Le Président de la République a reçu Anwar Ibrahim, Premier ministre de Malaisie, le vendredi 4 juillet 2025, au Palais de l’Élysée.

Ce dîner de travail, qui s’inscrit dans le prolongement de leur dernière rencontre en marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro, a permis au chef de l’État et au Premier ministre de renforcer le partenariat entre la France et la Malaisie, notamment dans les domaines des énergies renouvelables, de la défense, de l’éducation, de la santé et de l’innovation technologique.

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4 juillet 2025 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration conjointe du Président de la République et du Premier ministre de Malaisie Anwar Ibrahim.

Emmanuel MACRON

Mesdames et Messieurs. Monsieur le Premier ministre, cher Anwar, je suis très heureux de vous accueillir aujourd'hui pour cette visite qui marque la relance de la relation entre la Malaisie et la France, mais aussi entre la France et l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est, l'ASEAN, dont vous assurez la présidence cette année. Après mon déplacement il y a un mois au Vietnam et en Indonésie, y compris au siège de l'ASEAN, et à Singapour, votre présence témoigne de cette convergence de plus en plus forte entre l'Europe et l'Asie du Sud-Est. Deux régions qui représentent près d'un milliard et demi d'habitants, qui partagent cette même volonté de défendre les piliers de l'ordre international dont notre prospérité dépend.

C'est le cœur du message que j'ai moi-même souhaité porter au Shangri-La Dialogue en défendant l'idée d'une coalition des indépendants à même de promouvoir notre souveraineté, notre autonomie stratégique, une coalition réunie autour de plusieurs objectifs, un commerce international fondé sur des règles, une même volonté de relever les défis posés par le changement climatique, un rejet des doubles standards face aux crises internationales. Je veux insister sur ce dernier point, car je sais tout particulièrement l'émotion suscitée en Asie du Sud-Est, en particulier en Malaisie, par la guerre à Gaza. Nos deux pays demandent plus que jamais un accord sur le cessez-le-feu immédiat et permanent, la libération des otages et un accès sans entrave de l'aide humanitaire qui manque si cruellement à Gaza. Je salue les efforts des médiateurs et appelle à la conclusion rapide de l'accord qui est maintenant sur la table. Une solution durable ne pourra se faire sans rouvrir une perspective politique claire fondée sur la solution de deux États vivant en toute sécurité côte à côte et permettant la création d'un État palestinien et une pleine intégration régionale d'Israël. La dynamique que nous avons engagée en vue de la conférence internationale pour la mise en œuvre de la solution à deux États en lien avec le royaume d'Arabie saoudite doit se poursuivre au plus vite dans ce contexte. Dans l'immédiat, face à une situation humanitaire intenable, il est de la responsabilité d'Israël de laisser la population civile accéder à l'aide humanitaire. C'est le même souci du droit international qui nous a fait constater l'absence de base légale des frappes récentes contre l'Iran et appeler à une solution négociée. L'Iran doit réaffirmer sans équivoque son soutien au traité de non-prolifération, renoncer à la loi qui limite la coopération avec l'AIEA et accepter un accord qui nécessairement tendra vers la fin de l'enrichissement de l'uranium en Iran, tout en permettant au pays de bénéficier des usages pacifiques de l'énergie nucléaire. C'est le sens même des entretiens que j'ai pu avoir avec le président iranien, mais également avec le président russe Vladimir Poutine et hier, avec le président américain Donald Trump. Je continuerai de m'entretenir dans les prochains jours avec les autres membres du Conseil de sécurité.

