(Re)voir le discours du Président Emmanuel Macron :
17 janvier 2020 - Seul le prononcé fait foi
Inauguration par le Président de la République de la Grande Exposition du Fabriqué en France à l'Élysée
Mesdames, Messieurs les Ministres, Mesdames, Messieurs, chers amis, je vous rassure, je ne vais pas faire un long discours, mais je voulais dire quelques remerciements et quelques mots d'explication parce qu'en effet, nous sommes toutes et tous en train de partager une première. Les ministres ici présents se sont beaucoup mobilisés, avec eux leurs services, et je les en remercie, le ministère de l’Économie et de l'Industrie avec la Direction générale des entreprises, je remercie la Caisse des dépôts aussi de sa présence. La ministre des Outre-mer est là puisque beaucoup de ces territoires sont aussi présents. Je remercie nos préfets qui ont été largement mobilisés, les présidentes et présidents de région et en effet. Et puis, je veux remercier le jury de Fabriqué en France qui, autour de madame la secrétaire d’État, s'est beaucoup mobilisé, et vraiment, Monsieur le député, Madame la Sénatrice, Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs, je voulais vous vous rendre hommage parce que c'est ce jury avec lequel on a voyagé, cheminé dans une partie de cette exposition, qui a fait un très gros travail et qui a eu à choisir entre des milliers de propositions les quelques-unes qui seront exposées aux Françaises et aux Français pendant deux jours ici, à l’Élysée. Un immense merci à vous pour ce travail collectif. Je voulais également remercier l'Usine Extraordinaire qui, aux côtés de la DGE, a été aussi un partenaire très important, et le duo de graphistes M/M Paris, qui ont fait un très, très beau travail avec Thibault CAIZERGUES que je veux remercier aussi, et qui, en particulier, ont fait tout le design et le graphisme qui est attaché à cette exposition du Fabriqué en France et qui est une vraie création pour l'occasion, et qui montre aussi, par le goût qu'ils y ont mis, cette capacité à montrer comme des lettres forgées dans la couleur, comme ils ont su le faire, une part de l'industrie ainsi revisitée, cher Président VARIN, et je sais votre mobilisation aussi sur ce sujet et je vous remercie d'être là avec la cause pour l'industrie française que vous portez. C'est une première. Il y a, depuis plusieurs années, un très beau salon Made in France, je remercie sa présidente qui est avec nous, qui défend en effet le made in France et les couleurs de nos entreprises. Il y a eu beaucoup de politiques qui ont porté cette cause. Je veux remercier Arnaud MONTEBOURG et Yves JÉGO en particulier, qui, depuis plusieurs années, avec beaucoup de courage l'un et l'autre, ont porté cette cause commune et se sont engagés chacun d'ailleurs dans leur vie particulière pour cela. Mais la Grande Exposition du Fabriqué en France, organisée à l’Elysée, est une démarche qui se veut complémentaire et dans laquelle ce travail a été fait, et un peu différente. C'est en effet une première, réunissant les industriels, les métiers d'art, l'artisanat, l'agriculture. C'est la première fois que nous avons voulu ainsi sélectionner non pas pour vendre, mais pour exposer, mettre en lumière nos produits, qu'ils soient produits sur nos territoires par nos agriculteurs, qu'ils soient transformés sur notre territoire, qu'ils soient totalement fabriqués, qu'ils soient pensés, désignés, ce qui explique la grande variété des objets que vous avez aujourd'hui à l’Élysée. Et donc j’ai souhaité ouvrir cette maison, celle de l’Élysée, qui est la maison des Françaises et des Français, de la République, de la Nation, pendant deux jours à ce Fabriqué en France. 10 000 personnes se sont d'ores-et-déjà inscrites, ce qui veut dire que la préinscription qu'on avait mise en ligne pour que les choses se fassent dans de bonnes conditions et qu'on puisse accompagner ces visites, qui permettra d'ailleurs à toutes celles et ceux qui exposeront pendant deux jours aussi d'être dans l'espace où ils pourront expliquer ce qu'ils font, présenter à ceux qui passeront leur activité, leur production, leur engagement. 10 000 personnes d'ores et déjà inscrites et donc on aura pendant deux jours un défilé permanent. Un succès aussi entrepreneurial : 1 750 entreprises se sont portées candidates. 1 750 ! Et vous avez ici à la fois dans le jardin, la cour d'honneur autour des salons et dans cette salle des fêtes où nous sommes réunis et ce jardin d'hiver, la grande variété des produits qui a été sélectionné par le jury. Grande variété parce que d'abord, tous les territoires de l'Hexagone et d'outre-mer sont rassemblés et donc de Mamoudzou à Annonay, de la Région Parisienne à la Corse, on a tous les territoires qui sont ici représentés, et on a le cœur artificiel de Carmat, le stmicroelectronics, le bus qu'on voyait tout à l'heure qui est fait à Annonay par Iveco, de la production agricole qu'on a à quelques encablures de ma main droite pour manger du Roquefort, des madeleines ou autres, à des productions industrielles classiques jusqu'à du textile qu'on a de l'autre côté du design français, des meubles, du mobilier national avec Ligne Roset