La vie de Samuel Sandler s’était brisée le 19 mars 2012, lorsque son fils, Jonathan, âgé de trente ans, et ses petits-fils, Arié et Gabriel, âgés de six et trois ans, furent assassinés devant l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse. Samuel Sandler, responsable laïc de la communauté juive de Versailles, avait depuis trouvé la force de porter le souvenir de ses proches et de s’investir avec courage dans un travail de mémoire et de dialogue. Sa disparition, ce 12 janvier, est celle d’un homme luttant contre la haine et l’oubli.

Né le 27 décembre 1946 à Neuilly, « premier des Sandler né en France » selon ses mots, Samuel Sandler est issu d’une famille marquée par la Shoah : sa grand-mère, sa tante, son oncle, et son cousin furent déportés. Les parents de Samuel Sandler quittèrent l’Allemagne nazie en 1937 pour s’installer au Havre, puis en zone dite libre, à Limoges, où ils s’installèrent avec la grande sœur de Samuel, et prirent part à la Résistance. Né au lendemain de la guerre, Samuel Sandler demeura habité sa vie durant par le souvenir de la tragédie familiale. Il entreprit une ascension républicaine qui le vit décrocher un doctorat en ingénierie à Bordeaux en 1977. Devenu cadre dans l’aéronautique, Samuel Sandler s’installa dans les Yvelines. Là, comme dans ses précédents lieux de résidence, il fut un membre actif de la communauté juive et présida l’association cultuelle de Versailles et sa région. Charismatique, humaniste, républicain de cœur et d’âme, il fut chaque fois reconnu pour son ambition d’ouverture et de dialogue avec les autres cultes, comme pour son engagement dans l’œuvre de mémoire de la Shoah.

Le 19 mars 2012 interrompit cette vie de travail et d’idéal. La douleur de Samuel Sandler et celle de son épouse Myriam se muèrent en quête de justice et en œuvre de souvenir, pour leur fils et ses leurs petits-fils, ainsi que pour la mémoire des autres victimes de la barbarie terroriste : Myriam Monsonégo, huit ans, assassinée à Ozar Hatorah, et celle des trois militaires assassinés, Imad Ibn Ziaten, Mohamed Legouad et Abel Chennouf. Devant les prétoires, lors des hommages, dans l’intimité d’une vie familiale brisée, Samuel Sandler fit de son deuil un combat pour la vérité et la concorde républicaine. Présent dans les salles de classes ou auprès des autres victimes du terrorisme, professant son expérience et ses idéaux, déterminé à ce que le pire ne se répétât pas, il prit part avec un mélange d’intransigeance et de dignité à la lutte pour éveiller les consciences et éclairer les esprits. Il attendait avec espoir l’ouverture du musée-mémorial du terrorisme, œuvre de mémoire et d’instruction. Car, répétait-il avec Elie Wiesel, « le bourreau tue toujours deux fois, la seconde par l’oubli ». 

Le Président de la République et son épouse rendent hommage à un homme qui bouleversa par sa dignité et son courage, et éclaira à la lumière de ses idéaux d’humanité et d’espérance. Ils adressent à son épouse Myriam, à sa fille, à sa belle-fille, à sa famille, à ses proches, leurs condoléances émues. 

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