Un grand serviteur de l’État s’en est allé : Paul Quilès, ancien maire, député, ministre et compagnon de route de François Mitterrand, s’est éteint à l’âge de 79 ans. 

Lui qui était né dans un petit village d’Algérie, au sein d’une famille pied-noir, avait appris auprès de ses parents, de son père officier, de sa mère institutrice, le sens d’une vie dédiée aux autres. C’est pourquoi le jeune polytechnicien, en parallèle de sa carrière d’ingénieur chez Shell, développa très vite un engagement politique personnel et ancra ses convictions catholiques de gauche au sein du PS. 

Élu député en 1979, début d’une série de trois mandats parisiens, il fit alors une rencontre décisive, qui devait infléchir leur avenir mutuel : un candidat prometteur nommé François Mitterrand, dont il devient directeur de campagne, et avec qui il fit céder, dans l’apothéose politique du mois de mai 1981, les portes de l’Élysée. Au sein de son gouvernement, Paul Quilès occupa de multiples portefeuilles, celui du Logement, des Transports, de la Défense, des Postes et Télécommunications, puis de l’Intérieur, prouvant à chaque fois qu’au-delà des rouages gouvernementaux particuliers qu’on lui confiait, il maîtrisait la mécanique profonde de l’État.

À rebours de certains cursus honorum politiques, il choisit de s’ancrer toujours plus localement, plus intimement dans la vie politique française : député du Tarn en 1993, il conforta son enracinement dans sa région de cœur en briguant en 1995 la mairie de Cordes-sur-Ciel, un des plus beaux villages de France, où il fut élu et réélu à trois reprises, chaque fois au premier tour, jusqu’en 2020. Sa longévité dans cette terre peuplée par le souvenir de Jean Jaurès prouvait assez combien il était apprécié et estimé, combien il avait la trempe, lui aussi, d’un ténor du socialisme et d’un pilier de la République. 

Sa proximité avec ses administrés, son sens aigu des enjeux locaux, ne l’empêchaient pas de s’intéresser aux questions stratégiques et géopolitiques. Lors de son quatrième mandat de député, en 1997, il fut élu président de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale et de la mission d'information parlementaire sur le Rwanda l’année suivante. Résolument opposé à l’arme nucléaire, il prit fait et cause contre son utilisation.

Le Président de la République salue un ministre et un élu aux convictions chevillées au corps, qui servit la France à toutes les échelles de son organisme politique avec un égal dévouement et une ardeur inlassable. Il adresse à sa famille, à ses proches, à tous les  Tarnais et Cordais, ses condoléances sincères.

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