Fait partie du dossier : Coronavirus COVID-19

Face aux crises, l’Union européenne (UE) s’est souvent vu reprocher de faire trop peu et trop tard. Notre réponse collective aux conséquences économiques de la pandémie de COVID-19 n’a toutefois manqué ni d’envergure, ni de rapidité. Au contraire, elle a mis en lumière toute la puissance d’une action précoce et audacieuse, et elle a confirmé les avantages que les pays et les institutions européennes ont à tirer d’une bonne coordination.

Les États membres de l’UE ont déboursé près de 1800 milliards d’euros pour aider les foyers et les entreprises à affronter la crise. La Banque centrale européenne a de son côté déployé une réponse monétaire de grande ampleur pour soutenir le financement de l’économie. Quant à la Commission européenne, elle a suspendu ses règles budgétaires et a lancé, aux côtés des États, le plan de relance européen, « Next Generation EU », destiné à financer les investissements et les réformes à hauteur de 750 milliards d’euros. 

La reprise est en bonne voie. Au niveau européen, l’économie n’a pas encore retrouvé la trajectoire qu’elle avait avant la pandémie mais elle est sur le point de revenir à son niveau d’avant la crise dans les prochains mois. La situation des finances publiques s’améliore également : le ratio de la dette souveraine par rapport au PIB dans les pays de l’UE s’est stabilisé et devrait diminuer en 2022.

Malgré les incertitudes qui persistent, nous devons aller de l’avant et relever les défis majeurs, de long terme, qui se posent à nous. Les crises du climat et de la biodiversité s’aggravent, tandis que les tensions géopolitiques et militaires s’intensifient. Plus que jamais, la technologie est devenue incontournable dans notre quotidien, mais elle exacerbe également les inégalités existantes et fait émerger de nouvelles fractures. Les évolutions démographiques modifient en profondeur la structure de nos sociétés. Dans tous ces domaines, l’UE doit agir rapidement et avec audace.

En Italie comme en France, nous avons déjà mené d’ambitieuses réformes, avec des résultats concrets à la clé, pour protéger nos concitoyens et leur permettre de réaliser leur potentiel. Nous devons à présent accélérer.

Il nous faut approfondir les réformes et accompagner ces transformations par des investissements à grande échelle dans la recherche, les infrastructures, le numérique et la défense. Nous avons besoin d’une stratégie européenne de croissance pour la prochaine décennie et nous devons être prêts à la mettre en œuvre au moyen d’investissements communs, de règles plus adaptées et d’une coordination accrue, et pas uniquement en temps de crise.

Notre capacité à déployer une politique budgétaire pour protéger notre population et transformer nos économies a été et demeure au cœur de cette stratégie. En conséquence, lorsque nous aurons établi avec tous les États membres de l’UE un ensemble de principes communs et d’objectifs macroéconomiques, nous devrons aborder la meilleure manière de construire un nouveau cadre budgétaire pertinent, qui réponde à ces objectifs.

La nécessité de réformer les règles budgétaires de l’UE, à la fois trop obscures et trop complexes, n’est pas apparue avec la pandémie. Avant cela, ces règles entravaient déjà l’action des États pendant les crises et surchargeaient la politique monétaire. Elles n’incitaient pas non plus à privilégier les dépenses publiques qui jouent un rôle essentiel pour notre avenir et notre souveraineté, notamment les investissements publics.

Nous aurons besoin d’un cadre crédible, transparent et capable de concrétiser notre volonté collective de rendre l’Europe plus forte, plus durable et plus juste. Nous devons réduire notre niveau d’endettement, aucun doute n’est permis à ce sujet, mais nous ne pouvons pas espérer atteindre cet objectif en augmentant les impôts ou en réalisant des coupes insoutenables dans les dépenses sociales, ni tuer la croissance dans l’œuf en rééquilibrant les finances publiques par un ajustement budgétaire qui ne serait pas viable.

Notre stratégie consiste plutôt à maîtriser nos dépenses publiques récurrentes en menant des réformes structurelles intelligentes. Et de la même façon que ces règles n’ont pas bridé notre réponse à la pandémie, elles ne doivent désormais pas nous empêcher de réaliser tous les investissements nécessaires.

La Commission européenne a lancé une consultation sur l’avenir des règles budgétaires de l’UE, qui donne lieu à des propositions intéressantes. Nous devons disposer d’une plus grande marge de manœuvre et pouvoir réaliser les dépenses clés nécessaires à notre avenir et à notre souveraineté. Les règles budgétaires devraient favoriser la dette créée pour financer ces investissements, qui contribuent indéniablement au bien-être des générations futures et à la croissance à long terme, étant donné que ces dépenses publiques participent de fait à la viabilité de la dette à long terme.

Le plan de relance européen, « Next Generation EU », a été une réussite, tant en ce qui concerne sa capacité à apprécier la qualité des dépenses publiques que son mode de financement. En cela, il constitue un modèle utile pour guider notre action. De nouvelles propositions mériteront des échanges approfondis (pour aller plus loin : "Revising the European Fiscal Framework" - pdf), sans idéologie, avec comme objectif de servir plus efficacement les intérêts de l’UE dans son ensemble.

La présidence française du Conseil de l’Union européenne, qui débutera bientôt, aura pour objectif d’élaborer une stratégie commune globale pour l’avenir de l’UE.

L’UE doit retrouver l’esprit qui a guidé son action au début de la pandémie l’an dernier. Une nouvelle stratégie de croissance, puis un cadre budgétaire amélioré selon ces orientations, contribueraient considérablement à lui donner les moyens d’agir et de réaliser ses ambitions.
 

Retrouvez la version originale de cette tribune en anglais sur ft.com

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