Fait partie du dossier : Visite d'État au Brésil.

Le Président Emmanuel Macron s'est rendu en visite d’État au Brésil du 26 au 28 mars 2024. Il a passé la deuxième journée à la base navale d'Itaguaí et à São Paulo.

Depuis la base navale d'Itaguaí, le chef de l'État a participé à la mise à l'eau du sous-marin Tonelero.

Long de 71  mètres, il s'agit du troisième bâtiment de ce type mis à l'eau, grâce à un accord signé en 2008 entre la France et le Brésil.

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27 mars 2024 - Seul le prononcé fait foi

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Visite d'État au Brésil, journée à Rio de Janeiro et São Paulo.

Emmanuel MACRON

Monsieur le Président de la République du Brésil, mon cher LULA, Madame la Première Dame, Madame la Marraine en ce jour, chers Indiens. Mesdames et Messieurs les ministres, Monsieur le gouverneur, Messieurs les officiers généraux, Messieurs les ambassadeurs, Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités.

Chers amis, je veux vous dire combien je ressens d'honneur et de fierté à partager à vos côtés ce matin, ce moment si particulier qu'est la mise à l'eau du sous-marin Tonelero. Vous lui avez donné le nom d'une grande victoire de l'histoire brésilienne. Et en effet, ce sous-marin est une victoire, ne serait-ce que par son berceau ici même, car il y a à peine 16 ans de cela, ce site d’Itaguai n'était que forêts et marécages. C'est désormais l'un des chantiers de construction de sous-marins parmi les plus modernes du monde et le seul dans l'hémisphère sud. Un nouveau Tonelero sonnera comme une victoire brésilienne plus pacifique, plus industriel, plus technologique, mais à coup sûr, une victoire. Si la prouesse technologique ne peut que laisser admiratif, il s'agit avant tout du triomphe d'une volonté et d'une détermination, celle d'un homme au caractère visionnaire, mon cher LULA, qui a su fixer le cap d'une ambition qui pouvait paraître en 2008 démesurée. La France y a cru, la France y a adhéré et la France s'est engagée dans cette aventure à vos côtés, avec toutes ses compétences, celles de sa marine, celles de ses industriels et main dans la main avec votre Marine, vos armées, avec vos industriels, nous avons su bâtir. Je peux le dire aujourd'hui à coup sûr, vous aviez raison d'y croire et nous avions raison de vous soutenir.

Ce troisième sous-marin est le témoignage très concret de ce que nos deux pays sont capables d'accomplir ensemble dans un véritable partenariat stratégique. Vous êtes à l'origine de ce projet et je suis donc tout particulièrement heureux qu'il vous revienne l'honneur du lancement opérationnel de ces magnifiques outils de combat. Ce chantier titanesque, pendant toutes ces années, a mobilisé toutes les forces vives ; ingénieurs et ouvriers ont œuvré pour cette réussite et ce partenariat représente pour la France un transfert inégalé de technologies. Nous n'avons jamais autant partagé notre savoir-faire qu'avec le Brésil et nous sommes fiers de l'avoir fait. Je tiens à remercier très chaleureusement ici les équipes des constructions navales d’Itaguaí et notamment la société Naval Group pour la qualité de l'exécution de cette coopération. Je le dis devant les dirigeants et devant l'ensemble des équipes ici rassemblées, les retombées positives de ce chantier, vous savez ô combien, Monsieur le Gouverneur, en termes d'emplois créés et de vocations suscitées aussi, en termes d'universités associées, dépasse largement les espérances initiales qui étaient les nôtres.

Elles vont permettre de décupler la portée en surface et bien au-delà des profondeurs sous-marines. Je veux ici dire aussi combien la qualité de l'échange, l'intimité stratégique et opérationnelle qui s'est développée entre nos armées et tout particulièrement nos marines a été exemplaire et a permis aussi de faire de ce projet quelque chose de plus grand encore qu'un partenariat industriel, mais bien un partenariat stratégique équilibré. Alors aujourd'hui, grâce à vous, Madame la marraine, chère Janja, et grâce aux moments d'émotion que vous nous avez fait vivre, nous célébrons une réalisation industrielle qui est le fruit de ces 16 années. Et vos marins auront à en prendre la tête. Et je félicite, Commandante, l'ensemble des équipages qui auront à rejoindre le sous-marin. Il nous faut aller plus loin. Et si je suis parmi vous aujourd'hui, ce n'est pas simplement pour dire la fierté de la France d'être à vos côtés pour ce projet inédit et féliciter l'ensemble de ceux qui l'ont permis. C'est vous dire la conviction que nous pouvons, que nous devons ouvrir, une nouvelle page de ce partenariat stratégique entre nos deux pays.

D'abord parce que nous avons destins liés par la géographie. La France est en effet le seul pays d'Europe à être aussi une puissance amazonienne, à partager 730 kilomètres de frontière commune avec vous. Des zones contiguës qui nous conduisent à partager tant de défis. Nous avons à lutter ensemble contre les trafics illégaux à terre ou en mer, qui sont autant d'outrages à la nature, à nos valeurs, à notre futur. Nous avons à défendre ensemble nos frontières, nos espaces forestiers, notre Amazonie où nous étions hier, nos zones économiques exclusives. Nous avons à protéger nos pêcheurs. Vous avez à protéger vos extractions pétrolières et gazières. C'est le premier défi essentiel que nous partageons.

