Le Président de la République a appris avec tristesse la disparition de Julien Lauprêtre qui présidait le Secours populaire français depuis plus de soixante ans.

Julien Lauprêtre avait fait de la solidarité l’engagement et le sens de sa vie. C’est en février 1954, le mois même où l’Abbé Pierre avait lancé son fameux appel à l’aide pour les sans-logis, qu’il fut embauché – « pour quelques semaines » croyait-il alors – comme secrétaire administratif au Secours populaire. Il n’en est plus jamais reparti.

Lui qui avait été un jeune résistant y a vu l’une des plus belles manières d'honorer une promesse qu’il avait faite à Missak Manouchian, le chef des résistants de l’Affiche rouge, avec lequel il fut emprisonné durant la guerre. Manouchian lui avait dit ces mots qu’il avait reçus comme la lettre de mission de sa vie : « Moi je suis foutu, je vais être fusillé, mais toi tu es jeune, tu vas t’en sortir et il faudra que tu continues à lutter contre l’injustice et à être utile aux autres. »

En entrant au Secours populaire, Julien Lauprêtre s’est ainsi engagé dans une « nouvelle Résistance », une résistance à l’injustice, à la misère, à l’indifférence et à l’égoïsme. Il s’y est engagé avec tant de ferveur qu’un an seulement après son arrivée dans l’association, il en est devenu le secrétaire général et trois ans plus tard, le Président. Il l’est resté jusqu’au bout.

Au cours de ces six décennies, il a transformé le Secours populaire. Il l’a recentré sur son rôle humanitaire. Il a su l’ouvrir à tous et en faire une grande généraliste de la générosité. Il y a aussi fait tomber la barrière entre aidants et aidés en encourageant les seconds à devenir à leur tour des acteurs de la solidarité. Car il tenait à faire de l’association un vecteur de solidarité et non de charité, d’alliance et non d’assistance. C’est ainsi que le Secours populaire est devenu le premier réseau de bénévoles de France avec ses 80 000 personnes qui collectent et distribuent de la nourriture et des vêtements, qui écoutent et accompagnent les personnes en difficulté.

Julien Lauprêtre a aussi inventé de nouvelles formes de solidarité. En 1976, il a conçu la campagne des « pères noël verts » pour permettre à des familles démunies et des personnes isolées de célébrer dignement les fêtes de fin d’année. Il a aussi créé « La journée des oubliés des vacances » : tous les étés depuis 1979, l’association organise une journée au bord de la mer pour les enfants qui n’ont pas eu la chance de partir en vacances. On lui doit aussi le programme « Copains du monde », créé en 1992, par lequel des enfants de diverses nationalités se rencontrent, se découvrent pour mieux se comprendre.

Julien Lauprêtre avait une haute idée de la solidarité : ne se contentant jamais d’aider les gens à survivre dans la misère, il cherchait toujours à ce qu’ils s’en émancipent en refermant partout où il le pouvait les trappes de l’exclusion et les pièges des discriminations.

Il avait mérité ce surnom que certains lui donnaient, « l’ abbé Pierre laïc », car si ce dernier incarnait la charité chrétienne, Julien Lauprêtre personnifiait cette fraternité laïque qu’on appelle solidarité. Et il était, lui aussi, un éveilleur de conscience, un pourfendeur d’indifférence et un porte-parole des pauvres auprès des pouvoirs publics.

Julien Lauprêtre était tout entier cette main tendue de la générosité et ces ailes de l’espérance qui forment l’emblème de l’association. Il a, toute sa vie, donné chair au troisième terme de notre devise nationale et fait de la France un pays plus solidaire et plus uni.

Le Président de la République et son épouse expriment à sa famille, à ses proches et à tous ceux qui ont œuvré et œuvrent aujourd’hui au Secours populaire français leurs sincères condoléances.

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