Nous voulons aussi un cessez-le-feu immédiat en Ukraine. Nous condamnons avec la même fermeté les attaques contre les populations civiles. Cette guerre, guerre d'agression lancée par la Russie, a des conséquences bien au-delà de l'Europe, et nous le voyons très concrètement avec les soldats nord-coréens déployés sur le sol européen. Cette invasion désinhibe les pays détachés de toute considération pour les principes de souveraineté et d'intégrité territoriale. Notre objectif est, là aussi, de maintenir le soutien à l'Ukraine, de sanctionner davantage la Russie pour la convaincre de revenir à la table des discussions par un cessez-le-feu, puis une négociation pour une paix robuste et durable. Je me réjouis de la très bonne discussion qui s'est tenue aujourd'hui entre le président Zelensky et le président Trump, mais aussi de la solidité et du lien très fort qu'il y a entre tous les Européens pour continuer l'effort. En gardant pour boussole le droit international, nous nous donnons aussi les moyens d'agir face aux grands défis de notre temps : changement climatique, perte de biodiversité, et nous aurons l'occasion d'y revenir avec Monsieur le Premier ministre, car la France défend en effet l'idée du multilatéralisme efficace qui puisse répondre à ces grands défis qui sont les nôtres.

Comme nous souhaitons une réforme de la gouvernance mondiale, notamment les institutions financières internationales, en accordant une place plus importante aux différentes régions du monde. C'est toute l'ambition de notre pacte pour la prospérité des peuples et de la planète. Cette initiative, je le sais, rejoint très largement les objectifs qui sont les vôtres. Au moment où les États-Unis continuent d'ériger des droits de douane et une politique commerciale non-coopérative, en espérant que les accords qui sont en cours de négociation seront conclus, de nouveaux accords sont venus sceller le rapprochement entre les économies françaises, malaisiennes et concrétiser une stratégie de diversification. Et j'en viens à notre relation bilatérale, au-delà du lien entre l'ASEAN et l'Europe. En effet, nous relançons ensemble des partenariats dans tous les secteurs, et votre visite, Monsieur le Premier ministre, est à cet égard un succès, par les rencontres de haut niveau avec le Premier ministre et plusieurs autres hauts responsables, par notre discours à la Sorbonne, moment important, reconnaissance aussi de la parole qui est la vôtre, les échanges que vous avez pu avoir avec des responsables de la société civile et les rencontres avec nos entreprises. Et le rapprochement entre nos économies, la stratégie de diversification qui est la nôtre est à cet égard essentielle.

Je pense au projet qui a été signé dans le secteur des minerais critiques, dans les terres rares, avec l'entreprise Carester, qui vient d'ouvrir une usine à Lacq. Dans les transports, avec une coopération historique entre les compagnies aériennes malaisiennes et Airbus, mais aussi dans la transition énergétique. Et j'ai pu rappeler en Asie du Sud-Est notre soutien à la connectivité électrique dans la région, allant jusqu'à un soutien pour le nucléaire civil. Je ne peux pas terminer sans un mot sur les échanges entre nos artistes, nos chercheurs, nos universitaires et nos étudiants, tous ceux qui font vivre la relation entre nos deux pays. Nous avons de nouveaux accords en perspective pour continuer de tisser ce lien humain entre la Malaisie et la France. Une attention toute particulière sera accordée à la francophonie dans la mesure où un pays d'Asie du Sud-Est, le Cambodge, accueillera l'année prochaine le sommet sur la francophonie.

Monsieur le Premier ministre, vous avez récemment fait référence à Tocqueville et aux habitudes du cœur, une certaine éthique qui rapproche les nations démocratiques malgré des forces centrifuges qui essaient de les opposer les unes aux autres. Je suis convaincu que la relation entre la France et la Malaisie est aussi guidée par cette habitude. Et vous pouvez compter sur notre amitié pour la maintenir. Je vous remercie encore, Monsieur le Premier ministre, de votre présence en France, renouant un lien si important. C'est la première fois depuis 15 ans. Et c'est donc une visite importante, historique. Les décisions déjà signées viennent l'illustrer encore davantage, mais les discussions que nous aurons ce soir nous permettront aussi de bâtir encore davantage l'avenir.

Merci, Monsieur le Premier ministre.

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