Nous avons plus largement le défi maritime à partager. Tous les experts le disent, parmi les grands théâtres de conflictualité du siècle qui s'ouvrent, la mer en sera à coup sûr. Elle l'est déjà. Nous sommes deux grandes puissances maritimes internationales. La France, grâce à ses territoires ultramarins, est la deuxième puissance maritime par ses zones économiques exclusives au monde et donc avons, avec le Brésil, communauté de destin à cet égard. Et puis encore plus profondément, les débats que nous avons eus ces derniers mois ensemble, discussions depuis hier me l'ont confirmé, mais l'histoire, la force de nos relations diplomatiques que vous avez rappelé amiral il y a un instant et que le ministre de la Défense a aussi rappelé qui conduisent, nous avons quelque chose d'une même vision du monde et de ses équilibres. Refusons un monde qui serait prisonnier par la conflictualité entre deux grandes puissances. Nous aimons l'indépendance des grandes diplomaties et des grandes armées. Nous aimons défendre notre indépendance et notre souveraineté. Mais avec elle, le respect du droit international partout dans le monde. Nous croyons à la dignité humaine qui est constitutive même de nos ordres politiques et constitutionnels. Nous croyons dans le climat et nous voulons le défendre. Nous croyons dans la paix en ce qu'elle bâtit des équilibres. Et ceci, et vous l'avez aussi très bien dit, suppose d'être fort.

Des grandes puissances pacifiques que sont le Brésil et la France doivent acter que dans un monde de plus en plus désorganisé, il nous faut savoir fort tenir le langage de la fermeté pour la paix, de la défense, des équilibres qui refusent à chacun ce temps d'être les vassaux de certains autres et de savoir défendre avec crédibilité l'ordre international auquel nous croyons. Oui, cette vision géopolitique qui est la nôtre, celle d'être des grandes puissances qui coopèrent au service d'un ordre international et de ses équilibres, qui refusent la partition du monde, qui refusent la vassalisation à laquelle on voudrait parfois nous attraire, c'est cela qui nous lie. Et donc, fort de cette vision, nous avons beaucoup plus à faire pour aujourd'hui et pour demain. Et nous voulons ensemble ouvrir une nouvelle page reposant sur cette intimité diplomatique, sur la force déjà de nos liens militaires pour produire ensemble, de manière respectueuse, équilibrée comme nous l'avons fait ici et bien davantage.

Je souhaite que nous ouvrions le chapitre, évidemment pour de nouveaux sous-marins, le quatrième, le cinquième. Mais comme vous l'avez dit un instant, les uns et les autres que nous regardions en face la propulsion nucléaire en étant parfaitement respectueux de tous les engagements les plus rigoureux de non-prolifération. Ce cadre existe, est possible, vous le voulez, la France sera à vos côtés. Je veux qu'à vos côtés nous puissions continuer le formidable travail qui a été mené dans le cadre de la production des hélicoptères. Regardons aussi d'autres champs, des tourelles de combat aux satellites et à l'espace qui doit là aussi un instrument de coopération concrète car nous avons là aussi à bâtir des coopérations technologiques, un nouveau champ à construire ensemble. La production, la coopération pour l'intérêt de nos deux pays et, qui sait, au-delà de ces sous-marins, d'avoir d'autres équipements et d'avoir peut-être pour fêter dans quelques années le sous-marin à propulsion nucléaire que vous aurez bâti dans le cadre parfaitement rigoureux sur le plan international et juridique. Avoir des rafales qui passeront demain, car nous aurons aussi, sur ce sujet, su bâtir une coopération nouvelle.

Comme vous, je veux voir grand, puissant parce que le monde dans lequel nous vivons est inquiétant. En ce monde, nous partageons des valeurs, une exigence et une amitié et une connaissance réciproque. Je vois ici beaucoup d'anciens officiers généraux. Ils témoignent de l'intimité qu'il y a entre nos armées, entre cette coopération qui vient de loin. Alors oui, cher LULA, je suis ici pour célébrer ces 16 ans de coopération extraordinaire et pour vous dire que nous voulons, pour les décennies à venir, aller encore plus loin, lancer des projets ambitieux et nouveaux. Consolidons cette relation indéfectible, mais bâtissant l'avenir pour que ce Tonelero, avant qu'il rejoigne son milieu naturel dans quelques heures, nous permette aussi d'être le prétexte d'une coopération, d'une ambition encore plus grande, celle d'un Brésil plus fort, d'une France plus forte au service de la paix et d'une vision partagée du monde. Je veux, en vous remerciant toutes et tous et en vous félicitant, conclure l'honneur de nos marins, qu'ils soient surfacier sous-marinier ces quelques mots : Boas águas e boa caçada submarinistas brasileiros. Bonne mer et bonne chasse aux sous-mariniers brésiliens. Vive le Brésil ! Vive la France et vive l'amitié entre nos deux pays.

Le Président Emmanuel Macron s'est ensuite rendu au Forum franco-brésilien sur le verdissement de l'économie, et a souligné la qualité du modèle brésilien en la matière. Il a ainsi appelé de ses vœux un renforcement des partenariats croisés entre les deux pays, notamment pour renforcer la lutte contre le dérèglement climatique

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27 mars 2024 - Seul le prononcé fait foi

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Visite d'État au Brésil, journée à Rio de Janeiro et São Paulo.

Emmanuel MACRON

Merci beaucoup Monsieur le vice-président de la République.

Mesdames, Messieurs les ministres,

Mesdames, Messieurs les Présidents et représentants de la Confédération Nationale de l'Industrie du Brésil, de la Fédération des industries de l'État de Sao Paulo, de la Fédération des industries de l'État de Rio de Janeiro.

Mesdames et Messieurs les représentants des entreprises brésiliennes et françaises,

Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités,

Chers amis,

Je suis heureux d'être parmi vous ce soir et je vous prie de bien vouloir excuser ce retard qui est lié au fait que ce matin, je dois dire que nous avons passé un peu plus de temps que prévu avec le président LULA aux côtés des projets justement de défense que vous avez rappelés et qui sont si importants. Et donc nous voilà parmi vous.

