Sa voix, sa drôlerie où passait la mélancolie, son talent lui valaient l’affection du public. La « destinée » de Guy Marchand, homme aux multiples dons, fut tout à la fois celle d’un chanteur, d’un acteur de cinéma et d’un enquêteur, l’irremplaçable Nestor Burma, qu’il incarna plus d’une décennie durant à la télévision. Il s’est éteint le 15 décembre, à Cavaillon, à l’âge de 86 ans.

« Audiard c’est mon maître. Pourquoi ? Parce que c’est la littérature et la rue ». La rue, pour Guy Marchand, ce fut Belleville, décor des premiers chapitres du roman de sa vie et dont il garda un inimitable phrasé de « titi » parisien. Dans ce quartier aux allures de village, son père, ferrailleur et musicien de jazz, l’initia à la clarinette. A la musique, s’ajouta bientôt la voix, grave et enveloppante, qui fit les premiers succès sur scène de Guy Marchand, dans les discothèques de Saint-Germain-des-Prés. 

A 18 ans pourtant, le son du clairon coupa court à ses ambitions musicales, le temps d’un service militaire où il décrocha son brevet de parachutiste à la Légion Etrangère. Mais la chance sourit à Guy Marchand, quand Dalida le remarqua et le prit sous son aile. En 1966, Eddie Barclay, séduit par un titre, Passionata aux accents flamencos, lui offrit son premier contrat. Deux décennies plus tard, le chanteur interpréta la bande-originale des Sous-Doués en vacances et du Père Noël est une ordure en chantant « Destinée », écrite avec Philippe Adler sur une musique de Vladimir Cosma. Mais ce fut surtout comme acteur que Guy Marchand occupa, un demi-siècle durant, le haut de l’affiche.

Ses seconds rôles hissèrent en effet Guy Marchand aux premiers rangs du septième art. Robert Enrico, le premier, l’enrôla pour donner la réplique à Brigitte Bardot, la vedette de Boulevard du Rhum (1971). Guy Marchand officia, l’année suivante, sous la direction de François Truffaut dans Une belle fille comme moi puis dans Cousin, Cousine (1975) de Jean-Claude Tachella. Epoux délaissé et bouleversant d’Isabelle Huppert dans Loulou (1980) de Maurice Pialat, il fut inoubliable, aussi, dans Garde à vue (1981) de Claude Miller. Face à Michel Serrault, Lino Ventura et Romy Schneider, il campait l’inspecteur Belmont et prononçait des dialogues signés Michel Audiard, performance qui lui valut le César du meilleur second rôle. La même année, sous l’objectif de Bertrand Tavernier dans Coup de torchon, Guy Marchand endossait, là aussi, le costume d’un policier, cette fois odieux et cynique.

Ce fut la télévision qui inscrivit définitivement Guy Marchand dans le cœur des Français. Sous les traits de l’enquêteur Nestor Burma, ce « Gavroche monté en graine » né de l’imagination de Léo Mallet, Guy Marchand devint un détective élégant et madré, dandy et désabusé. Son interprétation fit de cette série un succès populaire, tout au long de 39 épisodes diffusés entre 1991 et 2003. 

Guy Marchand consacra ses dernières années à la musique, notamment sud-américaine et de jazz, à l’écriture de son autobiographie, Le Guignol des Buttes-Chaumont, et à quelques apparitions remarquées, chez Bertrand Blier dans Convoi Exceptionnel (2019), ou dans la série Dix pour cent (2020).  

Le Président de la République et son épouse s’inclinent devant la mémoire d’un artiste qui exprimait, par son talent, l’esprit français, entre élégance, légèreté et mélancolie et la force de nos destinées collectives. Ils adressent leurs condoléances émues à sa famille, ses proches et tous ceux qui l’aimaient.  

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