jusqu'à la production textile dans le Pas-de-Calais ou ailleurs. Je ne peux pas citer tout le monde, évidemment, mais ceci vous montre la variété de ce qui est fabriqué en France. Et pendant longtemps, ce certificat d'origine fabriqué en France a été une simple étiquette apposée sur vos objets de consommation équivalent de savoir-faire et gage de qualité et je souhaite qu'aujourd'hui, cette étiquette fasse une véritable marque, une fierté, un engagement collectif. Et c'est pour ça que je voulais vous remercier collectivement d'être là et, au fond, de participer à cet engagement. Et pour moi, il y a trois engagements clés derrière cela. Le premier, c'est que vous êtes toutes et tous les combattants du fabriqué en France c'est-à-dire que si vous êtes à l'Elysée ce soir, vous avez fait le pari de fabriquer en France , de produire, d’employer, d'utiliser des matières françaises. Et ce choix n'est pas innocent. C'est s'inscrire dans une histoire. L'histoire de savoir-faire, de territoires, de fierté, c'est parfois conjurer le sort. Parce qu’on a trop de nos territoires qui s'étaient en quelque sorte habitués à la déprise, à la désindustrialisation, c'est terminé. C'est terminé parce que si on décide de se mobiliser, on peut inverser cette tendance. Et donc, en étant les combattants du fabriqué en France, la mission que vous vous êtes donnée est certes compliquée, je le sais, mais vous l’honorez par un engagement qui est celui, justement, d'une confiance, d'un investissement, d'une formation. Et donc, derrière ces objets, il y a tout ce qu'on fait avec le ministre, les ministres pour la formation, l'apprentissage dans ces métiers, les métiers de l'industrie, les métiers du savoir-faire traditionnel. Il y a derrière l'emploi. Il y a aussi l'investissement industriel et capitalistique. Tout ça, ça s'appuie sur des réformes qui sont conduites depuis quelques années maintenant. Parce qu'on ne peut pas demander de fabriquer en France si derrière on n'a pas un coût du capital qui est compétitif, on s'est arrangé pour le faire. On ne peut pas fabriquer en France si on n'a pas un coût de l'emploi qui est compétitif. On ne peut pas fabriquer en France si on n'investit pas pour justement accompagner la formation. Moi, quand j'entends des gens dire : vous faites des mauvaises réformes, il faudrait fabriquer chez nous. Ce n'est pas vrai, c'est un mensonge. C'est un mensonge et je le dis avec beaucoup de force parce que c'est là où tout se tient. On dit : vous faites des réformes parfois pour les riches, la belle affaire. Si on n'est pas des entrepreneurs et des investisseurs français qui investissent en France, ou l'entreprise ferme ou on est dépendant de capitaux étrangers qui ne regardent que la rentabilité. Donc, oui, il a fallu faire des réformes pour baisser le coût de l'investissement, pour améliorer la rentabilité de celui-ci, pour supprimer la part de l'ISF quand il s'investissait dans le capital productif français pour défendre nos investissements productifs et on peut faire du fabriqué en France parce qu'il y a aussi ces réformes. C'est une réalité. J'en veux pour preuve qu’il y a six mois pour la première fois depuis 12 ans, l'investissement et l'emploi industriel sont repartis. J'en veux pour preuve que maintenant, depuis deux ans, on a des records d'attractivité, d'investissements internationaux et de réouverture. Et donc, le fabriqué en France suppose d'être attaché à nos territoires, à nos traditions, d'avoir cet engagement citoyen que vous portez, mais aussi de savoir être compétitif en France. Efficace en France, l'un ne va pas sans l'autre. C'est pourquoi et c'est mon deuxième message le fabriqué en France, c'est fabriqué en France dans un monde ouvert. Vous n'avez pas tous décidé ni ne pouvez avoir 100 % de vos composants français, mais la démarche dans laquelle vous êtes engagés, celle à laquelle je tiens, c'est de se dire à chaque fois qu'on peut reproduire, réouvrir, réinternaliser une partie de la chaîne de production avec une chaîne française, on le fait. On avait abandonné parfois ce raisonnement. Et donc, c'est de se dire, on est parfois en effet avec des produits qui sont faits à travers l'Europe ou à travers le monde, mais on fabrique une partie non négligeable de ce qu'on produit dans nos territoires et en France, mais on le fait avec nos savoir faire, nos talents et avec la volonté aussi d'exporter. Je le dis parce que pour moi, le fabriqué en France ne doit pas être l'ennemi de l'ouverture, mais le complémentaire, c'est la condition pour que l'ouverture ne soit pas une punition. C'est la condition pour que l'ouverture ne soit pas subie. Si on fabrique en France, on peut être conquérant à l'export et on est comme on l'a encore fait il y a quelques mois, nos vins, nos productions agricoles, nos productions industrielles sur des marchés étrangers et accueillir d'autres qui viennent nous concurrencer et accueillir une partie de matières premières dont on a besoin pour faire certains de ses produits. Et donc, c'est un modèle de coopération, mais qui suppose d'être fort chez nous, d'être fiers de nos produits, de savoir nous différencier. Et donc, le