Je veux d'abord vous dire, Monsieur le vice-président que dans cette salle, vous avez et je les en remercie très chaleureusement, vos grandes entreprises et les représentants du monde des affaires que je viens de citer et je vous remercie de votre accueil et de l'organisation de cet événement. Mais vous avez aussi, si je puis utiliser cette formule, la sélection française. Cette seleção est pacifique. Elle est un peu plus qu'à 11 joueurs sur le terrain. Il y a plusieurs centaines d'entreprises françaises ici et je veux vraiment remercier l'ensemble de cette équipe de France, de Business France au Medef International en passant par l'ensemble de ceux qui y ont tenu, et M. CLAMADIEU a une responsabilité éminente en la matière, ont organisé ces rencontres entre nos communautés d'affaires, ce qui est une deuxième en dix ans, puisque la précédente s'était tenue il y a dix ans déjà. Je remercie l'ensemble des dirigeants d'entreprises françaises et brésiliennes d'être ici dans cette salle pour partager une ambition commune. Je vais essayer d'aller le plus directement au thème.

Au fond, j'avais principalement trois messages à partager avec vous. Le premier, c'est que les entreprises françaises, les chiffres sont là pour le dire, croient dans le Brésil. Je suis à peu près convaincu qu'elles ont raison, je vais essayer de dire pourquoi. Le deuxième message, c'est que je pense que les entreprises brésiliennes devraient encore plus croire dans la France, et je vais essayer de vous en convaincre, et à travers elle dans l'Europe. Et le troisième message, c'est que je suis convaincu qu'on a un agenda commun pour réussir cette transition environnementale qui est l'un des grands défis qu'il y a devant nous.

Alors d'abord, monsieur le vice-président, monsieur le ministre, mesdames, messieurs les ministres, je le disais, la France aime le Brésil, elle croit dans le Brésil et je dois dire que nos entrepreneurs et nos entreprises l'expriment très bien, parce que, si c'est la deuxième rencontre à ce niveau-là en dix ans, quand je regarde les chiffres des dix dernières années, le stock d'investissements directs français au Brésil a crû de 26 %. Il a franchi la barre des 40 milliards d'euros. Il y a plus de 1 100 filiales françaises qui sont présentes sur le sol brésilien et la France est le premier employeur étranger dans votre pays, avec plus de 520 000 emplois. Alors, c'est vrai que des groupes comme Carrefour en particulier, qui sont très intensifs, ont beaucoup d'employés et c'est une formidable chance pour nous et pour vous. Mais des groupes comme Engie et beaucoup d'autres sont au cœur aussi de votre projet environnemental et ont une expertise ici bien connue. Ceci se reflète aussi dans nos échanges commerciaux qui dépassent 8,4 milliards d'euros et sont revenus à leur niveau d'avant-Covid. C'est une force. Les entreprises qui sont là veulent aller encore plus loin. Et je vais vous dire ici qu'elles ont à mes yeux totalement raison parce que quand je regarde votre pays depuis la France, et avec un peu plus d'intimité ces derniers jours, je pense que nous pouvons et nous devons avoir confiance dans la force et l'avenir du Brésil, pas simplement comme économie, mais aussi comme nation. Vous avez réussi à affronter les périodes très déstabilisées que nous avons connues tous ces dernières années, Covid, crises géopolitiques. Vous avez une croissance solide, confirmée pour cette année et les années qui viennent. Vous avez su maîtriser l'inflation et vous avez su résister aux secousses que vivent toutes les démocraties du monde. Vous l'avez fait aussi en montrant la résistance des systèmes de pouvoir et de contre-pouvoirs et une maturité institutionnelle qui, je dois le dire, pour tous les investisseurs du monde entier et nos entreprises, témoigne d'une très grande force. Et enfin, vous avez, je dirais de manière native, un modèle de production de votre énergie basé sur les renouvelables, peu cher, soutenable, avec un défi qui est lié aux conséquences du dérèglement climatique sur vos fleuves mais qui est une très grande force. Et c'est vrai que le potentiel forestier fluvial et la force de votre production énergétique font aussi du Brésil une économie, une nation qui a devant elle un énorme potentiel. Tout ça pour dire que je suis convaincu ici que nos entreprises ont raison de vous aimer, de vous avoir fait confiance, d'être ce premier employeur étranger dans votre pays et que je suis convaincu que nous pouvons, nous devons faire encore davantage, je le dis à nos entreprises, en matière  évidemment de consommation et de développement des métiers, parce que vous avez un marché domestique très fort et qui est un point d'entrée dans toute la sous-région, parce que vous avez ce modèle qui doit nous permettre de faire encore davantage sur le plan énergétique. Parce qu'il y a ici un potentiel extraordinaire de services urbains, de mobilité et de gestion de la complexité urbaine, qui est aussi un savoir-faire français dans lequel nous voulons pouvoir déployer les choses. Et puis parce que nous avons aussi des potentiels de croissance en matière de défense. Plusieurs entreprises sont ici présentes, je l'évoquais avec le président LULA ce matin. On a formidablement commencé avec les hélicoptères et avec les sous-marins. On va aller beaucoup plus loin dans ces deux secteurs, c'est-à-dire bâtir de nouvelle génération, passer de nouvelles commandes. Mais nous sommes convaincus que de la modernisation des chars aux nouvelles générations de la conquête spatiale jusqu'à l'aviation, nous avons encore des potentiels immenses dans la relation bilatérale. Parce que le sous-jacent, c'est une certaine idée du monde que nous avons en partage. Et ici comme en France, nous voulons être des puissances d'équilibre et de paix.

