Né le 18 mars 1940 à Honfleur, Hugues Gall débuta un parcours nourri par les humanités et le goût du service public. Diplômé de Sciences-Po Paris, jeune homme brillant, attaché au gaullisme et marqué, en politique, par le goût de la tempérance, il intégra le cabinet d’Edgar Faure au ministère de l’Agriculture puis de l’Education Nationale. C’est là qu’il se frotta aux matières culturelles pour la première fois : en charge des enseignements artistiques, il créa la filière musicale du baccalauréat et le département artistique de l’université de Vincennes. Il rejoignit en 1969 le cabinet d’Edmond Michelet, ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles.

Ce passionné d’opéra, devenu secrétaire général de la Réunion des théâtres lyriques nationaux, seconda ensuite Rolf Liebermann à la tête de l’Opéra de Paris, pour un mandat de sept ans, aussi flamboyant que mouvementé, et marqué par l’ouverture internationale. Au Palais Garnier et Salle Favart, de 1973 à 1980, la vision de Rolf Liebermann et la gestion d’Hugues Gall parvinrent à attirer les plus grands artistes de l’époque.

En 1980, Hugues Gall partit pour la Suisse, où sa direction, quinze ans durant, du Grand Théâtre de Genève marqua profondément l’institution. Pourtant, ce grand serviteur de l’Etat, à l’autorité reconnue et aux talents de diplomate remarqués, ne pouvait s’éloigner longtemps de son pays d’origine. Contributeur en 1987 du rapport de Raymond Soubie, pour la préfiguration des relations entre le Palais Garnier et la nouvelle salle de Bastille, il refusa le poste de directeur de l’Opéra Bastille l’année suivante. Il accepta finalement d’être nommé directeur délégué de l’Opéra national de Paris, fusion de Garnier et Bastille, en 1993 avant d’en prendre les commandes deux ans plus tard.

Hugues Gall trouvait un établissement public marqué par les conflits et sous le feu de l’attention politique et médiatique. En neuf ans de mandat, Hugues Gall parvint à pacifier et faire rayonner l’institution. Il mit en œuvre un répertoire enrichi et dense, avec de nombreuses créations, de Philippe Fénelon ou Pascal Dusapin. L’Opéra de Paris devint en 1998 la première entreprise de spectacles en France, ouverte presque chaque soir de l’année. Hugues Gall concilia son amour du Palais Garnier, dont il mena à bien le chantier de rénovation, avec l’essor de la scène de Bastille. Si les relations sociales furent agitées, avec de nombreuses grèves, le directeur parvint à la signature d’une nouvelle convention collective. Au total, à la fin de son mandat en 2004, l’institution avait équilibré son budget, augmenté considérablement sa fréquentation et doublé le nombre de ses abonnements.

Hugues Gall continua de s’investir dans la politique culturelle et ses institutions. Elu en 2002 à l’Académie des Beaux-Arts, il fut sollicité pour prendre la tête de la Commission chargée de pourvoir le poste de directeur de la Villa Médicis à Rome ou pour participer à celle sur la réflexion de l’avenir de l’Hôtel de la Marine. Hugues Gall dirigea également la Fondation Claude Monet à Giverny, de 2008 à 2018, qu’il transforma profondément, avec son autorité et son expérience.

Le Président de la République et son épouse saluent la mémoire d’un grand serviteur de l’Etat, qui marqua de son empreinte presque cinquante ans de notre politique culturelle, de l’Opéra aux « Nymphéas ». Ils adressent à ses proches et à ceux qui l’aimaient leurs condoléances émues.

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