« L’ADN du G20 est de forger dans l’urgence les solutions multilatérales efficaces face aux crises. »

Retrouvez l'intervention du Président de la République sur la riposte sanitaire et la préparation aux futures pandémies au sommet du G20 :

21 novembre 2020 - Seul le prononcé fait foi

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Intervention du Président Emmanuel Macron sur la riposte sanitaire et la préparation aux futures pandémies au sommet du G20.

Chers collègues, 

La pandémie de la Covid-19 continue de mettre à l’épreuve nos sociétés, et elle constitue aussi un test pour le G20 : l’ADN de notre club est en effet de forger, dans l’urgence, les solutions multilatérales efficaces face aux crises. En 2008, nous avons répondu à la crise économique et financière. Aujourd’hui, il nous revient de riposter face à une crise sanitaire qui menace, avant tout, la vie de millions de personnes. Et nous avons une responsabilité historique, je le redis : il n’y aura aucune réponse efficace face à la pandémie, qui ne soit pas une réponse globale, coordonnée et solidaire.

Nous avons cet après-midi échangé sur les premiers succès de l’initiative ACT-A, qui a mobilisé près de dix milliards de dollars depuis son lancement. Et nous avons en effet réalisé des progrès impressionnants vis-à-vis de notre premier objectif, qui était d’accélérer à l’échelle globale la recherche et la production des technologies de santé. Nous pouvons raisonnablement espérer qu’avant la fin de l’année, un vaccin sera disponible, ce qui est totalement inédit.


Mais un deuxième combat, plus difficile encore, doit être mené. C’est celui de l’accès universel aux technologies de santé contre la Covid19.  

Serons-nous prêts, lorsqu’un premier vaccin sera mis sur le marché, à en garantir l’accès à l’échelle planétaire, et à éviter à tout prix le scénario d’un monde « à deux vitesses », où seuls les plus riches pourraient se protéger du virus et reprendre une vie normale ? Notre stratégie d’allocation des premières doses de vaccins sera-t-elle construite en fonction des urgences et des priorités sanitaires, à l’échelle de notre planète, ou du seul pouvoir d’achat des pays ? Sera-t-elle vraiment multilatérale et collaborative, dans un cadre construit ensemble, ou répondra-t-elle à des logiques d’influence, des intérêts financiers, des égoïsmes nationaux ? 

Le moment est venu de transformer l’approche conceptuelle du « bien public mondial » en une réalité concrète.  

Le G20 rassemble 90% de l’économie mondiale, et nous avons, sur nos territoires, toutes les industries capables de produire à l’échelle, les technologies de santé contre la Covid19. Nous serons donc jugés au résultat. 

Nous connaissons les solutions. Pour ce qui est du vaccin, la facilité COVAX nous permet d’acheter des doses de vaccin pour le compte des pays les moins avancés : 4,9 milliards de dollars américains ont été levés, mais d’autres contributions seront nécessaires. Nous le savons, il faut donc continuer. Et je vous propose de concevoir ensemble un mécanisme de don d’une part des premières doses produites par les industries, ou pré-réservées par les économies avancées, pour la vaccination des publics prioritaires dans les pays en développement. Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé seront précieuses, pour assurer une priorisation à la fois efficace et équitable. 

Le partage des connaissances et des savoir-faire doit être au cœur, aussi, de notre stratégie : il faut certes inciter l’innovation industrielle, mais en période d’urgence sanitaire nous devons aussi favoriser les partenariats industriels et la production avec les pays en développement. Favoriser les capacités de recherche et de production des technologies de santé, y compris en Afrique, constitue notre meilleure protection face aux futures pandémies. Là aussi, nous avons les outils, pour favoriser le partage de licences volontaire. Par exemple, le mécanisme UNITAID créé par la France dispose d’une expérience inégalée, qui a fait ses preuves.  

Il ne faut pas oublier, au-delà du vaccin, de la recherche, que cette coopération doit aussi s’étendre aux traitements, et aux systèmes de santé primaires. Notre mobilisation doit donc veiller aussi à ce que, dès que des traitements contre le virus, se stabilisent, ils puissent être de la même manière diffusés, partagés, avec les pays les plus pauvres et les économies en développement.
Enfin, je veux rappeler à tous que tous les efforts que nous pourrions faire pour mettre à disposition des doses de vaccin dans ces pays, n’auraient aucune efficacité si dans le même temps, dans le même temps, nous ne décidons pas de stabiliser, renforcer, parfois reconstruire leurs systèmes de santé primaires. Et c’est pourquoi il nous faut, nous économies du G20, également investir beaucoup plus à travers notre aide publique et aide au développement, dans ces systèmes de santé primaires, et dans leur reconstruction.
Voilà les quelques mots que je voulais vous dire. Nous avons besoin d’une mobilisation de toutes et tous, et c’est une mobilisation, une fois encore, pour un des biens publics de notre planète. C’est la même mobilisation que nous savons à l’œuvre lorsqu’il s’agit de nous battre pour le climat, pour la biodiversité. Le lancement à Paris, le 12 novembre dernier, du Conseil d’experts de haut niveau « Une seule santé » est un très grand pas en avant pour aller dans cette direction. 

Mais fondamentalement, parmi les leçons que nous pouvons tirer du moment que nous vivons, la plus grande est sans doute que nous partageons, plus que jamais, au Nord et au Sud, un avenir et des défis communs. Et qu’il faut donc partager aussi, les solutions. Nous devons renforcer, partout sur la planète, les systèmes de santé, partout partager les ressources qui sont les nôtres, partout continuer à former, former des personnels de santé, pour que notre riposte sanitaire puisse être à la hauteur des défis. 

C’est aussi pourquoi la France soutient l’Organisation Mondiale de la Santé, pour mettre en place une Académie mondiale de la santé à Lyon, qui formera les personnels de santé du monde entier. Et c’est aussi pourquoi en matière de santé, nous partageons cet agenda multilatéral, qui est le seul pleinement efficace.

Voilà les quelques mots que je voulais partager avec vous. Nous ne serons efficaces que si nous sommes justes. Nous n’arriverons à être efficaces et justes que si nous sommes véritablement ensemble. Je remercie la présidence saoudienne pour ses efforts cette année, j’assure l’Italie de tout mon soutien pour sa présidence l’année prochaine, et je nous souhaite à tous d’être à la hauteur de ce rendez-vous de l’histoire. Et d’agir. Je vous remercie. 

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