Le président a appris avec tristesse le décès du sénateur de Lozère Alain Bertrand, grande figure régionale de la gauche et ardent défenseur du monde rural.
Avant d’être son fief, le Languedoc fut son berceau. Alain Bertrand avait vu le jour en 1951, sur les terres de Jaurès, dans une petite ville occitane enlacée par les méandres du Tarn, Saint-Juéry, qui lui apprit les beautés d’une région où la nature est reine.
D’abord inspecteur des domaines, ce passionné de pêche et de chasse, également cueilleur de cèpes, avait arpenté chaque parcelle de la Lozère avant de se lancer en politique pour servir ce territoire qu’il aimait tant. En 1998, il fut élu au conseil régional du Languedoc-Roussillon, où il devint très proche de Georges Frêche, puis, trois ans plus tard, au conseil municipal de sa ville de Mende, la préfecture du département. À la tête de la commission Montagne-Élevage, Chasse et Pêche du conseil régional, les enjeux liés aux ressources naturelles et aux pratiques agricoles, cruciaux sur ces terres, n’eurent bientôt plus de secret pour lui.
Fort de cet amour charnel et de cette connaissance intime de son territoire, de son attention bienveillante à tous, il réussit en 2008 le tour de force de se faire élire à la mairie de Mende sous l’étiquette socialiste, arrachant à la droite, à quelques voix près, ce qui était l’un de ses bastions depuis la Libération. Il fut un maire tout d’écoute et de dévouement : sa porte était toujours ouverte, sa main toujours tendue. Il se consacra à sa ville avec une abnégation rare jusqu’en 2016, lorsque la législation sur le non-cumul des mandats l’obligeât à démissionner pour continuer à siéger à la chambre haute. En 2011 en effet, alors vice-président du Conseil régional de Languedoc, il avait été élu sénateur de Lozère, renouvelant son premier coup d’éclat de faire basculer à gauche, du côté de cette sensibilité radicale de gauche qui était la sienne, ce qui était de longue date une chasse gardée de la droite.
Fidèle à son poste de sénateur jusqu’à ses derniers jours, malgré la maladie, il eut à cœur de porter haut et fort la voix de son département depuis les bancs du Palais du Luxembourg comme sur le terrain. Proche de ses habitants, fervent apôtre de ce qu’il appelait « l’hyper-ruralité », il en défendait les intérêts avec une force de conviction infatigable, combattant sans relâche le sentiment de délaissement qui gagnait les campagnes, et consacrant en 2014 un rapport sur la restauration de l’égalité républicaine entre les territoires.
À travers de nombreuses initiatives comme le lancement de la marque Sud de France, il œuvra inlassablement à mettre en valeur les richesses d’une terre dont il connaissait chaque montagne et chaque rivière, tous les recoins et tous les panoramas, et dont il avait si bien embrassé la cause qu’il en était devenu l’une des grandes figures tutélaires.
Le président de la République salue l’inlassable engagement d’un amoureux de son territoire et de l’égalité républicaine, et adresse à ses proches, ainsi qu’à tous les Lozériens, ses condoléances sincères.