fabriquer en France, c'est cette excellence dans l'ouverture, cette fierté d'être Français dans une compétition qu'on livre sans naïveté et sans fausse promesse. Et puis enfin, c'est le troisième engagement collectif, c'est que les acteurs du fabriqué en France ont un rôle à jouer dans un monde conscient et engagé. Tous les objets qu'on voit là, tout ce que vous portez, je le disais, c'est la réconciliation de tradition et de modernité. On a des enceintes modernes Focal. On a de la tradition et des hameçons du Territoire de Belfort. Mais ils sont connectés et donc c'est de la tradition et de l'hypermodernité et on a du savoir-faire agricole ou très traditionnel ancré chez nous. Mais qu'est-ce qui vous rassemble à chaque fois ? Pour moi, deux combats essentiels qui sont au cœur des combats pour notre pays. L'humain et la planète. L'humain, parce que derrière tous ces produits fabriqués en France, il y a le choix, de transmettre. Cela n'est possible que s'il y a ou des transmissions familiales, beaucoup d'entre vous ont d'ailleurs des transmissions familiales en tout ou partie et j'y tiens énormément. C'est d'ailleurs pour ça que la semaine prochaine aussi, dans cette maison, on rassemblera les entreprises de taille intermédiaire françaises qui portent une partie de cette ambition et de ce modèle, mais surtout parce qu'il faut former nos jeunes à ces savoirs faire. Et donc de l'artisanat à l'agriculture en allant à l'industriel, derrière cet engagement qui est le vôtre, l'engagement du fabricant en France, il y a la transmission de savoir faire. Il y a cet apprentissage que j'évoquais tout à l'heure et il y a cette volonté de valoriser les formations, les métiers qui sont derrière vos produits. Et en faisant cette vitrine, je veux aussi qu'on ramène de plus en plus de jeunes vers ces métiers de l'artisanat, de la chaudronnerie, de l'industrie. Il faut re rendre ces métiers attractifs. On en a besoin en France. Il y a de l'avenir. Il y a une demande d'emplois. Il y a un espoir formidable à recréer dans beaucoup de familles françaises et dans beaucoup de nos territoires. Cet engagement pour l'humain, le sens qu'on y donne est absolument fondamental à travers votre présence. Et puis, vous êtes des acteurs engagés de l'écologie. Et je le dis avec énormément de force, quel que soit là aussi les secteurs. Le fabriqué en France des métiers d'art à l'industrie, c'est notre réponse à la réduction de notre empreinte carbone et à la réduction des émissions. Tout ce qu'on peut fabriquer en France et qu'on importe parfois de loin, c'est à chaque fois une décision qu'on prend de favoriser de la logistique, de favoriser un transport et des émissions sur des milliers de kilomètres, de favoriser des industriels qui sont parfois moins bons que nous sur le plan environnemental, compte tenu de nos normes. Et donc, le fabriquer en France réduira les transports et favoriser des productions qui sont aux meilleurs standards internationaux en termes de réduction d'émissions, en termes de compatibilité avec notre ambition pour la planète. Et ça aussi, c'est vrai, sur tous les secteurs et c'est aussi à cet égard que la réconciliation du numérique et de l'industrie joue un rôle essentiel parce que c'est comme ça que l'on peut reconstruire, l'industrie du futur étant au cœur de cette ambition, reconstruire, reproduire au plus près de chez nous, complètement repenser nos chaînes de production et en revalorisant nos savoir-faire français, réussir à apporter une réponse positive aux défis écologiques. Voilà ce que je voulais vous dire. Vous êtes une réponse à notre besoin d'identité, de sens d'ancrage. Vous êtes une réponse en termes d'emploi, d'humain, en termes d'environnement. Le fabriqué en France est au coeur de la stratégie que nous menons depuis un peu plus de deux ans et demi, et à laquelle je crois très profondément, celle qui consiste à redonner du sens au monde dans lequel nous vivons, à produire dans notre pays en assumant un monde ouvert, à retrouver au fond l'esprit de fierté et de conquête pour notre industrie, pour nos services, pour nos métiers d'art, notre artisanat, pour le numérique français et pour notre agriculture parce que toutes ces familles qu'on a parfois opposées sont réconciliées dans cette même ambition et dans leur capacité à rassembler tous les territoires, et là aussi, les gens ont parfois beaucoup d'idées reçues. Qu'ils aillent voir où on fait de la technologie la plus avancée en matière de santé et de numérique dans le Cantal, qu'ils aillent voir, dans les régions qu'ils pensent urbaines, les productions agricoles qui sont à côté de moi. Les idées reçues sont fausses. Ce pays n'est qu'un, et il n'est pas dans un émiettement qu'on voudrait nous décrire. Vous rassemblez la France par la fierté et l'esprit de conquête. Merci d'être là et je suis très fier, avec vous, d'inaugurer le lancement de cette première Grande Exposition du Fabriqué en France à l'Elysée et de cette ambition commune que vous portez chaque jour, pour certaines et certains depuis bien longtemps, et que nous allons continuer de porter ensemble. Merci, vive la République et vive la France. Merci à vous.