive le Bénin ! Vive la France ! Vive l'amitié et l'ambition partagée !

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