Fait partie du dossier : Visite d'État aux Pays-Bas.

Du 11 au 12 avril 2023, le Président de la République était en déplacement aux Pays-Bas. Il a passé la deuxième journée de sa visite d'État à Amsterdam.

Le Président Emmanuel Macron s'est d'abord rendu à l'Université d'Amsterdam aux côtés du Roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, pour une table ronde sur l'innovation et les technologies de rupture et une visite du laboratoire de physique quantique expérimentale de l'Université. 

Le Chef de l'État s'est ensuite adressé à la Communauté française résidant aux Pays-Bas. Il s'est notamment exprimé sur les liens qui unissent les Pays-Bas et la France et sur la volonté d'accroître cette relation dans la durée et dans une Europe plus forte et plus unie.

Revoir son discours devant la communauté française aux Pays-Bas :

12 avril 2023 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

DISCOURS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A LA COMMUNAUTE FRANÇAISE AUX PAYS-BAS.

Mesdames et Messieurs les ministres, 
Mesdames et Messieurs les parlementaires, 
Monsieur l’ambassadeur, 
Madame la présidente de l’Assemblée des Français de l’étranger, 
Mesdames et Messieurs les conseillères et conseillers des Français de l’étranger, 
Mesdames et Messieurs les chefs d'entreprise, 
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualité, 
Chers compatriotes, 

Je suis très heureux de vous retrouver cet après-midi, au cours de cette première visite d'État depuis 23 ans. Il a fallu attendre longtemps, mais nous sommes là. Alors, évoquer les Pays-Bas, c'est évoquer cet ailleurs dont les canaux, selon le poète, ont l'humeur vagabonde. Mais venant aujourd'hui dans cet ailleurs, je pense avant tout à vous qui vivez ici et qui constituez le visage concret, vivant de cette amitié. 

En effet, les Français des Pays-Bas constituent une communauté de plus de 23 000 membres dont plus de la moitié dans le Randstad, et tout particulièrement à Amsterdam et La Haye. Vous êtes une communauté dynamique dans tous les domaines et je voudrais en particulier saluer les 170 volontaires internationaux qui apportent leur jeunesse et leur enthousiasme à cette relation. 

Vous le savez, vous avez aussi ici le soutien de l'ambassade, du Consulat général, de nos consuls honoraires, de vos élus de proximité. Je les remercie tous ainsi que l'ensemble des équipes qui travaillent en étroite coopération avec toutes et tous. Je souhaite devant vous les remercier et remercier l'ensemble des équipes pour ce travail. 

Alors, je sais toutes les difficultés que nos communautés ont eu à vivre à l'étranger. La période de pandémie a été très difficile, même si je dirais qu'en Europe, elle a été moins dure que sur d'autres continents. Je sais aussi les besoins parfois urgents et croissants que vous pouvez rencontrer quand on parle de passeport ou de documents d'identité. Je ne sais pas si c'est de nature à vous rassurer, mais ces débats sont les mêmes en France métropolitaine. Les ministres peuvent en témoigner puisque j'ai sollicité un point en Conseil des ministres il y a peu. Alors, la difficulté s'explique de plusieurs manières, mais il y a d'abord une hausse observée partout, avec plus de 30 % de demandes par rapport à la normale. C'est à la fois le rattrapage de la période Covid où beaucoup devaient faire renouveler leurs papiers, mais ne l'ont pas fait. C'est aussi le fait qu'on a, et il faut s'en féliciter, une reprise à la hausse du nombre de Français de l'étranger inscrits. Mais on a également le fait que la nouvelle carte nationale d'identité fait beaucoup d'émules et qu'il y a plus de demandes que d'habitude. 

Ce sont ces ensembles combinés qui font qu'il y a en effet des délais qui sont aujourd'hui peu acceptables. Je voulais simplement vous dire que les solutions se déploient. On a une nouvelle application de prise de rendez-vous ou l'envoi de passeports par courrier sécurisé, le déploiement du service France consulaire, notamment ici aux Pays-Bas, depuis quelques semaines, pour assurer justement une meilleure réponse et en particulier une réponse téléphonique rapide aux usagers. En tout cas, soyons clairs, l'objectif est bien que les choses redeviennent encore plus normales, si je puis dire, et beaucoup plus simple qu'avant. 

Ceci étant dit, c'est en quelque sorte le minimum minimorum pour être à la hauteur du caractère déterminant et du rôle que vous jouez dans cette relation entre nos deux pays. Je le disais, vous incarnez notre pays ici, permettez son essor que vous soyez salariés des entreprises françaises ou même entrepreneuses, entrepreneurs, étudiants, volontaires, artistes, fonctionnaires, etc.

 Les Pays-Bas sont le deuxième pays d’accueil de nos investissements à l’étranger, le troisième investisseur en France. Plus de 1 500 filiales françaises employant 137 000 personnes étaient actives ici en 2020, notamment dans les secteurs des transports, on peut citer Air France KLM, Transdev, Alstom, Renault ; de l'énergie : Engie, Total, Air Liquide, Legrand, Sonepar, Schneider ; du traitement des déchets et de l'économie circulaire : Suez, Veolia ; ainsi que l'agroalimentaire comme Danone et tant d'autres. L'un des buts de cette visite est justement d'approfondir ces relations économiques, de consolider nos alliances, y compris quand il s'agit de grandes places financières. Euronext est un formidable exemple de notre plateforme européenne et des alliances que nous avons su faire. 

Mais je le disais avec des mots empruntés à d'autres, cette relation et vous l’éprouvez chaque jour, est aussi nouée autour d'autre chose que simplement des intérêts : elle est tissée d'imaginaire et de mémoire. Entre la France et les Pays-Bas, nous partageons, je l’évoquais encore hier soir lors du dîner d'État, une frontière. Elle n'est pas européenne, elle est caribéenne entre Saint-Martin et Sint Maarten aux Antilles. Mais c'est surtout un long cheminement de cœur et d'esprit en Europe qui nous lie. Pour la France, les Pays-Bas furent un havre, un adversaire ou bien un miroir de civilisation et de tolérance, un refuge pour nos huguenots, un rival, même brièvement, une province et, depuis des décennies, un allié fidèle. 

Du commerce, des marchandises au commerce des idées, des forêts de mâts dans le port d'Amsterdam aux forêts de livres de Descartes. Des miroitements de Rubens à l'esprit des Lumières, nos deux pays ont rêvé en quelque sorte l'un ou l'autre et les conversations, les bastingages sont permanents, liant nos imaginaires et on le verra encore tout à l'heure avec Sa Majesté le Roi et le Premier ministre en évoquant Vermeer. 

Alors, si le passé nous a indéfectiblement liés, le présent nous rapproche sans cesse davantage. Nos deux pays sont en effet à l’origine de la construction européenne depuis 1956. Ils y ont apporté tout ce qu’ils ont de commun : un État centralisé au prisme de l’ère napoléonienne, une part de cette civilisation des livres et des universités, ce qui est une force et un esprit qui nous lie ; c'est pourquoi je souhaitais ce matin aller à l'université. De la Sorbonne à Utrecht, de Bologne à Cologne, cette Europe des foires et des érudits a son épicentre dans notre région et nous lie très profondément. Je crois pouvoir dire ici que ces universités européennes que nous avons lancées il y a maintenant un peu plus de cinq ans à la Sorbonne, ont connu un succès remarquable et qu'elles ont été épousées comme nombre de nos universités, par les universités néerlandaises. 

Et ce lien, à la fin des fins, est le plus important. C'est en quelque sorte notre capacité ensemble à apporter à l’Europe une vision commune. À présent, la France et les Pays-Bas sont plus proches que jamais, déterminés à renforcer de manière rapide et coordonnée notre autonomie et notre souveraineté, je l'évoquais hier, tant sur les plans de la recherche, de la technologie, de l'industrie que de la géopolitique et de notre stratégie, par exemple en Indopacifique. C'est cette vision commune aussi que nous avons portée avec plusieurs autres pays membres de notre Europe, en apportant un soutien majeur à l'Ukraine et en considérant en quelque sorte qu'une réponse unie de l'Europe, claire, pour sanctionner, pour aider et accélérer cet agenda d'autonomie stratégique était indispensable. 

À cet égard, le rapprochement entre les Pays-Bas et la France s'est matérialisé par une déclaration bilatérale que nous avons endossée avec le Premier ministre Mark RUTTE, le 31 août 2021. Et cette visite d'Etat traduit la volonté de la France d'ancrer notre rapprochement dans la durée et de mettre en commun nos ressources, nos efforts pour accroître la souveraineté européenne face aux grands défis de notre continent : la concurrence commerciale, la transition écologique, le durcissement des conditions stratégiques. C'est aussi pourquoi plusieurs ministres m'accompagnent aujourd'hui, pour tenir juste après ce deuxième séminaire intergouvernemental franco-néerlandais que nous coprésiderons, ce qui est là aussi une innovation de la relation bilatérale, mais la rend encore plus intime. 

Et c'est au fond la conviction que nous portons ces dernières années qui est que nous croyons dans l'Europe, dans une Europe plus forte et plus unie. Mais l'Europe ne se résume pas au sommet à Bruxelles. Elle est à chaque fois une série d'aventures bilatérales. Durant mon premier mandat, j'ai visité l'intégralité des pays membres ; ce qui n'était pas arrivé parfois depuis bien longtemps. Et je recommence pour le deuxième mandat. Mais parce que cette intimité construit seule l'esprit européen qui n'est pas un esprit qui unifie, qui harmonise, qui gomme les différences, mais qui permet de bâtir de l'unité sur la complexité qui est la nôtre. C'est ça notre trésor dans ce monde. C'est que nous sommes sans doute le plus grand concentré sur la planète de complexité, de multilinguisme parfois, de rivalités multiséculaires que nous avons su transformer en capacité à faire ensemble. Il faut le cultiver. 

Et nous le voyons d'ailleurs, parce que la relation bilatérale et cette visite, et ce que vous toutes et tous, qui êtes ici, portez au quotidien, ce sont aussi les tensions qui existent dans nos sociétés. Et en effet, nous voyons de part et d'autre combien nous avons à faire face à des angoisses qui vont avec les changements de nos époques. Nous menons, aux Pays-Bas comme en France, des réformes difficiles qui soulèvent parfois des protestations. Parfois en France, on pense qu'il n'y a que dans notre pays qu'il y en a. Vous qui vivez ici, vous savez très bien qu’il y en a ici aussi, fortes, profondes. Et quand on change le modèle agricole, quand on bouscule le modèle économique pour faire face, soit à l'évolution démographique, au changement technologique, à la légitime lutte contre le dérèglement du climat, il faut accompagner, il faut accepter parfois la controverse et il faut essayer de bâtir un chemin d'avenir où justement, le sens de ces réformes est aussi de construire plus, avant notre capacité à maintenir ce qui nous tient en permanence, à construire des chemins d’avenir et à le faire en Européens, avec beaucoup de solidarité. 

Ce contexte de proximité remarquable, c’est celui qui ne peut que faciliter le développement, là aussi, de partenariats industriels et technologiques et ouvrir de nouvelles opportunités. Je vous remercie toutes et tous de les représenter. Je suis très heureux que le MEDEF soit représenté par son président pour cette visite, ce qui est un signe important que les plus grandes entreprises françaises soient présentes à travers leurs directeurs généraux et présidentes et présidents directeurs généraux. C'est un signal très important de cette amitié et de cet engagement. Nous avons durant cette visite, encore signé beaucoup d'actes très importants. Mais nous ouvrons aussi, je le disais, de nouveaux champs, celui de l'innovation et de la défense. 