Nous croyons dans le multilatéralisme efficace. Nous refusons le dictat d'un ordre bipolaire où il faudrait choisir son camp. Nous n'aimons pas la condamnation à la vassalisation et en quelque sorte, nous aimons ces chemins qui nous permettent d'être indépendants, ce qui ne veut pas dire fermé ou autarcique, mais c'est de choisir nos partenariats au service d'une vision et des valeurs qui sont les nôtres. Et ces valeurs, ce sont les idéaux de dignité humaine qui sont au cœur même des projets démocratiques brésiliens et français. Une fois que j'ai dit tout cela, le deuxième point sur lequel je voulais revenir, c'est ce pour quoi les entreprises brésiliennes doivent beaucoup plus croire dans la France. Et là, je fais mon plaidoyer pro domo, ce qui est normal et pleinement légitime. Mais quand je regarde les entreprises, les investisseurs brésiliens dans notre pays, le niveau n'est pas le même et on peut aller beaucoup plus loin. Quand je regarde le stock d'investissements directs, il est de moins de deux milliards d'euros en France. Et donc, très clairement, les grandes entreprises et les investisseurs brésiliens doivent pouvoir faire beaucoup plus. Alors pour ça, je voudrais ici peut-être revenir sur ce que nous avons collectivement fait ces dernières années. La France n'est plus le pays de la grande complexité que vous avez connu. C'est une tâche permanente qu'il faut conduire. Mais nous avons profondément simplifié les choses à la fois le monde du travail avec des ordonnances de travail passé des 2017, la fiscalité. En baissant de 60 milliards d'euros la fiscalité en France et en particulier sur la fiscalité du capital, mais aussi la fiscalité des entreprises. On a mis en place une flat tax de 30 % sur la fiscalité du capital. On a baissé de 33 à 25 % notre impôt sur les sociétés, avec un vrai résultat.

Nous sommes les grands gagnants de l'après Brexit. Les banques, je le dis aussi pour celles qui hésitent encore ou qui réfléchissent pour les grands acteurs brésiliens, la plupart des banques qui ont quitté Londres pour choisir un site en Europe ont choisi Paris, qu'elles soient d'ailleurs américaines, parfois certaines, anglaises elles-mêmes ou asiatiques. Ensuite, nous avons créé plus de deux millions d'emplois ces dernières années, baissé de deux points notre taux de chômage. Et nous sommes ces quatre dernières années, le pays le plus attractif d'Europe en vertu de tous les classements. Nous avons commencé à réindustrialiser le pays, à mener des réformes secteur par secteur, du secteur de l'énergie à celui des transports en passant par beaucoup d'autres, et investi massivement dans cette réindustrialisation par l'innovation et la décarbonation. Des secteurs du ciment, nous avons des acteurs d'excellence ici présents jusqu'au secteur de l'agroalimentaire, en passant par nos ports, nos industries. Nous avons relancé notre industrie nucléaire, ce qui n'avait été pas fait depuis plusieurs décennies et donc bâti là aussi une stratégie de soutenabilité sur le plan énergétique qui fait que la France a d'ailleurs quelque chose de comparable avec vous. 75 % de notre mix repose, lui, sur le nucléaire qui est une énergie pilotable et bas carbone. Et il y a plus de 80 % totalement décarbonée. Et nous avons décidé des investissements massifs sur le renouvelable et le nucléaire dans les années à venir, en même temps que nous améliorons l'efficacité énergétique de notre modèle. Tout ça pour dire que rien ne peut justifier le chiffre que j'évoquais en investissements directs de la part des grandes entreprises et investisseurs brésiliens en France. Il faut qu'on aille beaucoup plus vite, beaucoup plus fort, beaucoup plus loin. Et je crois pouvoir le dire, la France, ce faisant, sera votre point d'entrée tout à la fois vers le marché européen que nous sommes en train de continuer à intégrer encore davantage et l'Europe, ces dernières années, a réussi à franchir des étapes absolument décisives en termes d'intégration face à la crise Covid comme dans ce contexte de guerre, et, je le crois aussi, très profondément vers des marchés tiers, en particulier le marché africain.

Je crois beaucoup à cette triade, en tout cas, cette capacité que le Brésil, la France peuvent avoir pour agir ensemble vers l'Afrique. Et pour en avoir parlé avec des présidents du Bénin, de l'Angola et d'ailleurs, je sais qu'ils croient aussi dans cette stratégie et la capacité à la mener ensemble. En tout cas, je veux ici vous dire la solidité de l'économie française qui repose sur la lutte pour le plein-emploi, la réindustrialisation, la consolidation d'un modèle bas carbone et la constance que nous avons eu ces sept dernières années dans cette stratégie qui porte ses fruits et que nous continuerons à conduire.

Ceci me conduit précisément à la troisième réflexion que je voulais partager avec vous et qui est au cœur de vos discussions du jour. C'est comment, ensemble, nous pouvons relever le défi, en effet, de la décarbonation. Je crois précisément que si nous avons une stratégie cohérente, volontariste entre nos gouvernements, en bâtissant les règles d'un multilatéralisme plus exigeant, mais en passant aussi par nos entreprises, nous pouvons réussir cette bataille qui, aujourd'hui nourrit un certain scepticisme chez les uns, en tout cas, ne doit pas nous conduire à nous reposer sur nos lauriers une fois que j'ai dit qu'on a des bons modèles pour ce qui est du Brésil et de la France. Le combat de la lutte contre le réchauffement climatique et ses conséquences et pour la biodiversité est un combat qui est très loin d'être gagné aujourd'hui. Il nous faut donc redoubler d'efforts. Et ce cadre-là, c'est celui, je pense, qui doit irriguer la relation bilatérale et ce que, je le souhaite ardemment, le Brésil va faire dans sa présidence du G20, puis l'année prochaine en présidant une COP qui sera essentielle à Belém. C'est pourquoi ce sont des rendez-vous politiques et diplomatiques, mais qui, derrière, doivent nous conduire à avoir ce partenariat d'investissement et d'affaires de manière cohérente.

Je crois très profondément que nous avons trois combats qui sont inséparables à conduire : celui pour la création de richesses, la création d'emplois et la lutte contre les inégalités dans nos sociétés. Il est sans doute encore plus important au Brésil qu'en France quand on regarde les indices d'inégalités, mais il est essentiel en France, quand on voit la nécessité de gagner la bataille du plein emploi pour offrir des perspectives à nos classes moyennes.

Le deuxième combat, c'est celui de la neutralité carbone 2050, c'est-à-dire de la réduction de nos émissions avec des transformations très profondes de nos modèles.

Et le troisième combat, c'est celui pour la biodiversité. Il est inséparable parce que d'abord, c'est une richesse de nos pays, mais nous ne gagnerons pas le combat pour le climat et l'adaptation si, dans le même temps, nous ne menons pas le combat pour la préservation de la biodiversité. Parce que préserver nos forêts primaires, c'est conserver des réserves de carbone irrécupérable. À chaque fois qu'on les sacrifie, elles libèrent des tonnes de CO2 qui nous font reculer dans la bataille contre la décarbonation. C'est préserver des puits de carbone qui absorbent une partie de ce que nous libérons par nos activités. Et donc, il y a une complémentarité dans ces combats qui, d'ailleurs, a été reconnue pleinement dans une stratégie que nous avons portée avec le président LULA il y a quelques mois à Paris, ce pacte de Paris pour les peuples de la planète que nous portons avec nos grandes banques d'investissement, nos banques de développement, nos banques multilatérales. On a mis en place un agenda de finances en commun qui permet justement de soutenir ces trois agendas, ne pas choisir, et qui, je l'espère, sera porté au cœur tout à la fois de la présidence du G20, nous en avons parlé hier avec le président LULA, et de la COP de Belém.

Pour le décliner de manière maintenant très concrète, on doit réussir ensemble à poursuivre quelques combats. Le premier, c'est réussir à bâtir des standards internationaux qui incitent les grands investisseurs privés, aux côtés des banques, à aller vers la réduction des émissions de CO2 et la préservation de la biodiversité. Plusieurs sont là, dans cette salle, qui mènent ce combat de la prise en compte justement de l'intérêt général et tout à la fois de la biodiversité et du climat pour le remettre au cœur de la Finance. Ceci ne se fera pas de manière spontanée. Et quand on regarde aujourd'hui le fonctionnement des marchés, il ne permettra pas de le faire. Le prix du carbone est très hétérogène selon les marchés. Il est surtout trop bas aujourd'hui et les incitations pour réorienter les investissements vers les bons comportements ne sont pas là. Et donc au cœur de la bataille, du G20 de Rio et de la COP de Belém et de ce que nous allons pousser avec vous, il va y avoir la construction de règles, de standards internationaux privés et publics-privés pour inciter les investisseurs à aller vers les activités les plus bas carbone et pour inciter à reforester et ou à préserver nos forêts. Cette méthodologie, on a commencé l'année dernière à la roder en Afrique et ailleurs. On a commencé à mettre en place les premiers contrats, à attirer des fonds souverains, des ONG, des grands investisseurs. On doit aller beaucoup plus loin pour la systématiser et considérer en quelque sorte que la biodiversité, le climat et la lutte contre les inégalités ne sont pas des externalités qu'il faudrait aller corriger ensuite une fois qu'on a créé de la richesse. Non, il faut les remettre au cœur de nos modèles. Pour ça, il faut réformer la gouvernance mondiale. La vraie réforme de la gouvernance mondiale, c'est celle-là. Beaucoup plus que de savoir combien on sera autour de la table ou si ceci ou si cela, parce qu'on va le faire aussi. C'est très important, mais je peux déjà vous l'écrire, ça, on va mettre des années avant de le régler. Ce combat pour qu'il y ait une réorientation de la finance est quant à lui indispensable et urgent.

