C’est une haute figure de la politique parisienne et de la droite républicaine qui nous quitte. Le député et conseiller de Paris Claude Goasguen est décédé ce jeudi 28 mai, à l’âge de 75 ans. 

Né à Toulon, ce fils d’un marin breton était difficilement passé à l’adolescence des rivages de la Méditerranée aux quais de la Seine. Pourtant, il ne quittera plus jamais Paris. Etudiant en droit sur les bancs de l’université qui s’appellera bientôt Panthéon-Assas, il transforma sa soif du grand large en souci du temps long, troquant son rêve de col marin et de bachi pour la toge et le mortier, en se plongeant passionnément dans l’histoire du droit. 

Président de la Corpo d’Assas, le jeune homme donnait alors à sa ferveur patriotique une direction étroitement nationaliste qu’il récusa par la suite, « une erreur de jeunesse » admettait-il. Mais ses premiers amours furent plus universitaires que politiques, et il poursuivit ses études de droit jusqu’à décrocher un doctorat. Assistant, maître-assistant, maître de conférence, doyen de faculté, il avait gravi tous les échelons de l’université avant que l’appel de la politique ne le rattrape. 

Revenu à l’engagement militant par la voie du centre droit, il était un fervent soutien de Jacques Chirac. Conseiller de Paris en 1983, il entra au cabinet du ministre de l’Éducation nationale René Monory lorsque le maire de Paris devint Premier ministre, en 1986. Nommé inspecteur général de l'Éducation nationale l’année suivante, il devint ensuite directeur du CNED et fut bientôt promu adjoint au maire de Paris. 

En 1993, il fut propulsé sur les bancs de l’hémicycle lorsque Jacques Toubon, dont il était le suppléant à l’Assemblée nationale, fut appelé au Gouvernement d’Edouard Balladur. Deux ans plus tard, le voilà à son tour nommé au Gouvernement, au ministère de la Réforme de l’Etat, de la Décentralisation et de la Citoyenneté. 
Il n’officia pas longtemps à ce poste, mais ses engagements partisans s’affinèrent et s’affermirent : il devint secrétaire général de l’UDF, rejoignit ensuite Démocratie libérale, le mouvement d’Alain Madelin dont il devint vice-président et porte-parole, et rallia enfin l’UMP qui deviendra LR. 

En 1997, il se fit élire député dans le XVIe arrondissement de Paris et fut toujours réélu à ce siège depuis. Cela allait bientôt faire 23 ans. Lui qui fut également maire de cet arrondissement pendant neuf ans, de 2008 à 2017, avait fait de ce quartier de la capitale son indéniable bastion. 

Forte tête, cet ancien joueur de rugby qui aimait les mêlées était aussi dans l’arène du Palais Bourbon un bretteur impétueux et érudit. Passionnément libéral, pourfendeur de l’antisémitisme, soutien d’Israël, défenseur des Chrétiens d’Orient, amoureux des belles lettres et du septième art, il aura soutenu tous les combats qui lui tenaient à cœur avec l’éloquence d’un puissant orateur et la rigueur d’un brillant juriste, le verbe haut et la pensée claire. 

Le Président de la République salue une grande voix politique qui manquera au débat républicain. Il adresse ses condoléances respectueuses à sa famille et à ses proches comme à tous ceux qui travaillaient à ses côtés et à tous les Parisiens qu’il servait depuis tant d’années.

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