Paris et La Haye se distinguent en Europe par d'ambitieux programmes d'investissements publics dans ces sujets-là et donc, nous allons mener de nouveaux investissements en matière de défense, mais également de technologie quantique, thématique qui est au cœur de cette visite d'Etat parce que nous voulons être ensemble, justement, des pays d'excellence. Et du semi-conducteur au quantique en passant par l'intelligence artificielle, nous avons la conviction et en l'espèce, en lien très étroit avec nos amis allemands, que fonctionner à quelques-uns, en Européens, nous rend plus forts. Et que nous avons su prendre il y a parfois quatre ans, cinq ans, des stratégies nationales ; mais il faut pour notre recherche fondamentale, notre recherche appliquée mais aussi nos entreprises, avoir une stratégie encore plus intégrée et des programmes nous rassemblant. 

Le Pacte pour l'innovation et la croissance durable, qui sera signé aujourd'hui par nos ministres et nos organisations patronales respectives, illustre aussi cette volonté de coopérer dans d'autres secteurs absolument clés : l'énergie, l'aéronautique et le spatial. Et là aussi, ce sont des secteurs qui sont bousculés par les innovations en cours et par la compétition internationale. Nous avons beau avoir de formidables entreprises, parfois elles sont formidables parce qu'on a su bâtir des partenariats il y a 20 ans ou 25 ans avec d'autres Européens. 

Mais la concurrence est accrue et nos vrais concurrents sont chinois, américains. Leur marché domestique est beaucoup plus grand que le nôtre et donc, le marché domestique de nos entreprises doit vraiment être européen et nos alliances européennes doivent nous permettre de regarder à l'échelle de ce qu'est la vraie compétition, celle de la planète. C'est aussi l'objectif de ce Pacte pour l'ensemble de ces solutions qui sont au cœur de la décarbonation et de la compétitivité de nos pays. Parce que ce qui nous lie, je crois aussi, c'est une conviction profonde que nous ne pouvons pas prendre le cap du siècle qui s'ouvre, en considérant qu'on pourrait réduire notre capacité à créer des emplois ou de la richesse. Il faut le faire pour financer des modèles sociaux exigeants, ambitieux et il faut le faire en décarbonant beaucoup plus vite par l'innovation, par l'investissement. 

Comme vous le voyez, il nous reste de nouveaux chapitres à écrire pour approfondir et enrichir encore notre relation. Et ces moments de coopération et d'amitié doivent s'écrire tout à la fois en néerlandais et en français. Notre langue a ici le statut de langue voisine, tout comme l'allemand. Et vous, les femmes et les hommes de la Communauté française qui vivez aux Pays-Bas, vous êtes aussi nos représentants permanents de la Francophonie et je porte depuis 2018 ce combat pour entretenir la flamme d'une langue qui recèle en elle, je dirais, un émerveillement universel, riche de tous les accents et traversée par toutes les histoires. Il nous faut donc continuer de développer davantage l'enseignement en français, en entreprenant de nouveaux partenariats pour accroître notre offre éducative. 

Un nouvel établissement scolaire francophone a ouvert ses portes à Amsterdam en septembre 2022 et il devrait continuer à se développer pour être en mesure d'offrir très prochainement un parcours complet, de la maternelle à la terminale. Et en complément du lycée Vincent Van Gogh présent à La Haye et à Amsterdam, voilà de quoi mieux répondre aux besoins des familles françaises, mais aussi des familles internationales qui s'installent aux Pays-Bas et c'est une force. Et vous voyez, je dirais, c'est une force qui va, pour citer les grands auteurs et une francophonie qui s'étend et, par-delà les conflits et la longue épopée de gloire et de drames communs au fil des guerres et des siècles, c'est bien la culture et cette amitié qui a scellé justement notre alliance. D'où l'importance de cette langue.

La culture, nous y retrouverons, je le disais tout à l'heure, nos amis néerlandais en célébrant Vermeer. Mais notre histoire est faite de ces liens très profonds, de ces échanges, encore récemment, de ces achats communs de tableaux et de fascinations réciproques entre nos auteurs, nos peintres et nos paysages. Et aujourd'hui, forts de notre réseau de 33 Alliances françaises aux Pays-Bas, ce qui est le deuxième plus dense d'Europe et le troisième mondial, c'est toute la culture française qui irrigue la vie de nos compatriotes et des Néerlandais. Je veux ici remercier l'Institut français qui travaille avec de nombreux partenaires néerlandais dans tout le pays et qui va continuer de le faire avec beaucoup d'ambition pour soutenir la mobilité des artistes, d'abord autour de la Villa van Eyck à Maastricht et d'un nouveau grand programme de résidence appelé Nouveau Grand Tour, ce qui est indispensable pour continuer de resserrer les liens. 