La deuxième chose, c'est d'harmoniser entre nous et là, c'est un combat entre le Brésil et la France, avec la France. C'est un combat du Brésil avec l'Europe. Nous devons intégrer des standards de plus en plus communs sur cette voie. Et on a tout pour réussir. Parce que vous êtes d'ores et déjà en termes d'émission de CO2, parce que vous avez un modèle qui est très décarboné. Et moi, je crois très profondément que nous devons repenser nos règles commerciales à l'aune de cet avantage, et c'est pourquoi je préfère mettre les pieds dans le plat devant cette assemblée. Je me suis exprimé avec beaucoup de force pour dire le Mercosur tel qu'il est aujourd'hui négocié est un très mauvais accord. Mais je pense que c'est un très mauvais accord pour vous et pour nous. Et je vais vous le dire de manière très simple, parce que c'est un accord qui a été négocié il y a 20 ans, et il en est de la vie diplomatique comme de la vie des affaires. Quand on a négocié quelque chose avec une grammaire ancienne, on peut essayer de réactiver les braises, mais si on n'en change pas les termes, il y a peu de chances que l'accord corresponde à l'ordre du monde tel qu'il est aujourd'hui. Dans cet accord, il n'y a rien qui prend en compte le sujet de la biodiversité et du climat. Rien. C'est pour ça que je dis qu'il n'est pas bon. Et je vais vous le dire, moi c'est un accord que je ne peux pas défendre. Vous êtes tous chefs d'entreprises dans cette salle. Quand je demande à des entreprises de ciment en France de décarboner massivement, d'investir des milliards d'euros, de les aider, de mettre de l'argent public pour décarboner, on est en train de réussir. Quand je demande à des agriculteurs que vous distribuez, de faire la même chose, de se passer de pesticides, je ne peux pas dans la même seconde, dire je vais ouvrir mon marché avec des règles très hétérogènes et permettre à des gens qui ne suivent pas les mêmes règles d'importer massivement sans tarif. On va perdre tout le monde ou à ce moment-là, on va créer une mondialisation ou on va très bien réguler des producteurs dans des endroits où il n'y en aura plus. Ce n'est pas ce qu'on cherche. Et je le dis dans un pays où vous faites les efforts. C'est-à-dire je le dis dans un pays où vous produisez de manière décarbonée, où vous avez cette sensibilité, vos entreprises, vous le disiez, Monsieur le Président, tout à l'heure, ont commencé ce chemin avec de très bons résultats. Et où vous avez un gouvernement qui s'est attaqué au sujet de la déforestation et veut le valoriser. Finissons-en avec le Mercosur d’il y a 20 ans, bâtissons un nouvel accord qui soit à la lumière, à la lumière de nos objectifs, de notre réalité, c'est-à-dire un accord commercial qui soit responsable d'un point de vue de développement, de climat et de biodiversité. Un accord de nouvelle génération avec des clauses miroirs qui facilitera l'accès au marché européen de vos entreprises qui sont remarquables et qui ont un modèle mixte de mix énergétique qui est bien meilleur que beaucoup d'autres pays européens et qui sera plus exigeant de part et d'autre, avec nos agriculteurs, avec nos industriels, mais qui nous permettra de faire ce chemin.

Donc je pense que le deuxième pilier de cette stratégie, justement pour le climat, c'est de bâtir entre… Que le Brésil et la France soient deux puissances d'inspiration pour bâtir ces contrats, ces accords de nouvelle génération sur le plan du climat et du commerce. Et puis le dernier point, ce sont les investissements, les partenariats croisés. Je suis convaincu que cette ambition commune pour le climat et la biodiversité doit nous conduire à avoir des stratégies beaucoup plus ambitieuses. En France, nous avons mis en place France 2030. 54 milliards d'euros sont investis pour aider à décarboner, à investir, à justement mener à ce chemin. Vous avez ici des acteurs qui sont impressionnants, par exemple dans la décarbonation de notre aviation et qui produisent du fioul soutenable, des carburants soutenables pour nos avions. Vous avez des acteurs de l'hydroélectricité, parfois en partenariat avec nos acteurs français qui sont remarquables. Ce sont autant de solutions pour la décarbonation de beaucoup d'acteurs industriels au Brésil, en France, mais aussi dans nos sous-régions.

Et donc derrière cela, pour moi, le troisième pilier après les standards, les accords commerciaux, ce sont des accords d'investissement, des partenariats croisés pour justement aider à décarboner nos industries. Décarboner nos grands sites industriels, décarboner nos ports, décarboner nos cimenteries, innover par l'hydrogène, par le renouvelable, par le nucléaire, par les SAF et permettre aussi, à travers les innovations industrielles, d'aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort sur ce chemin de croissance commun. Ne nous trompons pas, nous ne sommes qu'au début de la bataille. Et ne nous trompons pas à peu près tous les chiffres sur lesquels nous travaillons sous-estiment les besoins qui sont les nôtres.

Et je finirai sur ce point parce que la bataille pour décarboner nos industries et nos agricultures sous-estime très largement les besoins en énergie que la transformation technologique, et en particulier celle de l'intelligence artificielle, va créer dans nos économies. Les quantités d'électricité et d'énergie dont nous aurons besoin pour bâtir l'intelligence artificielle dans nos pays et, ce faisant, avoir notre part de souveraineté, seront massifs et vont nous imposer d'aller encore plus vite et plus fort dans l'adaptation de nos économies et dans la production d'énergie décarbonée. C'est en cela que le Brésil et la France ont une part de la solution et peuvent porter, je le crois, très profondément, une part de la stratégie entre nos deux pays, entre nos deux régions et pour le monde.

Voilà, Mesdames et Messieurs, je ne serai pas plus long, mais c'est en quelques mots ce que je voulais vous dire, pour essayer d'abord de vous dire que nous vous aimons, que nous avons confiance en vous et dans le modèle de croissance et de solidité brésilien. Que comme nous sommes, nous Français, exactement comme les Brésiliens, des grands affectifs. Nous avons besoin que vous nous aimiez encore davantage et que je suis convaincu que c'est ensemble que nous avons une part de la solution pour la décarbonation de nos économies, pour gagner la bataille du climat et de la biodiversité par les stratégies diplomatiques, industrielles et d'investissement que je viens d'évoquer.

Vive le Brésil, vive la France ! Vive l'amitié entre nos deux pays !

Le Président de la République a terminé la journée en allant à la rencontre de celles et ceux qui font vivre l'amitié entre la France et le Brésil au quotidien : la communauté française de São Paulo.

Revoir son discours : 

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Visite d'État au Brésil, journée à Rio de Janeiro et São Paulo.

Emmanuel MACRON

Mesdames, messieurs les Ministres,

Madame la députée,

Monsieur l'Ambassadeur,

Monsieur le consul général, mesdames, messieurs les consuls honoraires,

Mesdames et messieurs les conseillers des Français et d'étrangers,

Mesdames et messieurs en regard des qualités, comme on dit pour essayer d'avoir une formule qui englobe tout le monde,

Chers compatriotes, chers amis,

Merci de m'avoir attendu.

Intervenante non identifiée

Vous êtes en retard !

