Danièle Hoffman-Rispal, haute figure de la gauche à Paris, députée socialiste durant douze années, s’est éteinte à l’âge de soixante-huit ans.
Parisienne de naissance, elle avait grandi en province et c’est en revenant dans la capitale à 20 ans qu’elle était véritablement devenue une parisienne de cœur – une femme du Sentier, de Belleville et de Ménilmontant. D’abord vendeuse de vêtements puis comptable, elle avait commencé à militer au Parti Socialiste en 1974, dans le sillage d’espoir et le parfum de promesse du Programme commun.
Vingt ans plus tard, après des années de militantisme de terrain, d’un engagement éprouvé dans la proximité avec les gens et dans le quotidien de l’action, elle fut élue conseillère de Paris. Puis, en 2001, après l’élection de Bertrand Delanoë à l’Hôtel de ville, elle devint adjointe au maire, en charge des personnes âgées.
Son engagement de longue haleine fut ainsi récompensé par une superbe ascension républicaine qui la mena jusque sur les bancs de l’Assemblée nationale. En 2002, en effet, elle fut élue députée de la 6e circonscription de Paris et était réélue cinq ans plus tard avec 69% des voix, un score aux allures de plébiscite. C’était une immense fierté pour cette femme qui était revenue à Paris sans argent ni diplôme et qui n’avait pas appris la politique dans les manuels ou les amphithéâtres mais en prenant part à la vie de son quartier, au plus près des gens, avec cette bonté d’âme que tous ceux qui ont travaillé avec elle saluent aujourd’hui.
Etre députée pour elle, c’était « tisser un lien entre les velours de l’hémicycle et les pavés des faubourgs ». En tête de ses préoccupations, parmi les batailles dans lesquelles elle jetait toutes ses forces, il y avait l’égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre l’antisémitisme, les droits des étrangers, le mal-logement, l’autonomie de nos aînés ou encore le droit de mourir dans la dignité. C’était là les combats d’une humaniste invétérée, qui approchait toujours la politique par le prisme des problèmes concrets dont souffraient les femmes et les hommes qu’elle rencontrait. Elle faisait de la politique pour cela : leur apporter des solutions, leur rendre la vie un peu moins dure, un peu plus belle.
En 2012, en raison d’un accord entre le parti à la rose et le parti des verts, elle renonça avec regret à son siège de députée mais reprit finalement place dans l’hémicycle au cours des deux années où Cécile Duflot, dont elle était la suppléante, fut appelée au Gouvernement. Au moment de ses adieux, elle avait été chaleureusement applaudie, de tous les côtés de l’hémicycle.
C’est ainsi que pendant douze années, depuis notre agora nationale, elle porta haut et fort, avec son timbre rocailleux et son éloquence presque gouailleuse de titi parisienne, la voix des Français qu’elle a passé sa vie a rencontrer, à écouter, à défendre et à aimer.
Le Président de la République salue le parcours d’une femme politique généreuse et adresse ses condoléances respectueuses à sa famille, ses proches, ses compagnons d’engagement ainsi que tous les Parisiens qu’elle a servis.