Et ce n'est pas parce que nous sommes voisins et qu’en quelque sorte, les transports rapides nous mettent à quelques heures, même pas, l'un de l'autre qu’il nous faut pour autant oublier l'importance de cette intimité qui passe par la langue, par l'entrepreneuriat, par la culture et par cette capacité à créer en commun pour resserrer aussi les liens entre les grandes institutions culturelles de nos deux pays, il faut continuer d'avancer. C'est ce que nous ferons aussi entre le Centre Georges Pompidou et le Stedelijk Museum. 

Et au-delà de cela, et je serais incomplet si j'oubliais ce volet, il y a évidemment le sport. Nous l'évoquions hier, avec tout à la fois le Premier ministre et Sa Majesté, la France aura à accueillir l'année prochaine les Jeux Olympiques et Paralympiques, ce qui est un formidable rendez-vous pour toute la planète, pour nos sportifs, mais ce qui sera aussi un rendez-vous pour tous les sportifs néerlandais et pour l'ensemble des entreprises qui sont engagées dans la filière du sport. Ce qui sera aussi pour nous, un formidable moment d'attractivité pour notre pays. Et il faut le porter dans l'ensemble des pays, le faire vivre, le relayer par des séries d'initiatives parce qu'il y aura un héritage pour la France et il faut le préparer dès maintenant. Par l'éducation, par le sport santé, par ce qu'on fait pour nos paysages, mais aussi par la capacité que la France aura à accueillir le monde entier, et en particulier l’Europe lors de ces grands évènements. 

Je crois que ceci se justifie d’autant plus dans un pays qui aime la France par ses grands événements sportifs. Nous sommes fiers de notre Tour de France. Et le Tour de France est aimé aux Pays-Bas. Il est aimé parce qu'il est beaucoup regardé. Il est aimé parce qu'il est suivi par les Néerlandais le long des routes, je peux en témoigner. Il est aimé parce qu'il se trouve qu'il y a des très grands coureurs qui ont gagné. Et il est aimé même parce que Christian PRUDHOMME a eu la bonne idée de faire partir en 2015, c’est ça, de mémoire, le Tour à Utrecht. Dans une vie antérieure, il m'est même arrivé de pouvoir assister à ce contre-la-montre. Et donc nous allons continuer. Mais je crois pouvoir dire que les années qui viennent permettront de tresser, qu'il s'agisse du cyclisme féminin comme masculin, de nouvelles aventures communes entre nos deux pays et de renforcer par le sport cette amitié. 

Voilà, chers compatriotes, ce que je voulais vous dire aujourd'hui. Je conclurai en remerciant encore une fois l'ensemble de celles et ceux qui font cette relation, nos opérateurs aussi présents, Business France, Atout France, nos Chambres de commerce et d'industrie bien sûr, tout le tissu associatif et bénévole, la société de bienfaisance dont je salue le travail remarquable et vous, toutes et tous, qui, par vos engagements professionnels et souvent un côté aussi extra professionnel, rendez ce lien encore plus fort. 

Oui, je vous remercie, vous Françaises et Français des Pays-Bas qui incarnez dans ce pays forgé par la tolérance, le labeur et le grand large, une France de l'engagement, de la solidarité et de l'innovation. 

Vive les Pays-Bas ! Vive la France et vive l'amitié entre les Pays-Bas et la France !

À la suite d'un entretien avec le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, les deux dirigeants ont tenu une conférence de presse. Le chef de l'État s'est exprimé sur la volonté de faire ensemble avec les Pays-Bas, et d'avancer en Européens sur plusieurs sujets : 

  • La guerre avec un soutien continu à l'Ukraine et la volonté de rendre plus forte l'industrie européenne de défense ;
  • La souveraineté de l'Europe avec la volonté d'avoir une Union européenne qui s'affirme comme une véritable puissance indépendante ;
  • Les partenariats bilatéraux que cette visite a pu renforcer et les nouveaux projets qui lient la France et les Pays-Bas.