Emmanuel MACRON

J'ai fait le maximum. Je ne peux pas faire mieux.

En effet, depuis ce matin, c'est une course effrénée, de Rio jusqu'à ce soir parmi vous, mais je suis très heureux d'être là.

Au fond, vous n'avez pas simplement attendu quelques instants, mais quelques années avant qu'une visite d'État, en effet, ne se réorganise à ce niveau. Mais la relation qu'il y a et que vous faites vivre entre le Brésil et la France, nous savons comme elle vient de loin et au fond, mon premier mot, c'est de nous le rappeler et de vous remercier ici, ce soir, de la faire vivre.

Elle vient de très loin et de plusieurs siècles - nous fêterons l'année prochaine les deux siècles justement, le 200ᵉ anniversaire de la relation diplomatique. On sait les liens intellectuels, historiques, philosophiques qu'il y a dans les combats qui sont au cœur de la République du Brésil et la République française. On sait les liens universitaires, des grands destins qui, ici, ont passé du temps et des années. Et je ne vais pas convoquer Claude Lévi-Strauss ou Fernand Braudel, je pourrais convoquer Bernanos ; il y a même des joueurs de football qui s'exilent des championnats français pour retrouver les championnats brésiliens.

Mais c'est vous qui faites vivre cette relation. Et on sait que ces dernières années, ça peut être parfois plus difficile sur le plan politique et diplomatique, mais très clairement, vous avez tenu. Et je vais ici remercier les équipes de l'ambassade et des consulats que j'évoquais, nos 3 consulats généraux, les consuls honoraires, tous les élus d'étrangers, les conseillers des Français et d'étrangers, parce que vous avez eu un rôle très important durant ces années où la relation diplomatique et politique a parfois été plus dure, la relation avec le reste de la région a été plus dure, où il a fallu traverser le Covid et les crises qui ont touché profondément la communauté française, comme toutes les communautés à travers le monde.

Je remercie aussi, en étant là devant vous, évidemment, les personnels enseignants et toute la communauté pédagogique du lycée. Enfin, en saluant Pasteur, je n’oublie pas Molière et François Mitterrand non plus et vos collègues du reste du pays. Parce que c'est en effet ce lien éducatif, cette capacité à accueillir nos enfants, mais les enfants du monde entier dans nos établissements, qui servait aussi de manière à cette attractivité française qui tisse ces liens.

Et puis, je remercie tous nos entrepreneurs - la French Tech est là, nos entreprises sont là. J'ai été avec plusieurs d'entre eux cet après-midi, mais, en effet, grâce à un peu plus de 1 100 entreprises françaises et filiales de nos grands groupes, aux startups, aux entreprises de taille intermédiaire, la France peut se vanter d'être l’un des tous premiers investisseurs étrangers ici mais d'être surtout le premier employeur étranger au Brésil. Et ça, c'est grâce à vous. Grâce à 520 000 femmes et hommes qui en effet sont employés par les Françaises et les Français chaque jour.

