Incontournable figure de la droite alsacienne, Gilbert Meyer, qui dirigea la ville de Colmar pendant un quart de siècle, s’est éteint hier.
Il était né durant la guerre dans une famille paysanne de Dessenheim, à quelques encablures au sud de Colmar. Durant sa jeunesse, il s’ouvrit à toutes les activités, le tir, le basket comme le judo, et fut 15 années le chef de corps des sapeurs-pompiers de sa commune : Gilbert Meyer eut très tôt le goût de l’action et de l’engagement.
Dans les années 1960, il avait vingt ans, et son intérêt pour la vie politique commença à s’épanouir à l'ombre d'une figure tutélaire, le gaulliste Georges Bourgeois, président du conseil général et parlementaire du Haut-Rhin. Il resta toute sa vie fidèle à ces convictions, comme il le fut aux terres qui l’ont vu naître et grandir.
D’abord commis de mairie à Fessenheim en 1967, petite main de la campagne présidentielle de Georges Pompidou en 1969, il décrocha en 1982 son premier mandat local, en tant que conseiller général du Haut-Rhin. Il entra ensuite au conseil régional d'Alsace puis au conseil municipal de Colmar, et se fit élire député du Haut-Rhin par trois fois.
C’est en 1995 qu’il ceignit pour la première fois son écharpe de maire de Colmar, s’installant alors dans un fauteuil qu’il ne quitta plus jusqu'aux dernières municipales. Il s’affirma comme un édile bâtisseur qui sut transformer sa ville au point d’en faire une destination touristique de tout premier plan, auréolée en 2020 du titre de « meilleure destination européenne ». La ville lui doit l’extension et la rénovation du joyau patrimonial qu’est le musée Unterlinden, l’aménagement et la piétonisation de la place Rapp, une ceinture de parking souterrains, un cinéma, une nouvelle piscine. Gilbert Meyer a sans cesse embelli, dynamisé et reverdi sa ville.
Le « vieux lion » de la Hardt menait ses projets sans ménagements : sans ménager aucunement ses efforts, mais sans ménager non plus ses adversaires. Il était toujours entier : à la fois bonhomme et autoritaire, tantôt chaleureux, tantôt ombrageux. Mais il prenait toujours soin de tisser avec les Colmariens des liens de confiance et d’attachement profonds, en allant inlassablement à leur rencontre et en les informant très régulièrement de ses actions sur les réseaux sociaux.
Cet homme de droite était aussi un homme de droit. Lui qui n’avait eu pour maîtres que l’expérience et le terrain avait repris le chemin des études universitaires la soixantaine passée et soutenu en 2013 une thèse de doctorat sur les finances locales et le développement durable. Une préoccupation chère à cette conscience très intègre, qui mit toujours un point d’honneur à préserver des finances saines tout en promouvant le développement de sa ville avec le souci de son avenir.
Le Président de la République salue le dévouement de ce grand Alsacien qui a œuvré sans relâche pour sa ville et son territoire, et adresse à ses proches, à son successeur Eric Straumann, ainsi qu’à tous les Colmariens ses sincères condoléances.