Revoir la conférence de presse : 

12 avril 2023 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ET DU PREMIER MINISTRE DU ROYAUME DES PAYS-BAS, M. MARK RUTTE.

Merci beaucoup Monsieur le Premier ministre, 
Cher Mark, 
Madame la ministre,
Mesdames et Messieurs, 

Je veux d'abord remercier Madame la Maire d'Amsterdam de nous accueillir chez elle et remercier les autorités néerlandaises pour leur accueil, la famille royale évidemment et vous, Monsieur le Premier ministre et votre gouvernement, pour l'accueil dont nous avons bénéficié, mon épouse, moi-même, les ministres et la délégation qui m'accompagne depuis hier où nous avons senti, je dois le dire, l'amitié, l'intimité stratégique et la volonté de faire ensemble.

Cher Mark, Monsieur le Premier ministre, nous avons eu sur beaucoup de sujets une discussion comme souvent très franche et chaleureuse entre deux pays alliés, fondateurs de notre Europe, amis pour avancer étroitement sur tant de sujets que vous venez de rappeler.

D'abord dans le contexte que nous connaissons qui est celui de la guerre. En effet, avec le Premier ministre, nous avons naturellement poursuivi nos échanges sur notre soutien continu à l'Ukraine et aussi pour éviter que nos sanctions soient contournées, pour soutenir militairement le pays, pour qu'aucun responsable d'atrocités ne puisse échapper à la justice. Nous sommes pleinement alignés sur ces sujets comme sur une volonté aussi de rendre plus forte l'industrie européenne de défense. 

Par ailleurs, alors que 200 soldats néerlandais ont été déployés sous commandement français en Roumanie, nous reviendrons ce soir avec les ministres sur notre coopération en matière de défense, notamment en vue de l'accord que nos deux pays signeront l'année prochaine, et sur la nécessité de développer concrètement encore plus vite cette base industrielle européenne. Nous montrons encore cette intimité stratégique et je veux vous remercier pour cet engagement militaire, après celui que vous avez su décider il y a quelques années au Sahel, à nos côtés. 

Sur les autres sujets, le Premier ministre vient de le rappeler, c'est au fond la même volonté d'affirmer plus de souveraineté de l'Europe. Et dans le contexte que nous connaissons, c'est la volonté que nous partageons d'avoir une Union européenne qui s'affirme comme une véritable puissance qui puisse progressivement et de plus en plus décider pour elle-même en matière d'énergie, de recherche, de technologie, de solutions industrielles et de défense. 

Et donc cet agenda que nous avons commencé à élaborer à Versailles, au sommet du Conseil européen, il y a un peu plus d'un an, nous le déclinons méthodologiquement avec plusieurs textes très importants, des semi-conducteurs en passant par l'industrie à zéro émission nette et ce qui a été décidé sur les terres et matériaux critiques rares ces derniers mois à marche forcée. Nous avons une même vue sur cette avancée européenne. Nous devons avoir un marché européen plus intégré. Nous devons continuer les réformes nationales et européennes. Nous avons besoin de garder notre compétitivité, de relancer notre capacité à innover, former les meilleurs talents. Mais nous devons intégrer cette stratégie, cette autonomie stratégique et avoir aussi l'ensemble des textes, des réglementations qui nous permettent de bâtir une autonomie en la matière sur tous ces domaines. Notre volonté, c'est ce que nous démontrons au travers de cette visite bilatérale, c’est en quelque sorte par notre coopération bilatérale, parfois en l'ouvrant à quelques-uns de nos partenaires, de décliner de manière très cohérente cette stratégie. C'est pourquoi cette visite est à mes yeux un succès pour les partenariats dans un champ très large qu'elle a permis de renforcer, des transports à l'énergie en passant par les nouvelles technologies.

