Fait partie du dossier : Marseille en grand.

Du 26 au 28 juin 2023, le Président de la République était en déplacement à Marseille.

Concillier économie et écologie

Un port exemplaire en matière de décarbonation, au service de notre souveraineté

Le Président Emmanuel Macron a expliqué vouloir ouvrir Marseille sur la mer et sur les grands projets pour développer son activité. Son ambition : améliorer son interconnexion et en faire un exemple en matière de décarbonation du transport maritime.


Lors d'un échange sur l'économie bleue depuis la gare maritime de la Joliette, il a ainsi énoncé les grands chantiers à venir pour développer le port de Marseille :

  • Aménager le port et la ville dans son ensemble pour une meilleure connexion, notamment grâce au fret ferroviaire ;
  • Continuer à développer l'activité industrielle ;
  • Soutenir la production énergétique de la ville, en s'appuyant sur ses atouts en matière de nucléaire, de renouvelable et d'hydrogène et le grand projet H2Med.

La veille il avait également annoncé le soutien de l'État auprès de l'université Aix-Marseille pour un projet d'école de l'économie bleue qui permettra de former des milliers de jeunes venant des quartiers nord

Revoir l'échange :

Investissements, grands acteurs, innovation et coopération européenne permettront de bâtir Marseille 2030 !

Lors de son discours au fort Saint Jean, le Président de la République a également insisté sur l'importance du numérique dans la réconcialiation entre économie et écologie.

Il a rappelé que la ville était déjà très fortement connectée à la Méditerranée en étant le 7ème hub mondial de câbles sous-marins et annoncé vouloir faire de Marseille une véritable capitale numérique européenne en continuant de développer ses liaisons et en créant un écosystème de formation et d'innovation autour du numérique, de l'intelligence artificielle en passant par le cyber.

 

Favoriser les liens à travers la culture

Le Chef de l'État a enfin rappelé que Marseille était une ville culturelle riche dont il faut démultiplier l'ambition méditerranéenne.

Il a dans ce sens, souhaité la création d'une « saison Méditerranée » pour 2026, en lien avec le Forum des mondes méditerranéens, et annoncé de nouveaux partenariats entre le MUCEM et d'autres musées français et européens pour que les Marseillais puissent bénéficier davantage d'oeuvres, pour favoriser les échanges et créer des résidences d'artistes entre tous les pays de la Méditerranée.

Revoir le discours : 

27 juin 2023 - Seul le prononcé fait foi

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DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE AU FORT SAINT-JEAN SUR LE THÈME DE LA MÉDITERRANÉE ET DE LA CULTURE.

Monsieur le président du Conseil régional, 
Madame la présidente du Conseil départemental, 
Madame la présidente de la Métropole, 
Monsieur le maire, 
Mesdames, messieurs les parlementaires, 
Monsieur le préfet de région, 
Mesdames et messieurs en vos grades et qualités,
Bonjour à la Patrouille de France, c’est une surprise. Je ne vous savais pas là ; 

Heureux de vous retrouver. Je vous rassure, je vais essayer d’être le plus court possible pour qu’on puisse profiter de cette soirée. Je voulais avoir quelques mots, quittant à l’instant le Mucem qui vient de fêter ses 10 ans pour lui présenter aussi un bon anniversaire avec toutes celles et ceux qui l’accompagnent ; remercier une fois encore Rudy RICCIOTTI pour son formidable geste architectural, Jean-François CHOUGNET pour cette décennie de réussites et Pierre-Olivier COSTA qui en a repris les rênes il y a maintenant plusieurs semaines. 

Ce Mucem qui symbolise bien cette ambition commune lorsque les autorités locales, avec l’Etat, veulent se doter d’un nouvel avenir comme à chaque fois qu’il y a eu, on le rappelait tout à l’heure, des grandes étapes — le président du Conseil régional le disait très bien — ; et qui est aussi, un trait d’union entre la ville et la mer, et un trait d’union entre les cultures. 

Alors, je reviens à Marseille, — une fois encore, plusieurs me le reprochent— pour passer plusieurs jours. Jean-Claude IZZO disait que Marseille donnait des semelles de plomb, parce qu'une fois qu'on y est, on ne veut plus en partir. Je suis obligé d'en partir, mais j'y reviens de manière régulière et j'aime y rester un peu à vos côtés. 

Alors en effet, je voulais à vos côtés faire un peu le point d'étape de « Marseille en Grand » que nous avions lancé en septembre 2021 tous ensemble, mais je l'ai déjà fait au gré de nos déplacements, de nos visites avec l'ensemble de vos élus. Je pourrais vous dire qu'en effet, c'est bien 5 milliards d'euros que nous avons investis et qui ont déclenché 15 milliards d'euros d'investissement au total. Que c'est — et c'est un record en France — 650 millions d'euros d'investissement pour rénover les quartiers que nous sommes en train de déployer et qu'on veut continuer de déployer. C'est — et nous avons doublé, je l'ai annoncé hier — 500 millions d'euros de subventions pour les transports pour permettre de vous accompagner dans le désenclavement de la métropole ; relier enfin les quartiers nord aux sud, permettre aussi à la ville de relier chacun de ces points. Et derrière cela, ce seront les 3,5 milliards du RER métropolitain. Alors que la première étape est beaucoup avec la métropole, la deuxième est avec la métropole et la région, et permettra l'enfouissement de la gare Saint-Charles et le rayonnement vers tant de communes voisines. 

Je pourrais vous dire que les 300 policiers, les dizaines de magistrats, les effectifs promis il y a un peu moins de deux ans sont tenus, que le pilonnage des points de deal se fait, 70 d'ores et déjà ont été éradiqués ; que la période reste très difficile et je sais à la fois l'inquiétude, l'insécurité et la souffrance qui est encore dans trop de quartiers et que nous ne lâcherons rien. Je remercie l'ensemble de celles et ceux qui s'y attellent chaque jour. 

Que ce qui avait été annoncé est maintenant chose faite, pour 188 écoles ; là aussi, c'est une première en France : l'Etat accompagne la ville pour les rénover, lancer un programme inédit pour que nos enfants retrouvent une école digne de ce nom et à côté de ça, dans 82 d'entre elles, comme nous l'avions lancé, que des méthodes pédagogiques innovantes qui ont inspiré le Conseil national de la Refondation soient faites. Nous l'avons vu tout à l'heure, ces écoles vont progressivement sortir de terre, mais surtout, on a des directrices et directeurs d'écoles, des enseignants et enseignants qui sont en train de pouvoir complètement changer leurs pratiques et apporter à nos enfants le meilleur avec, là aussi, le sport, l'éducation artistique et culturelle et j'en passe. 

Ce sont les quatre carrefours d'emploi que vous avez ensemble bâti avec 500 entreprises partenaires et sur les 8 000 jeunes sur lesquels je m'étais engagé, 2 400 quasiment ont été accompagnés aujourd'hui. Le service militaire volontaire a vu le jour et en un peu moins de deux ans, 180 jeunes ont d'ores et déjà été accompagnés. 

Tous ces chiffres, tout cela ne vient pas occulter tout ce que nous avons commencé et continué sur le logement, malheureusement, après les événements de 2018, et je continuerai demain avec vous sur l'habitat insalubre, sur la culture et j'y reviendrai tout à l'heure, sur la santé où j'ai décidé de compléter cet après-midi ce que nous avions décidé de faire auprès de l'Assistance publique des Hôpitaux de Marseille, passant l'accompagnement de l'Etat à 479 millions d'euros, ce qui là aussi est inédit en France, et décidant de la construction d'un nouveau site pour l'hôpital militaire qui se fera sur Sainte-Marthe. 

Tout ça, je ne veux pas ici rentrer dans les détails, vous les connaissez, vous en êtes les acteurs, parce que « Marseille en Grand », c'est un projet collectif. Au fond, c'est la conviction qu'il fallait réinvestir sur cette ville. Et « Marseille en Grand », pour moi, c'est trois valeurs. D'abord, c'est du respect. Vous vous souvenez du discours que j'avais fait au Pharo, j'ai encore eu des mots hier, très clairs. Je pense que respecter les gens, ce n'est pas leur dire ce qu'ils ont forcément envie d'entendre. Ce n'est pas de leur dire : « Vous avez des problèmes, je vais m'indigner à vos côtés ». C'est de dire la vérité aux gens pour essayer de s'en sortir ensemble. Et c'est ce que je fais quand je me bats pour qu'on ait un système de retraite qui tienne, pour ne pas laisser à nos enfants quelque chose qui tombe ; quand j'ai des propos de vérité sur la situation de l'emploi et du travail, parce que oui, il faut dire avec respect et considération les choses aux gens. Mais si on pense que les respecter, c'est leur dire des mensonges, alors on reste dans des décennies de malheur, comme on en a connu. Et donc, « Marseille en Grand », c'est d'abord un projet de respect qui part de la vérité. Quand je vous ai dit cela il y a deux ans, « il y a des choses qui ne marchent pas et qui devraient marcher » ; cette situation, c'est en quelque sorte une dette de division, de mauvais choix, qui a été héritée, elle est là. Le respect, c’est de la considérer, c’est de regarder en face la souffrance des gens qui en vivent les conséquences, de leur dire cette vérité et à leurs côtés, de tout faire pour s’en sortir. 

Ensuite, c’est un projet d’ambition parce que dans beaucoup de choses que je dis là, il y a l'idée de s'occuper de l'urgence, mais il y a aussi l’idée de se projeter tous ensemble vers l'avenir. Quand on parle de nos enfants, on l'évoquait ce matin avec vos élus, quand on parle des transports, quand on parle de la sécurité, quand on parle de l'entrepreneuriat : on parle d'avenir. C'est une ambition assumée. Pour Marseille, sa métropole et pour cette région. C'est celle que vous portez, l'Etat doit vous accompagner. 

Et puis c'est un projet de confiance, confiance dans tous les acteurs. J'ai été impressionné par ce que j'ai vu dans les associations de terrain, qui connaissent une vérité, qui veulent se battre ; chez les entrepreneurs que vous êtes, et des TPE ou startups, jusqu'aux grands groupes qui font la fierté de cette ville et qui décident de continuer à y investir. Des élus en passant par nos militaires qui sont présents sur le territoire, qui l’irriguent et le rendent fiers ; de nos forces de sécurité intérieure, en passant par les services de l'État qui ont fait un travail remarquable pour accompagner ce projet : c'est une coalition d'acteurs et de confiance et je l'ai dit, nous n'avons pas le droit dans ce projet, de retomber dans des sujets de division. C'est un projet de confiance qui regarde devant. Respect, ambition, confiance ; c'est le triptyque auquel je crois et qui doit nous aider à regarder l'avenir. 

Et puis, « Marseille en Grand », c'est aussi la conviction, - le président du conseil régional le disait tout à l'heure, nous en parlions avec Monsieur le maire hier-, c'est la conviction qu'il y a eu entre Marseille et l'État, souvent, une relation étrange, il faut bien le dire. Le pouvoir alors monarchique est venu prendre cette ville en voulant la dominer. Elle était dangereuse, déjà divisée entre elle, mais il fallait presque en quelque sorte, qu'elle signifie sa soumission au pouvoir plus que chez les autres. Puis ce même pouvoir a voulu la contrôler de la mer, la conduisant à se refermer sur elle-même. Elle qui avait déjà dans son souvenir que les invasions pouvaient venir de là. L'État, en même temps, à plusieurs reprises, est venu offrir à cette ville des trésors, du Pharo en passant par le port jusqu'à Andromède ; ce sont à chaque fois des grands gestes, d'un Président devenu empereur, puis de Présidents et décideurs successifs qui ont dit à un moment, en accord avec les élus ou malgré eux, cette ville mérite des grands projets et allons-y ! 

Ce que nous avons à faire ensemble aujourd'hui est de ne pas faire bégayer l'histoire, mais d'être convaincu que, quand la deuxième ville de France vit de telles difficultés, on ne peut pas la laisser seule. Quand la deuxième ville de France est prise par, en quelque sorte, le poids du passé et son fardeau, quelles qu'en soient les raisons et elle ne m'intéresse pas. Mais en même temps, elle a ce trésor double qu’est sa jeunesse parce que c'est aussi l'une des plus jeunes de notre pays et de regarder vers cette mer qui est la nôtre. 

Nous n'avons qu'une question à nous poser : jusqu'où Marseille peut apporter à notre pays et comment, en les aidant, nous allons collectivement être plus forts, à Lyon, à Paris et ailleurs ? C'est la conviction qu'il y a derrière « Marseille en Grand » et c'est la conviction profonde que votre ville qui est pleine de paradoxes, dont vous savez combien je l'aime. On dit souvent qu'elle est faite de tant de villages. C'est un archipel au fond. Ce sont des îles, presque plus que des villages. Nous arriverons à ce que les liens se fassent entre chacune de ces îles ou de ces îlots, en les rouvrant sur la mer, plus grande, et qu'au fond, l'unité de Marseille passera aussi par sa réconciliation avec la Méditerranée. 

Ce projet, c'est celui qui irrigue tout ce que nous avons lancé il y a deux ans ensemble et tout ce sur quoi nous devons aujourd'hui en quelque sorte, accélérer, investir, faire. Et donc les quelques mots que je voulais avoir aujourd'hui était bien sur cette Méditerranée qui est derrière moi et en parlant d'elle, je parle de Marseille. C'est comment recréer de l'ouverture, du lien, et comment faire de cet archipel une ville qui revit ensemble et qui revit en regardant au large ? 

Alors, ce destin méditerranéen, je pense que nous pouvons le ressaisir, beaucoup plus qu’aujourd’hui, beaucoup plus fortement et que c’est une chance pour la ville, que c’est une chance pour la région, que c’est une chance pour le pays et que c’est un projet à vocation économique et écologique absolument inédit. En effet, ici même où tous ensemble nous avons accueilli avec fierté l’UICN en 2021, on s’en souvient. Le Congrès mondial de la nature s’est tenu à Marseille. C’était notre fierté. Nous voulons continuer d’avancer. Nous avons devant nous des projets massifs sur lesquels nous allons investir et accélérer. 

D’abord, le port, cher Christophe CASTANER. Avec l'ensemble des équipes, nous avons ici une infrastructure inédite. Vous avez la chance d'avoir, en plus, un géant du transport maritime avec CMA-CGM et je remercie Rodolphe SAADE pour sa fidélité à la ville et son investissement dans celle-ci. Nous allons en effet faire de Marseille un port exemplaire et surtout l'épicentre d'un ensemble d'acteurs exemplaires en matière de décarbonation du transport maritime. Beaucoup nous donnent des leçons partout en disant vous pourriez faire beaucoup mieux, vous devriez faire. Soyons clairs, on a un défi. Quand je regarde le reste de la Méditerranée, des investisseurs venant du monde entier, parfois pas européens, ont mis beaucoup d'argent dans des ports. Regardez, des comptoirs sont en train de se faire partout en Méditerranée, mais leurs investissements sont en quelque sorte dans un modèle un peu daté dans le gigantisme. Nous, nous avons une chance : cette infrastructure est là et nous avons à décider ses investissements au moment d'un tournant. Ce que nous allons faire, c'est d'abord accélérer l'électrification du port. 150 millions d'euros sont prévus. Nous irons au bout. D'ici à 2027, les projets d'électrification seront terminés et nous aurons mené à bien ce projet avec l'ensemble des collectivités partenaires et je les en remercie. 

Ensuite, je veux que, tous ensemble et avec les parties prenantes, -on sera sur le terrain demain avec les acteurs industriels, les élus, les dockers, toutes celles et ceux qu'ils font vivre-, on repense les équilibres entre Marseille et Fos parce que nous avons un potentiel formidable là qu'on peut beaucoup mieux exploiter en trouvant des équilibres repensés pour la ville et pour l'ensemble. 

Nous allons accélérer la décarbonation des flottes, et là aussi, je remercie tous les acteurs. La France est engagée, ça fait partie de France 2030. Nous voulons que nous, nos flottes, soient exemplaires. Mais on veut un partenariat avec tous ceux qui vont venir, qu'il s'agisse du fret, du cargo, des croisières, de la plaisance ; qu'on soit exemplaire en matière de décarbonation en accompagnant les acteurs, en les accompagnant dans ces investissements et en les incitant à les faire. A cet égard, là encore, les grands acteurs ont pris des responsabilités en abondant un fonds national qui est porté par le gouvernement et je les en remercie, qui va nous permettre d'accélérer les choses et d'aider aussi nos pêcheurs que je n'oublie pas dans cette formidable renouvellement de nos flottes. Et donc, vous le voyez, électrification, décarbonation, repenser les transports en pensant l'ouverture de Marseille sur la mer et sur les grands projets. 

Mais pour réussir, un port a besoin d'être connecté. Regardons le Pirée, regardons Gênes et d'autres grands ports : c'est leur hinterland productif. C'est en quelque sorte la capacité à irriguer. Pour ça, nous devons aller beaucoup plus vite et plus fort sur le ferroviaire et le fluvial. Parce qu'un port qui arrive dans un cul de sac, on peut le développer. Il ne permet pas de décharger. Ou alors il crée du trouble dans la ville. Il le fait plus cher, il le fait dans de moins bonnes conditions et donc le développement du port, l'économie réconciliée à l'écologie, c'est derrière de développer le ferroviaire et le fluvial. 

Alors, il y a deux ans, on a lancé un grand projet tous ensemble. C'est une conviction profonde. Il nous faut des grands projets à bâtir, je l'ai dit, et nous ne sommes pas condamnés à vivre dans la France de Freycinet. On a eu la chance d'avoir des penseurs de ces grands canaux. On doit en repenser nous aussi. Et le projet MeRS, Mer-Rhône-Saône, c'est celui qui permettra de bâtir l'avenir du port, qui permettra d'irriguer la dizaine de ports tout au long du Rhône. La Saône, qui permettra aussi d'aller se connecter jusqu'à la Bavière et qui nous permettra de développer du transport, de la plaisance, des activités multiples et une unité. Et là, je fais confiance à nos grands acteurs industriels pour que les concessions progressivement s’unifient et à nos élus pour qu'au côté de l'État, nous puissions bâtir l'entente entre tous les acteurs. 

Ce que l'on a réussi à faire sous le premier mandat de Paris au Havre en créant HAROPA, tout le monde nous disait que c'était impossible. On l'a fait durant le premier mandat. Nous arriverons à le faire grâce à ce projet MeRS qui nous permettra d’aller de la Méditerranée jusqu’à cette continuité Rhône - Saône. Tout ça doit s’accompagner évidemment d’une accélération de nos grands projets ferroviaires et de fret ferroviaire, là avec nos grands opérateurs et la région en particulier pour pouvoir accélérer sur ce sujet et à la fois irriguer tous les industriels qui continuent d’être dans la région, soit à proximité soit un peu plus loin, pour là aussi avoir des transports décarbonés. 

Cette conviction profonde, vous l'avez compris, c'est celle d'un port qui va s'ouvrir, développer de l'activité, ré-épouser la Méditerranée et le faire en décarbonant, en électrifiant et en embrassant le 21e siècle. Ce “en même temps”, j'y crois. Il est pertinent et il montre qu'on peut avoir de l'ambition en étant partisan d'une écologie de progrès, de solutions. C'est exactement ce que nous allons bâtir ici. 

De la même manière, Marseille doit devenir un grand centre, une plaque des nouvelles énergies. Nous avons la chance d'avoir, là aussi dans cet espace et dans cette région, une force de puissance extraordinaire à travers notre hydraulique, une force de puissance grâce au nucléaire, au nucléaire d'aujourd'hui et de demain. ITER Cadarache est là, on y croit et on va continuer. Une force de puissance parce que nous aurons des projets demain et nous avons décidé de réinvestir sur le renouvelable et le nucléaire. Nous voulons faire de Marseille et de la région une formidable force de développement des énergies renouvelables, produites ici et qui transiteront par Marseille, avec des grands projets de solaire. 

Vous le savez, je l'ai dit il y a quelques semaines, je crois à la réindustrialisation par l'écologie. Il y a une dizaine d'années, on a développé l'écologie et en même temps, la dépendance industrielle. On a dit « on va déployer partout des panneaux solaires, mais ils seront produits en Chine. » Très mauvaise idée. Nous avons deux grands projets que nous voulons développer pour reproduire des panneaux solaires en France. L'un d'entre eux, avec CARBON, doit se développer dans la région. Il était à Vivatech et il sera avec nous au port demain. Je souhaite qu'on puisse accélérer dans la production du solaire et la réindustrialisation qui pourra se faire ici autour du port et de l'enceinte industrielle. 

Et puis je me suis battu pour vous dans le cadre de nos alliances méditerranéennes, du MED-9. Vous le savez, à Alicante, il y a quelques mois, on a réussi à négocier avec nos amis portugais et espagnols ce barreau auquel on s'opposait parce qu'il était gazier uniquement, ce barreau de l'hydrogène. On a dit « oui, on peut produire et on va produire de plus en plus d'hydrogène grâce au renouvelable de la rive sud méditerranéenne, de l'Espagne et du Portugal. » Cet hydrogène, il faut qu'il puisse nous aider à décarboner nos grands sites industriels dans la région, mais aussi dans la pétrochimie du sillon rhodanien, mais aussi, qui sait, en Bavière. Nous avons créé H2Med. Ce barreau, qui ira du Portugal à l'Espagne jusqu'à Marseille, et qui permettra ensuite de remonter ce même sillon rhodanien jusqu'à la Bavière, c'est une chance extraordinaire, et c'est la cohérence en quelque sorte de ce projet économique et écologique que je détaille. 

Vous le voyez, le grand projet de ce Marseille réconcilié avec la Méditerranée, c'est un projet de transport, c’est un projet d'infrastructure, c'est un projet d'énergie et d’écologie complètement cohérent avec notre volonté de réconcilier la souveraineté, l'écologie, la réindustrialisation du pays.  C'est ça, le Marseille de 2030 qu'on doit bâtir. Nous y sommes. Il faut pour ça des investissements, nous y sommes prêts, c'est France 2030 ; des grands acteurs, beaucoup sont là, on en fait venir d'autres ; de l'innovation et de la coopération européenne. 

Cette ouverture sur la Méditerranée et cette réconciliation de l'économie et de l'écologie, c'est aussi le numérique. On le dit trop peu, en tout cas je l'entends insuffisamment : Marseille est déjà extraordinairement connectée à la Méditerranée, mais ça ne se voit pas forcément, par les câbles. Il y a ici le septième hub mondial des câbles sous-marins. Marseille a déjà un trésor dans les mains qu'on est en train de continuer à redéployer par les projets qu'on veut faire en Méditerranée avec le continent africain. Ce sont ces câbles qui connectent de manière sécurisée nos connexions souveraines, mais qui permettent aussi d'irriguer toutes les rives de la Méditerranée, tout le continent africain ; qui, grâce à beaucoup de nos opérateurs, à beaucoup de nos acteurs indépendants, font de votre ville, en quelque sorte, un formidable nœud de connexion. Nous allons continuer de le développer, d'avoir une ambition autour de ce sujet, ce qui va nous permettre, au-delà de ce qui a été fait, de faire de Marseille une véritable capitale du numérique européen. 

Vous êtes déjà en train de le faire grâce aux formidables acteurs qui sont là. La ville est en train, semaine après semaine, de multiplier les data centers. Il faut continuer dans ce sens et c'est cohérent avec la stratégie énergétique que j'évoquais parce que nous allons créer les conditions pour avoir une énergie décarbonée. Les conditions pour le faire : pas de data centers s'il n'y a pas une énergie décarbonée. Et derrière cela, de créer l'écosystème de start-ups et de la plateforme à l'école 42 en multipliant les projets qui sont les vôtres et que vous portez, de créer un écosystème de formation, d'innovation autour du numérique et qui, de l'intelligence artificielle au cyber, va pouvoir créer un écosystème d'innovation autour de ce nœud que les câbles permettent et que les data centers sont en train de se développer. 

Marseille, capitale du numérique européen, c'est une chance extraordinaire. C'est une chance pour un numérique ouvert, qui est le modèle que nous portons. C'est une chance pour nous permettre d'être, en Méditerranée, un pays dépositaire de data centers qui sont la condition d'un numérique souverain où l’on protège nos propres données et nos capacités. C'est une chance, parce que c'est la condition de possibilité pour aussi rayonner dans le cyber et donc avoir un vrai projet de souveraineté en lien avec la loi de programmation militaire et notre projet de défense. Vous voyez la cohérence du projet d'ensemble, mais Marseille, capitale de la Méditerranée numérique, est à mes yeux, là aussi, aux côtés de l'ouverture du port et de l'énergie, un projet absolument inséparable de cette ouverture à la Méditerranée et de ce développement. 

Pour réussir cela, il nous faudra former. Vous avez commencé à ouvrir, et je vous en félicite, des projets d'école du numérique. Je souhaite qu'on les accompagne. Et je souhaite aussi que nous puissions, au-delà de l'école 42 et de la plateforme déjà citées, accompagner les écoles d'ingénieur et l'université. Je souhaite qu'on puisse aussi aller beaucoup plus vite sur l'ensemble des métiers de la mer et de l'économie bleue. Et je voulais ici vous dire ce soir que nous allons accompagner Aix-Marseille Université qui, je le rappelle, est la plus grande université francophone, notre fierté et le fruit d'un travail collectif. Je salue son ancien président, fruit de cette unité, que je vois face à moi, qui a pu réunifier toutes ces énergies. 

Cette université porte aujourd'hui des projets très importants en matière d'économie bleue que nous allons soutenir. Mais à côté de ça, nous voulons développer, en lien avec l'université, un projet d'école de l'économie bleue qui pourra se tenir sur le site et l'emprise du Grand Port et qui, à l'Estaque, nous permettra de former des centaines, voire des milliers de jeunes venant de nos quartiers nord qui veulent embrasser ce destin méditerranéen auquel nous voulons l'ouvrir. Je remercie les industriels — et CMA-CGM, en particulier, a dit qu’il souhaitait accompagner et porter ce projet — d'être au rendez-vous de cette ambition pour former nos jeunes dans le cadre de cette aventure. 

Enfin, rouvrir la ville en son sein et la ville à la Méditerranée. C'est évidemment ce projet portuaire, ce projet d'infrastructure, d'énergie, de numérique, de formation, mais c'est une aventure humaine et d'échange. 

Au moment où je vous parle, nous vivons des temps troubles de notre Méditerranée. Elle n'a sans doute jamais été aussi percutée sur le plan géopolitique. Comment penser une seule seconde qu'elle sera épargnée par cette guerre qui est revenue sur le sol européen, qui a déjà des conséquences et des répliques sismiques dans le Caucase et qui bouscule d'autres pays méditerranéens qui sont sur le flanc est de notre alliance ? Les troubles sont là aussi sur la rive est, et ça depuis des années et même des décennies, et nous voyons combien la rive sud de la Méditerranée, depuis les printemps arabes, depuis la guerre en Libye, est aussi percutée par tant et tant de crises, de déstabilisations, de difficultés. Personne ne peut ici accepter, en quelque sorte, cette forme de trahison du destin méditerranéen qui voudrait recréer des frontières au sein de cette mer ou que nous nous habituions à y voir les naufrages parce que seule cette route, où les uns fuiraient la misère vers une promesse impossible, serait désormais celle qui pourrait nous lier. 

Je crois, au contraire, que nous avons à rebâtir d'autres routes, celle de l'énergie, de l'économie, de l'entrepreneuriat que j'évoquais. Pour ça, il faut pouvoir rebâtir des liens. Et ils se feront par des projets très concrets, ils se feront par des liens entrepreneuriaux et ils se feront par la culture. Cette ambition, c'est celle que nous portons depuis cinq ans avec le Forum des mondes méditerranéens. Nous avons ici-même rassemblé le premier — on s'en souvient, Monsieur l'ambassadeur — avec des initiatives formidables qu'on pensait totalement impossibles. Beaucoup d'entre elles continuent à avancer et je veux que nous puissions donner, en quelque sorte, une forme d'accélération à ces projets. 

Alors d'abord, nous avons mis en place ce fonds de soutien aux entrepreneurs. Ce fonds doté de 100 millions d'euros, plusieurs d'entre vous ont commencé à l'amorcer dans les projets. Je veux que dans les 12 mois qui viennent, nous puissions lui donner un formidable coup d'accélérateur et j'ai besoin de vous pour cela. J'ai besoin que les entrepreneuses et entrepreneurs issus des diasporas et des deux rives puissent nous aider à démultiplier les projets pour montrer qu'il y a, des deux rives de la Méditerranée, une volonté de construire des entreprenariats, des opportunités de création d'emplois, de richesses partagées, respectueuses et réciproques. Je vous confirme donc que nous allons accélérer sur ce fonds, multiplier les projets et ce fonds Maghreb va permettre justement aussi de démultiplier, avec tous les acteurs une nouvelle ambition. 

À côté de ça, nous avons l'Académie des talents et je vous invite à nos côtés, à identifier tous les jeunes que vous pouvez croiser dans vos entreprises, dans vos projets culturels et ailleurs pour qu'ils rentrent dans cette Académie que nous avons voulu itinérante, et que nous allons dans les prochains mois un peu arrimer, en particulier à Marseille. Pour que cette Académie des talents puisse former sur ces grands sujets de plus en plus nos jeunes. 

Et puis, je souhaite que pour que tout cela se fasse, nous puissions ensemble décider, autour des initiatives du Forum, d'une « saison Méditerranée ». Cette saison, je souhaite que nous la préparions pour 2026. Elle sera en quelque sorte le point d'orgue de l'ensemble des initiatives qu'on doit se donner pour les trois années à venir. Sur le mode de ce que nous avons fait avec la saison « Africa 2020 », cette « saison Méditerranée », ne doit pas être simplement une saison culturelle. Ça doit être une saison des artistes, des entrepreneurs, des innovateurs, qui permettra de faire émerger des projets communs de toutes les rives de la Méditerranée et qui, en partant de Marseille, associera une dizaine d'autres capitales qui permettra d'avoir des projets itinérants, que ce soit des projets de numérique, des projets d'entrepreneurs, des projets culturels. Qui permettra d'accueillir en résidence des artistes, d'autres des projets que nous incuberons, mais qui, en quelque sorte, ne créera pas simplement une traversée malheureuse, mais une circulation redevenue vertueuse de création et d'énergie tout au long des rives. Je crois très profondément qu'il y a un cercle caché qui existe et qui, tout au long des rives de la Méditerranée, peut se recréer. C'est comme une forme d'acupuncture qu'il nous faut faire. Et cette saison, pour moi, en sera le point d'orgue. 

Alors, au-delà de ces échanges humains que nous souhaitons porter et continuer de porter avec le Forum, il y a bien évidemment la culture. La ville tout entière, à travers ses grandes scènes municipales, à travers ses centres dramatiques, son centre dramatique national, sa scène nationale, à travers le Mucem et ses musées, fait déjà un travail extraordinaire, et je veux saluer tous les acteurs de la culture ici présents. Je n'oublie pas aussi les salles de théâtre, y compris les plus modestes et les cinémas, qui font un travail remarquable, je connais plusieurs d'entre eux. Qui, par la danse, les arts vivants, etc., par ce travail extraordinaire ; permettent d'amener la culture par une forme de goutte à goutte infatigable pour que chacune des âmes les plus jeunes puissent bâtir leur avenir et avoir au côté de nos écoles un avenir. 

Cette culture qui est ici à Marseille, nous voulons vous la développer et permettre là aussi de lui redonner, en tout cas de démultiplier son ambition méditerranéenne. Je voulais simplement, au-delà des projets que nous allons ensemble imaginer, en dire quelques-uns. D’abord, je veux qu’au côté du Mucem, on redonne une ambition. J'ai demandé à la fois au Louvre et au Centre Pompidou d'accepter de partager plusieurs de leurs œuvres. D'abord des œuvres des collections permanentes de Pompidou, qui va être en travaux pendant plusieurs années, et donc Laurent LE BON avec la ministre travaillent à un grand programme, en quelque sorte d'itinérance ; Marseille doit être un épicentre et Marseille doit ici, faire vivre des grands artistes modernes et contemporains qui parlent à la jeunesse et qui vont permettre de voir au Mucem et peut-être d'ailleurs dans d'autres sites parce qu'il nous faut penser tout cela à travers toute la ville, des grandes œuvres. Je souhaite aussi que tous les trésors d'art méditerranéen, des arts de l'islam, des grands départements du Louvre puissent parfois passer quelques mois le long de leurs rives d'origine. Et que les Marseillaises, les Marseillais et toutes celles et ceux que vous y invitez puissent, en quelque sorte, venir en bénéficier. 

Nous allons aussi, et je remercie la ministre et le nouveau président du Mucem de cette proposition, multiplier les partenariats. Le Mucem va bâtir avec, dans l'esprit exact de ce que j'évoquais pour la saison « Mediterranea 2026 », des partenariats avec plusieurs musées de l'ensemble de la Méditerranée. Partenariats pour échanger les œuvres parce qu’il faut aussi qu'on soit généreux et qu'on fasse tourner ce que nous avons et qu'on accueille d'autres ; partenariats qui permettront des résidences d'artistes entre tous les pays de la rive et qui vous permettront de démultiplier beaucoup de choses. 

J'étais ce matin aux côtés d'une directrice d'école formidable dans le programme école innovante « Marseille en Grand ». Elle me disait : « maintenant, on veut faire puisqu'on a ouvert le périscolaire, avec nos enseignants, nos enfants, sur l'éducation artistique et culturelle » — et vraiment, je vous demande tous de nous aider à aller encore plus loin, plus fort : ouvrez les lieux de culture de la ville à ces enfants par le Pass culture, permettez de le rendre éligible, ouvrez vos lieux, multipliez ça. Cette directrice d'école nous disait : « je voudrais maintenant des résidences d'artistes. » Chiche ! Allons-y. Et avec ce projet que nous souhaitons développer en lien avec la ville, la métropole, la région, allons-y ; et dans tous les quartiers, multiplions les résidences d'artistes qui pourront aussi travailler avec les écoles sur l'ensemble de ces quartiers. 

Et puis, parce que, comme je vous l'ai dit, le lien à la Méditerranée, c'est aussi l'unité de la ville, j'ai dit hier une chose qui me paraît très importante : il y a deux projets auxquels je tiens, sur lesquels je voulais finir en matière de culture. L'un à quelques mètres d'ici. Beaucoup de travail a été fait durant ces presque deux années sur le projet Odysséo. Je sais que nous sommes quasiment en train de terminer. Je souhaite vraiment que, pour 2024, le projet Odysséo puisse entrer au port et que nous puissions parachever avec tous les partenaires privés qui sont prêts à l'accompagner, ce formidable lieu de culture, d'écologie et d'apprentissage qui permettra ici, d'ouvrir à la Méditerranée, et qui sera un lieu de culture, d'éducation et d'écologie. 

Et puis hier, je vous ai dit que nous souhaitions faire dix grands quartiers d'architecture contemporaine 2030. Nous aurons en effet dix quartiers d'architecture 2030. On va demander à des grands architectes contemporains, pas simplement français d'ailleurs, mais il se trouve qu'on a un formidable tandem qui aime aussi beaucoup Marseille, qui a eu le prix Pritzker il y a quelques années, qui venait de Lacaton & Vassal et qui a fait des choses formidables de rénovation de manière extraordinaire et complètement écologique. 

J'ai très envie avec vous que la cité radieuse ne soit pas simplement une formidable histoire du passé qui est encore un lieu mythique à Marseille mais qu'on puisse inventer une nouvelle cité radieuse dans les quartiers nord. Elle aura un autre nom, une autre ambition, on lancera un concours d'architectes. Il y aura ici du beau parce que je pense qu'une ville retrouve de l'unité, sa jeunesse sort aussi de l’insécurité et on retrouve collectivement le goût de l’avenir lorsqu’on vit au milieu du beau et lorsqu’on se sent respecté parce que la République a considéré qu’on avait droit à ce qu’il y a de plus beau. Je pense que c'est ça ce qui nous lie et qui a du sens. 

Pour moi, c'est ça le plus important pour « Marseille en Grand ». On doit parer aux urgences. On était hier soir à la Busserine. On a passé la soirée à nous battre aux côtés de beaucoup de souffrance sur le logement insalubre, sur le niveau des charges, sur l'insécurité avec des mamans, des frères, des sœurs qui avaient perdu, un fils, une fille, un frère, une sœur. Et oui, il y a cette urgence qui est là. Et vous vous battez tous et toutes et je vous en remercie, face à cette urgence, mais elle est le fruit des difficultés qui se sont installées parce que, en quelque sorte, on avait considéré qu'on n'avait pas au droit au beau, qu'on était abandonné. 

« Marseille en Grand », c'est de dire qu'on a droit d'avoir les plus grands rêves et ici de créer et de s'ouvrir. On a le droit de vivre dans un quartier où la République a dit « ça doit être beau », où on a refait l'école et on a dit « on a des méthodes d'enseignement qui sont les plus innovantes de la République », où on a des artistes formidables qui seront en résidence et où aussi nous avons décidé de dire à cette jeunesse : « ici, vous allez pouvoir bâtir le cinéma de demain. » Vous avez un très grand cinéaste, il est là. Je le remercie parce que Cédric JIMENEZ, aux côtés de Monsieur BOUTONNAT au CNC et de la ministre, a piloté pour France 2030, justement, ce projet des nouveaux grands studios de cinéma dont je vous parlais il y a presque deux ans. 

C'est un enfant de la ville. Il a tourné un film maintenant mythique sur la ville. Il a parlé des urgences, il a mis des images, un mot sur ces réalités. Il l'a dit parce qu'il l'aime mais je dirais que ce qui m'intéresse moi ce soir, c'est son histoire. Celle d'un enfant de la ville élevé par sa maman ici, qui peut faire juste quelques centaines de kilomètres pour gravir des marches à Cannes, puis, après quelques milliers pour gravir d'autres marches et porter les couleurs de la France et de son cinéma. J'ai eu une envie furieuse avec vous, que beaucoup d'autres enfants venant de tous les quartiers de cette ville puissent le faire sur toutes les rives de la Méditerranée. Et donc c'est pour ça qu'avec France 2030, il y aura trois grands studios dans la région. 

Il y en aura en particulier un à Martigues et un à Marseille, qui seront développés avec des scènes d'envergure internationale, qui permettront ici de formidables tournages et avec aussi des écoles derrière — et je vous remercie, je remercie les collectivités, la Région qui nous a beaucoup accompagnés, en particulier sur ce projet — avec des écoles qui vont permettre à des scénaristes, à des réalisateurs en herbe mais aussi à des techniciens à tous les métiers du cinéma, d'être ici formés pour bâtir le cinéma et en quelque sorte imaginer le Marseille et la Méditerranée de demain. Dire que les rêves qu'on vit ici, on peut les raconter à travers la planète et quelles que soient les plateformes, quels que soient les producteurs indépendants ou les moyens de les diffuser, on pourra rêver le monde depuis Marseille en étant né et en ayant grandi à Marseille, quel que soit son quartier. 

Voilà pour moi ce destin méditerranéen, Mesdames et Messieurs, dont je voulais vous parler. Un destin de commerce, d'économie, d'écologie, d'énergie, de numérique, de formation, de jeunesse, de culture, d'entrepreneuriat. D'une ville qui se réconcilie avec elle-même parce qu'elle se réouvre sur la Méditerranée. Camus, de l'autre côté de la rive, à Alger, avait eu une phrase très belle en parlant de cette Méditerranée que j'évoque depuis tout à l'heure. Il avait dit : « un mouvement de jeunesse et de passion pour l'Homme est né sur ces rivages ». Ce mouvement de jeunesse et de passion pour l'Homme, c'est notre culture méditerranéenne, la culture grecque, puis romaine, la culture judéo-chrétienne, puis l'humanisme qui est aussi né sur ses rives ; celui de la Renaissance, puis celui qui souffrira dans l'esprit des Lumières. Cette passion, cet esprit, comme il le dit, de jeunesse et de passion, c'est celui qui caractérise Marseille et la Méditerranée et c'est celui que nous devons savoir réembrasser pour ne céder à aucune fatalité et rêver grand, penser grand, faire grand. Ce rêve, nous y avons droit parce que c'est déjà notre histoire, alors faisons-le. 

Vive Marseille, vive la République et vive la France !

Inauguration de la réplique de la Grotte Cosquer à Marseille

Le Président Emmanuel Macron a inauguré mardi la réplique de la Grotte Cosquer à Marseille. L'occasion de remercier toutes celles et ceux qui ont permis de partager au grand public ce trésor de la cité phocéenne et surtout celui qui l'a découvert, Henri Cosquer

Lors de cette inauguration, le Chef de l'État a plus largement exprimé son attachement à la culture en soulignant les investissements massifs dans la région à l'image des 3 grands projets de studios de cinéma. Ils permettront d'attirer plus d'artistes et de rayonner davantage à l'échelle européenne et mondiale. Ce projet sera accompagné du développement de la cinémathèque et d'écoles pour former les femmes et les hommes qui travailleront demain à faire vivre le cinéma français.

Revoir le discours : 

27 juin 2023 - Seul le prononcé fait foi

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DISCOURS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A LA GROTTE COSQUER.

Merci beaucoup Monsieur le Président, 
Merci infiniment Madame la Présidente de la métropole, 
Mesdames et Messieurs les parlementaires, 
Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités, 
Madame la ministre de la Culture,

D’abord, Président, merci beaucoup. Vous m’avez mis dans la position la plus confortable, celle qui consiste à ne pas rappeler ce qu’on a fait parce que d’autres le font pour vous. On ne fait pas de la politique pour la gratitude, on le fait pour l’efficacité, pour changer des choses. Mais je dois dire que quand les mercis accompagnent l’action, c’est encore plus agréable, ça fait chaud au cœur et donc je vous céderai des mercis que vous venez d'avoir pour le Gouvernement, les investissements et l'Etat. 

Vous l'avez dit, votre région est, j'y reviendrai tout à l'heure, au cœur de ce magnifique ensemble méditerranéen. Elle a des difficultés qu’on connaît, en particulier Marseille, et qui sont le fruit aussi d'une histoire de concentration, parfois, de choix politiques qui ont été faits. Mais elle mérite ô combien cet investissement. Vous l'avez parfaitement rappelé, l'histoire de l'Etat avec Marseille, avec toute cette région, est une série de va et vient, parfois d'incompréhensions, d'investissements massifs, mais à chaque fois de patience et donc d'histoires d'amour. 

Alors oui, nous avons massivement investi ces dernières années sur les grandes infrastructures et je crois qu'on est en train de changer les choses très profondément, on le voyait hier avec Martine VASSAL. On est en train d'investir sur la rénovation urbaine de manière extraordinaire, pas simplement à Marseille, mais dans plusieurs villes de votre région, avec là aussi des résultats et les plus grands projets qui voient le jour. Il faut bien le dire, notre agence de rénovation urbaine, a investi sur la sécurité, sur l'école, on y était ce matin, de manière totalement inédite et il faut l'assumer parce que cette ville est jeune. On investit sur le dynamisme économique, je vois ici beaucoup de chefs d'entreprise, de représentants des différents secteurs qui portent cette ambition. On investit avec vous sur l'écologie et vous avez rappelé cette COP d'avance et je sais que vous êtes plusieurs à y contribuer ; et on investit sur la culture. Et moi comme vous, j'y tiens et nous y tenons. Alors je ne serai pas ici exhaustif. 
Mais nous avons ensemble porté en particulier des projets importants pour notre cinéma. La ministre a révélé trois grands projets dans la région de grands studios de cinéma qui, de Nice à Martigues, en passant par Marseille, vont permettre encore davantage qu'on ne le fait aujourd'hui, de tourner davantage, d'avoir des studios qui sont à l'échelle européenne et même à l'échelle mondiale, d'attirer ainsi de la création et des artistes. Parce qu'il y a un imaginaire méditerranéen qui s'écrit ici et qu'on peut y faire travailler tous les métiers. Et qu'autour de cela la Cinémathèque se développera et je vous remercie infiniment de l'aide que vous y apporter derrière, avec des écoles aussi pour former des scénaristes, des techniciens, des femmes et des hommes qui vont imaginer le monde d'aujourd'hui et de demain. 

Tout ça va s'installer dans ce qui est au cœur de votre région, qui est un ensemble culturel inédit et qui vient même mordre sur l'Occitanie. De Cannes, de Nice, passant par Cannes, Marseille, jusque le pays d'art, chère Françoise, que nous embrassons, jusqu'à Montpellier. Il y a un continuum extraordinaire, unique en Europe, que nous ne mesurons pas assez, de créations cinématographiques, littéraires, d'images et de tous les métiers qui vont avec absolument inédits et qui entraîne derrière lui une force de production des métiers du numérique, des métiers techniques, etc. Et ça, c'est une immense fierté. 

Et donc oui, nous avons, dans France 2030, investi sur cet ensemble et sur cette capacité à créer, à inventer, et je sais que beaucoup sont là aussi, de Marseille à Aix et plus loin encore, et qui participent à cette transfiguration d'une culture qui pense en même temps l'écologie et le numérique et qui réconcilie autour du projet culturel un nouvel usage du monde. Je trouve que le projet que vous avez réussi à faire au travers de ce formidable ensemble que nous venons de voir, ce Cosquer Méditerrané, en est la parfaite illustration et est en quelque sorte un peu la métaphore de la force de cette région. Elle vient de loin, vous l'avez rappelé, et nous nous y sommes replongés à l'instant. Et elle est le fruit de femmes et d'hommes qui, ici, ont porté la culture, le commerce ensuite, et ont bâti cette Méditerranée et la cité phocéenne. Elle est ensuite le fruit du hasard, mais enfin du courage et du tempérament de ceux qui découvrent. Cher Henri COSQUER, merci de ces plongées, merci de ce courage, merci de cette curiosité. C'est grâce à vous que nous sommes là et votre nom ici n'est pas volé. Et donc, c'est l'histoire filée de ces tempéraments, de découvreurs qui ont la passion, la volonté de comprendre et qui, en prenant des risques, mettent en lumière un véritable trésor. 

Et puis ensuite, c'est ce que vous avez su faire avec Christian ESTROSI, auquel je pense aujourd'hui qui a lancé cela, puis vous, cher Renaud MUSELIER, cher président, c'est de se dire on a un trésor, mais on va permettre de le partager, parce que c'est au fond cela, en effet, la culture et ce qui nous plonge dans notre histoire, mais on va le faire de manière intelligente en utilisant le numérique et en le faisant de manière écologique. On préserve un site qui est ô combien fragile, qui va être menacé par la montée des eaux et les transformations et les conséquences déjà du dérèglement climatique. Et vous avez fait un choix pragmatique, celui de la confiance dans le monde de l'entreprise et la culture. Et ce n'est pas simplement une délégation, vous avez vraiment conçu ici un partenariat avec le ministère de la Culture, ses services, et toutes celles et ceux qui sont allés faire ces photographies, ces relevés, ces femmes et ces hommes de l'art, qui sont allés dans votre suite, relever les images, les matières, les matériaux, les tracés, et puis avec en effet un partenariat privé. 

Et je félicite vraiment le groupe Kléber Rossillon et ce que vous savez faire à travers la France et ce que vous avez fait ici. Vous avez noué ce partenariat pour bâtir au fond ce lieu unique. Et ce lieu unique a permis d’associer, on l’a vu, plus de 300 corps de métiers. Il associait des entreprises du numérique, des architectes de talent, des entreprises du pays tout entier. Il avait permis de donner à voir les matières, les transformations. Il a permis, grâce au relevé, d'avoir des artistes véritablement apposé leur marque. Et vous nous avez aussi permis, par une expérience, de faire profiter tout le monde du numérique, de l'expérience culturelle et des innovations les plus contemporaines. 

C'est l'alliance de la Préhistoire, du tempérament des découvreurs, du pragmatisme des élus et de l'élu que vous êtes et de ce que notre pays sait faire de créativité culturelle, intellectuelle, d'innovation entrepreneuriale et de capacité à faire de la culture aussi un lieu d'attraction ; de permettre à plus de 800 000 Françaises et Français et même de touristes internationaux de visiter ce lieu, mais de le faire sans dégrader quoi que ce soit, dans un cadre qui est aussi un cadre à la fois attractif et durable. Et c'est un en même temps que j'aime. Il est triple, celui de l'attractivité et de l'ambition économique, celui du respect de la culture et de son partage, et celui des équilibres écologiques qui permettent de marier en quelque sorte la grande fréquentation, mais au bon endroit. Et c'est la même chose que nous voulons partout. 

Je veux vraiment vous féliciter toutes et tous qui nous avaient permis d'être là aujourd'hui, qui avaient déjà permis à plus de 800 000 personnes de le partager. Et je suis sûr pour les années à venir, à des millions de personnes de faire cette expérience. Cher président, merci de ce pragmatisme, de cette ambition, de cette générosité. On l'a vu à l'œuvre tout à l'heure. L'appétit est là. Et donc, oui, c'est dans cet esprit, avec cette force, ce dynamisme, cet entrain, avec la même ambition et la même générosité, que pour le port, que pour l'économie, que pour tous les sujets que j'évoquerai pour partie tout à l'heure, encore demain, dans les jours, les semaines, les mois et les années qui viennent, nous continuerons de faire ensemble. 

Avec tous les élus qui sont là réunis et avec votre capacité, je le sais, d'avoir non seulement une cote d'avance, mais aussi une ambition redoublée pour toute cette région parce qu'elle a un destin méditerranéen. Et ce que cette grotte nous rappelle ce que cette villa d'hier, devenue Cosquer Méditerranée, nous dit : c'est qu'on a le droit d'avoir une immense ambition à Marseille, dans cette région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur. Et quand vous avez de l'ambition, on est là pour être à vos côtés. Parce que, comme vous, j'ai une ambition immense pour notre pays, pour notre culture, pour notre capacité à rayonner et porter ce message de la France tout entière. 

Alors, vive la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ! 
Vive la République et vive la France entière !  

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