
Le Chef de l’État a présidé la remise de décoration collective en l’honneur des acteurs ayant contribué à la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris au Palais de l’Élysée le mardi 15 avril 2025.
Parachevant ce chantier de cinq ans ayant mobilisé plus de 2 000 compagnons et un grand nombre d’entreprises présentes sur l’ensemble du territoire, ces hommes et ces femmes ont su allier compétences, ténacité et engagement en faveur de la restauration d’un emblème national qu’est la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Ce projet hors normes et profondément ambitieux a été réalisable par la mobilisation des compagnons, des architectes, des ingénieurs autour de l’établissement public « Rebâtir Notre-Dame de Paris » mettant en lumière des savoir-faire français d’exception, hérités de siècles de tradition.
Charpenterie, marqueterie, restauration des peintures murales, des sculptures et des vitraux – chaque étape a bénéficié de la plus grande minutie, permettant au monument de retrouver sa splendeur patrimoniale imaginée par Viollet-Le-Duc en 1870.
Forte de son succès, la cathédrale accueille aujourd’hui plus de 30 000 visiteurs quotidiens, illustrant l’attachement des Français et l’engouement international.
Porte-étendard du savoir-faire français et de l’engagement collectif des compagnons, cette cérémonie de remise de décoration a salué l’investissement individuel et collectif, l’expertise et la passion de tous ceux qui ont œuvré à rebâtir Notre-Dame de Paris.
Revoir la cérémonie :
15 avril 2025 - Seul le prononcé fait foi
Remise de décoration collective aux acteurs du chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Monsieur le Premier ministre, Mesdames, Messieurs les ministres, Mesdames, Messieurs les Parlementaires, Monsieur le grand chancelier de la Légion d'honneur, Monsieur le chef d'état-major des armées, Monsieur le préfet de la région Ile-de-France, Monsieur le préfet de police, généraux, officiers généraux, Madame la maire de Paris, Monsieur le recteur de la cathédrale de Notre-Dame, Monseigneur, chers ouvriers, artisans, contributeurs du chantier de Notre-Dame de Paris, chers amis.
C'est pour nous tous une émotion très forte de nous retrouver aujourd'hui réunis. Et vos applaudissements à l'instant ont redit à l'ensemble des récipiendaires la gratitude de la Nation. Et nous retrouver aujourd'hui, c'est reconnaître en effet tout ce qui a été fait en un jour si singulier. Chacun a ici en mémoire le 15 avril 2019. Notre-Dame de Paris était en feu. Nous étions plusieurs à craindre le pire. Vous l'avez sauvée. Puis, nous l'avons rebâtie. En 5 ans, grâce à vous, Notre-Dame de Paris fut reconstruite, rebâtie plus belle encore qu'elle n'était.
Oui, il a suffi ou il a fallu ces 5 années pour la reconstruire plus belle. Plus belle, plus aimée que jamais, et au fond, plus aimée que jamais parce que nous avons cru la perdre. Et parce que nous avons sans doute compris à nouveau ce qui fait une grande nation : des rêves fous, des projets qui unissent chacune et chacun, et qui nous ont rappelé ce qu'il y avait derrière ces pierres, derrière cette magnifique cathédrale, derrière ce monument, tant de savoir-faire et tant d'engagement.
Oui, le 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris fut attaquée, sauvée, et dès ce jour-là, nous avons commencé à la rebâtir. Et si nous sommes là ce soir, c'est grâce à l'héroïsme de nos pompiers, à la générosité de tous les mécènes et les fondations qui ont participé à cet effort, au talent et au dévouement de milliers d'artisans, de compagnons, de professionnels, de tant d'élus aussi et de citoyens. Vous êtes des milliers à avoir œuvré et vous êtes 100 ce soir, accompagnés par vos familles et vos proches que je salue avec vous.
Bien sûr, je ne peux vous nommer tous, plusieurs visages me sont familiers, mais je veux remercier chacune et chacun d'entre vous. 5 ans, c'était un défi et ce fut une prouesse. L'établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris l'a relevé, main dans la main avec la mairie de Paris, avec nos préfets, avec les élus, les communes et les entreprises de la France tout entière, fédérant un élan venu de tous nos territoires.
Cher Philippe Jost, je tiens à saluer votre investissement sans faille à la tête de l'établissement. Au nom de la nation, je vous en remercie profondément. Merci à vous, à vos adjoints, vos équipes, à nos architectes, sous la supervision de Philippe Villeneuve. Je vous remercie également, cher Philippe, à toute la maîtrise d'ouvrage et à toute la maîtrise d'œuvre. Merci à l'archevêché de Paris, avec qui nous avons travaillé avec le souci commun de rendre la cathédrale aux fidèles et à tous les Français au plus vite. À Monseigneur Aupetit, puis Monseigneur Ulrich, et je salue ce soir la présence à nos côtés de Monseigneur Ribadeau-Dumas. Merci à nos mécènes, dont beaucoup sont parmi nous ce soir. Je remercie nos experts scientifiques, les conservateurs, les archéologues, les ingénieurs, les chercheurs, les membres des monuments historiques, les chefs de chantiers et les conducteurs de travaux. Merci aux équipes de communication, aux économistes, aux bureaux d'études, aux responsables logistiques, chefs de projets, responsables culturels, experts numériques, aux administrateurs et coordinateurs de ce chantier sans précédent qui ont été des cerveaux et des voies de ce chantier. Merci aux maçons et tailleurs de pierre qui ont rebâti les arcs-boutants, les colonnes, les gargouilles. Vous avez montré que l'équilibre des voûtes repose sur la communion des âges.
À tous les métiers du bois, menuisiers d'art, parqueteurs, restaurateurs de marqueterie, aux forestiers, scieurs, équarrisseurs, aux charpentiers, aux taillandiers qui ont façonné leurs outils, qui en ont parfois réinventé, venus du fond des âges. Merci. En restaurant la forêt, en érigeant la flèche vers le ciel, vous avez aussi contribué à redonner une boussole à tant d'entre nous. Tapissiers, peintres et restaurateurs en peinture, merci. Vous avez redonné de l'éclat aux chapelles et à notre pays. À nos doreurs, fondeurs, ferronniers d'art, serruriers, dinandiers, patineurs, lustriers, designers du mobilier liturgique, éclairagistes, vous avez montré que Notre-Dame, c'est l'universel, exprimé dans chaque détail. Merci. Aux facteurs d'orgues, campanistes, spécialistes de l'acoustique, vous avez recréé l'harmonie entre le visible et l'invisible. Merci. Maîtres verriers, venus des quatre coins de France, vous avez sauvé la prunelle des yeux de la cathédrale. Merci à vous aussi. À nos couvreurs, couvreurs ornemanistes, travailleurs des cîmes, merci. Vous avez prouvé que vous étiez à la hauteur de notre passé. Et je n'oublie pas les échafaudeurs, les grutiers, les cordistes qui ont défié les lois de la pesanteur, les professionnels de l’installation technique et électrique, ingénieurs, électriciens, spécialistes de la sécurité incendie, experts des fluides, de l'alimentation en énergie.
Merci aux agents de sûreté, aux agents de la restauration collective, des sites de stockage, à ceux qui ont assuré l'entretien des locaux, tous ceux sans qui les compagnons n'auraient pas pu donner toutes leurs mesures et tous les métiers aussi, que je n'ai pas mentionnés peut-être, mais qui ont rendu l'impensable possible. Je l'ai dit, chaque femme et chaque homme étaient nécessaires. Et il y avait les femmes et les hommes qui étaient sur ce chantier, mais je n'oublie pas tous ceux qui étaient dans les ateliers.
J'étais encore la semaine dernière dans les Deux-Sèvres, au cœur d'une entreprise où plusieurs des compagnons, des artisans, n'avaient pas vu le chantier de Notre-Dame, mais ils avaient passé des centaines d'heures de leur vie à préparer des pièces qui y étaient destinées et ils tenaient par là. Et je veux remercier aussi tant et tant de membres des services de l'État qui ont aidé à des procédures et à déjouer les complots du plomb ou de telle ou telle autorisation qui aurait pu nous retarder davantage encore. Pendant 5 ans, vous avez, au fond, collectivement démontré ce dont la nation peut être capable : s'unir et, au fond, faire converger tous les efforts vers un même objectif.
L'Île de la Cité est devenue un microcosme avec sa propre géologie, du calcaire lutétien millénaire, sa propre population, une grande famille de compagnons et même sa forêt, la seule forêt de cette taille à Paris. Il flottait sur ce chantier exemplaire quelque chose d'unique, une atmosphère à part, un esprit de fraternité entre tous, sous les marronniers du square Jean XXIII, entre les Algeco, et résonne encore, parmi ces derniers, la voix inoubliable du général Georgelin. Vous avez participé, pendant ces 5 années, à la légende des siècles. Votre signature ne restera visible nulle part sur la cathédrale, pas plus que les compagnons du XIIème siècle n'avaient laissé leur nom dans les annales de l'histoire. Mais chacun d'entre eux l'avait fait. Et c'est toute la grandeur de vos métiers. Et c'est pour cela que nous avons voulu que la République vous honore ce soir en vous faisant entrer dans nos premiers ordres nationaux.
Votre récompense est plus profonde. Au-delà des honneurs de la République, votre plus grand honneur est d'avoir inscrit vos gestes dans la grande histoire des bâtisseurs de cathédrales, et par là, d'avoir façonné l'histoire de la France d'aujourd'hui. Vous êtes à ce titre, chacune et chacun, un lien entre le passé et le présent, entre les Français et leur héritage. Pour autant, ce chapitre de votre vie, qui s'est ouvert le 15 avril 2019, ne s'achève pas le 15 avril 2025, et ces médailles ne sont pas un point final. D'abord parce que pour certains d'entre vous, le chantier de Notre-Dame se poursuivra encore pendant des mois pour parachever la restauration des façades latérales, des tours, du chœur, pour réaménager les abords aussi sous l'égide de la ville de Paris. Ensuite, parce que Notre-Dame n'est qu'une étape dans vos vies qui sont faites de chantiers toujours plus riches, de défis toujours plus grands, et parce que Notre-Dame de Paris impulse un élan de fierté française qui dépasse, au fond, nos existences elles-mêmes et se prolongera au-delà de nous tous. C'est votre génération qui compte sur vous. À vous, de lui partager la résonance du chantier, de lui transmettre cette fierté, cette fraternité du travail, de pousser plus loin cette excellence sur tous vos autres projets, de former nos jeunes et les futurs compagnons. Et je sais que tous les compagnons qui auront connu ce chantier ne l'oublieront jamais et colporteront ce message.
C'était possible, nous l'avons fait. Vous avez montré, en effet, durant ces 5 années, ce que peut faire une grande nation et, au fond, ce qu'est, avant tout, une grande nation comme la France, une nation faite d'une histoire plus grande qu'elle-même et capable encore d'embrasser des rêves plus grands qu'elle-même. Vous avez forgé quelque chose qui nous unit tous, un esprit, un élan. À jamais, vous êtes la génération Notre-Dame. Merci.