Le décès prématuré de la cancérologue et députée européenne Véronique Trillet-Lenoir, qui nous a quittés à 66 ans, endeuille l’hémicycle de Strasbourg comme le monde médical et politique français. Elle y laisse le souvenir d’une femme de convictions, profondément dévouée aux causes qu’elle défendait, au premier rang desquelles notre sécurité et notre souveraineté sanitaire.

C’est d’abord sous le signe du caducée qu’elle avait pris fait et cause pour ses contemporains. Lyonnaise de naissance et de cœur, elle avait hérité de son père, neurologue, la vocation de servir et soigner. La brillante étudiante renforce son doctorat de médecine par un doctorat de biologie, explore la pneumologie à l’hôpital Louis-Pradel, à Lyon, jusqu’en 1993, date où elle intègre le tout nouveau service hospitalier de cancérologie à Lyon Sud.

Elle en devient peu à peu une référence, et fait rayonner la recherche française au-delà de nos frontières, en lançant des jumelages entre université, ou encore en aidant à créer le master en cancérologie de l’université de médecine de Shangaï.  Directrice du Cancéropôle Lyon Auvergne-Rhône-Alpes (CLARA) de 2013 à 2020, elle contribue à en faire un pilier de la cancérologie mondiale. 

Ce n’est que quand Jean-Jack Queyranne, alors président socialiste du conseil régional Rhône-Alpes, en 2015, lui propose de rejoindre sa liste aux élections régionales, que son parcours prend une inflexion politique. Trois années à siéger comme conseillère régionale dans l’opposition lui prouvent qu’elle a le goût, et le talent, de l’engagement pour la chose publique. 

À l’approche des élections européennes de 2019, cette passionnée de langues décida alors de conjuguer cet engagement à l’échelle du continent, pour porter plus loin les combats qui étaient déjà les siens comme médecin. Alors que le Brexit se précisait, fragilisant le monde de la recherche, menaçant l’émulation universitaire, Véronique Trillet-Lenoir ressentait l’urgence d’endiguer la tendance, avec un mot d’ordre en tête, « refonder l’Europe ». 

C’est ce à quoi elle s’attela durant ses quatre ans de mandat européen. Membre de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, de la commission Emploi et Affaires sociales, rapporteuse de son groupe Renew Europe pour la sous-commission Santé publique, elle s’y montra d’une lucidité et d’une force d’âme à toute épreuve, y compris à travers la tempête pandémique, où ses éclairages scientifiques furent un phare.

Et parce qu’elle ne voulait pas perdre contact avec le terrain, parce que les organismes physiques lui importaient toujours autant que les organes institutionnels, elle quittait presque chaque vendredi l’hémicycle pour l’hôpital, retournant à Lyon Sud pour veiller sur ses anciennes patientes en rémission.

Le Président de la République et son épouse saluent ce parcours médical, politique et humain imprégné de bienveillance, d’humanisme et de générosité. Ils adressent à son mari et ses deux fils, à ses proches, à ses collègues et amis, leurs condoléances émues.

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