Alors, si je suis ici présent avec une délégation ministérielle, avec votre député, avec aussi plusieurs entreprises, entreprises de taille intermédiaire, startups, avec aussi des élus de Guyane, des entreprises, des scientifiques de Guyane - ils sont avec moi ici et je suis très fier qu'ils soient dans notre délégation - avec également des chercheurs, des grands organismes de recherches qui sont présents et qui m'accompagnent, avec aussi le monde sportif, artistique et culturel, c'est en effet trop d'années après la dernière visite d'État française parmi vous, une manière de rouvrir une dynamique, d'ouvrir une nouvelle page et de bâtir sur la force de cette relation que vous faites vivre chaque jour, grâce aussi à tout ce qui avait été construit dans la période 2008-2010, où les présidents LULA et SARKOZY avaient beaucoup fait pour la relation et lancer des projets qui étaient très structurants, eh bien, réussir aujourd'hui à ouvrir une nouvelle page qui va, je l'espère, profondément, irriguer les années à venir. D'abord, elle doit se construire, elle va se construire sur la relation transfrontalière et la force qu'il y a autour de cette frontière partagée. C'est un peu le sens de l'appel de Belém qu'on a lancé hier avec le président LULA. Et c'est de se dire : oui, la France est une puissance amazonienne. On partage cette frontière, on a un destin commun. Et c'est aussi pour cela que je voulais que nos élus, nos entrepreneurs, nos chercheurs de Guyane soient là, à mes côtés. Et c'est de dire on va ensemble, eh bien, investir 1 milliard d'euros sur nos enjeux transfrontaliers, sur l'Amazonie pour préserver, mais pour aussi investir sur la bioéconomie, pour mieux comprendre, avoir des partenariats, réunir nos parcs, permettre à nos chercheurs d'avancer ensemble, permettre à nos entreprises de bâtir ensemble des modèles d'activités qui sont compatibles avec notre Amazonie, lutter ensemble contre leur pillage illégal, lutter ensemble contre les trafics et donc bâtir une stratégie transfrontalière nouvelle. Derrière cela, on aura à annoncer demain aussi une politique beaucoup plus volontariste : simplifier les visas entre Brésil et la Guyane parce qu'il y a beaucoup de choses à faire pour que les turpitudes de chaque jour soient simplifiées ; bâtir un institut de l'Amazonie qui va permettre à des chercheurs de part et d'autre de l'Oyapock de faire encore plus et mieux. L'acte transfrontalier, c'est pour moi un élément clé. La deuxième chose, c'est de relancer très fortement notre volontarisme en matière de recherche, d'industrie, d'économie, par la défense, ce qu'on a lancé ce matin sur les chantiers avec un nouveau programme de sous-marin, avec une coopération. Nous irons plus loin en respectant les textes que nous avons signés sur la non-prolifération, mais en accompagnant le Brésil sur la prochaine génération de sous-marins à propulsion nucléaire, en réussissant à bâtir aussi et à commander de nouveaux hélicoptères, parce que c'est une formidable réussite entre nos deux pays ; en accompagnant le renouvellement des chars; en allant aussi vers de nouvelles aventures spatiales parce que nous avons beaucoup à bâtir et à réinventer une aventure spatiale qui est si importante pour notre territoire guyanais, parce que je considère que rien n’est jamais perdu. Au-delà de cela, la relation entre nos deux pays, on l'a vu cet après-midi dans le forum qui a été organisé ici à Sao Paulo. C'est la volonté de faire de nos entreprises des solutions de cette transition environnementale et climatique. Il y a ici au Brésil, une formidable richesse qui sont le sont les énergies renouvelables et un modèle très décarboné. Il y a eu des années de déforestation à laquelle répond maintenant un volontarisme de gouvernement qui veut la freiner. Il y a en France une stratégie climat, une planification qui se décline mais où d'ores et déjà, nous avons un modèle qui est l'un des plus décarbonée d'Europe, où on est en train de bâtir des programmes de renouvelables, de nucléaire et où nous-mêmes nous avons cette volonté justement, d'avoir une stratégie forestière très cohérente. Il y a dans le partenariat franco-brésilien une partie de la solution par nos entreprises, nos chercheurs, nos investissements pour répondre aux défis qui, pour moi, sont inséparables : lutter contre les inégalités, pour le développement, lutter contre le réchauffement climatique et ces conséquences, lutter pour la biodiversité. Ce sera un des axes de la stratégie que nous poursuivons. Et puis, au-delà de cela, nous allons ensemble bâtir un nouveau programme pour la coopération universitaire, passer de 5 000 à 8 000 étudiants d'ici à 2026, de nouveaux partenariats de recherche en matière minière et au-delà, réussir aussi dans le sport. On vient de le voir avec le Sport dans la vie, Gol de Letra, à multiplier les initiatives et les Jeux olympiques et paralympiques de cette année nous permettront, là aussi, de consacrer cette ambition. Mais surtout, les prochains mois vont scander cette amitié entre le Brésil et la France. Parce que nous n'allons plus nous séparer. Je reviendrai... [Applaudissements] Je reviendrai en novembre à Rio pour le G20. Et au cœur de ce G20, nous allons mettre notre ambition géopolitique commune, c’est-à-dire une même vision du monde et des initiatives très profondes qui vont, là aussi, irriguer notre relation. L'année prochaine, je reviendrai pour la COP à Belém et pour réussir à apporter notre part de réponse justement face à la déforestation et pour bâtir une stratégie des standards que nous sommes en train de préparer justement main dans la main, comme on disait jadis avec nos partenaires brésiliens. En avril prochain, j'espère, je le proposerai demain au Président LULA, que le Brésil acceptera d'être l'invité d'honneur du Salon du livre en France et que, ce faisant, nous pourrons lancer la saison culturelle croisée entre nos deux pays. Le Président LULA et moi-même, nous l'avons voulu, nous allons la lancer. Et je veux vraiment remercier tous les contributeurs pour cette saison. Il y a un travail énorme qui est fait pour cette saison culturelle qui est déjà préparée, Anne LOUYOT, notre ambassadrice prépare en tant que commissaire, c'est porté par l'Institut français et Jean-Pierre CLAMADIEU est président du Comité des mécènes, qui a déjà commencé son travail. Mais il faut qu'on aille encore plus vite, plus loin, plus fort, pour reprendre un hymne olympique. Et donc, vous l'avez compris, dès avril 2025, la saison culturelle croisée commencera. Et pendant des mois, au Brésil, puis en France, nous célébrerons la création, l'intelligence, l'amitié, l'inventivité entre nos deux pays, d'une rive à l'autre de l'océan, d'une rive à l'autre de l'Oyapock, avec l'Amazonie en fleuves et forêts partagées. Je pourrais continuer ainsi toute la soirée à scander tout ce qu'il y a et qui va nous occuper. En somme, vous l'avez compris. Si je suis là, parmi vous ce soir, c'est pour vous dire : « Je sais que vous avez beaucoup attendu durant ces années qu'on revienne en force ». Alors, durant les mois et les années qui viennent, il y aura ces événements au Brésil et en France. Plusieurs ministres, au-delà des ministres présents à mes côtés, vont se succéder. Politiques publiques, secteur par secteur, pour vous aider et accompagner. Mais surtout, je le souhaite, je le veux et nous le confirmerons demain à Brasilia, avec le président Lula, c'est une nouvelle page de l'amitié entre nos deux pays qui s'ouvre. Parce que la France aime le Brésil et parce que le Brésil aime la France. Vous en êtes les histoires vivantes ! Parce que nous aimons la dignité humaine, nous aimons l'égalité entre les femmes et les hommes. Et ces valeurs de progressisme, parce que nous aimons la culture furieusement, parce que nous croyons dans la science et le progrès. Parce que nous aimons le sport et même la Seleção. Mais on préfère quand on la bat trois à zéro. Parce que nous croyons dans l'avenir et parce que nous pensons que même quand le désordre, les vents mauvais reviennent, il y a toujours un chemin pour l'optimisme, le progrès, celui d'une volonté partagée. C'est cela l'amitié entre le Brésil et la France. C'est ça ce que vous faites vivre ici depuis des années, parfois des décennies, et encore plus pour beaucoup d'entre vous. C'est cela que nous continuerons de faire vivre avec la même force, le même goût de l'autre, la même ambition. Alors vive la France, vive le Brésil et vive l'amitié entre le Brésil et la France !

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