Nous sommes en 1944.
Colette Rozen a 12 ans.

Depuis sa cellule de Châlons-sur-Marne, elle écrit ces mots à ses parents, Mordka et Bayla, déportés au camp de concentration de Drancy :

« J’ai eu beaucoup de chagrin à vous quitter et je pense sans cesse à Annette [sa petite sœur âgée de deux ans]. J’espère vous revoir bientôt car vous savez je souffre d’être loin de vous et pourtant c’est un sort bien injuste pour moi. Nous sommes à la prison de Châlons. Ils nous ont mis 8 dans la même cellule. Cette nuit était très froide. J’étais couchée sur une paillasse de 1m de large et à peine avec l’autre petite fille. Nous ne savons quand nous partirons. J’espère vous donner encore une fois de mes nouvelles. Oh, pourvu que je revienne. La vie ne sera pas rose. Alors à bientôt. Mille tendresses et baisers à toute la famille. Colette qui vous aime toujours. ».

Quelques jours plus tard, Colette sera déportée à son tour.
Elle écrit de nouveau à ses parents :

« En dernière minute, nous apprenons que nous allons partir pour Paris dans un train. On nous a dit de mettre les bagages aux bagages, mais moi je les garde. Quelle vie. Je vous écrirai de Drancy si je peux. Tâchez de pouvoir m’envoyer un colis. Je regrette de n’avoir pas pris ma robe marron. Mes provisions s’épuisent et j’ai déjà faim. Ah, que je vais être malheureuse ! »

Cette lettre sera sa dernière. Colette sera assassinée à Auschwitz, comme le furent ses parents. Seule la petite Annette survivra.

Comme Colette, Mordka ou Bayla, 80 000 Juifs furent déportés depuis la France, morts dans les camps ou exécutés en France. Au mémorial de Roglit, où s'est recceuilli le 23 janvier 2020 le Président Emmanuel Macron, leurs noms sont gravés pour l'éternité dans la pierre.

N’oublions jamais.

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