La Conférence de soutien à la population libanaise s’est tenue le 2 décembre 2020 en visioconférence, à l’invitation conjointe du Président de la République française et du Secrétaire Général des Nations Unies. 32 pays, 12 organisations internationales et 7 organisations de la société civile libanaise ont participé. 

A la suite de la Conférence internationale de soutien à Beyrouth et à la population libanaise, réunie le 9 août, après l’explosion dévastatrice du 4 août à Beyrouth, une réponse humanitaire avait été mobilisée dans l’urgence pour aider la population à faire face aux conséquences de ce drame révélateur des lacunes libanaises, dans un contexte de crises, à la fois politique, économique, financière et sanitaire dans le pays. 

La Conférence du 2 décembre a permis à la communauté internationale de réaffirmer avec force sa solidarité avec la population libanaise, et de réitérer son engagement de se tenir à ses côtés, dans le drame qui a touché cette population dans sa chair et dans son cœur. La Conférence a évoqué la réponse humanitaire à la crise et les efforts à conduire vers le relèvement précoce. La Conférence a appelé au respect des droits de l’homme au Liban. 

La Conférence s’est assurée que les engagements pris en matière d’aide d’urgence depuis le 4 août avaient bien été remplis, tant en qualité qu’en quantité, dans tous les domaines prioritaires identifiés alors par les Nations Unies, parmi lesquels la santé, l’éducation, la réhabilitation urbaine, l’alimentation. Alors que 257 millions d’euros avaient été promis, plus de 280 millions d’euros ont été effectivement versés. Les participants ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une distribution transparente et efficace de l’aide internationale, au seul bénéfice de la population. Le rôle des Nations Unies à cet égard a été salué. 

Au-delà de l’aide d’urgence, la Conférence a travaillé à la mobilisation de soutiens additionnels en termes de relèvement précoce au profit direct des populations les plus vulnérables, afin notamment de répondre aux défis de la sécurité alimentaire, et de l’accès à l’éducation. Les participants ont notamment relevé la nécessité de cibler l’assistance en faveur des femmes, des jeunes et des enfants. 

Le cadre 3RF (Réforme, Relèvement, Reconstruction) et sa facilité de financement (Fonds fiduciaire multi-bailleurs) préparés par la Banque mondiale, les Nations Unies et l’Union européenne ont été présentés. Ces instruments permettront d’assurer la continuité des financements au-delà de l’aide humanitaire d’urgence, débloquée dans l’après-4 août. Un rôle important sera confié aux acteurs de la société civile pour définir les domaines d’action prioritaires, comme la bonne gouvernance, la santé, l’éducation, la protection sociale, l’habitat, la culture et le patrimoine. Une attention particulière sera accordée aux besoins immédiats des petites et moyennes entreprises. La Conférence s’est félicitée de ces mécanismes de coordination, en soulignant la nécessité d’éviter les chevauchements avec les mécanismes existants. 

Les participants se sont inquiétés des retards de l’enquête sur les explosions du 4 août. La Conférence a également évoqué la reconstruction des installations portuaires, leur insertion dans la ville, ainsi que la réhabilitation des quartiers affectés par l’explosion. Les participants ont souligné que la reconstruction du port devrait reposer sur les principes suivants : reconstruire en mieux, gérer mieux, et décider de manière transparente. Les participants ont estimé que la reconstruction des quartiers affectés devait se faire de manière inclusive, en consultation avec les habitants. 

La Conférence a exprimé sa préoccupation sur la détérioration de la situation économique et sociale et s’est inquiétée de la crise humanitaire en gestation. Les participants ont constaté la détérioration de tous les indicateurs économiques, financiers, monétaires et sociaux, avec un taux de pauvreté qui a augmenté de 28 % à 55% sur une période de 12 mois, conduisant aujourd’hui beaucoup de Libanais à émigrer. La Conférence a partagé l’avis de la Banque mondiale, selon laquelle il s’agit là d’une « dépression délibérée ». Le Liban est en état de faillite financière, mais a toujours la possibilité d’être un Etat performant si des réformes sont mises en œuvre rapidement. La Conférence a aussi permis d’entamer la réflexion sur la nécessaire refonte du modèle économique libanais. 

Les participants ont rappelé avec force l’importance de la mise en œuvre effective de réformes attendues par la population et la communauté internationale. De telles réformes sont absolument critiques pour permettre l’engagement de cette dernière aux côtés du Liban, s’agissant tant des conclusions de la conférence CEDRE du 6 avril 2018 que des perspectives de soutien structurel additionnel à plus long 
terme. Ce soutien devra s’inscrire dans le cadre d’un programme conclu avec le Fonds monétaire international. 

La Conférence a de nouveau souligné la nécessité impérieuse pour les dirigeants politiques libanais de s’accorder au plus vite sur la formation d’un gouvernement crédible, efficace et à même de travailler à l’intérêt général du pays. Sur la base de la feuille de route du 1er septembre 2020 qui a été approuvée par toutes les forces politiques libanaises, il reviendra à ce gouvernement de mettre urgemment en œuvre l’ensemble des réformes et mesures nécessaires pour regagner la confiance de la population libanaise et de la communauté internationale. 

La Conférence s’est enfin félicitée de son dialogue nourri avec la société civile libanaise, qui témoigne de l’esprit de responsabilité et du dynamisme de celle-ci. La Conférence partage les aspirations de la population libanaise et tire de ce dialogue confiance dans l’avenir du Liban. 


 

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