Et nous repartirons d'Amsterdam et de La Haye avec de nouveaux projets qui lient nos deux pays pour continuer à travailler ensemble, par exemple sur l'énergie, sur les transports, en particulier le ferroviaire, pour être très concret. Nous nous dotons aujourd'hui également d'un pacte pour l'innovation et la croissance durable qui constituera un cadre pour renforcer les coopérations existantes en matière de recherche et d'innovation et en susciter de nouvelles sur ces sujets clés. Et nous avons aussi décidé des travaux communs sur les semi-conducteurs, le quantique, la photonique, mais également dans le domaine de l'énergie, le photovoltaïque, l’hydrogène, l’éolien en mer et le nucléaire. Et en matière de transport, nous travaillerons sur la décarbonation, notamment de notre aviation. Dans ce pacte, il y aura aussi la recherche en matière d'agriculture et d'alimentation qui font partie des priorités. Tout ça vient au service de cet agenda d'autonomie stratégique qui est celui qui nous permet de continuer à industrialiser nos pays, de décarboner notre industrie et d'avoir une autonomie stratégique et donc de moins dépendre de solutions qui viennent d'ailleurs ou sont maîtrisées par d'autres.

Nous ne voulons pas fermer nos économies. Nous croyons dans une économie ouverte, mais nous ne voulons plus dépendre de certains et nous voulons en tout cas moins dépendre de qui que ce soit en général. Nos deux pays disposent en effet de capacités clés en matière de recherche et de production dans nombre de ces technologies de pointe et nous voulons faire ensemble, être à l'avant-garde, et je crois que c'est ce que ces deux journées ont parfaitement démontré, c'est un agenda bilatéral au service d'une ambition européenne partagée. C'est exactement la même chose qui nous lie dans les autres domaines, qu'il s'agisse de sport, de tourisme ou de culture. 

Monsieur le Premier ministre l'a rappelé, nous avons décidé ensemble de racheter des tableaux extrêmement importants du patrimoine européen et je pense que c'est une force de nos deux institutions muséales, le Rijks et le Louvre. Nous allons aussi continuer de développer des partenariats communs à travers cette visite des résidences d'artistes croisés, des partenariats de création, des partenariats aussi dans différents domaines parce que, nous en sommes convaincus, la culture est absolument clé dans l'amitié qu'il y a entre nos deux pays.

Aussi vrai que le sport l'est et nous étions ensemble sur plusieurs événements sportifs, Monsieur le Premier ministre, je n'oublie pas que le Tour de France est parti d'Utrecht en 2015 et je sais que les prochaines années seront à nouveau des occasions justement, là aussi, de partenariat.


En tout cas, c'est bien sous le sceau de ce sursaut de la souveraineté économique et industrielle de l'Europe et de l'amitié entre nos deux pays, pour moi, que cette visite d'Etat s'est bâtie. Il a fallu attendre 23 ans pour cette visite d'Etat mais nous n'avons pas attendu autant pour sceller, je dirais, une amitié personnelle et stratégique entre nous. Et je n'oublie pas que vous êtes l'un des premiers dirigeants d'Europe qui est venu dès le mois de juin 2017. 

Je dois dire que ce cheminement commun, qui a supposé d'aller l’un vers l'autre, a été extrêmement fécond durant toutes ces années. Je crois que nous avons su faire beaucoup de choses qui n'étaient pas naturelles en France, mais qui étaient importantes pour les Pays-Bas. Et vous avez su engager les Pays-Bas sur un chemin qui n'était peut-être pas le plus naturel pour votre pays, qui était important pour nous. Et c'est comme ça que se bâtit la confiance et que se bâtit aussi l'Europe. Et je dois dire que depuis six ans, nous cheminons ensemble avec beaucoup d'efficacité mais également d'amitié. Et donc, Monsieur le Premier Ministre, cher Marc, permettez-moi de vous remercier, pas simplement pour cette visite d'État, mais pour la confiance qui s'est établie entre nous et les moments partagés également qui nous permettent d'avancer. Merci infiniment pour ces deux jours. Merci pour les consultations que nous mènerons ensemble juste après la visite. Et merci également pour tout ce que nous saurons faire pour nos deux pays et notre Europe dans les mois et les années qui viennent. Je vous remercie.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers