« Comment lui dire adieu » ? La voix de velours de Françoise Hardy, éternelle interprète du « Temps de l’amour, des copains et de l’aventure », s’est éteinte ce mardi.

Née en 1944 dans le Paris de l’Occupation, elle avait grandi dans cette France exaltée de l’après-guerre, entourée de sa mère et de sa sœur, ressentant cruellement l’absence de son père. Timide et sensible, elle passait le plus clair de son temps enfermée dans sa chambre, à écrire un peu, à lire beaucoup, à rêver passionnément, et à écouter la radio à la folie : les voix de Tino Rossi, Luis Mariano et Charles Trenet bercèrent son enfance avant que la pop musique et le rock’n’roll n’animent son adolescence.

À 16 ans, en guise de cadeau de réussite au baccalauréat, elle demanda à sa mère une guitare, pour commencer à composer ses propres chansons. Avec guère plus de trois accords en tête, elle réussit à s’inscrire au « Petit Conservatoire de la chanson », célèbre cours de chant télévisé, qu’elle suivit pendant deux années.

À l’aube des années 1960, elle signe son premier contrat chez le label Vogue, où débute au même moment Johnny Hallyday. Son premier grand succès ne tarde pas : elle a 17 ans lorsque sort « Tous les garçons et les filles », la complainte d’une jeune femme qui n’a pas encore connu l’amour et qui s’attriste que « personne ne l’aime ». Mais bientôt toute la France, toute l’Europe même, tombe sous son charme. Sa chanson devient le tube de l’année, avec cinq cent mille disques vendus en quelques mois, et fait d’elle une nouvelle idole des jeunes, encensée par les unes de Paris Match.

Sur la « photo du siècle » de Salut les Copains, prise par Jean-Marie PÉRIER en 1966, elle pose aux côtés des plus grandes vedettes du yéyé, Johnny Hallyday, Sylvie VARTAN ou France Gall. Icône parmi les icônes, elle impose son incontournable frange, ses tenues Courrèges, Yves Saint-Laurent ou Paco Rabanne, sa mini-jupe et ses bottes blanches. Le monde entier fredonne ses tubes, « Le Temps de l’amour », Message personnel » ou encore « Mon amie la rose », vanité sur la fugacité de la vie.

Celle que Jean Gabin surnommait « la discrète », d’une élégance si réservée, presque farouche, n’hésitait pas à se mettre à nu, l’émotion à fleur de voix, dans des ballades sentimentales dont elle ciselait souvent elle-même les mélodies. Elle chantait les amours rêvées, les amours trompées, les amours blessées, comme dans « Comment te dire adieu », sur un texte de Gainsbourg, avec ce ton de déchirante confidence dont elle avait fait sa marque de fabrique. Avec Jacques DUTRONC, qu’elle épousa en 1981 à Monticello, en Corse, elle forma un des couples les plus tourmentés et les plus légendaires du XXe siècle.

Supportant de plus en plus difficilement le trac des spectacles et l’éloignement des tournées, elle quitta la scène à la fin des années 1960 pour se consacrer aux plateaux de télévision, aux studios d’enregistrement, et à l’occasion au cinéma. Mais elle ne cessa de chercher dans la musique un exutoire pour se dire elle-même et mettre le monde en mots, jusqu’à son tout dernier album, Personne d’autre, en 2018, avant que le cancer ne contraigne au silence cette voix incomparable.

Le Président de la République et son épouse saluent en elle une idole des jeunes devenue une icône de la chanson française, et adressent leurs sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers